mercredi 9 août 2023

Soutenir le développement de compétences en matière d’organisation, de planification et de gestion du temps

Certains élèves sont quasiment incapables de maintenir seuls un classeur en ordre avec leur différent cours. Leur cartable, leur casier ou leur bureau chez eux sont souvent en désordre complet. Ils perdent des feuilles, n’emportent pas leur matériel scolaire, oublient des échéances ou n’en prennent pas note. 

(Photographie : Olaf Meyer)




Ces symptômes sont typiques d’élèves souffrant d’un trouble de l’attention (TDAH), mais pas uniquement. L’intervention HOPS mise au point par Joshua M. Langberg et ses collaborateurs (2011, 2014) propose un soutien à cette problématique.



L’importance des compétences en matière d’organisation et de planification pour les élèves


Les compétences des élèves en matière d’organisation, de planification et de gestion du temps sont des aspects importants d’un fonctionnement efficace. C’est le cas, autant à l’école que lors du travail autonome à la maison ou plus tard dans un contexte professionnel.

Les élèves qui éprouvent des difficultés, même mineures, avec ces compétences, peuvent subir un handicap fonctionnel important. 

La capacité d’un élève à organiser et à planifier est essentielle pour la réussite scolaire :
  • Pour apprendre à domicile et faire les devoirs demandés, les élèves doivent maintenir un environnement et un système d’organisation qui les aide à respecter les échéances et à distribuer efficacement leur travail.
  • Pour réussir les tests et les productions à long terme, de même que pour bien s’engager lors de toute pratique autonome, les élèves doivent être capables de décomposer les tâches en petites étapes faciles à gérer. Ils planifient l’exécution de chaque étape.
Ces compétences sont importantes dans les différents contextes d’apprentissage des élèves.

Les élèves qui ont des difficultés avec ces compétences sont plus susceptibles que leurs pairs d’oublier leurs affaires, de ne pas savoir ce qui leur a été assigné ou d’en connaitre les échéances. De même, ils sont plus susceptibles de procrastiner, de ne pas terminer leurs devoirs, d’oublier de les rendre complets ou dans les temps, ou de ne pas se préparer convenablement pour une évaluation.

Ces élèves ont souvent des cartables, des sacs, des fardes, des casiers et des bureaux désorganisés. Régulièrement, ils perdent, ne trouvent pas ou mettent beaucoup de temps à retrouver leur matériel ou leurs notes de cours. Ces difficultés peuvent les empêcher d’atteindre leur plein potentiel scolaire.



La difficulté dans le primaire 



Les élèves qui ont des difficultés à s’organiser, à planifier et à gérer leur temps commencent souvent à éprouver des difficultés scolaires dès le début de l’école primaire.

Au début de l’école primaire, les problèmes d’organisation se manifestent par des bureaux et des cartables désordonnés et désorganisés. Par exemple, des feuilles sont chiffonnées, oubliées, perdues, ou mal classées. Ces élèves auront également du mal à transférer leur matériel scolaire de l’école et à la maison et inversement sans égarer d’objets. 

Si les problèmes d’organisation sont évidents, les attentes en matière de gestion du temps et de planification sont généralement minimes du moins durant les premières années du primaire. Par conséquent, les difficultés d’organisation matérielle apparaissent souvent avant les problèmes de gestion du temps et de planification. 

En outre, les niveaux de soutien et de surveillance des parents et des enseignants sont généralement élevés durant l’école primaire. Grâce à cela, les élèves sont régulièrement capables de réussir sur le plan scolaire malgré leurs difficultés d’organisation.

Dans le cadre scolaire, les exigences scolaires augmentent à mesure que les élèves progressent. Il y a progressivement plus de devoirs à faire à la maison. L’école met au fur et à mesure davantage l’accent sur les tests et les productions à long terme. Petit à petite, plus de tâches, de plus grande importance, nécessitent une gestion du temps et une planification. 



La transition du primaire vers le secondaire


À mesure que les enfants progressent vers l’adolescence, le soutien des parents et des enseignants tend à diminuer. Les élèves sont censés fonctionner de manière plus autonome. 

En même temps que les parents et les enseignants encouragent l’autonomie, les exigences et les responsabilités scolaires augmentent. 

Au fur et à mesure, les parents et les enseignants deviennent peu à peu moins enclins à fournir des rappels ou des incitations ou à surveiller les comportements liés aux devoirs et à la préparation des tests. 

De nombreux enfants atteignent un point de basculement au moment du passage au secondaire. La réduction du soutien des enseignants et l’augmentation des exigences scolaires se combinent à l’utilisation par l’élève de stratégies inefficaces d’organisation et de gestion du temps. Cette spirale peut aboutir à un échec scolaire.

Le passage au secondaire est souvent une période difficile pour les élèves ayant des difficultés d’organisation et de planification. Les changements environnementaux qui se produisent lors du passage du primaire au secondaire sont plus brusques et plus importants qu’à tout autre moment du développement éducatif d’un élève. La seule exception est peut-être celle du passage entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur. 

Les élèves voient leur nombre d’enseignants s’accroitre soudainement. Les élèves se retrouvent à devoir gérer un ensemble différent de matériel pour chaque cours et doivent faire la transition entre différentes classes pendant la journée scolaire. 

Les enseignants ont eux aussi un profil, des attentes et une expérience qui diffèrent. Ce changement s’accompagne également de l’entrée dans un nouvel établissement. Alors qu’ils étaient les plus grands en primaire, les élèves deviennent les plus petits en secondaire.

À l’école primaire, un enseignant pouvait soutenir un enfant ayant des problèmes d’organisation en s’assurant qu’il avait le matériel nécessaire dans son cartable à la fin de la journée scolaire. Ce type d’intervention individuelle n’est plus possible dans l’environnement de l’école secondaire.

Les enseignants en secondaires comme ils côtoient moins les élèves, vont moins superviser le comportement de leurs élèves. Les enseignants du secondaire ne sont pas en mesure d’offrir le suivi et la surveillance étroite dont les élèves ont pu bénéficier à l’école primaire. 



L’accroissement des difficultés scolaires lors du secondaire


Au fur et à mesure du secondaire, les exigences scolaires augmentent rapidement. Les élèves doivent gérer des devoirs, des tests et des productions pour différentes matières qui ne sont pas forcément coordonnées entre elles pour une répartition optimisée du temps de travail.  

L’importance des compétences en matière d’organisation, de planification et de gestion du temps devient encore plus cruciale à mesure que les élèves avancent dans leurs études secondaires. En outre, ces compétences deviennent encore plus fondamentales dans le cadre de l’enseignement supérieur et sont des ingrédients clés pour un fonctionnement professionnel réussi. 

Avec l’adolescence, les relations des élèves avec leurs parents évoluent également rapidement. Les parents ont souvent du mal à trouver un équilibre entre l’interventionnisme (tout contrôler) et le laisser-faire (donner la pleine confiance). 

Les parents estiment souvent que leurs enfants devraient gérer eux-mêmes les exigences scolaires. Ils ne sont plus disposés à assurer un suivi et un soutien constants. Ce suivi et ce soutien pourraient prendre la forme d’une vérification du cartable de leur enfant tous les matins avant l’école, ainsi que des devoirs à faire et des leçons à préparer chaque jour après l’école. De plus, les parents peuvent se sentir dépassés dans certaines matières.

Les parents se sentent souvent pris en conflit entre la volonté de promouvoir un comportement autonome et la prise de conscience que s’ils cessent d’aider leur enfant dans ses études, il risque d’échouer. 

De plus, les adolescents veulent qu’on leur fasse confiance et qu’on les considère comme responsables. Lorsque les parents choisissent de surveiller étroitement les comportements scolaires, les adolescents ont souvent l’impression d’être traités injustement et peuvent réagir par des comportements non conformes ou irrespectueux. 

Par conséquent, les conflits parents-enfants concernant l’organisation et la planification augmentent souvent durant cette période. 



Le trouble déficitaire de l’attention et les difficultés d'organisation


Les enfants souffrant d’un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) constituent un groupe d’enfants qui présente fréquemment des difficultés d’organisation et de gestion du temps en milieu scolaire. 

Le TDAH est l’un des troubles du comportement les plus courants chez les enfants. Plusieurs des principaux symptômes diagnostiques du TDAH concernent spécifiquement des problèmes d’organisation et de planification. L’enfant a souvent du mal à organiser ses tâches et ses activités. Il perd souvent des objets, oublie souvent des choses et ne termine pas toujours ses travaux scolaires, les tâches attribuées ou les devoirs.

Il n’est pas surprenant que les difficultés scolaires soient l’une des plus importantes conséquences auxquelles sont confrontés les enfants et les adolescents atteints du TDAH. 

Les enfants atteints du TDAH sont plus susceptibles que leurs pairs d’oublier d’apporter du matériel de l’école à la maison et vice-versa. Ils sont plus susceptibles de ne pas respecter les consignes de leurs devoirs, de remettre leur exécution ou de les laisser incomplets.

Les enfants atteints du TDAH ont souvent des bureaux, des cartables, des sacs, des fardes et des casiers désorganisés. Par conséquent, ils perdent fréquemment et ne trouvent pas le matériel nécessaire pour faire leurs devoirs.

De plus, lorsqu’ils font leurs devoirs, les enfants atteints du TDAH ont souvent du mal à rester concentrés, se dépêchent de faire leurs devoirs et font dès lors des erreurs inconsidérées. 

En conséquence, les enfants et les adolescents atteints du TDAH obtiennent des notes scolaires potentiellement inférieures à celles de leurs camarades sans TDAH.



L’intervention HOPS


L’intervention HOPS a été développée spécifiquement pour les élèves d’âge scolaire moyen ayant des problèmes d’attention ou ayant reçu un diagnostic de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.

Les élèves atteints de TDAH éprouvent souvent des difficultés accrues en matière d’organisation et de planification lors du passage vers l’école secondaire, cela se traduit par une plus haute probabilité de situations d’échec scolaire. 

Les élèves généralement classés comme étant à risque, qui présentent des difficultés d’organisation et de planification, mais ne répondent pas nécessairement aux critères du TDAH, bénéficient également de l’intervention HOPS. 

L’intervention HOPS dans son intégralité ou une part de ses composantes est appropriée pour tout élève ayant des difficultés d’organisation et de planification de 7 à 16 ans.

L’intervention HOPS complète est structurée pour être mise en œuvre par le biais d’une série de 16 sessions brèves (20 minutes ou moins). Ces sessions sont organisées entre un membre du personnel scolaire formé à cet effet et un ou plusieurs élèves. 

L’approche HOPS est conçue pour être mise en œuvre pendant la journée scolaire et avec fidélité par un personnel formé à cet effet. 



Liens entre l’intervention HOPS et l’approche de la réponse à l’intervention


L’intervention HOPS a été conçue pour s’adapter au cadre de la réponse à l’intervention.

Conformément à l’approche de la réponse à l’intervention, l’intervention HOPS est un programme basé sur la recherche qui utilise une évaluation et un suivi fréquents. Ceux-ci permettent de mesurer les progrès des élèves et de décider de la nécessité d’une intervention supplémentaire.

Les compétences enseignées par l’intervention HOPS sont nécessaires à la réussite scolaire, indépendamment du diagnostic, des problèmes d’attention ou du niveau scolaire de l’enfant. 

L’intervention HOPS est structurée de telle sorte que :
  • Les compétences organisationnelles sont introduites en premier
  • Les compétences de gestion des devoirs sont introduites ensuite,
  • Les compétences de gestion du temps et de planification sont introduites en dernier.
Cependant, la maîtrise des premières compétences n’est pas nécessairement une condition préalable à l’introduction des dernières. Comme le suggère l’approche de la réponse à l’intervention, l’évaluation fonctionnelle doit guider les décisions concernant les compétences à enseigner et leur ordre.

Le programme HOPS peut être considéré dans sa forme originelle comme une intervention de niveau 3, car il cible les élèves ayant des problèmes d’attention et est mis en œuvre sur une base individuelle. 

Cependant, le programme HOPS peut également être adapté pour servir d’intervention de niveau 2 afin d’atteindre des groupes d’élèves plus importants, tels que les enfants considérés comme présentant des risques de problèmes scolaires. 


Mis à jour le 07/02/2024

Bibliographie


Joshua M. Langberg, Improving Children’s Homework, Organization, and Planning Skills (HOPS), NASP, 2014 

Joshua M. Langberg, Homework, Organization and Planning Skills (HOPS) Interventions, NASP, 2011

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