Si la conception du cadre de gestion de classe et celle de l’enseignement sont fondamentales, quatre priorités vont contribuer à faciliter le processus.
(Photographie : Hasisi Park)
Établir des relations positives avec ses élèves
La relation entre l’enseignant et l’élève est l’un des leviers les plus puissants pour créer un environnement d’apprentissage productif.
Lorsqu’un enseignant débutant commence à travailler dans une école, il se retrouve immergé dans la culture de l’école. Il a beaucoup de connaissances à assimiler et de compétences à développer. Au début, le processus peut sembler harassant, voire insurmontable. Toutefois, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, le processus est normal.
Nous devons nous donner le temps de nous acclimater au système scolaire et plus particulièrement au contexte de l’école dans laquelle nous enseignons lorsque nous y arrivons. Cette acculturation nous aidera et nous donnera des clés pour établir des relations positives avec les élèves fondées sur le respect et la coopération.
Lorsque le respect de base est garanti, les relations peuvent s’épanouir et les écoles peuvent devenir les communautés épanouissantes que nous souhaitons.
Des relations positives se construisent sur la confiance, le respect, la crédibilité et incluent l’expression d’attentes élevées. Pour l’enseignant, cela présuppose d’avoir défini des attentes et d’être cohérent dans la manière de les mettre en œuvre. Si nous manquons de cohérence dans la façon dont nous soutenons, renforçons ou intervenons auprès d’un élève, les relations risquent de se dégrader. De nombreux élèves auront, à raison, l’impression d’être traités injustement.
Nous voulons que tous les élèves croient que nous sommes convaincus de leur capacité à pleinement réussir et au fait que nous sommes prêts à les soutenir face aux difficultés qu’ils peuvent rencontrer. Ce soutien inconditionnel suppose en retour la responsabilisation des élèves face à leurs apprentissages.
Un élément fort en soutien de l’établissement de relations positives avec les vingt à trente élèves d’une classe est un processus de rationalisation qui passe par l’établissement de routines. Ces routines contribuent à créer un cadre dans lequel les relations peuvent se construire.
Cela implique d’enseigner explicitement aux élèves les attentes scolaires en ce qui concerne leur comportement et en précisant les bénéfices de leur application et les sanctions en cas d’infraction. Cela implique ensuite d’appliquer cette politique de manière cohérente à chaque cours. Cela implique de trouver du temps pour discuter avec les élèves afin de mieux les connaître sur des temps en dehors et à la marge des cours.
Renforcer positivement avec tact le bon comportement des élèves
Le renforcement positif est efficace s’il se correspond à une rétroaction positive spécifique. Nous devons féliciter les élèves lorsqu’ils se surpassent. C’est-à-dire qu’ils font des progrès correspondant à des efforts réels dans l’adoption de comportement que nous voulons les voir présenter à terme de manière routinière.
Il n’y a pas lieu de renforcer positivement des élèves qui répondent naturellement à nos attentes par défaut parce que ce comportement fait partie de leur registre.
Lorsque les élèves font ce que nous attendons d’eux, il convient cependant de le reconnaitre épisodiquement, de la célébrer plutôt que de les féliciter spécifiquement. En revanche, lorsque les élèves font de manière spontanée et intentionnelle un effort supplémentaire, au-delà de ce que nous attendons normalement d’eux, il y a lieu de les renforcer positivement de manière ciblée. Une distinction claire entre les deux processus nous permettra de nous assurer de l’impact et de la crédibilité de vos félicitations.
Les éloges ciblés et les acquiescements positifs généraux doivent être différents, sinon les élèves recevront des signaux contradictoires.
Nous devons réfléchir attentivement à la manière dont nous reconnaissons et félicitons le travail, les efforts et les comportements de nos élèves. Il y a des moments où la reconnaissance ou le renforcement positif sera la bonne chose à faire. Cependant, il y a aussi des moments où cet acte peut avoir l’effet inverse, en particulier pour le renforcement positif. C’est pourquoi il est important d’apprendre à connaître ses élèves.
Au fil du temps, nous pouvons apprendre comment fonctionne la dynamique d’une classe, et quels sont les élèves qui préfèrent les félicitations publiques et ceux qui préfèrent la reconnaissance privée.
De manière générale, les retours vers des individus particuliers gagnent à se faire de manière discrète, en privé. Le renforcement positif public fonctionne mieux lorsqu’il s’adresse à l’échelle du groupe comme le fait de reconnaitre les efforts faits par l’ensemble d’une classe à la fin d’une heure de cours.
Un élément d’importance est que le message de reconnaissances ou de renforcement positif doit toujours être bien associé à un comportement cible. Le but est de renforcer le comportement des élèves et les aider à comprendre quand ils y arrivent. Il doit n’y avoir aucun doute pour eux sur le comportement ciblé que nous renforçons et qu’ils viennent d’exprimer volontairement.
Développer de bonnes habitudes d’attention en classe
Améliorer les habitudes d’attention de nos élèves améliorera leur engagement, leur compréhension du cours et par-là, leurs apprentissages. Cela contribuera à favoriser un environnement d’apprentissage inclusif où chacun a le sentiment d’appartenir et d’être à sa place.
Les sciences cognitives nous montrent qu’avant d’être motivés pour apprendre ce qui nous est enseigné, nous devons y prêter attention.
Si nous voulons que nos élèves progressent sur le plan scolaire et personnel, nous devons nous assurer d’orienter leur attention vers les éléments qui le permettront.
En soutenant intentionnellement le développement de bonnes habitudes d’attention des élèves en classe, nous pouvons améliorer leurs apprentissages, renforcer les normes sociales et contribuer à créer un environnement d’apprentissage inclusif.
Les humains ont évolué pour travailler avec les autres et apprendre d’eux dans le cadre d’une culture. Cependant, le multitâche est impossible dans le cadre d’apprentissages scolaires qui sont essentiellement biologiquement secondaires. Dans un contexte d’enseignement ou d’apprentissage, notre attention doit être capable d’éliminer tout ce qui ne correspond pas à nos objectifs d’apprentissage.
Le multitâche est un mythe. Si nous voulons vraiment que nos élèves progressent sur le plan scolaire et personnel, nous devons orienter leur attention vers ce qui le permet, sans quoi un apprentissage efficace ne sera pas au rendez-vous.
Gérer les ressources de la mémoire de travail des élèves
La mémoire de travail contrôle notre attention, elle représente notre conscience et les apprentissages scolaires sont conditionnés au traitement qui y a lieu. Elle est limitée dans la quantité de nouvelles informations qu’elle peut traiter à tout moment. Elle peut être aidée par la présence de connaissances préalables en lien consolidées dans notre mémoire à long terme, qui est très vaste.
Les élèves qui réussissent bien n’ont pas une mémoire de travail nécessairement plus importante que ceux qui réussissent moins bien. La différence est qu’ils ne laissent pas leur mémoire de travail être submergée par le traitement d’informations qui ne sont pas pertinentes pour la tâche d’apprentissage en cours.
Les procédures deviennent des routines lorsqu’elles deviennent automatiques. Tout comportement ou toute connaissance à laquelle nous pouvons faire appel automatiquement sont sécurisés dans notre mémoire à long terme. Par conséquent, la création d’habitudes qui concentrent l’attention de nos élèves peut les aider à gérer les limites de leur mémoire de travail.
Si nous voulons contrôler ce que nos élèves apprennent, nous devons être intentionnels et précis sur ce à quoi ils doivent prêter attention. Nous devons segmenter les contenus et passer du simple au complexe au fur et à mesure qu’ils apprennent.
Bien gérer les ressources de la mémoire de travail dans l’environnement complexe de la classe passe également par le développement de bonnes habitudes d’attention.
Ces bonnes habitudes doivent être développées dans le cadre des interactions avec les élèves. Dans un environnement d’apprentissage inclusif, les élèves partagent leurs réponses avec le reste de la classe sans craindre les moqueries de leurs camarades. Tous les élèves se sentent valorisés et ont un sentiment d’appartenance, car leur enseignant s’est efforcé à ce que chacun témoigne une attention positive vers l’ensemble de la classe.
Mis à jour le 28/06/2/2024
Bibliographie
Michael Chiles and David Goodwin, Year One Lighting the Path on Your First Year in Teaching, 2022, John Catt
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