De la même manière que nous pouvons avoir des attentes élevées pour nos élèves, nous pouvons en avoir pour les nouveaux enseignants. Nous pouvons les mettre au défi, en leur fournissant des conseils et un étayage qui pourra être retiré progressivement.
L’importance des connaissances disciplinaires
Plusieurs études ont mis en évidence une relation entre les connaissances disciplinaires d’un enseignant et les progrès réalisés par les élèves. Sadler et ses collaborateurs (2013) ont testé des enseignants en sciences sur leur propre compréhension du contenu qu’ils enseignaient et sur les idées fausses démontrées par les élèves. Dans l’ensemble, il existe une relation positive entre la compréhension des enseignants et celle des élèves.
Dans une revue de la recherche, Hill et ses collaborateurs (2005) ont constaté que les niveaux de compréhension et de connaissance des enseignants en mathématiques avaient un effet sur la qualité de l’apprentissage des élèves. De même, des connaissances faibles du contenu de l’enseignement sont associées à des retards d’apprentissage pour leurs élèves.
L’importance des connaissances sur la manière d’enseigner efficacement une discipline
Timperley (2008) a mis en évidence que pour améliorer les résultats des élèves, les enseignants doivent intégrer leurs connaissances sur le programme scolaire et sur la manière de les enseigner efficacement.
Les enseignants doivent démontrer leur connaissance de la matière :
- En identifiant les concepts clés de leur matière que les élèves doivent connaître
- En s’assurant que les élèves peuvent apprendre et maîtriser ces concepts.
Pour l’enseignant, il s’agit de s’appuyer sur les connaissances antérieures des élèves. Il les aide à établir des liens et à donner un sens au nouveau contenu grâce aux informations qu’ils ont déjà stockées dans leur mémoire à long terme.
Pour y arriver, un enseignement explicite est idéal. En étant aligné sur les sciences cognitives, il aide les élèves à construire des modèles mentaux plus complexes. Dans ce cadre, les élèves ont l’occasion de revenir sur les grandes idées et les concepts de leur apprentissage et d’établir des liens entre les nouveaux contenus et les concepts de base de façon continue.
Une autre dimension importante est la littératie. Il s’agit notamment de fournir aux élèves et aux enseignants un vocabulaire ciblé et un langage scolaire spécifique à la matière, et de donner la priorité au vocabulaire de niveau 2 et 3 dans leur enseignement. De plus, les élèves devraient avoir la possibilité de lire des textes scolaires plus complexes dans chaque discipline, en combinant la lecture avec l’écriture, ce qui contribuera à améliorer la qualité de l’écriture étendue des élèves. L’utilisation de modèles et d’exemples est également recommandée.
Soutenir de nouveaux enseignants en début de carrière
Au cours des premiers mois d’enseignement, il est utile pour les nouveaux enseignants de disposer de supports de cours bien élaborés et d’une planification, qui sont rédigés et conçus par des collègues plus experts. Cette base de travail peut ensuite être adaptée progressivement à certaines classes par un nouvel enseignant à mesure qu’il acquiert de l’expérience et de la confiance.
De la même manière que nous guidons le travail des élèves et leur fournissons un étayage, les nouveaux enseignants gagnent à disposer dans un premier temps d’une planification et de supports partagés par leurs collègues. Ceux-ci les aident à comprendre à quoi doivent ressembler les plans à moyen terme et l’enchaînement des leçons. Ce soutien peut s’accompagner de discussions entre le nouvel enseignant et son mentor (ou un collègue expérimenté) sur des changements à apporter aux séquences d’apprentissage et sur la conception de l’évaluation.
Le mentor pose des questions, il est ouvert aux suggestions, il encourage et il aide le nouvel enseignant à tirer ses propres conclusions.
Le soutien du nouvel enseignant ne devrait pas se limiter seulement au mentor, mais aussi par le reste de l’école, qui aide les nouveaux enseignants dans leur développement et leur intégration.
Pour le mentor, il est important de préciser dans le contexte et la culture de l’école ce que l’on entend par une planification ordonnée et cohérente, et ce qui est entendu dans le cadre du travail collaboratif. Au centre de cette discussion doit figurer le principe selon lequel ce que les élèves apprennent s’appuie sur ce qu’ils ont appris précédemment et préparent ce qu’ils apprendront l’année suivante. La cohérence verticale est importante. Il s’agit également d’amener le nouvel enseignant à réfléchir à ce que les élèves doivent savoir et à la manière et au moment de leur enseigner ces compétences ou ces connaissances.
Hattie (2012) souligne qu’il est bénéfique pour les nouveaux enseignants de travailler avec des collègues plus expérimentés et d’apprendre d’eux. Il est essentiel que le nouvel enseignant puisse profiter des connaissances, de l’expérience et de l’expertise qui l’entourent dans sa discipline, dans l’ensemble de l’école et même dans d’autres écoles. Ce soutien et cet étayage contribueront alors à développer les compétences et la confiance d’un enseignant en début de carrière, afin qu’il soit en mesure de planifier avec succès ses propres leçons et ressources.
Wiliam et Leahy (2017) observent que les enseignants novices ont généralement besoin d’environ quatre heures pour préparer une heure d’enseignement, tandis que les enseignants experts planifient des leçons de meilleure qualité en cinq minutes ou moins. La planification d’une leçon est une tâche qu’un expert accomplit jusqu’à cinquante fois plus rapidement qu’un novice. Plus nous faisons les choses souvent, plus nous nous améliorons et plus nous gagnons en rapidité.
La connaissance de la matière est très importante pour dispenser un enseignement de qualité. Il est probable que de nouveaux enseignants connaîtront quelques zones d’ombre en ce qui concerne le programme à enseigner. Pour dépasser ce stage, il leur faut premièrement prendre conscience de leurs propres faiblesses et de leurs lacunes en matière de connaissances. Il leur faut alors redevenir étudiant pendant un certain temps, pour le développement de la connaissance d’une matière.
Il peut être intéressant de soutenir le nouvel enseignant en réalisant avec lui un audit sur sa pleine maîtrise des contenus à enseigner (rouge, orange, vert). Cela peut l’aider à se concentrer sur ses forces et ses faiblesses et guider son propre développement.
Il est également utile d’encourager le nouvel enseignant à consacrer une partie de son temps libre en dehors des cours à l’école à l’observation de collègues dans d’autres classes et dans d’autres cours. L’observation d’autres collègues contribuera réellement à développer la pédagogie d’un nouvel enseignant, bien plus que les tâches administratives. En outre, comme les élèves ont parfois du mal à transférer leurs connaissances d’une discipline à l’autre, il serait utile de voir comment les professeurs enseignent des compétences ou des contenus similaires dans d’autres cours.
L’importance d’un modelage en direct
Une compétence importante à développer pour un nouvel enseignant est de pratiquer le modelage en direct, face à ses élèves, avec un visualiseur ou au tableau.
Contrairement aux réponses modèles et aux exemples préparés, le modelage en direct montre comment l’information doit être analysée, évaluée et présentée.
Grâce à l’usage du modelage en direct de l’enseignant, les élèves seront beaucoup plus confiants lorsqu’ils le feront eux-mêmes. Ils auront eu l’occasion d’observer en temps réel le cheminement vers la bonne réponse et pourront le décomposer en étapes qu’ils pourront facilement suivre.
Modéliser en direct peut être délicat en début de carrière, car les nouveaux enseignants ont souvent l’impression qu’ils doivent donner l’impression d’avoir réponse à toutes les questions de leurs. Par conséquent, cette stratégie doit être correctement anticipée et préparée. Un nouvel enseignant peut atténuer ce stress en se préparant, en se documentant ou en demandant une rétroaction auprès de collègues plus expérimentés ou en allant les observer.
L’impact du modelage en direct est nettement amélioré si les élèves sont impliqués dans le processus dans le cadre d’une vérification de la compréhension.
Bibliographie
Hughes, Haili. Mentoring in Schools: How to become an expert colleague - aligned with the Early Career Framework. Crown House Publishing. 2021
Sadler, P. M., Sonnert, G., Coyle, H. P., Cook-Smith, N. and Miller, J. L. (2013) ‘The influence of teachers’ knowledge on student learning in middle school physical science classrooms’. American Educational Research Journal, 50(5): 1020–1049.
Hill, H. C., Rowan, B. and Ball, D. L. (2005) ‘Effects of teachers’ mathematical knowledge for teaching on student achievement’. American Educational Research Journal, 42(2): 371–406.
Timperley, H. (2008) Teacher Professional Learning and Development. Educational Practices Series 18. Available at: http://www.ibe.unesco.org/fileadmin/user_upload/Publications/Educational_Practices/EdPractices_18.pdf.
Hattie, J. (2012) Visible Learning for Teachers: Maximizing Impact on Learners. Abingdon and New York: Routledge.
Wiliam, D. and Leahy, S. (2017) Sustaining Formative Assessment with Teacher Learning Communities. Available at: https://www.dylanwiliamcenter.com/sfa-with-tlcs.
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