Le bon comportement des élèves est une contribution importante à l’impact de l’enseignement en classe à travers leur engagement. Il peut être enseigné, renforcé et organisé par un cadre et des routines (Evidence Based Education, 2022).
(Photographie : Sarah Carp)
L’importance d’une bonne gestion de classe pour l’apprentissage
Un enseignement de qualité implique d’activer la réflexion chez les élèves de manière à renforcer l’apprentissage. Cette activation n’est possible et optimale que si la classe est gérée de manière efficace et n’est pas soumise à de multiples interruptions et aux distractions dues au comportement des élèves. De même, il importe que l’enseignant prenne en compte les besoins des élèves et l’environnement de la classe.
Il s’agit de créer un environnement favorable dans lequel sont maximisées les possibilités d’apprentissage.
L’apprentissage des élèves ne peut être réalisé que s’ils sont présents en classe. Ils doivent s’engager dans le processus d’apprentissage et se comporter de manière à favoriser l’apprentissage (non seulement le leur, mais aussi celui de leurs camarades).
Il est évident qu’il est important d’encourager un bon comportement et de dissuader un mauvais comportement.
Les enseignants souhaitent que leurs élèves adoptent un comportement qui maximise les possibilités d’apprentissage et le temps consacré à la tâche.
Dimensions du comportement en école
Dans une école, lorsque nous parlons de comportement, nous faisons principalement référence aux élèves. Cependant, il faut garder à l’esprit que les mêmes principes qui les fondent peuvent également être utilisés pour décrire les enseignants, la direction ou tout autre membre du personnel de l’école. Le comportement des adultes dans l’école peut avoir un impact significatif sur celui des élèves.
Nos comportements peuvent être qualifiés d’innés ou d’acquis :
- Les réponses innées sont celles qui ne sont pas enseignées. Nous les exprimons naturellement en réponse à un certain stimulus. Par exemple, nous rions devant quelque chose d’amusant.
- Les comportements acquis sont ceux qui ne se produisent pas naturellement, mais par le biais d’un enseignement ou d’un apprentissage par observation. Par exemple, les êtres humains ne naissent pas en sachant comment répondre poliment aux autres. Les enfants ne découvrent pas spontanément en fonction de quelle couleur de feu de circulation, ils doivent se stopper ou continuer à marcher. Ils n’apprennent pas seuls comment tenir et manipuler correctement une fourchette et un couteau. Les comportements acquis ont une dimension culturelle.
Au fil du temps, les comportements humains s’ancrent dans la mémoire à long terme. Ils deviennent si routiniers qu’ils peuvent être exécutés presque sans y penser. Ils prennent la forme d’habitudes, qu’ils aient été enseignés de manière explicite ou qu’ils aient été acquis par l’observation.
Le bon comportement positif et le bon comportement négatif
Une manière de considérer le comportement attendu des élèves en classe est de le faire sous l’angle d’une séparation entre les concepts de :
- Bon comportement négatif
- Bon comportement positif.
Le bon comportement négatif se traduit par l’absence de comportements perturbateurs :
- Les élèves se comportent de manière à ne pas perturber la classe. Il y a absence d’un mauvais comportement ou d’un comportement perturbateur.
- Lorsqu’une classe adopte un bon comportement négatif, les élèves ont la possibilité d’apprendre et ont le temps de se concentrer sur leur tâche.
Un bon comportement positif correspond à l’acquisition d’habitudes et de routines qui aident les élèves à s’épanouir en tant qu’apprenants et en tant qu’êtres humains :
- Les élèves se comportent au-delà du fait de ne pas perturber ou de respecter les règles.
- Le bon comportement positif correspond à une optimisation des opportunités d’apprentissage et à une maximisation du temps consacré aux tâches.
- Lorsqu’une classe adopte un bon comportement positif, les élèves sont attentifs, engagés, concentrés et motivés.
Le bon comportement positif se manifeste par un ensemble complexe de compétences, de connaissances, d’habitudes et d’aptitudes.
Les élèves peuvent présenter différentes combinaisons de bon comportement négatif et bon comportement positif.
Exemples de bons comportements positifs et de bons comportements négatifs
Exemples de bons comportements (négatifs versus positif) :
- Les élèves ne parlent pas pendant que l’enseignant parle. >< Les élèves manifestent une attention active et sont concentrés sur ce que dit l’enseignant.
- Les élèves ne sont pas en retard en classe. >< Les élèves s’organisent de manière proactive pour arriver à l’heure et être prêts rapidement pour le cours.
- Les élèves ne s’insultent pas. >< Les élèves se respectent mutuellement et établissent des relations positives avec leurs pairs.
- Les élèves n’utilisent pas de langage grossier en classe. >< Les élèves comprennent pourquoi les mots sont offensants ou inappropriés en classe.
- Les élèves n’écrivent pas sur les bureaux. >< Les élèves respectent leur environnement de classe et veillent à la maintenir en bon état.
Le défi du bon comportement positif en classe
Le bon comportement négatif est simple à repérer en classe. Il reçoit beaucoup d’attention de la part des enseignants. Il suffit de repérer les perturbations ou les mauvais comportements et agir pour qu’ils se répètent moins.
L’enseignant réagit à leur occurrence en leur accordant une attention immédiate. Une fois les perturbations circonscrites, l’enseignant revient aux activités d’enseignement.
Le bon comportement positif exige un investissement plus important en temps et en énergie de la part de l’enseignant.
Cet investissement est rentable. Rendre ces bons comportements positifs routiniers et habituels peut avoir des effets à plus long terme sur l’épanouissement et la réussite des élèves.
Toutefois, un enseignant ne doit pas s’attendre à inculquer soudainement un bon comportement positif à tous ses élèves. De la même manière, il ne peut pas faire en sorte que tous ses élèves apprennent instantanément l’ensemble du programme scolaire à la suite d’un modelage.
Les enseignants et les écoles doivent considérer qu’il s’agit d’un processus continu qui ne sera peut-être jamais achevé.
Utiliser des routines pour encourager un bon comportement positif
Il existe de nombreuses stratégies différentes qu’un enseignant et une école peuvent utiliser pour encourager le bon comportement positif. Le soutien au comportement positif propose différentes pistes. Parmi celles-ci, nous pouvons citer la mise en place d’un système de récompenses et de conséquences ou l’établissement des normes sociales positives.
Le principe des routines est simple à comprendre :
- Le comportement est une réponse à un ou plusieurs stimuli.
- Une réponse à un stimulus peut être innée ou apprise.
- Lorsqu’elles sont répétées au fil du temps, les réponses peuvent devenir habituelles ou presque automatiques. Elles deviennent des routines.
Une caractéristique typique des enseignants efficaces est l’usage de routines pour maximiser les possibilités d’apprentissage des élèves.
Les routines s’inscrivent dans un cadre d’efficacité :
- Elles sont pertinentes dans le cas de séquences d’événements spécifiques.
- Elles sont idéales pour les comportements qui sont généralement appliqués de manière uniforme à des situations similaires.
- Elles sont plus efficaces lorsqu’elles sont enseignées de manière explicite et peuvent être renforcées par des applications répétées.
- Elles sont utiles pour encourager les bons comportements positifs qui sont attendus de manière régulière.
- Elles deviennent également faciles et automatiques avec le temps et prennent la forme de bonnes habitudes.
Un exemple de routine pour démarrer un cours
L’enjeu pour l’enseignant est de pouvoir commencer son cours rapidement avec une classe concentrée et prête à apprendre.
Séquence d’événements spécifiques :
- Les élèves entrent dans la classe et l’enseignant les accueille à la porte
- Les élèves déposent leurs devoirs dans le casier près de la porte et déposent leur téléphone dans une pochette numérotée accrochée au mur.
- Les élèves s’installent à leur bureau.
- Les élèves rangent tout sauf leur cahier et leur stylo.
- Les élèves copient la consigne du quiz d’entrée dans leur cahier et commencent à travailler dessus.
Dans cet exemple, l’enseignant montre qu’il attend des élèves qu’ils fassent rapidement le nécessaire et qu’ils se concentrent et se mettent au travail dès le début du cours.
Avantages des routines pour les classes et pour l’école
Une fois que les routines ont été apprises, elles présentent certains avantages pour la classe et l’école :
- Elles permettent de gagner du temps : l’enseignant n’a pas besoin de se répéter ou d’indiquer aux élèves ce qu’ils doivent faire.
- Elles rassurent la classe sur la cohérence, la structure et l’objectif des activités d’enseignement.
- Elles favorisent un climat de coopération en classe.
- Elles préviennent les mauvais comportements en orientant les élèves vers le comportement souhaité et en évitant tout temps mort. Par exemple lorsque les élèves doivent remettre leurs travaux en rentrant, le cadre doit être précis. Ils ne doivent pas avoir l’occasion d’essayer de se justifier d’avoir oublié leurs devoirs ou d’essayer de copier à la hâte celui d’un camarade au début de cours.
- Elles permettent de démontrer des attentes élevées d’une manière claire et succincte. Ce qui est inclus dans la routine est la norme. Ce qui n’est pas inclus dans la routine est automatiquement hors de la norme.
Conception, planification et enseignement explicite des routines
Pour que les routines soient efficaces, il est essentiel qu’elles soient enseignées explicitement. Elles correspondent à des comportements appris.
Il est essentiel d’enseigner explicitement chacune des étapes spécifiques de la routine pour qu’elles soient couronnées de succès.
Le processus de conception d’une routine demande de déterminer ce qu’elle doit inclure afin de maximiser les opportunités d’apprentissage :
- Quels sont les bons comportements positifs que nous essayons d’encourager ?
- Quels sont les comportements indésirables que nous essayons de réduire ou d’éliminer ?
- Quels sont les stimuli susceptibles de provoquer les comportements indésirables ?
Pour concevoir les étapes de la routine, nous partions de ces comportements que nous souhaitons encourager ou décourager. Il est important d’être précis et granulaire, de bien découper et détailler les étapes. Chaque routine comprend de nombreuses petites étapes qui, au fil du temps, deviennent automatiques.
Le processus de planification est lui-même important. Nous devons planifier quand et comment enseigner la routine. Nous devons bien prendre conscience que mentionner quelque chose une fois n’est pas l’enseigner. La planification ne se réduit pas à la détermination d’un événement ponctuel. Il faut l’enseigner, suivre sa mise en œuvre et pratiquer des rappels après les périodes de vacances.
Enseignez la routine de manière explicite consiste à la communiquer en détail, y compris les raisons pour lesquelles elle est importante. Nous devons être clairs sur nos attentes et sur les conséquences.
Il importe également de pratiquer la routine avec les élèves, idéalement plusieurs fois, de leur fournir un retour d’information et d’insister sur le fait que la routine est exécutée correctement. Si sauter une étape était acceptable, cela ne ferait pas partie de la routine. Il importe également de vérifier la compréhension des élèves, comme nous le ferions avec les connaissances du contenu.
Nous suivons la routine pour nous assurer qu’elle fonctionne comme prévu. Nous renforçons sa bonne application le temps que les habitudes s’installent, nous appliquons les conséquences prévues en cas d’infraction.
Durant la phase d’introduction, il importe de vérifier si la routine fonctionne :
- Les élèves s’efforcent-ils d’adopter le bon comportement positif souhaité ?
- Les comportements perturbateurs et inutiles sont-ils réduits au minimum ?
Nous révisons et enseignons à nouveau la routine si nécessaire. C’est utile lors des retours de vacances plus particulièrement.
MIS à jour le 12/01/2024
Bibliographie
Evidence Based Education. (2022). Student behaviour: What is 'good' behaviour and how can teachers encourage it?
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