mardi 29 octobre 2024

Faire preuve de vigilance, prévenir et renforcer en contexte hors classe

Dans le cadre du soutien au comportement positif, une fois que les comportements attendus enseignés explicitement, il revient à chacun dans l’équipe éducative de vérifier qu’ils sont pratiqués par les élèves.

(Photographie : Bryan Steiff)


L'enjeu de la vigilance dans les espaces complexes


Si la vigilance est évidente en classe, elle est nécessaire dans tous les lieux communs de l’école, ce qui signifie :
  • La vigilance doit y être exercée, ce qui implique qu’un adulte supervise
  • Chaque adulte passant dans un des lieux de l’école doit lui-même exercer sa vigilance
Faire preuve d’une vigilance efficace exige de maitriser des compétences spécifiques, car cette démarche est déterminante pour la bonne tenue des comportements dans l’école. 

Pour faire preuve de vigilance dans un lieu scolaire, il est important de se déplacer constamment. Il y a de multiples raisons à cela. Le fait de se déplacer va :
  • Nous rendre plus visibles et plus proches de chaque élève à différents moments.
  • Nous donner une vue plus large sur les élèves et leurs occupations
  • Créer des opportunités de contact et d’échanges avec les élèves.
  • Permettre d’établir et de maintenir de bonnes relations avec tous les élèves
  • Faciliter les opportunités de donner du renforcement positif pour les comportements attendus et augmenter le taux de remarques positives par remarque négative.
  • Diminuer la probabilité de ne pas voir et de ne pas réagir à une perturbation
  • Donner l’impression aux élèves qu’on est attentif à tout ce qui se passe.
  • Permettre de remarquer plus vite les comportements les plus problématiques tels que l’intimidation ou le harcèlement. 
Pour vraiment se déplacer de façon efficace, quatre paramètres comptent : 
  • Se déplacer continuellement génère chez l’élève l’impression que l’adulte est partout en même temps. S’il se déplace constamment, le surveillant a plus d’opportunités d’avoir des contacts positifs avec davantage d’élèves et il peut encourager ou réagir directement aux comportements. 
  • Le chemin qu’il choisit doit être pris au hasard et être imprévisible. Si possible, le surveillant se déplace sans suivre un itinéraire irrégulier et aléatoire. En effet, lorsque les élèves s’habituent à la régularité, ils peuvent mieux dissimuler des comportements inappropriés, car ils peuvent prévoir où le surveillant se trouvera à un moment donné. 
  • Les déplacements doivent le mener dans tous les lieux, auprès de tous les élèves et de toutes les activités susceptibles de poser problème.  
  • Le déplacement est plus particulièrement aimanté vers les lieux ou quelque chose pourrait se passer ou commence à se passer. 



Être vigilant dans des espaces complexes


Plus que l’intérieur d’une classe, les espaces communs tels que les couloirs, le réfectoire ou la cour de récréation sont des lieux où le nombre d’élèves est très élevé en comparaison du nombre de surveillants potentiels.

Beaucoup d’interactions peuvent avoir lieu en même temps, ce qui donne à l’ensemble un aspect confus. 
La personne qui surveille a beau se déplacer, il existe des endroits plus reculés, plus ou moins cachés qui peuvent échapper au regard une bonne partie du temps. 

Il existe différentes techniques pour scanner les espaces de manière efficace. Il existe une tendance naturelle à consacrer notre attention aux interactions entre élèves qui se passent près de nous. C’est encore plus naturellement le cas dans les espaces où beaucoup d’élèves se trouvent. 

Cette tendance est à contrer par le développement de la capacité à observer les coins éloignés et à reconnaitre les signes ou les bruits annonciateurs de comportements inadéquats afin de mener à bien une surveillance efficace. 

Différentes méthodes et techniques permettent de superviser de grands espaces :  

Regarder autour de soi et entrer en contact à distance :
  • Que l’on soit à l’arrêt, en train de se promener ou de parler à quelqu’un, il est nécessaire de regarder constamment autour de soi.
  • Cette démarche doit être délibérée et ostensible. Nous changeons clairement le regard de direction et consacrons davantage d’attention aux comportements qui pourraient potentiellement mener à des problèmes. 
  • Cette manière de procéder augmente les opportunités d’établissement de contacts visuels avec les élèves plus éloignés.
  • L’espace que le surveillant couvre grandit lorsqu’il établit régulièrement un contact visuel avec des élèves se trouvant hors de son champ d’action directe.
  • Les possibilités de renforcements positifs augmentent aussi : les surveillants peuvent sourire, lever leur pouce ou faire des signes positifs aux élèves plus éloignés qui se comportent de manière attendue. 
Observer les comportements :
  • Il est utile de s’exercer à être attentifs aux comportements de tous les élèves, et pas uniquement à leurs jeux, aux éléments plus visuels ou à des détails qui ne relèvent pas de comportements inappropriés.
  • Le risque est d’arrêter son regard sur les élèves qu’on connait bien. Nous pouvons ne pas remarquer les autres. Nous pouvons manquer de déceler des signaux subtils dans les attitudes qui peuvent montrer que ces élèves ne se sentent pas à l’aise.
  • Une bonne part de ce que nous voulons détecter tente, tout simplement, d’échapper à notre détection, et nous devons en être conscients.
Écouter de façon à comprendre ce qu’il se passe
  • Il ne suffit pas d’observer pour déterminer ce qui se passe. Il faut écouter les conversations et les échanges qui accompagnent les comportements.
  • Se contenter d’observer ne suffit pas pour déterminer ce qui se passe. 
  • Même à une certaine distance, il peut y avoir des bruits qui indiquent des comportements inadéquats, comme des éclats de voix ou des pleurs, des propos qui ressemblent à des plaintes, des disputes, des bruits de panique. Si ces échanges stoppent de manière nette dès que le surveillant se rapproche, cela ne nous trompe pas.
  • Il faut parfois essayer de regarder d’un côté pendant que l’on oriente son écoute de l’autre. 
Scanner les personnes dans l’espace
  • Il convient de s’exercer à regarder en direction de grands groupes et pas seulement un élève en activité, mais autant d’élèves et d’activités possibles en même temps. 
  • Il faut regarder dans autant de directions que possible en commençant de façon rapprochée puis en élargissant le champ de vision autant que nous le pouvons. 
Détecter les signaux liés aux comportements inappropriés
  • Il convient d’apprendre à déterminer quels signaux sont liés à des comportements inadéquats et les garder par la suite bien à l’œil :
    • Des élèves qui arrêtent de jouer à un jeu sans raison apparente.
    • Des élèves qui froncent les sourcils ou font des gestes d’agacement en direction d’autres élèves.
    • Des élèves qui manifestent un retrait quand d’autres élèves bien précis s’approchent de leur groupe.
    • Des mouvements forts et rapides sans raison évidente.
    • Un élève qui s’éloigne d’autres en courant sans consigne visible.
    • Des regards effrayés.
    • Des élèves qui montrent leurs poings ou manifestent des gestes obscènes. 
Être attentifs aux signaux et agir préventivement :
  • Il convient de s’entrainer à reconnaitre les situations qui précèdent les comportements inappropriés. 
  • Par exemple, lors des jeux de ballons, on peut constater que les comportements tels que les agressions suivent souvent une dispute, un jeu trop rude, beaucoup d’énervement ou un comportement antisportif et une volonté exagérée de gagner.
  • Les surveillants, qui reconnaissent et réagissent directement à ce type de signaux ou déclencheurs, peuvent souvent éviter les vrais comportements inappropriés. 
Être vigilants pour les zones à problèmes :
  • Il est important de porter son attention sur les différentes parties des espaces communs où les problèmes peuvent le plus facilement se produire et regardez souvent dans leur direction. 
  • Ainsi, les jeux de ballons sont fréquemment une source de désaccords et mènent vite à des disputes voire à des agressions physiques. 
  • Le surveillant doit se déplacer, mais en même temps bien tenir à l’œil les jeux de ballons pour vérifier si le jeu se dégrade. C’est par exemple le cas, lorsqu’un enfant ne veut pas continuer la partie et garde la balle pour lui. 
Utiliser la règle des 2 minutes
  • Marcher et regarder autant que possible autour de soi en consacrant le moins de temps possible aux comportements problématiques. 
  • Une fois qu’un comportement inadéquat est constaté, il faut le résoudre rapidement, de manière juste et cohérente, en se mettant en situation de privilégier un contact exclusif avec l’élève. 
  • Faire usage de la règle des 2 minutes : 
    • Si un problème ne peut être résolu ou corrigé en deux minutes, et à fortiori s’il s’agit d’un problème majeur
    • À ce moment-là, il faut envoyer l’élève concerné à la direction ou ailleurs, selon l’arbre décisionnel et compléter un rapport.
  • Au-delà de deux minutes, le temps consacré à résoudre le comportement problématique n’est plus utilisé pour veiller au reste des élèves, ce qui peut favoriser l’apparition d’autres comportements inappropriés. 



Établir un contact positif dans les espaces complexes


Les contacts positifs entre les membres du personnel scolaire et les élèves doivent répondre à quelques critères spécifiques. 

Dans l’ensemble, les membres du personnel doivent adopter une attitude bienveillante, serviable et ouverte envers les élèves. C’est d’autant plus important si ces derniers sont occupés à faire ce qu’ils sont supposés faire et qu’ils adoptent les comportements attendus en milieu scolaire.

Les surveillants et l’équipe éducative adoptent une attitude dans laquelle transparaissent la confiance et le respect tout en adoptant une posture d’adulte responsable.

Sous le terme contact positif, on retrouve : 
  • Les sourires
  • Les signes de la main
  • Les pouces levés
  • Les conversations sur des sujets qui intéressent les élèves
  • Les bonjours chaleureux
  • Les anniversaires et autres souhaits (bonnes vacances, bonnes fêtes…)
  • Les questions sur la santé, les membres de la famille, etc. ;
  • La présence lors d’activités ou d’organisations en dehors des heures scolaires concernant les élèves
  • L’écoute 
Les contacts positifs ne dépendent pas du comportement particulier d’un élève et n’ont pas besoin d’être la conséquence d’un comportement spécifique aussi longtemps qu’il ne s’agit pas d’une perturbation.

Les contacts positifs doivent être proactifs de la part de l’adulte. Ils attirent l’attention sur les comportements attendus à l’école qui devraient, grâce à cela, se produire plus souvent et par conséquent faire baisser les comportements inappropriés.

Un piège à éviter absolument est de récompenser sans le vouloir un comportement problématique en accordant de l’attention à l’élève alors qu’il en recherche. L’association des deux est susceptible de renforcer le comportement problématique et de voir sa fréquence augmenter. Dès lors, il est inopportun de discuter amicalement avec un élève directement après un comportement perturbateur mineur.

Les surveillants sont encouragés à établir trois à quatre fois plus de contacts positifs que de contacts négatifs avec chaque élève.

Les contacts positifs offrent l’occasion de clarifier de façon cordiale quel comportement est attendu et quel comportement est inapproprié. 

À travers la mise en place consciente de contacts positifs avec les élèves qui risquent de démontrer des comportements problématiques, le surveillant peut leur indiquer le comportement attendu avant qu’ils ne puissent adopter un comportement inapproprié. C’est une précorrection qui intervient de manière préventive. 



Rétroaction positive spécifique dans les espaces complexes


À côté des contacts positifs qui font figure de renforcement positif pour le comportement des élèves, il existe une forme particulière et ciblée que nous appelons rétroaction positive spécifique.

Contrairement aux contacts positifs, la rétroaction positive spécifique n’est pas dispensée au hasard, mais elle est la réaction directe d’un membre du personnel au comportement attendu d’un élève en milieu scolaire. 

L’élève doit avoir fait preuve d’un comportement précis et attendu à l’école. Il fait partie de la matrice de comportement. Il mérite un renforcement positif si ce comportement est délibéré de sa part, c’est-à-dire qu’il demande un effort et n’est pas courant pour lui ou dans l’école. 

Il est, à ce titre, intéressant de comparer les deux interactions précédentes. 
Un exemple de contact positif est : 
  • « Bonjour Thomas, bravo pour ton comportement, content de te voir ! »
Un exemple de rétroaction positive spécifique est : 
  • « Thomas, j’ai vu que tu as bien fait attention à jeter tes déchets dans les bonnes poubelles ! C’était attentionné et tu as fait preuve de respect ! Bravo. Passe une bonne journée ! »
Dans le second exemple, le membre du personnel nomme le comportement attendu dans l’école, observe et valorise, et fait le lien à la valeur à laquelle il se rattache. 

Le renforcement positif va ici de pair avec de l’attention positive de la part d’un adulte, pendant que l’élève est invité à se rendre compte de la valeur positive de son propre comportement. 

Il s’agit ici d’un exemple de renforcement positif verbal, qui est celui à mettre en avant autant que possible. Ce renforcement verbal peut être accompagné, de façon imprévisible et aléatoire, d’un renforcement tangible (jeton). C’est la règle du 4 pour 1 qui est à privilégier, soit quatre fois plus de rétroaction positive spécifique que de renforcements tangibles. 


Mis à jour le 30/10/2024

Bibliographie


Ariane Baye, Valérie Bluge, Caroline Deltour, Aurore Michel et Fabian Pressia, La méthode du Soutien aux Comportements Positifs niveau 1, Manuel pour la mise en place du niveau 1, 2020,

0 comments:

Enregistrer un commentaire