Pour bien gérer le comportement perturbateur en école, nous avons besoin de le définir, de déterminer et partager des stratégies, de mettre en place des procédures et de piloter la mise en œuvre à l’échelle de l’école.
(Photographie : I-Hsuen Chen)
Objectifs de la création d’un système lié aux interventions
La réalisation de ce système dédié au suivi des perturbations implique de :
- Identifier, définir et partager les stratégies pour répondre aux comportements mineurs gérés directement par le personnel.
- Définir et délimiter ce qui constitue un comportement majeur ou un comportement mineur persistant qui doivent être gérés par les personnes responsables de la discipline.
- Développer des outils de collecte de données sur les comportements perturbateurs.
Utilité d’une classification des comportements inappropriés
Les écoles gagnent à disposer d’un système permettant à leur personnel de réagir de manière efficace, cohérente et efficiente à toute une série de comportements inappropriés.
Les comportements visés sont :
- Des comportements ponctuels relativement mineurs comme le fait de bavarder, de ne pas respecter les consignes ou d’arriver en retard.
- De ces mêmes comportements mineurs devenus chroniques.
- De problèmes plus graves ou majeurs comme le vandalisme, l’agression physique ou verbale.
Nous devons premièrement réfléchir à une distinction claire et sans équivoque entre deux types de comportements problématiques :
- D’un côté, nous avons les comportements qui doivent être gérés par le personnel dans le contexte de la classe ou en dehors de la classe.
- De l’autre côté, nous avons les comportements qui sont suffisamment graves pour justifier une exclusion de la classe et ceux qui peuvent.
Chaque membre du personnel doit être parfaitement au clair à propos des comportements qui doivent être
gérés par lui et ceux qui doivent faire l’objet d’un suivi par les membres du personnel responsables de la discipline.
De même, le personnel doit savoir clairement dans quelles situations il convient de demander de l’aide au personnel concerné, lorsque les stratégies habituelles de gestion des comportements qu’il emploie ne fonctionnent pas.
Pour un enseignant, si le comportement d’un élève se révèle inapproprié, persiste ou s’intensifie, il est important de savoir quand tirer la sonnette d’alarme. Il doit être clair pour lui quand se retirer de la situation, exclure l’élève de la classe et s’assurer qu’il sera pris en charge par le personnel approprié. Nous devons veiller à ce que le comportement inapproprié ne persiste pas en classe dépasse ou qu’un comportement perturbateur mineur gérable en classe mène à une exclusion. Nous voulons maximiser un temps d’engagement producteur pour chaque élève en classe.
L’exclusion se fonde sur le principe que le personnel a mis en œuvre tout ce qu’il pouvait pour corriger le problème. Malheureusement, le comportement problématique ne répond pas à l’intervention de l’enseignant et l’élève ne se confirme pas à attente correspondante.
Tout cela n’implique pas un système rigide, car ce qui est visé est la cohérence entre membres du personnel. À côté de cela, il est également important que chaque enseignant connaisse suffisamment bien ses élèves pour anticiper certains antécédents auprès d’élèves plus susceptibles de partir en vrille. Comme tout système, celui que nous voulons mettre en place va continuer à profiter du tact et de l’expertise des enseignants concernés.
Pour les perturbations gérées par les personnes responsables de la discipline, le comportement majeur ou chronique, concerne la sécurité ou l’engagement de l’élève et des autres. Il peut s’agir également d’un comportement potentiellement illégal.
L’action du personnel en responsable de la discipline se traduit généralement par des mesures prises qui peuvent inclure diverses conséquences correctives.
Parmi celles-ci, nous trouvons :
- Un enseignement plus intensif des attentes comportementales
- Des activités formatives ou réparatrices
- L’apprentissage de stratégies pour aider l’élève à gérer de futures situations
- Un contrat de comportement
- Un contact téléphonique ou une rencontre avec les parents.
- Des sanctions et conséquences plus traditionnelles.
Dans ce sens, nous avons quelques questions à nous poser :
- Quels sont les systèmes actuellement en place dans notre école pour répondre à toute la panoplie de problèmes de comportement ?
- Quelles sont les incohérences que nous remarquons dans notre système actuel ?
- Comment la clarification d’un système à l’échelle de l’école pour décourager les comportements inappropriés pourrait-elle aider notre personnel et nos élèves ?
Établir un consensus sur les comportements perturbateurs nécessitant de passer la main
L’une des questions les plus déroutantes et souvent frustrantes en matière de discipline scolaire est de savoir à quel moment il est utile de passer la main aux personnes responsables de la gestion de la discipline.
Il n’y a pas toujours de consensus parmi les membres du personnel et de la direction sur ce qui constitue un motif d’exclusion de classe et sur ce qui n’y correspond pas. Le consensus n’est pas toujours non plus établi sur la nature et le contenu du suivi qui doit être assuré pendant et après.
Certains enseignants peuvent exclure des élèves de leur classe pour un large éventail de mauvais comportements, parfois mineurs avec comme conséquence un risque de désengagement des élèves concernés. D’autres vont conserver en classe des élèves dont les écarts de comportement justifieraient pleinement l’exclusion et de graves conséquences pour le climat de classe. Par conséquent, pour un nouvel enseignant qui arrive dans l’établissement, il peut être compliqué de savoir où mettre le curseur.
L’objectif de l’école est de faire en sorte que le personnel démontre une large cohérence et une plus forte uniformité des pratiques dans le respect de ses attentes. Dès lors, chaque membre du personnel doit avoir acquis la compétence de déterminer quels sont les comportements typiquement gérés en autonomie et ceux qui nécessitent de passer la main.
Les comportements perturbateurs majeurs sont pour l’essentiel aisés à déterminer. Ils nécessitent un envoi vers le personnel responsable de la discipline. Il s’agit généralement de comportements potentiellement illégaux, de perturbations graves de l’apprentissage ou de comportements dangereux pour l’élève concerné ou les autres.
Ces comportements sont généralement liés à la possession d’objets prohibés, aux bagarres, aux agressions et situations de harcèlement explicites, à la possession visible de substances illicites, au vandalisme et au langage injurieux pris sur le fait.
D’autres situations sont plus ambigües, lorsqu’il y a doute ou suspicion de l’enseignant, mais pas de preuves formelles ou lorsque certains faits sont de nature plus implicite. Il s’agit également du fait de quitter l’école sans autorisation, de sécher un cours ou de comportements chroniques ne répondant pas à l’intervention du personnel. Ces différents éléments doivent être clarifiés avec une certaine souplesse et peuvent profiter d’une communication renforcée entre les membres du personnel. Toutefois, les limites et le cadre doivent être clairement définis pour ces situations également.
Une fois que nous nous sommes mis d’accord sur ces comportements pour votre école, des définitions écrites doivent être élaborées pour chacun d’entre eux. L’enjeu de ces définitions est de garantir une bonne compréhension par l’ensemble du personnel et une cohérence dans leur mobilisation en situation concrète.
Élaborer un rapport d’incident
Une fois que nous avons clairement défini les comportements qui doivent être gérés par l’équipe responsable de la discipline, nous devons réfléchir au rapport d’incident qui va servir d’outil de suivi et de communication.
Les rapports d’incident fournissent un compte rendu des perturbations liées au comportement. Ils permettent de déterminer le nombre et les types de comportements inappropriés qui ont lieu, l’heure des incidents, le lieu où ils se produisent, la motivation suspectée du comportement et les élèves qui sont impliqués.
Les rapports d’incident nous permettent également de calculer le temps pendant lequel les élèves sont hors de de la classe. Une moyenne par jour et par mois pour les rapports d’incident peut indiquer des tendances tout au long de l’année et d’une année à l’autre. Ils peuvent fournir d’excellentes informations pour piloter et guider nos efforts en matière de discipline.
Les rapports d’incident doivent inclure des informations administratives telles que :
- Le nom de l’élève
- Le nom du membre du personnel concerné
- La date et l’heure de l’incident
- Le lieu de l’incident
- Le comportement inapproprié qui est à l’origine du rapport
- Les noms des autres personnes impliquées
- La motivation suspectée
- La décision administrative
Le rapport d’incident doit inclure certaines informations importantes qui nous permettront de répondre aux questions clés telles que :
- Qui est impliqué dans l’évènement décrit ?
- Que s’est-il passé exactement ?
- Où et quand cela s’est-il produit ?
- Combien de fois ce comportement s’est-il (déjà) produit ?
- Quels sont les antécédents et la fonction suspectée de ce comportement ?
Avec l’équipe SCP, il convient d’examiner le contenu du rapport d’incident émis dans l’école :
- Comprend-il les éléments essentiels ?
- Y a-t-il des manques ou des éléments à améliorer ?
- Comment doit-il être révisé ?
- Qui sera chargé de procéder à la révision ?
Former le personnel au système lié aux interventions
Dans un premier temps, les comportements gérés par le personnel responsable de la discipline sont définis. Le rapport d’incident est alors aligné sur ces définitions et il comprend les éléments essentiels. Nous devons nous assurer que le rapport d’incident est facile à remplir et sans ambiguïté.
Une fois le rapport d’incident finalisé, nous pouvons former le personnel à utiliser le système de manière cohérente.
Il s’agira notamment de bien faire comprendre :
- L’importance et le rôle du rapport d’incident.
- La responsabilité du personnel dans le renvoi
- Ce à quoi s’attendre pendant et après le renvoi
- Le suivi que le personnel est susceptible de devoir assurer.
Nous parlons des procédures de résolution du problème, de l’établissement d’éventuelles conséquences, de la saisie des données ou de contact avec le membre du personnel ayant déclenché le renvoi.
Les rôles possibles du personnel lors de la signalisation d’un élève sont les suivants :
- Travailler de manière cohérente pour traiter les comportements gérés par le personnel et diriger les élèves de manière appropriée, selon les définitions des comportements concernés.
- Dans le cas d’une exclusion d’un cours, s’assurer que l’élève est accompagné et appeler à l’aide si nécessaire.
- Communiquer aux personnes responsables de la discipline que l’élève leur a été envoyé.
- Remplir minutieusement le rapport d’incident et être prêt à rencontrer ceux qui vont traiter l’information pour donner des informations complémentaires et définir les conséquences et stratégies mises en œuvre.
- Être prêt à rencontrer les personnes responsables pour discuter des conséquences, du travail de rattrapage éventuellement à donner, d’interventions supplémentaires, etc.
- Accepter le retour de l’élève en classe lorsque la personne responsable juge qu’il est prêt et assurer une transition en douceur.
S’assurer de la disponibilité et des compétences du personnel responsable de la discipline
Il est utile de réfléchir soigneusement à ce qui constitue un renvoi approprié des élèves vers les personnes responsables de la discipline et de préparer un rapport d’incident fonctionnel.
Toutefois, la mise en œuvre d’un tel système aussi bien pensé qu’il l’a été n’est pas obligatoirement un succès. Une condition fondamentale est que si le personnel en charge de la discipline peut assurer le suivi et le traitement des situations de manière impeccable.
Tout cela suppose que le personnel responsable de la discipline soit suffisamment disponible et compétent pour gérer les différents types de situations rencontrés.
La ou les personnes responsables de la discipline doivent :
- Accueillir adéquatement l’élève concerné
- Examiner le problème soumis
- Enseigner ou rappeler à l’élève les comportements acceptables pour gérer la situation à l’avenir
- Établir les conséquences
- Aider l’élève à se préparer à un retour réussi à ses activités scolaires.
Pour planifier de manière adéquate la façon de traiter les problèmes plus graves, un système de fonctionnement clair doit être mis en place. Un arbre décisionnel doit être établi et être partagé avec le personnel. Le système doit inclure une planification complète, la pratique de stratégies, la résolution de problèmes et la communication entre les parties prenantes. Il détaille également la manière dont les intervenants extérieurs sont susceptibles d’être contactés et d’intervenir au sein du système scolaire lorsque cela s’impose.
Mis à jour le 20/08/2023
Bibliographie
Missouri Schoolwide Positive Behavior Support, Tier 1, Team Workbook, 2018–2019
0 comments:
Enregistrer un commentaire