lundi 11 décembre 2023

Optimiser la vérification de la compréhension en enseignement explicite

Les processus de vérification de la compréhension sont une des composantes essentielles d’un enseignement explicite. L’idée est chaque fois de demander aux élèves ce qu’ils ont compris, et non s’ils ont compris. De cette manière, nous pouvons générer un retour d’information qui nous éclairera sur les prochaines étapes de l’enseignement ou de l’apprentissage.

(Photographie : Xiaoxiao Xu)




Stimuler l’attention à l’enseignement


Résumer les contenus présentés


Dans cette configuration, soit la classe reçoit une explication de l’enseignant, soit un document est lu ou regardé ensemble. 

Régulièrement, l’enseignant s’arrête à des moments clés pour demander aux élèves de résumer ce qu’ils ont compris jusqu’à présent. Pour cela, l’enseignant désigne régulièrement l’un ou l’autre élève pour le faire. 

De cette manière, l’enseignant stimule l’attention de ces élèves. Il peut vérifier que ce qui est présenté est effectivement compris. De plus, l’effort de résumer les idées principales est un bon processus d’élaboration qui favorise l’apprentissage.

L’élève résume, donne les points clés ou met en évidence les principales étapes exposées précédemment. 


Répéter les instructions


Chaque fois que nous donnons des instructions ou des consignes pour une tâche, une activité, un devoir, nous demandons à l’un ou l’autre élève de nous les répéter. L’enjeu est de vérifier qu’ils ont bien écouté et qu’ils ont bien compris les détails. 

Cette démarche mérite d’être traduite en routine. C’est un gain de temps par rapport à la nécessité d’interrompre et de réexpliquer les consignes à des élèves inattentifs un peu plus tard. 



Stimuler l’écoute des contributions des autres élèves en classe


Un élève vient d’apporter une réponse à une question et plus généralement nous voulons habituer les élèves à s’écouter entre eux en classe. 

Plutôt que d’intervenir nous-mêmes sur la qualité de la question, nous nous tournons vers un autre élève. Nous lui demandons s’il est d’accord avec la réponse qui vient d’être donnée ou non, et de le justifier, de l’améliorer ou de la reformuler.

En procédant de la sorte, nous envoyons le message que les élèves doivent écouter les réponses des autres élèves attentivement et ne pas simplement attendre que l’enseignant les valide et les reformule.

Nous incitons également les élèves à s’investir dans la réflexion et à se forger leur propre opinion. Nous leur donnons la possibilité d’être d’accord ou non, ce qui valorise l’erreur comme part intégrante de l’apprentissage et la réflexion comme un processus normal en classe. 

En procédant de cette manière, nous stimulons l’écoute et l’engagement des élèves, et nous renforçons leur compréhension et leur apprentissage. 



Soutenir l’engagement dans l’élaboration et dans l’auto-explication


Penser à voix haute et expliciter le modelage


Lorsque des élèves doivent s’engager dans une résolution d’exercices, lorsqu’ils trouvent une réponse par étapes où qu’ils doivent planifier la réalisation d’une tâche, nous leur demandons d’expliciter oralement leurs démarches.

Comment procèdent-ils pour résoudre, appliquer une procédure ou planifier leur travail ? Cela nous permet de vérifier qu’ils ont du recul par rapport à ce qu’ils exécutent et comprennent bien les enjeux de leurs démarches. 

Comme peut l’être le modelage pour l’enseignant, le fait de mettre un haut-parleur sur sa pensée n’est pas aisé et il faut un certain temps pour que la démarche devienne une routine normale. Les élèves sont largement habitués à réfléchir mentalement sans toujours mettre des mots ou clarifier leur pensée.

Le soutien à ces démarches métacognitives est une approche efficace pour renforcer les processus de pensée des élèves mobilisés pour aborder une tâche. Alternativement, c’est un excellent moyen de vérifier la profondeur de la compréhension des élèves.

Lorsque les élèves s’entrainent à cette démarche en classe, il devient plus probable qu’ils mobiliseront plus naturellement eux-mêmes l’élaboration ou l’auto-explication dans leurs démarches d’apprentissage autonome.


Expliquer ou défendre sa position


Un élève vient de répondre de façon succincte à une question que nous lui avons posée. Nous lui demandons alors d’expliquer, d’approfondir ou de justifier sa réponse.

Lorsque des élèves expriment des opinions ou donnent leur analyse ou leur conclusion personnelle, il est utile de vérifier qu’ils comprennent effectivement les concepts sous-jacents plutôt que de régurgiter des réponses toutes faites sans pouvoir les étayer.

Lorsqu’un élève donne une première réponse, nous lui demandons d’approfondir en lui demandant d’expliquer les points clés, d’élaborer autour de sa réponse ou de défendre sa position.



Paramètres du Think-pair-share


Créer une routine dynamique


Il y a de nombreux moments au cours d’une séquence d’apprentissage où il est bénéfique pour les élèves de s’engager dans une discussion structurée.

L’approche par binômes du think-pair-share est un des moyens les plus efficaces d’impliquer tous les élèves dans la réflexion, l’élaboration, la répétition et le partage d’idées dans le cadre d’un enseignement réactif. 

Il y a un enjeu à enseigner explicitement la routine et à s’assurer qu’elle est maîtrisée par les élèves. Elle permet à l’enseignant de passer facilement, de manière fluide, ordonnée et dynamique, d’explications données à la classe entière à une discussion en binômes. Ces moments donnent à tous les élèves l’occasion de parler de la matière en cours de manière productive.


Associer les élèves en binômes


Lorsque le think-pair-share devient une stratégie courante, il est utile de déterminer à l’avance le partenaire de discussion de chacun lors de la constitution des plans de classe. 

Lorsque le nombre des élèves est impair, ils peuvent former un groupe de trois. Idéalement, les paires seront raisonnablement bien assorties afin qu’une personne de la paire ne domine pas chaque discussion et ne fasse pas toute la réflexion.


Privilégier des questions précises et délimiter un temps de réponse 


Il peut être tentant de poser des questions relativement ouvertes pour générer des idées ou des pistes de solutions. Cependant, pour des questions de rendement à l’échelle de la classe, il est souvent utile de fixer un objectif précis pour focaliser le temps.

Cet objectif précis peut prendre la forme de l’application d’une procédure ou d’un nombre délimité d’éléments de réponse.

Lorsque la question est donnée, il est également utile de fixer un délai précis en indiquant le nombre de minutes données pour construire la réponse.


Prévoir un temps de réflexion individuel


Une caractéristique facultative de ce processus est de donner aux élèves le temps de réfléchir individuellement avant de se tourner vers leurs partenaires de discussion pour partager leurs idées. L’avantage est que cela permet de s’assurer que chaque membre de la classe s’engage dans une réflexion générative avant que son partenaire ne propose ses idées.

Il est également possible de demander aux élèves de préparer leur réponse par écrit, sur papier ou sur une tablette effaçable, ce qui permet de regarder leurs réponses en circulant dans la classe.

L’inconvénient est que cela peut prendre plus de temps, l’enseignant doit donc décider s’il est pertinent ou non d’activer cette option.


Circuler pour écouter pendant les échanges en binômes


Un intérêt de la technique est de pouvoir circuler dans la classe durant l’échange et d’écouter ce que les élèves se disent entre eux,

Cela peut permettre de relever des idées particulièrement intéressantes, des erreurs problématiques, des conceptions erronées ou des nuances importantes. Cela permet également de maintenir les discussions ciblées comme les élèves se savent susceptibles d’être écoutés par leur enseignant. Cette méthode est plus pertinente lorsque des questions plus approfondies ont été posées.


Combiner au cold call


Combiner le think-pair-share au cold call permet d’échantillonner les réponses des paires lors de la mise en commun en classe.

À la fin du temps imparti, l’enseignant récupère l’attention des élèves. Il sélectionne les élèves qui partageront leurs réponses oralement avec la classe. 

Une alternative au cold call est le fait de passer par des ardoises effaçables ou de partager certaines réponses écrites au visualiseur. 

La discussion sur la démarche de réflexion ou de résolution importe autant que la réponse finale. L’enjeu est de choisir des contributions qui se complètent et sont représentatives des points forts et des difficultés de la classe.



Mis à jour le 05/04/2024

Bibliographie


Tom Sherrington, Five Ways to: Check for Understanding, 2021, https://teacherhead.com/2021/12/02/five-ways-to-check-for-understanding/

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