La vérification de la compréhension est une dimension importante dans l’impact de l’enseignement explicite. Retour sur certains principes et attitudes à adopter en lien avec la vérification de la compréhension.
(Photographie : Anna Brody)
Établir notre intentionnalité dans la désignation des élèves qui répondent
Lorsque nous vérifions la compréhension des élèves en classe et que nous appelons uniquement ceux dont la main était levée, nous soulignons leur engagement et nous les récompensons en leur permettant de participer publiquement.
Le problème est que les élèves qui lèvent la main ne sont pas nécessairement ceux qui ont le mieux compris la leçon, mais souvent ceux qui recherchent de l’attention. Des élèves qui ne participent pas peuvent avoir des contributions plus intéressantes.
Le fait de prévenir les élèves qu’ils pouvaient être amenés à participer à tout moment va rendre normal le fait que tous les élèves soient appelés.
L’utilisation d’un générateur aléatoire, par exemple des bâtonnets sur lesquels sont inscrits les noms des élèves peut être plus représentative statistiquement. Il peut être plus facile d’un point de vue psychologique. Cependant, il y a des moments où il convient de s’en défaire et désigner stratégiquement nous-mêmes, les élèves que nous voulons voir répondre.
Ces moments stratégiques peuvent correspondre aux situations suivantes :
- Un élève peut ne pas être dans de bonnes conditions psychologiques pour répondre du fait de circonstances exceptionnelles ou d’un trouble de l’apprentissage ou du comportement.
- Un élève rencontre des difficultés dans une matière donnée et semble comprendre le type d’exercices en cours. Le fait de l’interroger et qu’il puisse donner une bonne réponse peut le renforcer.
- Un élève semble avoir des difficultés et le fait de l’interroger va permettre de l’aider directement.
- Un élève peut pouvoir apporter une contribution pertinente à une question.
- Nous pouvons vouloir prendre un échantillon statistique de la classe en demandant délibérément aux enfants qui, selon nous, représentent la situation générale de la classe.
La manière de procéder pour désigner les élèves dépend de notre intentionnalité. En ce sens, il n’y a pas de meilleure technique d’emblée entre une désignation purement aléatoire ou intentionnelle dans ses choix. Ce qui compte est le message que nous voulons faire passer et notre capacité à être inclusif.
Le fait de demander une réponse à un élève qui participe peu, de manière positive, réfléchie, en lui demandant sincèrement ce qu’il pense sera bénéfique. Cette démarche nous permet de constater invariablement qu’il aura tendance à s’impliquer plus par la suite. Des élèves peuvent être timides à l’idée de prendre la parole dans une classe de trente élèves, mais une fois qu’ils l’ont fait et qu’ils ont senti le succès, ils sont partants.
La technique cold call n’est pas exclusive, elle n’interdit pas qu’il y ait des moments où les élèves puissent lever la main, pour des questions plus ouvertes. Dans ce cas, lever la main, c’est choisir de participer, de donner sa contribution parce qu’elle apporte quelque chose.
Installer un climat positif pour la vérification de la compréhension
Le risque, lorsque nous utilisons la technique du cold call, est de sentir que ça met certaines élèves en difficulté, que ça les embarrasse et crée de l’appréhension en lien parfois avec de la timidité.
Les étapes suivantes peuvent permettre d’atténuer ce risque et mettre les élèves en confiance tout en développant une culture de l’apprentissage et de la participation en classe :
- Expliquer la démarche utilisée par l’enseignant aux élèves :
- L’intention de l’enseignant après qu’il ait posé une question et laissé ses élèves réfléchir à la réponse, sera de désigner au choix un élève. Ce choix se pose de manière intentionnelle qu’il ait ou non levé son doigt. Si l’enseignant n’est pas certain de la pertinence de son choix, il peut utiliser un système pour désigner un élève au hasard.
- La mission de l’enseignant est de savoir comment les élèves réfléchissent et comprennent la matière, afin de s’assurer qu’ils apprennent autant que possible.
- Lorsqu’un enseignant appelle un élève, c’est qu’il se préoccupe de la qualité et de la progression de ses apprentissages. La démarche n’est certainement pas de cibler un élève pour le sanctionner ou le mettre en difficulté.
- L’enseignant a besoin de savoir quand son soutien est nécessaire pour que tous les élèves puissent remplir les attentes élevées qu’il partage avec eux.
- Expliquer la démarche attendue par les élèves :
- L’enseignant explique aux élèves la manière dont il attend qu’ils réagissent. Ils doivent faire de leur mieux. Ce n’est pas grave s’ils se sentent un peu nerveux ou hésitants, s’ils se trompent.
- Si les élèves rencontrent des difficultés, ils recevront de l’aide et du soutien pour les surmonter, de telle manière qu’ils pourront progresser plus vite de cette rétroaction ou de celle reçue par d’autres élèves. De plus s’ils ne comprennent pas la question, ils peuvent demander des indices.
- On attend de chacun qu’il écoute attentivement et en silence la réponse d’un élève pour l’encourager, car nous voulons nous soutenir mutuellement. En outre, nous sommes susceptibles d’être désignés pour reformuler ou approfondir une réponse qui vient d’être donnée.
- Adopter un comportement positif :
- Lorsque nous pratiquons la technique cold call, nous nous assurons que notre comportement est positif et nous montrons que nous sommes animés de la volonté que tous nos élèves réussissent.
- Pendant qu’ils répondent, nous sommes attentifs à leurs réponses, nous sourions, nous acquiesçons, nous nous montrons pleinement attentifs à leur contribution tout en incluant la classe entière.
- L’élève doit s’adresser à tous pour cela il est utile de ne pas être à côté d’un élève quand il répond à une question et de continuer à exercer notre vigilance envers les autres élèves.
- Nous sourions lors de l’interaction, nous acquiesçons pour montrer que nous suivons attentivement ses explications. Nous avons l’air de réfléchir à ce qu’ils expliquent. Nous montrons qu’il s’agit d’un dialogue formatif, pas d’un jeu de questions-réponses.
- Une fois qu’un élève a terminé sa réponse, nous le remercions pour sa contribution.
- Nous commençons par la réussite :
- Lorsque nous introduisons la technique cold call dans une nouvelle classe, pour une nouvelle matière, après une période de vacances ou dans une classe hétérogène, il y a une étape à ne pas oublier. Nous devons nous assurer de bien mettre les élèves en confiance afin qu’ils surmontent leur anxiété.
- Nous voulons normaliser la positivité et le succès. Pour cette raison, nous allons commencer par des questions simples. Ces questions impliquent la récupération d’une information ciblée ou la réalisation d’une opération simple pour que des exemples de réussite liés à la vérification de la compréhension se manifestent en classe. De même, nous allons renforcer les élèves dans leurs interventions.
- L’enjeu est d’associer la technique cold call à la positivité dans l’esprit des élèves.
- Nous développons et ajoutons au fil du temps de la complexité et du défi dans notre usage de la technique cold cal :
- À mesure que les élèves deviennent de plus en plus, nous l’utilisons dans davantage de situations et avec des questions plus difficiles.
- Nous pouvons faire de la difficulté croissante un élément contributif de défi.
- Nous pouvons lancer plus systématiquement des questions de défis en demandant à des élèves de reformuler, de poursuivre ou d’approfondir les réponses aux idées et commentaires de celui qui vient de répondre.
Étendre le temps de réflexion aux élèves lors de la vérification de la compréhension en classe
Imaginons que nous avons posé une question aux élèves dans la classe. La réponse de cette question n’est pas immédiate et demande un certain traitement. Nous voulons laisser suffisamment de temps aux élèves pour aboutir à la réponse avant de désigner l’un d’entre eux pour répondre. En même temps, nous voulons que tous restent engagés durant ce temps.
Le risque est que certains élèves baissent les bras trop vite et ne fassent pas les efforts nécessaires ce qui nous amènerait à abréger le temps pourtant nécessaire aux élèves réellement engagés dans la démarche de réflexion.
Plutôt que de rester statiques, nous pouvons faire des relances attentionnelles en circulant dans la classe et en les observant. Nous sommes alors intentionnels dans notre attente quant à leur engagement cognitif.
Nous pouvons également leur donner des indices au fur et à mesure, oralement ou par des inscriptions au tableau, sur des éléments de réponse ou des étapes intermédiaires. Ces interventions ne sont pas indispensables pour les élèves qui maîtrisent les contenus. Elles valident toutefois leur réflexion et sont d’un soutien précieux pour les élèves chez qui l’apprentissage ou la compréhension ne sont pas encore stabilisés.
Nous pouvons également demander aux élèves de manifester quand ils sont prêts, en posant leur crayon, en levant le doigt ou en levant un pouce.
Nous pouvons également avertir les élèves du temps que nous allons leur laisser pour élaborer leur réponse avant de désigner un élève pour répondre. Nous pouvons également demander aux élèves de partager par paires avant de désigner un élève, pour soutenir leur réflexion.
De cette manière, nous permettons aux élèves de montrer quand ils sont prêts tout en nous assurant qu’ils disposeront de suffisamment de temps, tout en les responsabilisant sur le fait qu’ils doivent bien réfléchir à la question. Dans ce cadre, ils sont moins susceptibles de simplement prétendre avoir réfléchi. En procédant de la sorte, nous apportons un peu de tension constructive et de responsabilisation aux élèves, tout en leur donnant le temps nécessaire pour mener à bien leur réflexion autonome.
Les techniques de préappel et de repérage en vérification de la compréhension
Lorsque l’enseignant circule dans la classe, il repère les contributions intéressantes, ce qui peut lui éviter de distribuer la réponse au hasard. Une petite observation attentive préalable et une vérification de la compréhension ciblée rendent son appel à froid beaucoup plus stratégique.
Dans certains cas face à des élèves plus hésitants, nous pouvons, en circulant dans la casse et en voyant leur préparation écrite à une question, leur annoncer que nous allons leur demander de répondre publiquement
Cela garantit que l’élève abordera mieux sa réponse publique et sera rassuré sur sa réception.
Gérer les classes participatives
L’une des difficultés au primaire avec la technique cold call jusqu’au début du secondaire est l’engouement d’élèves à participer. Dès qu’ils ont la réponse, ils veulent être sollicités pour montrer qu’ils ont compris, afin d’être validés et reconnus par leur enseignant.
La difficulté est qu’avec la technique cold call, ils ont moins l’occasion de s’exprimer. Il existe différentes manières de gérer cette situation.
Une manière est l’utilisation d’ardoises effaçables sur laquelle les élèves notent leur réponse. Une autre manière est d’interroger les élèves rapidement les uns après les autres. Nous voulons qu’ils énoncent leurs réponses oralement à une question sans réagir sur leur caractère correct ou erroné avant d’avoir laissé la parole à tous ceux qui voulaient participer. Une autre manière est de procéder à des questions de suivi ou d’approfondissement.
De même en circulant dans la classe rapidement, l’enseignant peut valider des réponses et renforcer les élèves en leur prodiguant l’attention attendue de leur part. En validant d’une façon ou d’une autre le travail initial de l’élève, enseignant, lui fait comprendre qu’il l’a vu et qu’il aurait pu faire appel à vous aussi. De cette manière, les élèves ne deviennent pas frustrés à l’idée que leur enseignant ne sait pas qu’ils ont pu faire le travail.
Mis à jour le 24/03/2024
Bibliographie
Doug Lemov, TLAC 2.0 EXCERPT : “MANAGING THE PAUSE” DURING COLD CALL, 2014
https://teachlikeachampion.org/blog/tlac-2-0-excerpt-managing-pause-cold-call/
Doug Lemov, POPSICLE STICKS AND ’HANDS DOWN’ ARE NOT COLD CALL: KEY DIFFERENCES & WHY THEY MATTER, 2017, https://teachlikeachampion.org/blog/cold-call-not-popsicle-sticks-hands-key-differences-matter/
Doug Lemov, A RECIPE FOR MAKING COLD CALL FEEL POSITIVE, 2015, https://teachlikeachampion.org/blog/recipe-making-cold-call-feel-positive/
Doug Lemov, GUEST POST: RONNIE SENEQUE ON IMPLEMENTING COLD CALL, 2015, https://teachlikeachampion.org/blog/guest-post-ronnie-seneque-implementing-cold-call/
Doug Lemov, TWO COLD CALLS FROM THE FIRST DAYS OF FIRST GRADE, 2017, https://teachlikeachampion.org/blog/two-cold-calls-first-days-first-grade/
Doug Lemov, [UPDATED] “IT’S GONNA BE SO HARD TO CHOOSE!” THREE COLD CALLS FROM BRITTNEY MOORE’S CLASS, 2019, https://teachlikeachampion.org/blog/its-gonna-be-so-hard-to-choose-three-cold-calls-from-brittney-moores-class/
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