mercredi 25 septembre 2024

Concevoir un guide d’étude

Dans son livre Outsmart your brain (2023), Daniel Willingham développe l’idée de la conception d’un guide d’étude. Voici une synthèse de cette approche. 

(Photographie : Martin Ilgner)



Le concept de guide d’étude


Un guide d’étude se présente sous forme de questions associées à des réponses. Il a pour enjeu de pouvoir être mobilisé dans le cadre d’une pratique de récupération. 

Dans un sens, il correspond à un ensemble de flashcards et répond à deux objectifs :
  • Constituer un support d’étude efficace complet
  • Rassembler tout ce qui est à savoir dans un seul contenant.
Dans la mesure où un guide d’étude est construit systématiquement et rigoureusement, aucune question d’examen ne peut surprendre. 



La préparation du guide d’étude


Nous devons nous assurer de bien comprendre la nature de l’évaluation. 
  • Quels sont les objectifs d’apprentissage et que recouvrent-elles exactement (conditions, critères) ? 
  • Quel sera le format de questions posé (réponses courtes ou longues, choix multiples, réponses ouvertes ou fermées, écrit ou oral) ? 
  • Des questionnaires antérieurs sont-ils disponibles et peuvent-ils nous renseigner sur les types de questions privilégiés ?
  • Est-ce que des outils sont autorisés lors de l’évaluation (formulaires, valeurs de constantes, calculatrice, dictionnaires, documents…) ?
Il est également intéressant d’échanger avec d’autres élèves sur ces questions, ce qui permet d’éviter certaines erreurs d’interprétation. 



La réalisation du guide d’étude


La rédaction du guide d’étude se fait à l’aide de fiches ou d’un système équivalent (papier ou numérique) pour constituer les flashcards. Le principe est de séparer les questions des réponses. Il n’y a pas d’avantage différentiel entre des flashcards numériques ou des versions papier. 

La réalisation du guide d’étude démarre d’une version déjà traitée, préparée, complète et parfaitement comprise des notes de cours. Il s’agit à ce moment-là de concevoir des couples de question et réponse sur l’ensemble du contenu. 

La démarche se conçoit dans l’idée que nous apprendrons tout ce qui se trouve sur les flashcards et rien d’autre. L’enjeu visé est que la ressource constituée soit parfaitement complète. Nous devons faire en sorte que notre guide d’étude soit aussi complet que possible afin qu’il n’y ait pas de surprise à l’examen.

L’attention que nous portons aux niveaux d’organisation du cours et à un premier traitement axé sur la compréhension est crucial. Nous nous posons des questions à plusieurs niveaux d’organisation et entre les niveaux : des questions factuelles et des questions de réflexion. La proportion de questions de chaque niveau doit varier en fonction du type de test. 

Il est également utile de poser des questions dans les deux sens, c’est par exemple :
  • Avoir une question demandant la définition d’un terme.
  • Avoir une autre question qui demande le terme, étant donné la définition.
Nous pourrions penser que mémoriser une question dans un sens permet de connaitre automatiquement la réponse lorsque la question est posée dans l’autre sens, mais la mémoire ne fonctionne pas toujours de cette façon.

Dans des cours plus techniques comme un cours de mathématiques ou de sciences, il est utile de générer :
  • Des exemples des types de problèmes qu’il faut être capable de résoudre.
  • Quelques questions portant sur des explications, des illustrations ou des justifications.
Il est important de s’inspirer des types de questions présents dans des évaluations antérieures. 

Si l’évaluation porte essentiellement sur des questions à réponse courte ou à choix multiple, nous devons nous concentrer sur la mémorisation des connaissances factuelles.

Certaines flashcards doivent présenter des questions qui nous invitent à établir des liens significatifs entre des connaissances factuelles. 

Un élément clé est qu’il est beaucoup plus facile de se souvenir d’un contenu qui a du sens et que nous comprenons parfaitement. Une trame narrative et logique est nettement plus facile à mémoriser qu’une liste aléatoire de chiffres ou de mots. 

Pour tirer parti de cette propriété de la mémoire, nous devons faire en sorte que la réponse à chaque question soit significative, même si la question elle-même n’est pas en tant que telle une question significative. 

Par conséquent, dans la conception des questions, il est utile d’orienter les questions vers des significations en abordant les contenus également avec des « Pourquoi » et des « Comment » plutôt qu’uniquement par « Que/Quel » ou « Quand ». Conjuguer la récupération d’éléments factuels à la fois directement et par leur sens va faciliter le processus de mémorisation.   

Poser une question « Pourquoi » ou « Comment » permet de transformer ce qui semble être un lien arbitraire entre une question et une réponse en un lien significatif. Cela permet de relier plus facilement ce que nous essayons d’apprendre à d’autres informations à maîtriser.

Une autre approche efficace pour faciliter la mémorisation d’éléments est de passer par une représentation graphique ou hiérarchique des informations. 



Privilégier le fait de s’engager soi-même dans la réalisation du guide d’étude 


Il peut être tentant de récupérer des séries de flashcards ou un résumé déjà préparé par quelqu’un d’autre, par exemple un autre élève qui a suivi le cours. Ce contenu est présumé pertinent, mais n’a pas été créé par nous ni par l’enseignant. 

Il est recommandé d’éviter ces emprunts. Ces documents sont susceptibles de contenir des erreurs et des omissions que nous n’aurions pas faites nous-mêmes. En outre, ils n’ont pas été validés par l’enseignant. 

De plus, des documents qui datent de l’année scolaire précédente peuvent ne plus être applicables. Un jeu de questions qui était parfait l’année dernière ne le sera plus cette année.

La rédaction d’un guide d’étude est un excellent moyen de mémoriser et de comprendre en profondeur le contenu. Dès lors, il n’est pas intéressant dans la même démarche de se partager la tâche de créer un guide d’étude à plusieurs. 


La mobilisation des méthodes mnémotechniques


Il arrive que nous devions mémoriser une liste d’éléments ou de termes qui n’ont aucun sens particulier en eux-mêmes et semblent arbitraires.

Les mnémoniques sont des astuces de mémoire qui peuvent apporter une solution dans ce type de situation. Elle nous fait mémoriser quelque chose de simple qui fournit des indices sur le contenu à mémoriser :
  • Nous pouvons mémoriser un mot et chacune de ses lettres donne la première lettre de chacun des termes. 
  • Nous pouvons mémoriser une phrase, et la première lettre de chaque mot est un indice.
  • Nous pouvons associer des éléments de connaissance à des images visuelles.
  • Nous pouvons utiliser la méthode des loci. 
Les méthodes mnémoniques sont souvent utilisées par les concurrents des concours de mémoire parce qu’on leur demande de mémoriser des choses qui n’ont pas de signification intrinsèque.

Dans un contexte d’apprentissage, il s’agit d’une technique à utiliser uniquement lorsque nous ne parvenons pas à donner autrement un sens à un ensemble d’informations. 


Mis à jour le 26/09/2024

Bibliographie


Daniel Willingham, Outsmart your brain, 2023, Gallery Books

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