mercredi 21 septembre 2022

Des interventions non verbales ou indirectes pour soutenir le comportement des élèves

Imaginons la situation où les élèves se sont installés, nous avons obtenu leur attention. Nous avons commencé à donner cours. À partir de ce moment-là, l’objectif est de conserver leur attention sans interventions directes et de poursuivre nos explications et interactions tout en soutenant et en conservant leur attention. 

(Photographie : Gus Powell)




Être vu en train d'observer dans un cadre de supervision active


Dans un cadre de vigilance ou plus particulièrement de supervision active, l’enjeu dissuasif est de montrer aux élèves que nous sommes des observateurs attentifs.

Lorsque les élèves savent que leur enseignant les voit et se soucie de savoir s’ils suivent bien les consignes qui leur ont été données, ils deviennent soudain beaucoup plus enclins à la suivre. 

Regarder au fur et à mesure du cours chaque élève individuellement et croiser son regard est une bonne pratique. Un simple hochement de tête dans la direction d’un élève, un geste discret de la main ou une inclinaison de la tête peuvent suffire à signifier : « Je vois ce que tu fais. Tu es bien engagé dans les apprentissages en cours ». 

Ce type de démarche peut également aider les élèves à développer et à acquérir de bonnes habitudes d’attention et à apprendre de leurs pairs, ainsi que de leur enseignant.

Dans le cadre de l’exercice de notre vigilance en classe, nous pouvons optimiser notre envoi de signaux de soutien de ce type vers nos élèves.

Il existe différentes manières de le manifester physiquement :
  • Le pivotement : 
    • Tout en donnant cours, ou en circulant dans la classe, un enseignant regarde délibérément d’un côté de sa classe à l’autre en pivotant sur lui-même. Il confirme visuellement que chaque élève est effectivement engagé dans son travail scolaire.
  • Le basculement : 
    • Il s’agit d’une alternative au pivotement. L’enseignant parcourt la classe dans un sens ou dans un autre comme pour le pivotement. À un moment donné, il revient de quelques degrés dans la direction qu’il vient de balayer du regard comme pour se dire : « Oh, y a-t-il un élève qui m’a échappé ? Non. Tout le monde est prêt et engagé dans le cours. » Cela rend notre balayage visuel un peu moins prévisible, ce qui est généralement une bonne chose.
  • La colonne invisible : 
    • Après avoir donné une instruction, un enseignant bouge légèrement la tête d’un côté puis de l’autre pour élargir son angle de vision et voir certains élèves cachés par d’autres. Il agit comme s’il essayait de regarder autour d’une colonne invisible pour s’assurer que ses élèves font ce qu’ils doivent faire.
  • Sur la pointe des pieds : 
    • Il s’agit d’une alternative à la colonne invisible. Un enseignant se tient un instant sur la pointe des pieds tout en regardant les élèves dans la classe. C’est comme s’il voulait s’assurer que même l’élève qui se trouve dans le coin le plus éloigné de la salle est en train de travailler. De nouveau, nous élargissions notre angle de vision.
  • Le doigt pointé : 
    • Il s’agit d’une variante du basculement où l’enseignant pointe du doigt la direction de son observation comme pour signaler qu’il est prêt à intervenir s’il remarque quelque chose. Cela permet de mettre de l’emphase, et d’indiquer de façon soutenue aux élèves que nous sommes occupés à analyser la situation pour que rien ne nous échappe. C’est plus particulièrement pratique pour les quelques élèves qui seraient moins susceptibles de remarquer que nous sommes vigilants.
  • L’appel : 
    • L’idée est que l’enseignant aille capturer directement l’attention de ses élèves par de brefs messages optimistes. Ceux-ci sont du style, « vous déposez vos crayons et tournez votre attention vers moi, et on y va… » qui montrent également qu’ils sont avec nous. Il s’agit alternativement de déclencher un signe ou un signal pour capturer leur attention.
  • Le quart de tour arrière :
    • Il intervient lorsqu’un enseignant s’abaisse pour s’entretenir avec un élève, regarder sa feuille et répondre à ses questions. L’enseignant continue à rester attentif envers le reste de la classe. Régulièrement, il jette un bref coup d’œil à travers la pièce à gauche et à droit. Il veut s’assurer qu’il voit bien la classe et que tout le monde est engagé dans le travail demandé, tout en poursuivant ses explications.


 

Interventions non verbales


L’enjeu est d’aider nos élèves à se remettre dans le droit chemin en redirigeant les mauvais comportements sans passer par une expression verbale directe.

L’un des objectifs les plus importants de tout enseignant en matière de gestion du comportement est d’utiliser la forme d’intervention la moins invasive possible pour réorienter les élèves hors sujet. Cela permet ensuite aux élèves de rester engagés dans le contenu et de se concentrer sur l’apprentissage en cours.

Les interventions non verbales — gestes, modélisation silencieuse d’un comportement souhaité, expressions faciales, contact visuel, etc. — sont des moyens de réorientation aussi peu invasifs que possible. Ils peuvent avoir lieu et c’est leur gros avantage, sans interrompre le cours de la discussion entre les élèves.

Un des enjeux de l’opération est d’enseigner et d’entrainer les élèves à développer des habitudes d’attention, c’est-à-dire un ensemble de compétences qui les aideront dans toutes les activités intellectuelles qu’ils entreprendront. Le simple rappel non verbal de regarder l’orateur est la première étape de la construction d’une habitude qui leur servira tout au long de leur vie.

L’attention est centrale pour tout ce qui tourne autour de l’apprentissage. Les interventions non verbales permettent aux élèves de maintenir leur attention sur le contenu qu’ils apprennent. L’avantage est qu’ils ne sont pas interrompus par des interventions ou des instructions de l’enseignant destinées à l’un ou l’autre élève non attentif. 



Cinq clés pour une communication non verbale efficace


  • Nous renforçons les attentes que nous avons déjà enseignées : 
    • Les signes non verbaux sont utiles pour renforcer les attentes que nous avons déjà enseignées. 
    • Si nous essayons d’utiliser un non verbal pour enseigner une attente, nous risquons de perturber les élèves. L’enseignement du comportement est un préalable.
  • Nous rediriger le comportement tôt : 
    • Nous utilisons un signal non verbal pour ramener l’attention des élèves sur l’apprentissage dès que nous remarquons qu’ils commencent à être distraits. 
    • Si l’élève rêvasse depuis une minute ou plus, il devient difficile pour lui d’atterrir. Si un élève rêvasse depuis 10 minutes, il lui sera impossible de reprendre le contenu manqué et de comprendre de quoi il est question.
  • Nous utilisons des signaux non verbaux pendant l’enseignement : 
    • Parallèlement, nous poursuivons l’enseignement comme d’habitude, en circulant dans la classe pendant que nous enseignons. 
    • Tous les élèves peuvent rester concentrés sur l’enseignement lorsque nous utilisons des signaux non verbaux pour soutenir les élèves qui en ont besoin.
  • Nous communiquons la solution attendue : 
    • Nous montrons aux élèves exactement ce qu’ils doivent faire pour se réengager dans le contenu, plutôt que de se concentrer sur ce qu’ils doivent arrêter de faire. 
    • Nous faisons des gestes clairs, c’est par exemple :
      • Rappeler à un élève de prendre des notes en faisant semblant d’écrire nous-mêmes de la main).
      • Donner l’exemple lorsque cela est nécessaire, nous levons notre propre main pour rappeler aux élèves de ne pas chuchoter pendant le cours ou ne pas parler à voix trop haute durant un temps de pratique coopérative.
  • Nous modélisons la constance émotionnelle : 
    • Les messages non verbaux peuvent être porteurs d’une valence émotionnelle, qu’elle soit positive, neutre ou négative. 
    • Nous devons faire nos interventions non verbales de manière neutre ou avec une touche de chaleur. 
    • Un geste de remise des mains accompagné d’un sourire communique nos attentes sans se montrer envahissant. Un pouce relevé comme une manière de signifier un renforcement positif après que l’élève obtempère est également bienvenu.



La stratégie de redirection à l'échelle du groupe


L’utilité de rappels verbaux clés


L’enjeu est d’aider nos élèves à se remettre dans le droit chemin grâce à des redirections rapides qui les aident à rester concentrés sur le contenu.

Avant d’être motivés pour apprendre ce qui se trouve devant nous, nous devons y prêter attention.

Des rappels verbaux rapides, précis et instructifs peuvent aider à diriger l’attention de nos élèves vers l’apprentissage qui est sur le point de s’initier. Ces rappels verbaux rapides gagnent à se faire avec une rupture de ton. Le ton et l’attitude peuvent devenir plus calmes. Nous parlons alors de façon plus régulière et nous baissons légèrement le ton de notre voix. Ces changements permettent de maximiser notre intentionnalité et la réceptivité des élèves à nos rappels.



Une redirection positive en groupe


Lorsque les élèves ont besoin d’aide pour se remettre au travail, nous commençons par donner une correction positive de groupe à la classe. 

Une correction positive de groupe efficace :
  • Décrit la solution : nous disons aux élèves ce qu’ils doivent faire (et non ce qu’ils doivent arrêter de faire).
  • Est brève : elle utilise peu de mots.
  • Est plus silencieuse, plus lente et plus grave : nous donnons notre redirection avec un volume, une cadence et un ton différents de ceux de notre enseignement habituel.
  • Intervient tôt : nous faisons notre rappel dès que l’élève commence à perdre son attention. Plus nous redirigeons tôt, plus il sera facile pour l’élève de se recentrer, plus il adoptera au fur et à mesure le réflexe de se rediriger seul dès que son attention vacille. 

La description générale du comportement positif rappelle à tous les élèves de la classe qu’il s’agit d’une attente partagée explicite. Cela peut être une incitation utile pour tous les élèves, au-delà de ceux pour ceux à qui elle était destinée.



La stratégie de redirection individuelle anonyme


Si notre correction positive de groupe n’est pas immédiatement efficace, nous pouvons enchaîner avec une correction individuelle anonyme. 

Une correction individuelle anonyme efficace :
  • Indique clairement que presque toute la classe se conforme à l’attente, mais pas tous, en précisant qu’il manque encore quelques élèves à l’appel (leur nombre limité peut être donné), sans les identifier ni les cibler personnellement.
  • Est brève : elle utilise peu de mots
  • Est plus calme, plus lente et plus basse : tout comme la correction positive de groupe, un léger changement de voix envoie un signal aux élèves pour qu’ils se concentrent à nouveau sur leur apprentissage.
  • Privilégie un vocabulaire inclusif : « nous attendons que » doit être privilégié à « j’attends que ». Ce mode de communication rappelle subtilement à la classe que chaque élève est un élément essentiel d’une communauté d’apprentissage en coopération. Ce n’est donc pas le « je » de l’enseignant qui attend que vous soyez prêt à apprendre. C’est plutôt la communauté, le « nous », qui a besoin de que l’élève concerné les rejoigne pour que nous puissions tous avancer ensemble.

Si nous craignons que l’élève qui a besoin de se recentrer ne réponde pas, nous pouvons ajouter une esquisse de contact visuel ou un sourire chaleureux pour le soutenir. Cet indice privé peut améliorer notre relation avec l’élève, car il indique notre effort pour que la réorientation reste aussi privée (et positive) que possible.

Lorsque tous les élèves sont alors en phase et respectent la consigne, nous pouvons brièvement les remercier en guide de renforcement positif. Nous communiquons par là notre respect pour nos élèves et leur signalons que toute la classe est prête à apprendre.

Ces pratiques sont utiles pour les élèves qui ont vraiment besoin de notre soutien pour diriger leur attention vers le contenu. Ce serait une mauvaise application de la technique que d’utiliser ces rappels à la recherche d’une homogénéité ou d’une précision dans le comportement des élèves sans que cela puisse augmenter réellement leur apprentissage. Avant de faire un rappel, il est utile de nous demander s’il est vraiment nécessaire de soutenir l’élève dans son apprentissage. Si c’est le cas, la technique est recommandée.


Mis à jour le 22/09/2023

Bibliographie


https://tlaconline.com/trainings/planning-delivering-directions

https://tlaconline.com/techniques/radar

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