samedi 4 janvier 2025

Impact de la culture scolaire sur le comportement du personnel

Une culture scolaire se construit au fil du temps, à travers les systèmes, les structures et les pratiques de l’école et à travers les interactions entre collègues. Si nous ne la prenons pas en compte, elle aura tendance à être négative.

(Photographie : Emil Kozak)



Dès lors, il est important de bien comprendre les caractéristiques d’une bonne culture scolaire et travailler à partir de ses mécanismes pour surmonter la tendance à une culture négative ou malsaine.



Caractéristiques observables et inobservables de la culture scolaire


Les caractéristiques de la manière d’agir du personnel sont relativement observables et objectivables. Nous pouvons les voir à l’œuvre sur le lieu de travail au sein de l’école.

Pour que des caractéristiques observables en lien avec une bonne culture se manifestent, nous devons créer un état d’esprit au sein du personnel lié à la manière dont est abordé le travail.

Les individus n’ont pas tendance à chercher à s’améliorer ou à proposer des défis de manière constructive s’ils sont épuisés ou peu sûrs d’eux.

Pour être motivés, les membres du personnel doivent croire en la valeur et en l’objectif de leur travail. Ainsi, les caractéristiques de ce que l’on ressent en travaillant sont nécessairement peu observables, puisqu’elles sont internes et propres aux personnes. 

Dans cet article, nous nous intéressons aux comportements et aux actions des membres du personnel. 



1. Agir avec cohérence là où c’est important


Dans les écoles, certaines actions et démarches doivent être assurées et réalisées de manière cohérente. 

La cohérence est importante dans de nombreux domaines, mais dans les écoles, c’est plus important que la plupart des autres. Les enfants et adolescents ont besoin de beaucoup de cohérence pour s’épanouir. 

En ce qui concerne les attentes en matière de comportement et la manière dont nous les sanctionnons et renforçons, plus il y a de cohérence, mieux c’est. Lorsque les enseignants sont cohérents et démontrent les mêmes attentes et le même suivi, les élèves savent à quoi s’attendre et se sentent traités équitablement.

Dans les routines qui soutiennent l’engagement, l’attention en classe et l’harmonie dans les interactions, la cohérence peut libérer du temps et des ressources cognitives. Celles-ci permettent en retour aux élèves de mieux s’investir, de mieux s’épanouir et de mieux apprendre en retour. 

Cela ne signifie pas pour autant que les élèves doivent faire l’expérience du même type de pratique d’enseignement, d’évaluation et d’apprentissage dans chaque cours. Les facteurs contextuels influencent le degré de cohérence nécessaire dans certaines matières. Dans d’autres contextes ou matières, une plus grande liberté peut s’avérer plus efficace.



2. Faire preuve d’agentivité et d’initiative là où c’est possible


L’agentivité est la faculté d’action d’un être, sa capacité à agir sur le monde, les choses, les êtres, à les transformer ou les influencer.

Si la cohérence est importante dans certains domaines, par exemple, les attentes et les systèmes de comportement, elle n’est pas essentielle dans tous les domaines d’action des enseignants. 

Les écoles, l’enseignement et les spécificités liées aux matières sont trop complexes pour réussir en imposant les détails des comportements de tous les collègues dans toutes les situations. 

La meilleure pratique consiste à permettre aux collègues expérimentés et perspicaces d’appliquer leur expertise à leur propre prise de décision dans le contexte de leurs cours. La condition est que leurs démarches soient conformes aux principes plus généraux de l’organisation, comme les valeurs, les missions et la culture de l’école. 

Une forme de liberté pédagogique est fondamentale pour le bien-être mental et la motivation du personnel. L’alternative à l’agentivité et à a prise d’initiative est l’ennui et la frustration, ce qui est néfaste dans le cadre d’une culture d’école. Le sens de l’agentivité et de l’initiative sont cruciaux pour la qualité du travail en école. Nous avons besoin de la matière grise des gens pour bien répondre aux détails, spécificités et défis de la vie scolaire.



3. Manifester ses désaccords dans le cadre de discussions saines


L’alignement et la cohérence sont très importants, mais nous n’essayons pas de créer une armée de clones. 

Le désaccord et la discussion sont des dimensions nécessaires à une bonne culture d’école. Si personne n’est en désaccord avec quoi que ce soit, ce n’est pas un signe que tout va bien. C’est un signe que les gens ne veulent pas partager leurs points de vue, ce qui est particulièrement néfaste pour une culture d’école : 
  • Cela indique que les membres du personnel ne se sentent pas en sécurité.
  • La culture sera encore plus endommagée, car les gens se sentent opprimés, marginalisés ou tout simplement pas vus ou pris en compte.
  • La culture sera d’autant plus mise à mal que des informations importantes susceptibles d’aider ne sont pas partagées.
  • D’autres aspects du travail seront endommagés, car des informations importantes susceptibles d’améliorer le travail ne sont pas partagées.
Le désaccord respectueux et la remise en question sont une caractéristique clé et un levier fondamental d’une culture du personnel positive.

L’ouverture au désaccord et à la discussion n’est pas en contradiction avec la nécessité de cohérence là où elle est importante.

Ce qui fait fonctionner et progresser une culture, c’est la volonté du personnel de faire preuve de cohérence là où c’est important, même s’il n’est pas d’accord. 

Parfois, certaines pratiques collectives peuvent être améliorées et parfois elles doivent être réfléchies, évaluées, modifiées ou validées. Cela demande de passer par la discussion sur les points tangents ou différentes lectures existent. Le désaccord doit pouvoir être exprimé et mener à des discussions franches. Le désaccord doit pouvoir être entendu et discuté. Il peut potentiellement conduire au changement. 

Il doit y avoir une attente et une réalité de conformité dans les domaines où les élèves ou le fonctionnement efficace de l’école en paieront les conséquences si des membres du personnel suivent leur propre voie. Cette fermeté est contrebalancée par une ouverture de la part de la direction à l’idée que certains fonctionnements pourraient devoir changer à l’avenir, sous réserve d’un examen et d’une réflexion approfondis.



4. S’engager dans un développement professionnel


Une bonne culture se caractérise par l’attitude du personnel à l’égard de son développement professionnel continu. 

Cela se manifeste dans leur approche du retour d’information, qu’ils accueillent chaleureusement dans un esprit d’amélioration, et dans leur proactivité dans la recherche de nouveaux apprentissages professionnels, par le biais d’activités telles que :
  • La lecture
  • La participation à des activités de développement professionnel proposées par l’école ou en dehors de celle-ci
  • L’observation de collègues en classe, la collaboration et la discussion.



5. S’engager avec exigence dans un travail de qualité


Dans une culture scolaire idéale, les membres du personnel se sentent en sécurité. Ils se sentent heureux et stimulés. Ils communiquent et coopèrent bien et spontanément.

Ils sont animés d’une volonté d’excellence. Ils sont motivés pour rechercher les meilleures pratiques, pour prêter attention aux détails, pour faire du bon travail — pour les matières, pour les élèves, pour la société et pour leur satisfaction personnelle.

Toutes ces caractéristiques interagissent et s’influencent mutuellement. C’est ainsi que se présente la culture. Elle est une grande toile enchevêtrée d’interactions et de relations. 

Nous devons développer chaque domaine à la fois pour sa valeur propre et pour l’influence qu’il exerce sur les autres domaines. Nous ne pouvons pas adresser chaque domaine à la fois. Certains domaines sont émergents et nous ne pouvons pas travailler directement sur eux. Nous devons plutôt travailler sur un certain nombre de domaines connexes, en synergie et en cohérence avec la culture de l’école, afin de permettre à ces caractéristiques de s’épanouir.



Des questions de réflexion sur l’engagement du personnel dans la culture de l’école


Êtes-vous d’accord avec ces caractéristiques proposées pour une bonne culture du personnel ?

Toutes les caractéristiques d’une bonne culture du personnel sont influencées par la sécurité psychologique et une compréhension commune. 

Pour chaque caractéristique, nous pouvons tâcher d’expliquer comment elle est influencée par ces deux facteurs.

De nombreuses caractéristiques s’influencent mutuellement. Quels liens pouvons-nous identifier ? Comment décririons-nous l’influence de chaque caractéristique sur les autres ?

Dans quelle mesure ces caractéristiques se reflètent-elles actuellement dans notre école ? Comment le savons-nous ?

Quels pourraient être les domaines prioritaires de développement ? Quels sont, selon nous, les aspects les plus difficiles à mettre en œuvre ? Pourquoi pensons-nous que ce soit le cas ?


Mis à jour le 04/01/2025

Bibliographie


Ruth Ashbee, School staff culture, Routledge, 2023

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