Le modèle du climat scolaire démocratique qui est soutenu par des données probantes (Konold et coll., 2018). Il montre que les écoles caractérisées par des niveaux élevés de structure et de soutien aux élèves présentent des niveaux plus élevés d’engagement de ces derniers. Ces facteurs sont associés à une meilleure réussite scolaire. Nous explorons ce modèle dans le cadre de cet article.
(Photographie : Sana Ahmadizadeh)
L’importance d’un climat scolaire positif
De nombreuses recherches ont montré que lorsque le climat scolaire d’une école est positif :
- Les élèves sont plus engagés
- Ils obtiennent de meilleurs résultats scolaires
Une méta-analyse de 78 articles de recherche publiés (Berkowitz, Moore, Astor et Benbenishty, 2017) a conclu qu’un climat scolaire positif contribuait à une meilleure réussite scolaire. Il diminuait l’influence négative des caractéristiques associées de manière générale à un statut socio-économique faible et celle d’autres facteurs de risque pour la réussite scolaire.
Sur base d’une revue de la littérature de recherche, Wang et Degol (2016) ont conclu qu’un climat scolaire positif entraîne une meilleure réussite scolaire lorsqu’il est caractérisé par :
- Des attentes scolaires élevées
- Des relations enseignant-élève de grande qualité.
Ces constats sur l’intérêt d’un climat scolaire positif posent la question de l’estimation de son estimation.
Wang et Degol (2016) ont affirmé que les études futures devraient conceptualiser le climat scolaire comme un construit multidimensionnel et identifier quelles composantes spécifiques du climat scolaire sont associées aux résultats scolaires des élèves.
L’enjeu de la recherche sur le climat scolaire est par conséquent d’identifier les mécanismes par lesquels des caractéristiques spécifiques à celui-ci sont associées aux résultats des élèves tels que la réussite scolaire.
L’impact de l’engagement des élèves sur leurs résultats scolaires
Différentes études ont suggéré qu’un climat scolaire positif favorise un plus grand engagement des élèves à l’école. D’autres études ont constaté que l’accroissement de l’engagement conduit à un meilleur apprentissage et à une meilleure réussite scolaire.
L’engagement des élèves est susceptible de servir de lien précieux entre le climat scolaire et la réussite des élèves.
L’engagement scolaire tel que nous le constatons est généralement considéré comme possédant également des aspects comportementaux, affectifs et cognitifs.
Les élèves démontrent leur engagement :
- Sur le plan comportemental en allant à l’école et en participant aux activités scolaires,
- Sur le plan affectif par des sentiments de fierté et d’attachement à leur école
- Sur le plan cognitif en s’engageant dans l’étude et l’apprentissage.
Les études sur l’engagement des élèves révèlent souvent qu’une mesure combinée de l’engagement global est un prédicteur plus solide des résultats des élèves que les composantes individuelles (Archambault et coll., 2009).
Un engagement élevé est systématiquement lié aux résultats scolaires tels que les notes de cours et les résultats aux tests de réussite (Fredricks et coll., 2016).
À l’adolescence, les élèves qui se désengagent de l’école sont plus susceptibles de présenter des comportements problématiques tels que la consommation de substances psychoactives et la délinquance, et finalement d’abandonner l’école (Wang et Fredricks, 2014).
Différentes études ont rapporté que la perception qu’ont les élèves du climat de leur école est associée à leur engagement (par exemple, Mehta, Cornell, Fan & Gregory, 2013; Wang & Eccles, 2013).
Dans leur étude portant sur un échantillon d’écoles du secondaire inférieur (collège) urbaines défavorisées, Wang et Eccles (2013) ont observé que plusieurs caractéristiques du climat scolaire étaient liées à un engagement plus élevé. Ils ont notamment souligné la nécessité pour les écoles d’être structurées par des attentes claires en matière de comportement des élèves et de fournir un environnement scolaire émotionnellement favorable et bienveillant.
Difficultés d’évaluation du climat scolaire
Les différentes définitions du climat scolaire sont souvent ambiguës et ne précisent pas comment les différentes composantes sont liées les unes aux autres ou aux bénéfices scolaires attendus.
Elles sont souvent limitées à la perspective d’un seul groupe d’informateurs, comme les élèves ou les enseignants, plutôt que d’intégrer leurs perspectives et de démontrer une validité inter-informateurs.
Le climat scolaire est intrinsèquement un construit organisationnel qui devrait être évalué au niveau de l’école, mais qui est généralement mesuré au niveau individuel à l’aide de mesures validées uniquement au niveau individuel.
Le style de parentage démocratique dans la typologie parentale de Baumrind
Le modèle du climat scolaire démocratique (authoritative) est issu des travaux de Baumrind (1968) sur le parentage démocratique (authoritative), qui continue de guider un ensemble substantiel de recherches sur le développement de l’enfant (Larzelere, Morris, & Harrist, 2013).
Diana Baumrind (1927-2018) est une psychologue clinicienne et développementale américaine qui s’est intéressée à la classification des styles parentaux et a développé une typologie parentale qui porte son nom.
Elle a mis en avant deux éléments de base qui combinés sont susceptibles de contribuer ou non à la réussite de l’éducation des enfants :
- La réactivité par rapport à l’absence de réactivité.
- L’exigence parentale par rapport à l’absence d’exigence parentale.
La réactivité parentale désigne la mesure dans laquelle le parent répond aux besoins de l’enfant en le soutenant et en l’acceptant.
L’exigence parentale fait référence :
- Aux règles que le parent a mises en place pour le comportement de son enfant.
- Aux attentes manifestées par le parent pour que ses enfants se conforment à ces règles
- Au niveau des répercussions lorsque ces règles ne sont pas respectées.
Baumrind a identifié trois styles parentaux initiaux :
- Le style parental démocratique (ou directif)
- Le style parental autoritaire
- Le style parental permissif.
Maccoby et Martin (1983) ont élargi les trois styles parentaux initiaux de Baumrind avec un quatrième, le style parental négligent.
Un style parental démocratique résulte principalement d’une forte réactivité parentale et de fortes exigences parentales. Selon Baumrind, le style parental démocratique est à privilégier. Les parents ne doivent être ni punitifs ni distants. Ils doivent plutôt élaborer des règles pour leurs enfants et être affectueux avec eux.
L’éducation parentale démocratique se caractérise par une approche centrée sur l’enfant qui témoigne envers lui d’attentes élevées en matière de maturité. Les parents démocratiques peuvent comprendre ce que ressentent leurs enfants et leur apprendre à réguler leurs sentiments. Même s’ils ont des attentes élevées en matière de maturité, les parents démocratiques sont généralement indulgents à l’égard de tout défaut éventuel. Ils aident souvent leurs enfants à trouver des moyens appropriés pour résoudre les problèmes.
Les parents démocratiques ne sont généralement pas aussi contrôlants que les parents autoritaires. Ils permettent à l’enfant d’explorer plus librement et de prendre ses propres décisions en se basant sur son propre raisonnement.
Les parents démocratiques établissent des normes claires pour leurs enfants, surveillent les limites qu’ils fixent et permettent également aux enfants de développer leur autonomie. Ils attendent également des enfants un comportement mature, indépendant et adapté à leur âge.
Les punitions en cas de mauvais comportement sont mesurées et cohérentes, et non arbitraires ou violentes. Souvent, les comportements ne sont pas punis. Les conséquences naturelles des actions de l’enfant sont explorées et discutées. Elles permettent à l’enfant de voir que le comportement est inapproprié et ne doit pas être répété. Cette démarche favorise la compréhension de l’enfant plutôt que de l’amener simplement à éviter la répétition du comportement pour éviter les conséquences négatives.
Lorsqu’ils punissent un enfant, ils sont plus susceptibles d’expliquer la raison de la punition. Dans certains cas, cela peut conduire à un comportement plus compréhensif et plus conforme de la part de l’enfant. Un enfant sait pourquoi il est puni parce qu’un parent démocratique fait connaître les raisons. En conséquence, les enfants de parents démocratiques sont plus susceptibles de réussir, d’être appréciés par leur entourage, d’être généreux et capables d’autodétermination.
Le modèle du climat scolaire démocratique et ses caractéristiques
Le modèle de climat scolaire démocratique (Authoritative School Climate Model) a pour enjeux de fournir une base théorique et de recherche à la conceptualisation du climat scolaire. Il présente une approche prometteuse pour identifier les caractéristiques clés du climat scolaire et leur association avec les résultats positifs des élèves.
Il s’inspire du style de parentage démocratique. Les parents démocratiques ont une combinaison d’attentes élevées (également appelées exigences) et de soutien émotionnel (également appelé réactivité) pour leurs enfants.
Les parents sont moins efficaces :
- Lorsqu’ils sont très structurés et exigeants, mais ne fournissent pas de soutien (autoritaires).
- Lorsqu’ils fournissent un soutien émotionnel, mais manquent de structure (permissifs)
- Lorsqu’ils manquent à la fois de structure et de soutien (désengagés ou négligents).
Le modèle du climat scolaire démocratique a été développé pour appliquer les concepts d’attentes élevées et de relations de soutien dans la cadre de l’école.
Nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu’un climat scolaire démocratique corresponde entièrement à une éducation parentale démocratique. Cependant, il existe des parallèles qui aident à orienter la recherche sur le climat scolaire.
Un climat scolaire démocratique est associé à la réussite scolaire dans les écoles secondaires.
Le modèle de climat scolaire démocratique caractérise les climats scolaires positifs comme ceux qui présentent :
- Des attentes élevées en matière de discipline pour leurs élèves qui trouvent leur expression dans les structures et modes de fonctionnement de l’école
- Des relations de soutien entre adultes et élèves caractérisées par :
- Le respect
- La volonté des élèves de demander de l’aide.
Les écoles caractérisées par une structure soutenue et un soutien aux élèves plus marqué présentent des niveaux plus élevés d’engagement des élèves. Ces facteurs sont associés à une meilleure réussite scolaire.
L’engagement des élèves est directement associé aux résultats scolaires et fonctionne comme un facteur d’intervention.
La dimension de la structure dans le modèle de climat scolaire démocratique
La structure est opérationnalisée pour inclure des attentes élevées dans les domaines des apprentissages et du comportement. Les enseignants des écoles qui adoptent un modèle de climat scolaire démocratique manifestent des attentes élevées pour leurs élèves. Les enseignants s’attendent à ce que leurs élèves fournissent des efforts et apprennent efficacement.
Dans les écoles où les attentes en matière de discipline sont élevées :
- Les élèves considèrent que les règles de l’école sont strictes, mais justes.
- Les élèves ont l’impression que les règles sont appliquées de la même manière à tous les élèves.
- Les élèves ont la possibilité de s’expliquer lorsqu’ils sont accusés d’avoir fait quelque chose de mal.
Des études antérieures ont rapporté que les écoles présentant les caractéristiques d’un climat scolaire démocratique ont des taux de suspension plus faibles que les autres écoles (Catizone, Cornell, & Konold, 2018 ; Gregory et al., 2010 ; Huang & Cornell, 2018).
Les taux inférieurs de suspension scolaire dans les écoles où le climat scolaire est démocratique sont particulièrement remarquables, car ils sont indépendants des autres caractéristiques démographiques des élèves et de l’école (Huang & Cornell, 2018).
La dimension du soutien dans le modèle de climat scolaire démocratique
Le soutien se caractérise à la fois :
- Par le respect des adultes envers les élèves.
- Par la volonté des élèves de demander de l’aide.
Le modèle démocratique postule qu’un climat scolaire sain nécessite à la fois des attentes élevées et un environnement favorable.
De multiples études utilisant une variété de mesures soutiennent un modèle démocratique du climat scolaire :
L’examen de 25 études par Johnson (2009) a mené à deux conclusions sur les écoles où la violence est moindre :
- Leurs élèves connaissent les règles de l’école et pensent qu’elles sont justes.
- Leurs élèves ont des relations positives avec leurs enseignants.
Pellerin (2005) a constaté que les écoles secondaires utilisant des pratiques démocratiques avaient moins d’absentéisme et moins de décrochage que les écoles utilisant une approche traditionnelle punitive.
Gill et ses collaborateurs (2004) ont montré que les écoles démocratiques, caractérisées à la fois comme exigeantes et réactives, présentaient des niveaux plus élevés d’engagement des élèves.
Lee (2012) a rapporté qu’un climat scolaire démocratique était associé à un engagement plus élevé des élèves et à de meilleurs résultats en lecture.
Wang et Eccles (2013) n’ont pas explicitement utilisé un cadre conceptuel démocratique. Ils ont toutefois constaté que deux aspects étaient associés à un plus grand engagement comportemental, émotionnel et cognitif :
- Le soutien de la structure de l’école : défini comme la clarté et la cohérence des attentes des enseignants.
- Le soutien émotionnel des enseignants : défini comme le niveau d’attention et de soutien des enseignants.
Deux études ont utilisé l’enquête sur le climat scolaire démocratique. Elles ont révélé que les écoles caractérisées par des attentes élevées à l’égard des élèves et des relations de soutien entre enseignants et élèves présentaient des résultats scolaires plus positifs (Cornell, Shukla et Konold, 2016 ; Jia, Konold et Cornell, 2016).
Perspectives multiples des informateurs sur l’estimation du climat scolaire
Lorsque la mesure est une question de perspective ou de perception, l’utilisation des évaluations de plusieurs informateurs est considérée comme une meilleure pratique. Elle représente un moyen de capturer une variété de points de vue qui pourraient ajouter de la valeur à l’évaluation d’un trait (Bauer et coll., 2013).
Selon Wang & Degol (2016), les évaluations du climat scolaire pourraient s’appuyer sur les perceptions des élèves et des enseignants, mais leurs perceptions de l’environnement scolaire sont susceptibles de différer quelque peu en fonction de leurs rôles :
- Les rapports des enseignants sur le climat scolaire ont été caractérisés comme capturant le contexte dans lequel les élèves se développent.
- Les rapports des élèves sont censés être plus étroitement liés à leurs expériences personnelles de ces contextes.
Ramsey, Spira, Parisi et Rebok (2016) soulignent que les expériences des élèves sont liées à leur école par le biais des attentes établies et appliquées par les enseignants.
Les variations des points de vue des élèves et des enseignants peuvent également être attribuées à l’utilisation de cadres normatifs différents et aux différences d’opportunités d’observer les interactions des élèves avec les autres :
- Les enseignants interagissent avec les élèves principalement en classe.
- Les élèves ont de nombreuses interactions avec leurs pairs en dehors de la classe, dans des situations moins structurées.
Les évaluations obtenues par les élèves et les enseignants sont de solides indicateurs des traits du climat scolaire, dans les écoles secondaires (Konold et Cornell, 2015, Konold et Shukla, 2017).
Idéalement, les études sur le climat scolaire devraient effectuer des analyses à plusieurs niveaux qui tiennent compte à la fois des effets de l’école et des effets individuels.
Mis à jour le 29/11/2023
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