mercredi 20 décembre 2023

S’engager de manière autonome dans une démarche de développement professionnel

Dans son livre «Tips for teachers », Craig Barton (2023) conseille une approche applicable par des enseignants pour améliorer progressivement leur pratiques en classe. En voici un compte-rendu. 

(Photographie : Lucas Foglia)





Aborder le développement professionnel en autonomie


Lorsque nous cherchons des moyens d’améliorer notre enseignement, nous devons concentrer notre attention consécutivement sur deux aspects différentes.

  1. L’amélioration de pratiques que nous mettons déjà en œuvre.
  2. L’apprentissage de pratiques nouvelles qui sont en lien avec certaines dimensions de notre enseignement pour lesquelles nous avons identifiées des déficiences ou des manques.
Ces démarches vont nécessiter de s’engager dans une pratique délibérée, qui est le mode d’apprentissage des experts.

Nous commençons par sélectionner les pratiques que nous mettons déjà en œuvre et visions à les améliorer.

Un piège dans lequel ne pas tomber est d’essayer de changer trop d’éléments en même temps. Le mieux est d’aborder une technique à la fois et de l’essayer avec une classe qui ne nous pose pas de problème majeur. Nous réfléchissons ensuite à la façon dont cela s’est déroulé. Nous essayons à nouveau. Si le bilan s’avère positif, nous l’essayons dans d’autres classes puis nous l’intégrons progressivement à notre pratique habituelle.

Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il sera judicieux d’essayer d’intégrer une deuxième piste.

Après avoir intégré quelques améliorations de cette manière et développer une certaine aisance dans le processus, c’est le moment de se plonger dans la deuxième catégorie. Nous abordons des changements plus profonds et difficiles. Nous tâchons de trouver une technique pour soutenir un aspect plus important de notre enseignement qui a besoin d’être développé, revu et enrichi.



Se donner les meilleures chances d’opérer un changement durable


Après avoir décidé de mettre en œuvre un tel changement, nous devons nous mettre dans des conditions où il est possible de le faire. 

La profession d’enseignant amène à gérer en permanence des situations complexes avec de multiples échéances et exigences. L’intention de tester une nouvelle pratique est rapidement submergées sous les urgences du quotidien perpétuellement renouvelées. Rapidement, les bonnes intentions peuvent s’évanouissent, fondre comme neige au solei et s’oublier définitivement.

En ce qui concerne un développement professionnel effectif pour un enseignant, les bonnes intentions ne suffisent pas. Ce qui fait la différence est la planification de la mise en œuvre et la prise d’engagement personnel face à celle-ci. La motivation ne suffit pas. C’est l’intention de mise en œuvre qui est déterminante. Nous établissons un plan à l’avance pour savoir quand, comment et où agir.

Voici un questionnaire utile pour guider les intentions de mises en œuvre à la suite d’une prise de décision :
  • Comment cette nouvelle pratique s’intègre-t-elle dans ma pratique actuelle ? 
    • Y a-t-il des éléments que j’applique déjà ou est-ce que j’agis de manière diamétralement différente ou opposée actuellement ? 
    • L’idée est d’estimer l’ampleur et le défi du changement nécessaire. S’agit-il d’une simple mise au point ou d’une transformation en profondeur ?
  • Que me faut-il changer, adapter ou arrêter dans ma pratique actuelle pour correspondre à cette nouvelle pratique ? Quelles résistances et difficultés sont à prévoir ?
    • Il ne s’agit pas simplement de modifier une manière d’enseigner. L’enseignement a lieu dans un contexte spécifique. Il se fait face à certains profils d’élèves et au sein d’une dynamique de classe. Il répond à une culture d’école, et s’expérimente dans un local donné selon un horaire spécifique avec du matériel et des ressources disponibles. 
    • Nous devons relever le défi d’appliquer le principe clé d’une nouvelle pratique, tout en l’adaptant à nos contraintes spécifiques. La démarche peut être difficile, et peut-être nous ne réussirons pas nécessairement du premier coup.
  • Quand allons-nous essayer cette idée, dans quelle classe ? 
    • Il importe de déterminer la classe, une date et l’heure exacte. Plus nous sommes précis, plus nous avons de chances de le réaliser. 
    • Si nous ne sommes pas précis, nous trouverons toujours de bonnes raisons de repousser la mise en œuvre. 
    • Dès que nous commençons, nous empruntons la voie d’un changement et d’une amélioration durables.
  • Après une tentative, un retour réflexif s’impose. Qu’est-ce qui a bien fonctionné lors de la mise en œuvre en classe ? 
    • Différentes questions s’imposent :
      • Qu’est-ce qui a bien marché et qu’est-ce qui n’a pas marché ? Quelles en sont les raisons ?
      • Qu’est-ce que nous ferons différemment la prochaine fois ?
      • Quel impact ce changement aura-il sur ce que nous ferons la prochaine fois ?
    • Les réponses à ces questions peuvent être difficiles à trouver, que ce soit au moment de la leçon, avec tout ce qui se passe, ou après, lorsque nous passons au crible le bruit de nos souvenirs. 
    • Nous pouvons prendre des notes pendant le cours ou juste après sur ce qui vient de se passer. Nous pouvons également nous filmer ou simplement enregister le son.
    • Nous pouvons nous faire observer par quelqu’un qui sait exactement sur quelle pratique nous nous concentrons. Cette personne pourra prendre des notes et nous faire part de ses commentaires plus tard sur la nouvelle pratique observée, en ignorant les autres aspects de l’enseignement.


Mis à jour le 12/04/2024

Bibliographie


Craig Barton, Tips for teachers, 2023, John Catt

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