lundi 4 septembre 2023

Adapter la communication scolaire avec les parents pour encourager un dialogue positif sur l’apprentissage

Pour tous les groupes d’âge, une communication scolaire bien conçue vers les parents peut être efficace pour améliorer les résultats scolaires. Elle peut agir sur d’autres résultats, comme l’assiduité scolaire. La recherche a mis en évidence certaines pistes d’amélioration de cette communication vers les parents.

(Photographie : Víctor M. Alonso)




Multiplicité des formes et enjeux de la communication scolaire


Multiplicité des formes de communication scolaire


La communication scolaire peut prendre une variété de formes comme des documents papier, une newsletter, l’accès à une interface personnalité ou à un site internet, ou des SMS.   

Si l’impact de ces approches peut sembler faible, elles sont généralement peu coûteuses, simples à introduire et peuvent susciter un engagement plus important des parents.

Les communications de l’école avec les parents sont probablement plus efficaces lorsqu’elles sont personnalisées, liées à l’apprentissage et formulées de manière positive. C’est par exemple prendre le temps de célébrer les réussites et de ne pas être seulement le vecteur de mauvaises nouvelles.

S’il existe des messages importants pour les parents moins impliqués, les conversations en face-à-face, les appels téléphoniques, les mails ou les SMS se révèlent les moyens les plus efficaces. Les mails génériques ou les documents papier envoyés à la maison sont moins efficaces.


Enjeux de la communication scolaire


Les communications scolaires vers les parents sont importantes pour :
  • Susciter l’intérêt pour les activités scolaires de leurs enfants
  • Favoriser le sentiment d’appartenance à l’école
  • Soutenir l’engagement dans des activités plus structurées
  • Proposer des idées pratiques pour renforcer les stratégies d’apprentissage à la maison. 



Adapter le message aux parents en fonction de l’âge des enfants

 
À l’école primaire et maternelle, l’accent devrait être mis sur les activités que les parents et les enfants peuvent faire ensemble. Les messages peuvent porter sur des conseils, ou sur des exemples d’activités et de jeux que les enfants et les parents peuvent faire ensemble, comme le fait de compter ou de lire des livres.

Dans l’enseignement secondaire, les bonnes pratiques penchent en faveur de la communication aux parents d’informations plus factuelles sur les progrès de l’enfant. Cela concerne les résultats des évaluations et des productions, ou les échéances à venir. 

Il est utile également d’inciter les parents à avoir des conversations avec leur enfant sur ce qu’il apprend. Cependant, il est important de ne pas demander aux parents d’aborder des contenus complexes liés au programme scolaire et sur lesquels ils n’ont pas l’expertise pour intervenir eux-mêmes. Les demandes trop complexes ou les activités qui demandent un effort ou une organisation plus complexe de la part des parents d’enfants sont moins susceptibles d’avoir l’effet désiré.

Il vaut mieux se centrer sur des messages portant sur des conseils d’étude. C’est par exemple, l’importance de réviser pour un examen à venir, d’établir un plan de révision en répartissant le temps de travail, de se tester plutôt que de relire ses cours, ou de travailler sans téléphone. 



La piste des SMS informationnels


Un programme d’envoi de SMS (Miller et col, 2016) a été testé dans des écoles secondaires britanniques auprès de 15 000 élèves :
  • Les parents ont reçu trente messages à une fréquence hebdomadaire
  • Les messages informaient les parents des dates des examens à venir, de la remise des devoirs à temps et de ce que leurs enfants apprenaient à l’école. 
  • Les enfants dont les parents ont reçu des SMS ont fait des progrès supplémentaires d’un mois en mathématiques et ont réduit leur absentéisme. 
  • Il apparait que le mécanisme à l’origine de cet impact serait l’amélioration de la communication entre les parents et les enfants. Les parents qui recevaient les SMS étaient près de trois fois plus susceptibles que ceux du groupe témoin de parler à leur enfant de la révision d’un test à venir. 
Cette approche par SMS est peu coûteuse et simple à mettre en place, mais il convient de réfléchir soigneusement à la fréquence, au moment et à la cible des messages. 

Avant de se lancer dans ce type de démarche, il peut être utile de recueillir des informations sur ce que les parents trouvent utile. Il s’agit de surveiller attentivement les perceptions pour éviter de surcharger ou de saturer les parents avec des messages non désirés. 

Certains éléments indiquent qu’il est bénéfique d’impliquer d’autres membres de la famille, et pas seulement le contact principal. Par exemple, une étude a montré que les SMS avaient des effets particulièrement positifs sur l’implication des pères (Hurwitz et coll., 2015). C’est important, car les pères ont souvent moins de contacts avec l’école, mais jouent un rôle important dans le soutien de l’apprentissage de leurs enfants.



Informer sur les parents sur l’assiduité


L’augmentation de l’assiduité est liée à l’amélioration des résultats scolaires et c’est un domaine où l’apport des parents peut être particulièrement influent dans le secondaire. 

Des communications scolaires bien conçues peuvent avoir un impact positif sur les croyances et les comportements des parents. Par exemple, la plupart des parents sous-estiment le nombre de jours d’absence de leur enfant à l’école et se mettent à agir différemment lorsqu’ils reçoivent des informations précises. 

Dans une étude, 72 % des parents dont les élèves étaient plus absents que la moyenne ignoraient que leurs enfants avaient manqué plus de jours d’école que leurs camarades de classe (Rogers et Feller, 2018). Lorsque les parents étaient informés du nombre total d’absences de leur enfant, ils faisaient des efforts supplémentaires pour améliorer leur assiduité. 

Les écoles peuvent soutenir cette démarche en envoyant aux parents dont les absences sont supérieures à la moyenne des lettres simples. Ces dernières indiquent le nombre total de jours d’absence de leur enfant au cours de l’année et sont formulées de manière à encourager les parents à soutenir l’assiduité. L’étude a montré que la formulation de la lettre est importante. Un simple rappel de l’importance de l’assiduité est un peu utile, mais l’élément d’information crucial était la personnalisation de la lettre pour indiquer le nombre total d’absences à ce jour. 

Les parents participant à l’étude ont reçu en moyenne quatre lettres au cours de l’année. Il semble que d’autres rappels auraient été bénéfiques. L’assiduité s’est directement améliorée dans la période qui a suivi la lettre avant de retomber. La lettre peut être très simple (moins de 50 mots) et doit viser à promouvoir l’efficacité des parents plutôt que de les blâmer. 
Cher…,
[....] a manqué plus souvent l’école que ses camarades de classe. [....]a été absent […] jours jusqu’à présent cette année. Les élèves prennent du retard lorsqu’ils manquent l’école — qu’ils soient absents pour des raisons excusées ou non. Vous pouvez avoir un impact important sur les absences de […] ce trimestre — et nous apprécions vraiment votre aide. 
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués, 
[nom du chef d’établissement] 



L’établissement d’une communication bidirectionnelle


La communication doit être bidirectionnelle. La consultation des parents sur la manière dont ils peuvent être impliqués est susceptible d’être utile et d’accroître l’efficacité des relations entre la maison et l’école. Nous devons savoir ce qu’ils trouveraient utile d’obtenir comme information pour soutenir l’apprentissage de leurs enfants. 

Les communications de l’école peuvent être particulièrement importantes pour impliquer certains parents qui pourraient jouer un rôle important, mais qui ont peut-être moins de contacts avec l’école.

Une enquête menée auprès de plus de 1 000 parents en Angleterre et mentionnée par le rapport de l’EEF met en avant les résultats suivants : 
  • Les parents sont plus satisfaits de la manière dont les écoles les impliquent si :
    • Les écoles les ont consultés.
    • Les écoles tiennent compte de leurs attentes.
    • Les écoles fournissent davantage de sujets d’information.
    • Les écoles offrent davantage de possibilités d’engagement. 
  • Les informations que les parents souhaitent le plus recevoir des écoles sont des mises à jour sur les progrès de leur enfant.
  • Il y a un décalage entre ce que les parents disent vouloir, et ce qu’ils ont tendance à recevoir. Ils disent vouloir des informations sur ce que leur enfant apprend. Ils obtiennent surtout des informations sur les activités scolaires générales, les changements de politiques scolaires, ou les questions administratives. 



Des questions à se poser sur l’amélioration de la communication avec les parents


Les écoles doivent se demander si leurs formes actuelles de communication sont efficaces pour atteindre les parents moins impliqués. Il faut en particulier s’interroger sur les méthodes traditionnelles telles que les bulletins d’information, les réunions de parents ou les informations sur le site Web. Il s’agit de déterminer si elles peuvent être remplacées ou complétées par d’autres approches. 

Même si certaines communications n’ont pas beaucoup d’incidence directe sur les résultats, elles peuvent néanmoins être importantes pour aider les parents et les familles à éprouver un sentiment d’appartenance ou à rester informés. Cela qui peut constituer une condition préalable importante pour les messages plus axés sur l’apprentissage des enfants. 

En révisant son approche de la communication, une école peut se poser les questions suivantes :
  • Comment les parents perçoivent la communication de l’école avec eux sur les différents aspects : fréquence, contenu, mode, personnalisation, etc. ? 
  • Est-ce que les parents obtiennent toutes les informations qu’ils souhaitent et qu’ils pourraient obtenir ? 
  • Utilisons-nous actuellement des moyens de communication qui prennent beaucoup de temps ? Ont-ils l’impact souhaité ?
  • Atteignons-nous tous les parents que nous souhaitons atteindre ? 
  • Que faisons-nous pour les parents qui ne parlent pas ou ne lisent pas le français ? 
  • De quels moyens les parents disposent-ils pour contacter l’école et obtenir les informations ou les échanges qu’ils souhaitent ?

Mis à jour le 20/02/2024

Bibliographie


EEF, Working with Parents to Support Children’s Learning, 2018.

Miller, S., Davison, J., Yohanis, J., Sloan, S., Gildea, A. and Thurston, A. (2016) “Texting Parents: Evaluation Report and Executive Summary”, London: EEF. 

Hurwitz, L. B., Lauricella, A. R., Hanson, A., Raden, A. and Wartella, E. (2015) “Supporting Head Start parents: impact of a text message intervention on parent-child activity engagement”, Early Child Development and Care, 185 (9), pp. 1373–1389. 

Rogers, T. and Feller, A. (2018) “Reducing Student Absences at Scale by Targeting Parents” Misbeliefs’, Nature Human Behaviour, DOI: 10.1038/s41562-018-0328-1. 

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