lundi 21 avril 2025

Gérer les manifestations d’impolitesse en classe

Il peut arriver que des élèves se montrent impolis en classe. L’intervention contre de telles incivilités prend deux formes : la prévention et l’intervention.


(Photographie : : bluebelly, sun, serpentine)


L’intérêt de la prévention face à l’impolitesse


L’intention générale de l’enseignant est à la fois de rendre l’impolitesse moins probable et de normaliser les signes de politesse. 

Les usages propres aux bonnes manières, liées à la politesse et en phase avec la culture de l’école, doivent bénéficier d’un enseignement explicite. Nous devons faire en sorte que pour les élèves, il soit plus facile et plus naturel d’être polis. 

La première étape consiste à définir ce que sont les bonnes manières en ce qui concerne la culture et le contexte de l’école. Les bonnes manières ne sont pas universelles et varient d’une culture et d’un contexte à l’autre. 

Si nous ne plaçons pas un cadre et ne précisons pas les limites, certains comportements adoptés par les élèves paraitront d’emblée problématiques et déplacés alors qu’ils sont exprimés de toute bonne fois par ces derniers. 

Certains élèves peuvent ne pas percevoir les problèmes liés à des comportements tels qu’arriver en retard au cours ou ranger ses affaires avant la fin de celui-ci déclenchée par l’enseignant. Certains élèves peuvent considérer l’échange spontané de moqueries entre eux durant le cours comme une forme d’humour ou d’attention réciproque. Certains élèves ne voient aucun inconvénient à poser des questions d’ordre privé à leur enseignant.

Les élèves gagneront à ce que ces questions soient clarifiées très tôt. 



Définir un cadre de politesse et montrer l’exemple


Nous devons montrer le type de comportement que nous souhaitons voir adopter par nos élèves. Nous attirons l’attention sur ces attitudes. Nous en discutons et nous renforçons les élèves lorsqu’ils progressent dans l’expression et l’adoption des comportements attendus. Nous leur donnons une rétroaction corrective lorsqu’ils ne le font pas. Nous les aidons à comprendre l’importance de la qualité liée à la forme des échanges. 

Les bonnes manières sont l’expression des valeurs et de la culture d’une école. Leur expression peut permettre à l’autre de se sentir reconnu et de mieux appartenir à la communauté scolaire. Les bonnes manières consistent à connaître les normes sociales et à les respecter afin d’entretenir des relations cordiales avec les autres. 

Pour l’enseignant, l’exemplarité est de mise. Servir d’exemple de politesse pour favoriser l’adoption du cadre par les élèves est essentiel. Pour que les élèves ne soient pas impolis, il faut commencer par gérer soigneusement notre propre langage et notre état émotionnel.

Si nous utilisons le sarcasme et l’ironie, il se peut que nos élèves ne les saisissent pas. De plus, s’ils ne sont pas dans le bon état d’esprit pour l’appréhender, ils peuvent penser que nous nous moquons d’eux. Sur le coup de l’émotion, ils peuvent répondre en retour, avec un risque d’escalade.

Si nous crions contre un élève, nous ne devons pas être surpris qu’ils crient en retour. En adoptant ce comportement dans notre posture d’enseignant, nous laissons entendre qu’il s’agit d’un comportement acceptable. De plus, il se peut qu’un élève soit habitué à des crises de colère à la maison, nous ne devons pas nous étonner s’il réagit en retour de manière agressive à nos cris.

L’exemplarité est fondamentale. La meilleure manière d’encourager les bonnes manières et de décourager l’impolitesse est d’être poli soi-même. Les élèves ont besoin d’enseignants qui adoptent une attitude professionnelle et respectueuse.



Réagir à l’impolitesse avec le bénéfice du doute


Nous pouvons être explicites sur le cadre que nous attendons en classe, le respecter et le mettre en valeur dans notre comportement. Malgré tout, il se peut que certains élèves se comportent de manière impolie.

Un premier réflexe doit être de prendre du recul. Nous ne devons pas tirer de conclusion hâtive. Il faut premièrement déterminer si leur réponse était destinée à être impolie ou si leur réponse est avant tout un acte de maladresse. 

Souvent, des élèves plus jeunes ou immatures peuvent manquer de subtilité ou de sophistication dans leur expression orale. Parfois, une réaction est inappropriée sans pour autant viser l’enseignant.

Parfois, des élèves peuvent lâcher un gros mot sans même s’en rendre compte et sans ce que ce soit dans une optique de provocation. 

Si ces situations justifient une réaction, la possibilité d’une maladresse justifie une certaine mesure et du tact pédagogique pour reconnaitre le bénéfice du doute. 

Dans d’autres situations, l’impolitesse peut parfois accompagner l’escalade du comportement et il vaudra mieux désamorcer l’interaction plutôt que de jeter de l’huile sur le feu.

Ce qu’il importe de faire, c’est de communiquer à l’élève que son choix de mots n’était pas opportun et que nous aimerions qu’il reconsidère ce qu’il aurait dû dire. Nous pouvons lui demander quel aurait été le comportement opportun. Cette démarche peut se faire devant la classe, afin qu’ils comprennent que le comportement a été remis en question. Cela peut nécessiter une discussion plus individuelle après les cours. Ce comportement peut mener à une sanction en fonction de la situation. Dans tous les cas, il ne faut pas ignorer la situation et laisser passer sans réagir.

Dans l’intervention de l’enseignant, l’important est d’essayer de prendre en compte les intentions de l’élève ainsi que les résultats visés. Dans tous les cas, il s’agit de désamorcer l’interaction en cours, car toute escalade est inutile et constitue un échec. Tout doit être réglé dans le calme et dans le cadre d’une conversation posée. 

Typiquement, ce type d’intervention avec un élève ou une classe a lieu en début d’année scolaire pour clarifier les attentes et établir la position de chacun dans la relation en classe. En tant qu’enseignant, il importe de leur expliquer clairement ce que nous attendons d’eux et quelles sont les limites à ne pas franchir en matière de langage.

À partir du moment où les attentes sont clarifiées, bien comprises et assimilées par les élèves, tout dépassement de leur part devient intentionnel et l’enseignant est en droit d’agir en conséquence. Dès lors, il faut s’assurer de bien prendre le temps d’enseigner explicitement ces attentes. 



Réagir face à l’impolitesse manifeste


Lorsqu’un élève fait preuve d’impolitesse est que nous sommes raisonnablement certains de l’intentionnalité de son comportement dirigé contre quelqu’un, le bénéfice du doute n’est plus possible et la ligne rouge est franchie.

Le respect de la dignité de chaque personne en classe est fondamental. Comme forme de violence contre une personne, l’impolitesse n’est pas tolérable en classe.

L’intervention et la sanction immédiate s’imposent. En fonction de la politique de l’école 

Si un élève est délibérément grossier, il doit être réprimandé. Cela peut aller d’une réprimande publique à l’obligation de quitter la classe temporairement si l’infraction est extrême.

Un comportement délibérément impoli doit être pris au sérieux et la classe doit en être le témoin. Si la fermeté s’impose, il ne faut toutefois pas tomber dans le piège de la rudesse. 

Si un élève fait preuve d’impolitesse sans conséquence et que l’enseignant semble tenter d’ignorer ou de minimiser la perturbation par une remarque légère, le risque est alors de normaliser la situation.

Des élèves peuvent interpréter l’échange comme le fait qu’il est possible de manquer de respect à l’enseignant ou à d’autres élèves en classe sans conséquences suffisamment contraignantes.

En cas d’exclusion de l’élève, il y a lieu de respecter scrupuleusement la procédure à cet effet et de le faire en minimisant tout risque d’agitation ou de débordement.

Dans tous les cas, le reste de la classe doit recevoir comme message que toute manifestation d’impolitesse envers l’enseignant ou envers un élève est considéré comme une perturbation importante.

Le meilleur moyen de la décourager est de la traiter sérieusement chaque fois qu’elle se manifeste.

Lorsque l’impolitesse est nette et intentionnelle, à un moment ultérieur et rapidement fixé, l’élève doit recevoir un entretien avec l’enseignant concerné incluant chacun des éléments suivants :
– L’établissement de la sanction prévue dans le cadre de l’école
– Une explication peut être nécessaire et des excuses sincères sont souhaitables
– Une discussion sur le comportement à adopter et sur les attentes en lien.
– Une indication claire de ce qui se passera si le comportement se répète.

L’entretien doit aboutir à une communication indiquant clairement ce que nous souhaitons voir s’améliorer dans le comportement par la suite.

Lorsqu’un tel suivi n’est pas assuré, nous risquons de voir se reproduire ou se renforcer le comportement problématique

Il s’agit là d’un minimum. Tout ce qui n’est pas conforme à cette structure souple risque d’entraîner la répétition du comportement ou son renforcement comme étant acceptable.

Ce dont il faut être bien conscient c’est que la réaction ne suffit pas. Nous avons un rôle éducatif majeur face à l’impolitesse. Préventivement et proactivement, nous devons promouvoir et enseigner explicitement les bonnes manières.

Les bonnes manières sont un art de vivre général, par conséquent les élèves n’ont jamais un trop plein d’exemples. Ils ont besoin qu’on les leur enseigne et qu’on leur dise précisément ce qu’ils doivent faire et ne pas faire.



Mis à jour le 26/04/2025

Bibliographie



Tom Bennett, The Running the Room companion, John Catt, 2021

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