lundi 9 décembre 2024

Trois phases de questionnement en enseignement explicite et des pistes pour stimuler l’engagement

Ces trois phases de questionnement, une approche développée par Pritesh Raichura (2023) se manifestent et s’intègrent lors du modelage et de la pratique guidée. 


(Photographie : key-cat)




Trois phases de questionnement




Il s’agit pour l’enseignant de contrôler l’écoute de ses élèves, de leur faire répéter les contenus essentiels, puis de vérifier leur compréhension.


Phase 1 : Le contrôle de l’écoute


À chaque phrase ou deux d’une explication, l’enseignant pose à ses élèves des questions simples pour vérifier qu’ils l’écoutent. 

En utilisant ces contrôles de l’écoute, nous éliminons le problème le plus fondamental en classe : la perte d’attention des élèves. 

Comme les réponses ne comportent généralement qu’un seul mot, nous pouvons utiliser la technique de la réponse chorale. Nous demandons aux élèves de dire la réponse à voix haute et à l’unisson.



Phase 2 : Le contrôle de la répétition


Il arrive souvent que les élèves ne répondent pas correctement aux questions posées à la fin d’une explication. Souvent, ils n’ont tout simplement pas eu assez d’occasions de répéter les contenus de celle-ci tout au long du processus. 

Pour résoudre ce problème, nous prévoyons explicitement de nombreuses occasions pour eux de répéter les contenus clés pendant que nous expliquons. 

Pour ces questions, il est conseillé d’utiliser la stratégie du Think-pair-share. Les élèves répètent la réponse verbalement avec la personne à côté d’eux par tranches de 10 ou 20 secondes. 

L’enseignant peut par exemple :
  • Donner des amorces de phrases à compléter
  • Demander de rappeler les deux premiers points de l’explication avant que l’enseignant n’introduise le troisième point.
  • Donner quelques mots clés pour construire une phrase, sur la base des explications données par l’enseignant jusqu’à présent.
  • Demander aux élèves une application basique d’une règle ou d’une formule.


Phase 3 : Le contrôle de la compréhension


Lors de cette phase, nous passons aux questions d’application les plus délicates et à celles qui nécessitent la construction des réponses plus approfondies. 

Grâce aux questions des phases 1 et 2, la probabilité que les élèves répondent correctement à ce type de question sera beaucoup plus grande. Nous nous sommes assuré que les élèves écoutaient le cours et nous les avons aidés à acquérir de la fluidité et de l’aisance dans la manipulation des éléments clés.



Maximiser l’impact du questionnement en enseignement explicite


Différents paramètres peuvent être mobilisés pour augmenter l’impact du questionnement


Lever les mains en l’air


Dans le cadre de la stratégie « Cold Call », il existe différentes écoles : 
  • Nous pouvons permettre aux élèves de lever le doigt sans garantie de les choisir pour répondre. 
  • Nous pouvons interdire aux élèves de lever le doigt. 
Une dernière option, qui, à première vue, parait extrême, se passe bien dans les faits et accentue l’engagement des élèves et contribue à une culture de l’apprentissage. Elle consiste à demander à tous les élèves de lever leurs mains durant les phases 1 et 2 du questionnement. 

Cette culture de la main levée crée une classe plus énergique et favorise une habitude de participation. En insistant pour que tous les élèves lèvent la main, nous avons plus de chances de repérer ceux qui ne participent pas, ce qui me permet de mieux les aider.


Augmenter la fréquence de questionnement et la qualité du retour d’information


De manière optimale, un cours typique peut compter de 50 à 60 questions. Les questions viennent interrompre la perte d’attention. Elles maximisent le nombre d’occasions que les élèves ont de répéter les contenus ciblés. 

Dès lors, les questions de contrôle de la compréhension peuvent fournir des données plus fiables sur la qualité des explications. Elles mettent en évidence la manière dont elles ont été comprises et interprétée chez chacun des élèves et la quantité de pratique dont ils ont besoin.

La synergie entre les trois phases de questionnement et les stratégies d’interrogation fréquentes maximise la participation des élèves, ce qui se traduit par une amélioration des apprentissages. 

Poser des questions relativement simples pendant que nous enseignons explicitement contribue à la motivation. Il permet aux élèves de conserver leur attention et d’être plus engagés dans le cours, de mieux le comprendre et d’être stimulés par celui-ci.

De plus, au plus nous donnons à nos élèves des occasions de répondre à de telles questions, au plus nous leur donnons l’occasion de se sentir en situation de réussite. La réussite engendre la motivation.



Stimuler l’intérêt des élèves


Activer un intérêt situationnel


Les élèves peuvent ne pas être personnellement naturellement intéressés par les contenus que nous leur enseignons.

Cependant dans de nombreuses matières nous pouvons relier les contenus enseignés à des évènements de l’actualité ou à des phénomènes de la vie courante qu’ils peuvent venir éclairer.

De cette manière, nous pouvons susciter chez une partie des élèves un intérêt situationnel qui peut ne fonctionner que temporairement ou qui peut être susceptible d’évoluer vers un intérêt personnel pour les contenus.

Expliquer ces phénomènes et ces évènements avec l’éclairage des contenus enseignés peut générer un défi dont la résolution peut faire sens et contribuer à la motivation des élèves.  

L’idée est de toujours trouver un moyen de raconter à quel point nous apprécions le sujet que nous leur enseignons et combien il est éclairant même si de prime abord il peut sembler ennuyeux.


Cultiver la curiosité culturelle et l’intérêt personnel


Les enseignants partent souvent de questions d’élèves pour stimuler leur curiosité avant de dispenser leur enseignement. Or la démarche gagne à s’inverser. Les élèves ont besoin de connaissances avant d’être curieux.

La curiosité, la motivation et l’intérêt individuel pour un domaine sont souvent fonction de l’acquisition antérieure de nombreuses connaissances dans celui-ci. 

Dès lors pour entretenir ces sentiments chez des élèves, il n’y a pas de meilleur moyen que de leur enseigner explicitement de nombreuses connaissances dans les domaines concernés.

La démarche devrait les stimuler à terme à se poser plus de questions pertinentes dans le domaine considéré. 



Éviter les questions de dépassement vers l’ensemble de la classe


Si une question requiert des connaissances que les élèves n’ont pas acquises en classe, alors il ne faut pas poser cette question à l’échelle de la classe. 

Si nous le faisons, nous motivons les élèves qui ont acquis ces connaissances ailleurs (à la maison, en général) et nous pouvons démotiver ceux qui n’ont pas de telles opportunités personnelles. 

Ces connaissances peuvent être mises en évidence par les élèves à l’échelle individuelle dans le cadre de la pratique autonome ou de productions personnelles. Il n’y a pas d’avantages à rendre ces contributions publiques, car elles mettent en évidence des inégalités externes pour lesquelles les élèves n’ont souvent pas de responsabilité personnelle. 



Réussite = Efforts x Stratégies


Nous devons donner aux élèves des opportunités de relever avec succès des défis en développant des connaissances. Pour y arriver, nous leur demandons de fournir des efforts soutenus en mobilisant des stratégies que nous leur enseignons. 

Il s’agit de tester et de vérifier fréquemment les élèves avec rétroaction. Nous devons faire prendre conscience aux élèves du lien entre leurs efforts, l’usage de stratégies et la réussite.

L’enseignant peut renforcer cette dimension en accentuant la distribution de renforcement positif. Le renforcement positif est souvent valorisé dans l’optique de l’acquisition des comportements attendus par les élèves, mais la démarche est à appliquer également au niveau de l’apprentissage, et ce pour tous les élèves. 

Si un élève a répondu correctement à une question de vérification de la compréhension, il ne faut jamais hésiter à le renforcer positivement, que ce soit verbalement ou non verbalement. 

La répétition d’évaluations ou de récupérations sur les mêmes éléments augmente la probabilité de réussite.

Dans cette optique, la manière de gérer les erreurs des élèves est également essentielle. Elles doivent être perçues comme des opportunités de progresser et non comme une défaillance et la preuve de limites personnelles. C’est l’idée d’installer une culture de l’erreur en classe, de les présenter positivement comme l’occasion d’approfondir un point de matière pour éviter des erreurs ultérieures dans le cadre d’une évaluation sommative.



Bibliographie


Pritesh Raichura, Cultivating enthusiasm, 2023, https://edu.rsc.org/ideas/7-ways-to-motivate-your-students/4017342.article

Pritesh Raichura, How to guarantee student participation and recall, 2023, https://edu.rsc.org/ideas/how-to-guarantee-student-participation-and-recall/4017903.article

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