Voici une synthèse sur la technique du microdébat (Parmentier et Vicens, 2020).
(Photographie : William R. Mecca)
Un cadre d’application pour la technique du microdébat
Imaginons qu’en fin de chapitre, nous avons réalisé une évaluation formative sur l’ensemble des contenus. Comment traiter les copies de manière à stimuler un apprentissage génératif et viser à diminuer les écarts entre élèves ?
Une manière d’y arriver en classe est d’adapter la technique du microdébat (Parmentier et Vicens, 2020) pour placer les élèves dans un mode de réflexion délibératif.
Plutôt que de corriger toutes les copies nous-mêmes, l’enjeu est de faire débattre les élèves en petits groupes de trois à cinq élèves. Les groupes sont constitués pour être homogènes d’un groupe à l’autre, mais hétérogènes au sein d’un groupe.
Sélectionner les questions traitées dans le cadre du microdébat
Les élèves ne vont pas échanger sur toutes les questions d’évaluation, mais sur celles présentant au minimum 30 % de réussite jusqu’à 70 % de réussite. Nous devons nous assurer que pour chaque question considérée, il y a possibilité d’obtenir la bonne réponse dans le groupe.
Ces pourcentages sont relativement arbitraires. L’idée est d’isoler les questions qui présentent des difficultés chez de rares élèves et celles qui présentent des difficultés chez de nombreux élèves :
- L’idée est que si peu d’élèves (ce qui équivaut à moins de 30 % des élèves) ont pu répondre à une question un nouvel enseignement et des explications de l’enseignant en groupe classe s’imposent.
- De même si bon nombre d’élèves (ce qui équivaut à plus de 70 % des élèves) ont pu répondre à la question. Les échecs sont plus imputables à un manque de travail ou à un manque de connaissances préalables. Ce sont deux situations difficilement solvables par une activité en groupe. Elles peuvent nécessiter des démarches spécifiques de la part de l’enseignant (par exemple des interventions dans le cadre du niveau 2 de la réponse à l’intervention).
Consignes données aux élèves pour le microdébat
L’enseignant va indiquer aux élèves quelles questions doivent être retravaillées en groupe. Les copies sont remises aux élèves. L’enseignant a indiqué sommairement sur chaque copie les réponses erronées sans préciser la nature et la localisation exacte de l’erreur.
Les élèves du groupe doivent améliorer leurs copies sur les questions concernées à travers des échanges coopératifs. Nous sommes relativement certains que le groupe possède la compétence d’établir la bonne réponse. Nous déterminons la composition des groupes à cette fin.
Dans le mode délibératif, un élève interagit avec les membres de son groupe par le biais de dialogues et d’explications, suivant deux critères :
- Premièrement, les réflexions des membres du groupe sont toutes de nature générative par rapport aux informations présentées dans les énoncés de questions. Un traitement de l’information est nécessaire. Le microdébat n’est pas opportun lorsqu’il s’agit simplement de restituer des connaissances factuelles.
- Deuxièmement, les réflexions échangées entre les membres du groupe sont génératives les unes par rapport aux autres, c’est-à-dire développant les idées d’un autre membre du groupe ou les remettant en question. Les élèves confrontent leurs réflexions ce qui permet à chacun d’avancer, soit en améliorant sa compréhension soit en consolidant ses connaissances.
Les réflexions menées sont de l’ordre de l’apprentissage génératif, car elles permettent de générer des informations qui vont au-delà de l’information présentée dans les documents. Elles sont également de l’ordre de l’apprentissage collaboratif.
Si chaque élève peut déduire de ses propres connaissances, il est susceptible de le faire plus rapidement en empruntant les connaissances déduites par les autres et combiner les deux.
Le concept d’un mode de réflexion délibératif dans le cadre du microdébat
Ce mode de réflexion est dit délibératif. Il a le potentiel d’établir des connaissances supplémentaires qu’aucun des élèves n’aurait pu générer seul, sauf ceux ayant le maximum à l’évaluation. Les élèves profitent d’une nouvelle récupération et d’une consolidation des contenus ou d’une rétroaction avec un nouvel apprentissage à la clé.
Le mode de réflexion délibératif permet à chaque élève d’établir une compréhension encore plus en profondeur dans la cadre d’échanges collaboratifs multiples. Cette manière de procéder permet de rendre un travail de groupe plus efficace.
Nous pouvons dire que l’activité mène à des échanges pertinents entre élèves lorsque :
- L’activité proposée est d’un niveau de complexité qui implique de travailler à plusieurs et elle n’est pas réalisable par un élève seul.
- L’activité ne conduit pas à une répartition des tâches. Chacun est responsable de sa copie, mais chacun s’assure également de sa conformité avec celles des autres, ce qui favorise des interactions constructives.
- Les échanges entre élèves portent essentiellement sur le contenu du cours qui a déjà été enseigné et non sur des questions annexes, organisationnelles ou techniques.
- Les élèves d’un groupe doivent participer activement aux discussions et ne pas juste écouter passivement ce qui se dit. Ils doivent aboutir à des réponses communes en collaborant et en échangeant.
Mis à jour le 26/10/2023
Bibliographie
Jean-François Parmentier et Quentin Vicens, 4 scénarios pour enseigner ou former à distance, Dunod, 2021, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03298999/file/QuatreScenarios.pdf
La psychologie pour les enseignants, 2021, https://www.fun-mooc.fr/en/cours/la-psychologie-pour-les-enseignants/
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