Dans le cadre d’une gestion axée sur les résultats, les écoles sont amenées à s’engager dans des actions définies dans le cadre d’un pilotage de l’amélioration. Voici une réflexion sur la question librement inspirée par un article de Greg Ashman (2021).
(Photographie : Simon Nunn)
Le double piège de l’oubli et de l’innovation dans les écoles
Le milieu éducatif est agité par des modes et des tendances fluctuantes. Il peine à tirer les leçons à long terme de ses erreurs passées. Cela a pour conséquence de rendre les processus d’amélioration toujours incertains dans une perspective à long terme.
Nombre d’approches proposées aux écoles et à leurs enseignants ne sont pas fondées sur des recherches solides et proposent des changements de posture parfois radicaux. Dès lors, après quelques mois ou années, leur inefficacité transparait, les enseignants et les écoles se lassent et passent à d’autres pistes qui sont parfois toutes aussi vaines.
Quelques années plus tard, les mêmes innovations reviennent avec un vocabulaire et un habillage différents. L’oubli a fait son œuvre et elles passent comme nouvelle et modernes. Malheureusement, ce qui n’a pas fonctionné la première fois ne fonctionnera pas mieux. La boucle est bouclée, le processus peut se répéter dans une école qui n’apprend plus de ses erreurs, mais les oublie avant de les répéter.
Le sentiment d’impuissance acquise chez les enseignants
Le problème est que cela développe chez nombre d’enseignants, un sentiment d’impuissance acquise. Il est tentant de conclure par défaut que les initiatives éducatives sont déconnectées du réel et baignent dans l’utopie. Les enseignants en arrivent à penser que, quelle que soit l’initiative mise en avant, elle se heurtera à la réalité et échouera invariablement, toute amélioration ne pouvant être qu’anecdotique ou factice.
Tout cela pourrait mener à la conclusion que l’amélioration est une illusion, que l’enseignement est un artisanat et que chaque équipe éducative invente ses solutions locales.
La difficulté du changement dans un milieu normatif et routinier
Dans un milieu tel que l’enseignement où l’essentiel fonctionne selon des normes et des routines, le processus de changement doit être itératif. L’amélioration se pilote grâce à une politique de récolte de données, d’évaluation et d’ajustements progressifs. Chaque nouvelle étape fait le bilan de toutes les étapes précédentes.
L’une des raisons de renoncer autant que possible à des changements drastiques est d’éviter d’être réduit à devoir s’appuyer sur l’improvisation ou à réinventer la roue. Il n’y a pas de recette miracle à appliquer pas plus qu’il y a de hasard heureux dans des milieux complexes comme les établissements scolaires.
Remplacer une approche imparfaite par une autre approche bancale n’est pas la meilleure manière de procéder. Il faut avant tout également préserver ce qui fonctionne, le diffuser et traquer ce qui représente une charge de travail élevé pour l’enseignant avec un impact faible sur les élèves. Chaque changement doit être introduit prudemment, être fondé sur des données probantes, récolter l’adhésion de ceux qui vont le mettre en œuvre et s’inscrire dans le temps long pour devenir durable tout en gardant son intégrité.
Des pistes qui s’imposent par leur évidence en école
Nous pouvons améliorer l’éducation, à la fois par des mesures objectives, mais également en travaillant au niveau de la culture. Trois pistes évidentes sont celles de :
- L’adoption d’une politique de comportement à l’échelle de l’école pour agir sur le climat scolaire, comme le soutien au comportement positif.
- L’accent mis sur les pratiques efficaces comme l’enseignement explicite
- La mise en œuvre des principes d’une évaluation soutien d’apprentissage
L’enseignement explicite est hautement interactif et les principes de l’évaluation formative devraient guider cette interactivité. L’idée de base de l’évaluation formative est de vérifier ce que les élèves ont appris à différentes échelles de temps et d’y répondre en adaptant les étapes suivantes. L’évaluation formative recoupe l’enseignement explicite.
Nous pouvons mettre en œuvre une pédagogie de maîtrise des connaissances et à travers elles atteindre des compétences d’esprit critique ou de résolution de problèmes.
Deux autres dimensions utiles et complémentaires à celles qui précèdent sont :
- L’accompagnement et le soutien des nouveaux enseignants pour les aider à devenir pleinement efficaces et opérationnels dans le contexte de leur établissement.
- Un enseignement explicite de l’apprentissage autonome délivré aux élèves qui soutient leur motivation et les aide à acquérir des stratégies cognitives et métacognitives.
Comment nous enseignons, comment nous soutenons l’apprentissage scolaire, comment nous évaluons et comment nous créons des environnements d’apprentissage dans lesquels nous enseignons sont des constantes. Nous devons prêter une attention à tous ces éléments et aux politiques d’amélioration, en nous fondant sur le développement de l’expertise des équipes éducatives.
Mis à jour le 22/07/2023
Bibliographie
Greg Ashman, The knowledge-rich curriculum fad, 2021, https://fillingthepail.substack.com/p/the-knowledge-rich-curriculum-fad
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