lundi 12 août 2024

Comprendre le modèle de la contingence à quatre termes en gestion du comportement

Précédemment, nous avons abordé le modèle de l’ABC ou contingence à trois termes initialement proposés par Skinner, et son utilité dans le cadre de la gestion de classe. Il existe un raffinement de ce modèle qui ajoute un quatrième terme au modèle.

(Photographie : Karl Rudolfsson)




Le modèle de la contingence à quatre termes


Le modèle de l’ABC du comportement ou contingence à trois termes comporte un stimulus ou antécédent qui entraîne un comportement lui-même suivi de conséquences. 

Le modèle de la contingence à quatre termes ajoute un quatrième terme au modèle, la situation ou l’événement déclencheur.

Elle permet de prendre en compte un élément supplémentaire qui, en amont, conditionne la contingence à trois termes.

Ces quatre termes sont dans l’ordre chronologique :
  1. La situation ou l’événement contextuel déclencheur
  2. Un indice, un antécédent ou un stimulus discriminatif, qui se produit avant le comportement
  3. Le comportement ou la réponse
  4. La conséquence qui se produit après le comportement et constitue un agent renforçateur ou un stimulus punitif.
L’ajout d’un quatrième terme à la contingence, la situation permet une meilleure compréhension des comportements du sujet dans son environnement. 

Motivation => Antécédent => Comportement => Conséquence

Les antécédents, le comportement et ses conséquences sont courants lorsqu’on étudie le comportement, ce quatrième terme prend en compte la dimension de la motivation.



La dimension de la motivation dans la contingence à quatre termes


Ce quatrième terme peut influencer le comportement dans un sens ou dans un autre. 
Un niveau de privation d’éléments que nous voulons ou dont nous avons besoin conduira à une augmentation de la motivation pour une cible reliée, mais un niveau de satiété conduira à une diminution de la motivation.

La motivation influe sur la manière dont chacun réagit lorsque l’antécédent ou le déclencheur est présenté.

En effet, certains jours sont différents, meilleurs ou pires que d’autres pour le comportement de chaque élève, même lorsque les conditions dans notre classe semblent similaires. 

Par exemple, lorsque nous présentons un travail à un élève (antécédent), celui-ci le fait généralement (comportement) pour le réussir, être renforcé, progresser et passer à la suite (conséquences). 

Il arrive cependant qu’un jour ou l’autre alors que nous proposons un travail similaire, l’élève le rejette ou refuse de travailler. Il y a quelque chose de différent dans cette séquence ABC, même si l’antécédent et les conséquences disponibles sont similaires toutes les autres fois où l’élève fait simplement son travail. 

Il se trouve que certaines situations vont modifier temporairement la valeur ou l’efficacité de la ou des conséquences d’un comportement particulier. Elles ont un effet déclencheur. 

Ces situations possèdent trois caractéristiques : (1) des stimuli antécédents qui (2) modifient la valeur de la ou des conséquences d’un comportement particulier et (3) présentent un effet temporaire. 



Les événements déclencheurs sont aussi des antécédents 


Les événements déclencheurs sont des stimuli antécédents, c’est-à-dire des conditions ou des événements. Ils se produisent avant le comportement et sont parfois encore présents lors de celui-ci. 

Les événements déclencheurs peuvent s’être produits dans un passé plus lointain, par exemple, des heures ou des jours avant le comportement.

Par exemple, les problèmes d’un élève à la maison, dans le bus ou dans un lieu autre que la classe (par exemple, la cour de récréation, le vestiaire, le couloir) peuvent affecter son comportement en classe. C’est possible même si ces événements se sont produits des heures ou des jours avant que nous en observions les effets. 

Les événements déclencheurs peuvent également se produire en même temps que le stimulus discriminant et peuvent être encore présents lorsque le comportement se produit. 

Par exemple, un élève peut avoir un rhume (ou une autre maladie) lorsque nous lui donnons un travail à faire en autonomie en classe (stimulus discriminant). Sa maladie sera toujours présente lorsqu’il devra effectuer ce travail (comportement). Les symptômes de la maladie peuvent diminuer la valeur accordée à la réalisation du travail demandé et augmenter la valeur de renforcement du fait de poser sa tête sur le bureau (p. ex., repos immédiat). 



Les événements déclencheurs modifient la valeur ou l’efficacité des conséquences 


Les événements déclencheurs affectent la probabilité d’un comportement (c’est-à-dire qu’ils le rendent plus ou moins probable) parce qu’ils modifient la valeur ou l’efficacité des conséquences de ce comportement.

Ils rendent le renforcement ou la punition plus ou moins efficaces. 

Imaginons une situation où nous nous sommes levés pour aller au travail ou en cours après nous être couchés tard et n’avoir pas assez dormi. Dans les conditions normales, nous arrivons toujours à l’heure, car c’est notre comportement habituel. Les conséquences que nous visons sont de maintenir un taux de présence et de ponctualité quasi parfait.

Pourtant ce matin-là notre comportement a été différent, nous avons postposé notre réveil de 15 minutes, nous avons fait un détour supplémentaire pour prendre un café. Nous sommes arrivés en retard au travail ou en classe. 

Dans cet exemple, le manque de sommeil était un événement déclencheur :
  • Il diminue l’efficacité (ou la valeur renforçatrice) de l’attention sociale pour un comportement ponctuel.
  • Il augmente la valeur donnée à l’efficacité du sommeil et à la prise de caféine comme renforçateurs pour postposer le réveil et s’arrêter pour prendre le temps d’acheter une boisson riche en caféine.

 

Les effets des événements déclencheurs sont temporaires 


Les événements déclencheurs ont un effet temporaire. 

Les événements déclencheurs sont des conditions ou des événements temporaires et peuvent inclure :
  • Des états de privation : fatigue, faim, soif, froid, longue période sans interaction sociale
  • De satiété : trop de sommeil, trop mangé, chaud, interaction sociale excessive
  • D’autres stimuli physiologiques : maladie, crise d’allergie, douleurs, etc.
  • Des stimuli sociaux : dispute avec un ami, tragédie dans la famille
  • Des stimuli environnementaux : bruit, lumière.
En revanche, le handicap, l’état de santé cognitif ou mental n’est pas temporaire et ne peut pas fonctionner comme un événement déclencheur. Le seul cas est lorsque ces conditions entraînent un symptôme temporaire additionnel qui peut fonctionner comme un événement déclencheur modifiant la valeur des conséquences de comportements spécifiques. 



Apport des événements déclencheurs dans le modèle de l’ABC


Les événements déclencheurs nous aident à expliquer les variations de comportement parce qu’ils modifient temporairement la valeur de la ou des conséquences. 

Lorsque nous examinons et expliquons un comportement, nous pouvons envisager une contingence à quatre termes élargie et affinée.

Un comportement est plus susceptible de se produire en présence d’un stimulus discriminant en raison de son association antérieure avec un renforcement (positif ou négatif) en présence de ce stimulus.

Ce comportement est plus susceptible de se produire si un événement déclencheur associé accentue l’influence du stimulus discriminant associé à un renforcement. Il est moins susceptible de se produire si un événement déclencheur atténue l’influence du stimulus discriminant associé à un renforcement.

En revanche, nous savons qu’un comportement devient moins susceptible de se produire en présence d’un stimulus discriminant associé à une punition. Il a été précédemment associé à des conséquences punitives (positives ou négatives) en présence de ce stimulus antécédent. Ce comportement est encore moins susceptible de se produire si un événement déclencheur renforce l’influence de ce stimulus discriminant associé à une punition. 

Il est légèrement plus susceptible de se produire si un événement déclencheur diminue l’influence de ce stimulus discriminant associé à une punition.


Mis à jour le 18/08/2024

Bibliographie


Brandi Simonsen & Diane Myers, Classwide positive behavior interventions and supports, Guilford, pp 21–25, 2015

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