vendredi 10 janvier 2025

L’impact de l’école et de sa culture sur la réussite des élèves

Comment agir pour soutenir les élèves à l’échelle de l’école ? Compte-rendu et développement à partir d’un article de Pritesh Raichura (2024).


(Photographie : Lisa Avery)



Sortir du constat et réfléchir aux leviers possibles pour soutenir les élèves


Expliquer les résultats des élèves en se basant sur leurs caractéristiques propres peut être instructif et nous éclairer l’impact des influences externes à l’école.

Cependant, la démarche ne nous informe pas sur les causes exactes liées à l’acquisition des apprentissages ou à leur échec dans le cadre du domaine d’influence appartenant à l’école. 

Plus particulièrement, cela ne permet pas de comprendre ce qui dans la sphère d’influence de l’école a plus ou moins bien fonctionné. Il ne s’agit pas de faire l’impasse sur les facteurs externes, mais de ne pas s’en contenter.

Si nous nous intéressons à l’impact que nous pouvons avoir sur la performance des élèves, nous devons nous limiter aux facteurs sur lesquels l’école peut exercer une influence directe d’ampleur substantielle.

À ce titre, un facteur clé s’impose. C’est l’intensité des efforts fournis au niveau individuel par les élèves, couplée à la mobilisation de stratégies d’apprentissage pertinentes. 

La question cruciale concerne la manière d’améliorer l’engagement utile des élèves. Cette dimension est au cœur de l’action de l’enseignant. Nous pouvons la voir dans chaque interaction de chaque cours. Nous la voyons dans la qualité des devoirs, des productions et des évaluations des élèves.

La question est de savoir comment s’assurer que les élèves donnent le meilleur d’eux-mêmes. 

Donner le meilleur de soi-même en classe c’est
  • Réfléchir lors de chaque question posée par l’enseignant et vouloir partager sa réponse. 
  • Réaliser toutes les tâches proposées lors de la pratique guidée et de la pratique autonome en se concentrant pleinement.
  • Faire tous ses devoirs et ses préparations chaque semaine, de manière consciencieuse.
  • Revoir ses cours régulièrement et être prêt pour chaque évaluation formative ou sommative.
Si la réponse à l’une de ces questions est « non », la qualité du résultat obtenu par l’élève importe peu. Il pourrait très certainement faire mieux.

Si l’élève n’obtient en outre pas les résultats escomptés, il est d’autant plus nécessaire de faire quelque chose pour changer cela.



Relation entre impact et culture d’une école


Les élèves ont un pouvoir d’action et peuvent choisir de participer ou non en classe et décider de l’intensité de leur travail pendant et en dehors des cours.

La façon dont nous percevons notre potentiel d’impact en tant qu’équipe éducative dépend essentiellement de notre culture d’école.

Une bonne culture d’école permet d’atteindre un impact notable par le biais d’un enseignement efficace. Dans cette logique, les enseignants prennent la responsabilité de bien enseigner. Ils expriment des attentes élevées et créent des conditions qui incitent les élèves à fournir des efforts et à faire preuve de persévérance. Ils mobilisent les bonnes stratégies et débouchent sur une réussite notable en classe et au-delà. 

Dans cette optique, les enseignants privilégient un enseignement explicite et donnent à leurs élèves de nombreuses occasions de participer, d’acquérir de l’aisance en répétant et, par conséquent, de se sentir vraiment performants pendant leurs cours.

Dans cette optique, les enseignants donnent régulièrement des devoirs et des évaluations à portée formative qui encadrent l’apprentissage autonome de leurs élèves et répondent aux critères suivants :
  • Ils continuent à mobiliser, récupérer et consolider des contenus importants qui ont déjà été abordés en classe.
  • Ils permettent aux élèves de mettre en pratique les connaissances acquises avec aisance.
  • Ils amènent les élèves à prendre la responsabilité de leurs efforts. 



Soutenir une culture de l’effort et de l’apprentissage


L’autonomie des élèves ne s’acquiert pas sans responsabilisation. À un moment donné, une forme de reddition de comptes peut être nécessaire.

Nous voulons permettre aux élèves de mesurer l’impact des efforts qu’ils fournissent dans le cadre de leur apprentissage autonome dans le but de développer leurs connaissances. Pour ce faire, nous pouvons introduire une forme hebdomadaire de quiz ou d’évaluation qui remplit à la fois une fonction formative et une fonction normative dans le cadre de l’élaboration d’une note constructive. 

Basé sur les devoirs, passé dans des conditions d’examen, hebdomadaire et corrigé par l’enseignant, ce quiz sert à montrer aux élèves que leur effort est directement lié à leur score au quiz. Par exemple, s’ils participent bien aux cours et passent suffisamment de temps à apprendre les contenus et à s’entraîner à la maison, ils devraient obtenir un score proche de 100 % au test.

S’ils ne s’exercent pas à la maison ou ne se concentrent pas en classe, ils ont moins de chances d’atteindre la fluidité des connaissances et obtiendront de moins bons résultats.

Il importe dès lors de laisser de la place à une vérification de la compréhension fréquente, à de la pratique guidée et autonome, et à des opportunités de pratique de récupération distribuée en classe. De même, les élèves doivent avoir des devoirs de qualité qui soutiennent la consolidation des apprentissages. En agissant sur ces différentes dimensions, nous valorisons leurs efforts et leur travail. Parallèlement, nous ne devons pas rester indifférents et agir lorsque les élèves font preuve d’un manque d’effort évident.

Le renforcement de la participation, de l’engagement et de l’attention est important. Il soutient la création d’une culture où ces dimensions sont considérées comme valorisées, respectables, souhaitables et dignes de satisfaction.

La manière de soutenir ces démarches est d’utiliser une vérification de la compréhension fréquente et qui concerne tous les élèves lors du modelage et de la pratique guidée :
  • Nous posons des questions simples pour vérifier qu’ils écoutent, afin de leur donner l’occasion de participer facilement et de réussir. 
  • Nous leur donnons de nombreuses occasions de répéter les idées clés tout au long de la leçon afin qu’ils puissent acquérir de l’aisance grâce à la méthode « tourner et parler ». 
  • Nous les renforçons après chaque bonne réponse partagée pour reconnaitre le fruit de leurs efforts et de leur engagement.
Ainsi, nous pouvons développer une culture de l’apprentissage qui valorise l’effort et l’apprentissage. De cette manière, nous pouvons soutenir le sentiment d’efficacité personnelle des élèves. Dès lors, les élèves adoptent plus naturellement des objectifs de maitrise et développent un sentiment d’appartenance. Le bénéfice de l’adhésion des élèves à une telle culture est à la fois collectif et individuel.



Prendre en compte le contexte dans le développement d’une culture de l’apprentissage


Créer une culture de l’apprentissage n’est pas une chose aisée lorsque l’écart avec la réalité du contexte d’enseignement en classe est important.  

Cependant, il faut regarder objectivement la situation que nous vivons en classe. Si nos élèves ou certains d’entre eux n’apprennent pas comme ils le devraient, nous devons nous interroger. L’erreur à ne pas commettre serait de baisser les attentes. 

Si les résultats des élèves ne sont pas là, les questions les plus simples que nous pouvons nous poser sont les suivantes : 
  • Que me disent les résultats sur l’intensité du travail des élèves concernés ? 
  • Comment puis-je les pousser à prendre plus de responsabilités ? 
  • Comment puis-je agir pour mieux les préparer à réussir ? 
Ce sont là les principaux leviers pour remédier à la sous-performance des élèves : 
  • L’engagement et les efforts fournis par les élèves
  • L’accent sur la responsabilisation et l’autonomie des élèves
  • L’importance de l’étayage et d’un enseignement adaptatif.
L’idée est de soutenir les élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes et chercher à tromper les influences de problèmes de santé ou d’une situation familiale difficile. Ces élèves n’ont pas besoin que l’on baisse les attentes élevées que nous leur exprimons, mais qu’on leur offre le soutien pour y parvenir.

Face à ces problématiques externes à l’école, le développement de la perception de compétence ou du sentiment d’efficacité personnelle est fondamental. Apprendre à aimer fournir des efforts tout en mobilisant les stratégies adéquates est l’un des traits de caractère les plus précieux que nous puissions développer chez nos élèves.

S’engager, fournir des efforts, relever des défis et mobiliser les bonnes stratégies donne le sentiment d’agir, de s’approprier ses propres résultats et conduit à l’épanouissement.

Les données factuelles liées aux apprentissages comptent, mais ce qui permet de dépasser les attentes se trouve du côté des facteurs de motivation que sont la perception de compétence ou le sentiment d’efficacité personnelle. C’est la conviction des élèves qu’ils peuvent y arriver en fournissant les efforts adéquats qui l’emporte. 

Lorsqu’un élève travaille et fournit les efforts nécessaires, les notes qu’il obtient importent peu. Ces notes lui appartiennent vraiment. Il en sera fier, car il aura fait de son mieux. 


Mis à jour le 12/01/2025

Bibliographie


Pritesh Raichura, Do your pupils work hard enough?, https://bunsenblue.wordpress.com/2024/08/17/do-your-pupils-work-hard-enough/, 2024

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