mardi 5 novembre 2024

L’importance de la culture d’une école

La culture d’une école est une construction au sein d’une école qui se développe au fil du temps, mais qui peut être influencée directement par les actions de la direction. Une bonne culture d’école est un atout qui soutient les politiques d’amélioration et le climat scolaire. Une synthèse de l’excellente introduction du sujet proposée par Ruth Ashbee (2023).


(Photographie : Bobby Scheidemann)





La culture fait une école


La manière dont le personnel ressent son travail dans une école, les habitudes et modes de fonctionnement, les relations qu’il y entretient ou les attentes en matière de comportement ne sont pas neutres.

Si la culture est bonne, les personnes qui travaillent dans une école peuvent être satisfaites et épanouies dans leur travail dans l’école. Dans ce cas, elles sont : 
  • Prêtes à relever des défis
  • Désireuses de se développer professionnellement
  • Confiantes dans le partage et la réception d’informations en vue d’une amélioration de la situation
  • Mieux à même de remplir leur rôle et de contribuer à donner aux élèves une éducation de haute qualité.
Le sentiment d’appartenance, l’engagement, le professionnalisme et la qualité des enseignants d’une école sont fonction de la culture qui y est présente.



La dimension éthique de la culture


Le personnel d’une école passe la majeure partie de son temps actif à s’engager pour ses élèves et son école. Il est important que ce temps soit considéré comme satisfaisant et gratifiant pour chacun d’entre eux.

Il est certain que dans de nombreuses écoles, la culture n’est pas aussi bonne qu’elle pourrait l’être.

Cette situation peut générer de l’anxiété et de l’inquiétude chez les personnes qui y travaillent. Dans ce cas, elles tendent parfois à :
  • Dissimuler des informations
  • Se sentir sur la défensive, incertains ou même hostiles
  • Limiter leurs investissements et les défis qu’elles sont prêtes à relever.
Nous pouvons œuvrer au développement d’une culture forte, affirmée et stable. Dans un tel contexte, les gens se sentent en sécurité, stimulés, valorisés et ouverts, nous devons y mettre de l’énergie, et de la bonne manière.

La plupart des activités que nous menons dans les écoles sont incertaines. Les principaux problèmes auxquels nous faisons face de manière récurrente sont persistants. Nous ne pouvons jamais complètement garantir ou considérer comme acquis les bons résultats, le comportement ou l’assiduité scolaire des élèves. De nombreux facteurs évolutifs entrent en jeu. 

Toutefois, nous pouvons agir pour améliorer nos chances d’obtenir les résultats que nous recherchons. Bien que la culture puisse se révéler certaines fois incertaine, elle peut être influençable et modifiable dans une certaine mesure et à certaines conditions.

Nous pouvons agir dans certaines directions pour avoir de meilleures chances de succès. 

Pour arriver à cet objectif, nous avons besoin d’une politique de renforcement de la culture. Nous devons examiner attentivement comment elle fonctionne, et déterminer comment nous pouvons l’améliorer.



Neuf défis pour l’établissement d’une culture positive


Nous pouvons énoncer neuf défis liés à l’établissement d’une culture positive en école :
  • Assurer la clarté de l’objectif :
    •  Les caractéristiques d’une bonne culture ne sont pas toujours claires. L’enjeu est de les expliciter.
  • Éviter activement le négatif : 
    • Il existe des raisons profondes et une tendance naturelle qui font que la culture tend naturellement vers le négatif. L’orienter et la maintenir dans ses dimensions positives doit être un but conscient. 
  • S’employer à comprendre les mécanismes de la culture : 
    • Comprendre la culture d’une école est un défi.
    • Elle est implicite dans la tête des gens.
    • Elle est le résultat de systèmes complexes avec de nombreuses parties en interaction. 
  • Observer l’inobservable : 
    • La culture est difficile à voir et à évaluer, car elle n’est pas un objet physique. 
    • Il est difficile de savoir à quoi ressemble la culture et dès lors de savoir si nous progressons.
    • Dès lors, elle impose tout un travail d’explicitation complexe.
  • Prendre en compte le prisme du leadership : 
    • Nos perceptions de la culture sont toujours déformées parce que nous voyons le fonctionnement de l’école à travers le prisme de notre fonction au sein de l’école.
    • Les interprétations des membres de la direction sont souvent différentes de celles des autres membres du personnel qui peuvent également varier entre eux.
  • Accepter que l’incertitude soit inévitable : 
    • La relation entre nos actions et le développement de la culture est incertaine et imprévisible. Elle impose une grande part de tâtonnement. 
    • Nous ne pouvons pas être sûrs de ce qui va se passer et nous obtenons souvent des conséquences involontaires ou inattendues de nos démarches.
  • Reconnaitre le besoin de connaissances : 
    • La culture est un domaine pluridisciplinaire qui nécessite une grande quantité de connaissances intégrées et de compréhension approfondie dans divers domaines.
    • Il y a beaucoup de connaissances à acquérir en lien avec la culture de l’école.
  • Prendre en compte les facteurs dissuasifs : 
    • Nous rencontrerons des résistances psychologiques au type de travail nécessaire pour construire une culture positive.
    • Construire une culture positive peut être frustrant, inconfortable et chronophage.
  • Considérer la théorie du changement : 
    • Nous ne disposons pas d’un modèle établi ou direct sur la manière dont nous pouvons agir à coup sûr pour influencer la culture.
    • Il n’y a pas de chemin clair vers le succès.

Le développement d’une bonne culture passe en grande partie par le propre développement professionnel des personnes œuvrant à son amélioration, au sens large, cela signifie tout le monde.

S’il est difficile de réfléchir avec précision à la culture, c’est parce que cela nous amène à poser des questions inconfortables et à faire face à des réalités que nous préférerions différentes. C’est de là que vient la valeur ajoutée de la démarche.

Le chemin vers l’amélioration d’une culture scolaire n’est souvent ni facile, ni certain, ni confortable. L’introspection personnelle, les changements désagréables, l’exigence et le besoin d’efforts seront au rendez-vous. Il faut pouvoir et vouloir en payer le prix pour en obtenir les bénéfices en retour.



Aborder la question de la culture en équipe


Travailler sur la culture d’une école implique d’aborder le projet en équipe si nous souhaitons un impact. 

Une équipe alignée est plus apte à développer une bonne culture, non seulement parce que différentes personnes travailleront sur les mêmes questions de manière positive, mais aussi en raison des discussions qui seront partagées tout au long du parcours. En retour, une bonne culture aide à maintenir une équipe alignée.

Des échanges, des réflexions inattendues, des expériences, des remises en question sont excellentes pour façonner et encourager notre propre réflexion, pour explorer les défis et trouver des moyens de les surmonter. Ces démarches sont productives et elles-mêmes sources d’encouragement, plus particulièrement lorsque tout ne se passe pas aussi bien que nous l’espérions.

La direction ne peut pas contrôler la culture d’une école, mais se trouve dans une position unique qui nous permet de l’influencer fortement. Ce que nous obtenons de la culture dépend en grande partie de ce que nous sommes prêts à y mettre, pour acquérir des connaissances, réfléchir et agir.



Bibliographie


Ruth Ashbee, School staff culture, Routledge, 2023

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