La pratique du quiz consiste à demander à ses élèves de répondre à quelques questions lorsqu’ils entrent en classe. Ils ont quelques minutes pour répondre. Les bonnes réponses sont alors partagées, quelques explications supplémentaires peuvent être données et le cours peut commencer. Le quiz peut porter sur les contenus vus au dernier cours, importants pour le cours qui vient ou qui sont plus anciens.
(Photographie : Ye Rin Mok)
Les quiz agissent sur plusieurs registres :
- Ils sont une forme de pratique de récupération qui active l’effet test et consolide les apprentissages.
- Dans leur dimension formative, ils permettent de fournir en retour une rétroaction ciblée sur des erreurs et des manques et amener à combler ainsi certains manques d’apprentissage.
- Dans une perspective d’enseignement explicite, ils sont une façon simple d’intégrer des révisions en classe.
Voici un relevé de différents paramètres, pratiques et approches liés à l’usage des quiz en classe.
Quiz ou tests formatifs à l’échelle individuelle
Si un temps d’apprentissage coopératif peut être intéressant dans la cadre de la transition entre pratique guidée et pratique autonome, il n’est pas opportun dans le cadre des quiz ou des tests formatifs. Ceux-ci doivent porter au départ sur l’exercice de la pratique de récupération et il n’y a pas d’intérêt à ce que les élèves répondent à plusieurs, car une bonne part du bénéfice sera perdu. Seul l’élève qui génère une réponse profite de l’effet test. Cependant, une mise en commun ultérieure des réponses dans un cadre d’apprentissage coopératif après un temps de travail individuel peut être pertinente.
S’entendre dire la réponse par un camarade ou la trouver dans ses notes n’a pas le même effet positif sur l’apprentissage que de la récupérer soi-même en l’activant en mémoire à long terme. L’intérêt d’une mise en commun n’apparait qu’après que les élèves se soient essayés à répondre sans aide et sans support.
Lorsqu’il s’agit de quiz ou d’un test formatif, il importe que les élèves soient interrogés individuellement. Cela permet d’informer l’élève et l’enseignant sur ce dont il peut se souvenir, se rappeler et comprendre.
Pour ce qui est de la nuance entre quiz et test, un quiz permet essentiellement d’évaluer les connaissances et la compréhension d’une matière par les élèves, il est sans enjeu en matière de résultats. Il privilégie la génération par essence de réponses courtes et ciblées. Un test formatif comporte des connotations de pression et d’évaluation formelle en tant que préparation à une évaluation sommative et estimation des apprentissages. Cela implique souvent des questions plus complexes et d’informer les parents par la suite sur le résultat.
Dans le cas d’un quiz sans enjeu, les résultats ne sont pas nécessairement communiqués à l’enseignant ni à quiconque en dehors de l’élève qui fait le quiz. Le quiz est utilisé purement comme un outil d’apprentissage pour améliorer la mémoire, et non comme un outil d’évaluation formel pour enregistrer des données.
Rendre les quiz routiniers dans une perspective de révision
Une autre façon de réduire l’anxiété associée aux quiz et aux tests est de toujours les annoncer à l’avance. Des quiz d’entrée qui ont lieu régulièrement en classe au début du cours deviennent une étape normale et anticipée de la routine du cours. Les élèves s’y habituent.
Supprimer tout facteur de stress peut être bénéfique pour les élèves. Outre l’impact négatif sur le bien-être des élèves, l’anxiété peut également entraver et gêner la capacité d’apprentissage.
L’enjeu est de créer une culture où les quiz font partie de la routine de la classe sans les connotations négatives perçues et les inquiétudes associées aux tests notés.
Dans ses « Principes d’instruction », Barak Rosenshine (2010) parle de révisions quotidiennes qui ont pour objet de renforcer les apprentissages antérieurs et de pouvoir les solliciter aisément.
Elles sont pour lui un élément important de l’enseignement explicite et peuvent aider à renforcer les liens entre les notions apprises. Revoir des acquis antérieurs nous aide à faire appel de façon automatique et sans effort aux mots, aux concepts ou aux procédures nécessaires pour résoudre des problèmes ou comprendre des notions nouvelles. Devenir expert en un domaine nécessite des milliers d’heures d’entraînement et les révisions quotidiennes font partie de cet entraînement.
Dans une recherche que Rosenshine (2010) rapporte, les classes qui avaient réalisé des révisions quotidiennes, par rapport aux classes, obtenaient de meilleurs résultats aux examens finaux.
Selon Rosenshine (2010), des observations des pratiques de classe ont montré que les enseignants les plus efficaces comprennent l’importance de la récupération et commencent leurs leçons par un rappel de cinq à huit minutes de notions vues auparavant. Ces enseignants proposent des exercices additionnels sur les savoirs ou les compétences qui nécessitent un rappel supplémentaire pour être automatisés.
Les activités mises en place par ces enseignants peuvent aussi inclure la révision de notions et de procédures nécessaires pour pouvoir réaliser les devoirs. Ils peuvent aussi demander par exemple aux élèves de corriger les exercices les uns des autres. Il est également utile de les interroger sur des points qui leur avaient posé problème ou sur lesquels ils avaient fait des erreurs. Il est possible de revoir ou de proposer plus d’exercices sur les savoirs et les savoir-faire nécessitant un surapprentissage.
Les quiz ne sont pas seulement une façon agréable de commencer une leçon, mais aussi une stratégie très utile pour réviser et revoir les connaissances. Le quiz est une méthode fiable pour illustrer ce qu’un élève a appris, en montrant quelles informations ont ou n’ont pas été transférées dans la mémoire à long terme. Les lacunes dans les connaissances abordées par un quiz peuvent motiver les élèves à étudier et à améliorer ce domaine spécifique.
Si les élèves ont régulièrement des quiz, ils étudieront probablement plus (et plus régulièrement), ce qui est tout à leur bénéfice en matière d’apprentissage. Les quiz permettent aux élèves de devenir plus conscients des domaines à améliorer. L’impact est positif sur leur autorégulation.
Dimension intrapersonnelle des quiz
Un élément important des quiz en classe est de maximiser leur valeur intrapersonnelle pour un élève et de minimiser les comparaisons interpersonnelles entre élèves.
Nous pourrions penser que la compétition entre élèves sur des tâches peut être un facteur d’engagement qui amène à plus de travail et d’apprentissage.
Il y a plusieurs défauts évidents à cette démarche :
- Elle risque d’inhiber l’engagement de certains élèves qui craignent la compétition et la comparaison interpersonnelle.
- Certains élèves sont attirés par la compétition, mais quel sera l’impact sur leur motivation si leur résultat est décevant ?
- La compétition met l’accent sur la performance et non sur la maîtrise qui est le réel objectif. Les élèves vont viser à faire des points et risquer de privilégier une compréhension en surface à un apprentissage en profondeur.
Lorsque des élèves participent à une compétition, leur énergie mentale est consacrée à trouver le moyen le plus rapide, le plus facile et le plus simple de marquer des points. Réfléchir en profondeur ou apprendre passe au second plan. Ce comportement est naturel pour l’esprit humain. En engageant les élèves dans la compétition, nous le favorisons.
Accentuer la dimension intrapersonnelle des quiz en encourageant les élèves à se concentrer sur l’amélioration de leur score précédent et à atteindre leur meilleur score personnel est à privilégier. Il s’agit d’une meilleure approche à adopter pour les apprenants que de se concentrer sur la compétition avec les autres membres de la classe.
Nous devons éviter toute opportunité de classement des élèves que pourraient générer par exemple des applications en ligne.
Une autre manière de favoriser la dimension intrapersonnelle des quiz est de demander
aux élèves de prédire leur score ou leurs résultats au quiz. Ils peuvent ensuite comparer et évaluer leurs performances. Peut-être les élèves ont-ils surestimé leurs connaissances, leur compréhension et leur capacité à se souvenir d’un sujet spécifique ? Peut-être ont-ils manqué de confiance en leurs propres capacités et ont-ils fait beaucoup mieux que ce qu’ils avaient initialement prévu ?
Privilégier la récupération à la reconnaissance pour activer l’effet de génération
Les questionnaires à choix multiples sont faciles à donner et simples à corriger, particulièrement lorsqu’ils sont en ligne. Ils font appel au processus de reconnaissance, car les élèves doivent simplement identifier la bonne réponse.
Toutefois, ils ont un point faible. De nombreuses recherches ont en effet démontré que les élèves tirent davantage profit de réponses à des questions qui ne fournissent pas d’indices ou qui ne leur demandent pas de sélectionner la bonne réponse.
Les tests ou les questionnaires qui exigent un rappel de la mémoire sont plus efficaces pour développer la mémoire à long terme. Toutefois, il ne s’agit pas de rejeter les questionnaires à choix multiples, qui peuvent constituer une forme utile de révision quotidienne aisée à mettre en place.
Les questions de quiz qui nécessitent des réponses courtes devront être vérifiées soit par l’enseignant soit par l’élève. Ils vont demander un peu plus de temps à évaluer. La raison pour laquelle les réponses courtes sont plus bénéfiques que les questions à choix multiples vient du fait qu’elles demandent simplement plus d’efforts à l’élève.
L’effet de génération fait référence aux avantages à long terme du traitement cognitif qui permet la conception de la réponse par rapport à la présentation d’une réponse ou à son choix. Récupérer une réponse en mémoire sur base d’indices est une puissante opportunité d’apprentissage. Obtenir la réponse oralement ou par voie écrite et la reconnaitre ne l’est pas.
Au moins nous aidons les élèves durant le processus de récupération, au plus l’effet de renforcement sur la mémoire est élevé. D’où l’importance de faire les quiz de manière individuelle et à cours fermé.
Introduire une grille de récupération dans un quiz autoévalué
En tant qu’enseignants, nous devons nous assurer que les difficultés que nous présentons à nos élèves sont accessibles et souhaitables. Pour qu’une tâche soit désirable, le niveau de difficulté doit être quelque chose que les apprenants peuvent surmonter par un effort accru.
Une grille de récupération est une grille contenant une série de questions à réponses courtes, présentées dans des cases, auxquelles les élèves doivent répondre, sans soutien extérieur.
L’objectif de la grille de récupération est de fournir différentes questions dont le niveau de difficulté et la profondeur sont croissants. Dans le cadre d’une classe hétérogène, elle présente des questions auxquelles tout le monde devrait pouvoir accéder.
La grille de récupération permet à chaque membre de la classe d’accéder à des questions qui présentent un défi pour lui, c’est-à-dire une difficulté du bon niveau. De cette manière, les grilles de défis sont conçues pour stimuler chaque individu dans la classe. Les défis portent sur le contenu de matière et non sur la réalisation de la tâche ou de l’activité elle-même.
Chaque question vaut un certain nombre de points et les points augmentent au fur et à mesure que le niveau de difficulté augmente. Plutôt que des points les questions peuvent également être associées à un niveau de difficulté ou d’importance symbolisé autrement.
Le temps est limité. Les élèves ne peuvent pas utiliser leurs notes, mais ils peuvent sélectionner les questions auxquelles ils veulent répondre. Certains élèves s’attaquent d’abord aux questions les plus difficiles, tandis que d’autres répondent le plus rapidement possible aux questions les plus faciles. Cela peut être lié à leur confiance et à leur compréhension du contenu.
La grille de récupération est un autre exemple de la manière dont un quiz d’entrée peut être attrayant et agréable sans perdre de vue le contenu de la matière et la révision des connaissances.
Les élèves gardent les grilles par la suite et elles deviennent un excellent outil de révision pour l’apprentissage autonome à domicile. Ils peuvent également remarquer leurs progrès au fil du temps.
La grille de récupération présente l’avantage de pouvoir être autoévaluée et corrigée par l’élève.
La grille de récupération au-delà de la difficulté intrinsèque des questions peut aussi introduire une pratique espacée. Certaines questions deviennent alors plus difficiles, car elles portent sur une matière vue il y a plus longtemps. Plus le contenu du sujet a été traité en amont, plus le niveau de difficulté est considéré comme élevé.
Comme les grilles ne sont pas reprises par l’enseignant, elles sont sans enjeu direct pour les élèves, mais elles leur permettent de se situer par rapport au niveau attendu. Elles sont également un moyen pour l’enseignant d’indiquer les connaissances auxquelles il accorde plus d’importance.
Mis à jour le 09/04/2024
Bibliographie
Kate Jones, Love to teach, John Catt, 2018
Barak Rosenshine, Principles of Instruction, International Academy of Education, Educational Practices Series -21 (2010)
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