samedi 14 mai 2022

Maintenir l’engagement du personnel enseignant durant la phase de conception du soutien au comportement positif en école

Faire participer l’ensemble du personnel à la mise en œuvre et à la conception du soutien au comportement positif (SCP) peut renforcer l’appropriation. 

(Photographie : Uturinn Takayuki)





Faire participer pour construire l’adhésion


Nous pourrions penser qu’il est efficient pour l’équipe SCP de préparer la mise en œuvre à l’écart puis de partager le résultat avec le personnel. L’impasse de cette approche est que peu importe la qualité du projet, il ne sera pas susceptible de recueillir le soutien nécessaire à une utilisation généralisée et soutenue.

Nous savons que même si la visée est systémique, le changement se produit avant tout à l’échelle individuelle. Tout le personnel doit mettre en œuvre avec enthousiasme les changements que nous recherchons dans nos nouvelles approches de la discipline. 

Un processus qui engage pleinement le personnel dans le travail de développement du soutien au comportement positif créera un sentiment de responsabilité pour une contribution significative et augmentera la probabilité d’une mise en œuvre complète.

Nous devons placer la planification et les décisions aussi près que possible de ceux qui utiliseront concrètement ces informations. La dispersion du travail élargit également la source des contributions. Cela permet de générer de nombreuses idées ou solutions créatives qui auraient pu être manquées autrement. Faire participer le personnel est un investissement en temps judicieux et bénéfique. 



Impliquer dans des groupes de travail


Un processus général de groupes de travail 


Œuvrer et distribuer le travail et les contributions selon un processus général de groupes de travail est susceptible d’augmenter à la fois la productivité et la satisfaction du personnel impliqué. Parallèlement, cette organisation permet de respecter un minimum de contraintes de temps (Garmston & Wellman, 2009). 

Dans cette approche, l’équipe SCP conserve la responsabilité générale en ce qui concerne le leadership et de la supervision. L’équipe SCP assure la planification, l’organisation des tâches, la direction des activités de développement, la récolte et le traitement des commentaires des différentes parties prenantes, la collecte et l’analyse des données liées au comportement, etc. 

À ce stade, il faut que l’équipe SCP soit prête à entamer les tâches de développement qui nécessiteront l’utilisation et la mise en œuvre par tout le personnel. Des groupes de travail ad hoc sont formés et suscités pour réaliser des projets définis. Les projets définis sont ensuite examinés par l’ensemble du personnel, des suggestions de révisions sont faites et, lorsqu’un consensus est atteint, les projets définis sont prêts à être mis en œuvre. 

Les aspects clés de ce processus sont : 
  1. La formation sous forme volontaire de petits groupes de travail, autour d’une production définie et d’une échéance, qui œuvrent dans un premier temps à l’élaboration d’une proposition pour le projet
  2. Un temps suffisant (quelques jours) est réservé pour permettre à l’ensemble du personnel concerné de consulter, de visualiser le projet et de se positionner avant une réunion.
  3. L’organisation de temps de rencontres formels ou informels pour la discussion sur le projet, sa mise à jour et ses révisions éventuelles.
  4. L’utilisation de la prise de décision par consensus pour finaliser le projet. 

Lorsqu’il est géré avec soin, le processus de mise en commun, de finalisation et de consensus pour un projet défini peut être limité à 20 minutes lors de réunions du personnel préplanifiées. 

Avec ce processus de groupe de travail, nous pouvons nous attendre et tabler sur le fait que tous les membres du personnel feront partie d’un groupe de travail à un moment donné. Cela peut avoir lieu dans un temps réservé lors d’une journée pédagogique ou dans le cadre du travail collaboratif. Cela permet de garantir la nature véritablement collaborative du soutien au comportement positif. 



Des petits groupes de travail spécifiques et éphémères


À côté du processus général des groupes de travail, nous pouvons constituer également des petits groupes de travail sur des sujets plus spécifiques et selon une base volontaire. Ils peuvent porter par exemple sur un thème en rapport avec l’apprentissage socioémotionnel, ou sur des sujets comme l’usage du téléphone, le harcèlement ou la tenue vestimentaire.

Cette flexibilité, cette préférence ou ce choix permet de faire coïncider l’intérêt personnel avec le travail à accomplir et favorise une participation enthousiaste. 

Ces groupes de travail sont généralement réduits, de 3 à 5 personnes :
  • Suffisamment grands pour accomplir le travail
  • Assez petits pour travailler efficacement et trouver des temps de réunions communs.

La condition est qu’un membre de l’équipe SCP doit faire partie de chaque groupe de travail spécifique pour aider à guider la planification et suivre les progrès. Le groupe planifiera son temps pour effectuer le travail préliminaire, déterminera ses temps de rencontre, etc.

Il est important que les membres de ces groupes éphémères s’investissent avec sérieux dans le travail. Ils doivent également être préparés à des révisions probables de leur projet, pour donner suite au retour vers le personnel, dans le but de l’établissement d’un consensus. 

Si leur travail est susceptible de susciter la controverse, ils peuvent souhaiter rencontrer différents membres représentatifs du personnel de manière informelle pour obtenir leur avis ou partager des idées avant de terminer leur projet. 

Les groupes de travail sont des groupes ad hoc éphémères qui se dissolvent lorsque leur tâche est accomplie. 

Ils peuvent être reconstitués à l’avenir si un examen ou une révision s’avère nécessaire et qu’ils le souhaitent. 



Consulter et prendre en compte le retour du personnel


La révision par l’ensemble du personnel


Trop souvent, un document à réviser est fourni sur le vif au personnel lors d’une réunion générale. C’est contre-productif, car le temps de le consulter est réduit. De plus, l’absence d’un temps de réflexion peut mener à des réactions plus vives et instinctives. 

Nous avons comme priorité l’efficacité et le rendement lors d’une réunion planifiée. Pour garantir un examen approfondi et réfléchi, il est utile de donner au personnel un délai d’au moins deux jours pour examiner et prendre en compte le projet qui sera discuté. 

Pour faciliter le processus, nous devons :
  • Leur demander de noter les éléments qui leur plaisent ainsi que toute suggestion et de les apporter à la réunion. 
  • Leur indiquer également à qui ils peuvent s’adresser pour partager leurs idées ou obtenir des précisions.



Discussion et révision par le personnel. 


Avec le préexamen approfondi décrit ci-dessus, pas plus de 20 minutes devraient être nécessaires pour une discussion ciblée et la prise en considération de révisions. 

Lors de la réunion, un animateur du groupe de travail présente son travail et toute justification de ce qui a été fait. 

Il invite ensuite les participants à formuler des commentaires sur les aspects positifs du projet, ainsi que sur les préoccupations ou les changements nécessaires. 

Si des changements mineurs sont acceptés, ils peuvent être effectués immédiatement. 

Lorsque l’animateur sent que le dialogue est terminé ou que les gens répètent les autres, il demande un consensus. Les processus de consensus ont été présentés dans un précédent article. 

Si le temps est écoulé et que le dialogue n’est pas terminé ou s’il n’y a pas de soutien, il faut reporter la discussion. Nous demandons à ceux qui ne sont pas d’accord de se joindre au groupe de travail pour préparer une deuxième version. Nous prévoyons alors une autre réunion lors d’une prochaine réunion du personnel. 

Si, après plusieurs discussions, il n’est pas possible de parvenir à un consensus, la direction de l’école devra peut-être déterminer s’il existe un consensus approximatif. 

Avec ce type de processus de groupe de travail, le personnel interagit de manière significative avec les nouvelles approches et commence à dépendre les uns des autres pour accomplir le travail de conception. Une véritable collaboration existe, et la probabilité de mise en œuvre est assurée. 



Consulter les élèves et les familles


Il y a souvent un décalage entre les expériences de vie, la culture des familles et l’éducation parentale de nos élèves, et les conceptions personnelles des membres de l’équipe éducative.

Lorsque nous commençons à mettre en place le SCP en école, nous devons prendre le temps de réfléchir à la manière d’embrasser la diversité culturelle de notre communauté scolaire dans son ensemble. 

Nous devons passer du temps à nous renseigner sur la diversité de notre communauté scolaire. Nous réfléchissons aux moyens de faire en sorte que nos élèves et leurs familles aient leur mot à dire dans notre travail, le comprennent, l’acceptent et s’y retrouvent. 

Cela peut inclure des enquêtes, des réunions avec des représentants de parents, des retours spontanés, des échanges à l’occasion de présentation sur des sujets thématiques ou des rencontres entre enseignants et parents, etc.

L’inclusion d’une représentation des élèves et des familles dans le processus de mise en œuvre du SCP est idéale, mais peut ne pas être possible ou difficile à réaliser. Cependant, leurs points de vue gagnent à être sollicités de manière continue pour informer chaque étape de notre travail.

Nous visons à développer les compétences sociales des élèves qui les aideront à réussir à l’école et dans la société. Nos meilleurs efforts seront déployés lorsque nous serons sensibles à ces différences et que nous enseignerons et interagirons avec nos jeunes et nos familles de manière respectueuse et inclusive.



Sensibiliser et former le nouveau personnel

   
Le soutien au comportement positif est un processus systémique et de grande ampleur pour une école. Il est également important que l’équipe SCP documente et planifie des supports d’apprentissage professionnel pour aider tous les nouveaux membres du personnel à acquérir les compétences nécessaires à sa mise en œuvre.

Un atelier unique de présentation en début d’année ne sera pas suffisant. Une collaboration avec l’équipe de référents chargée de l’intégration et de l’accueil des nouveaux collègues semble par conséquent essentielle. 

Pour planifier un apprentissage professionnel tout au long de l’année pour tous les membres du personnel, nous devons répondre aux questions suivantes : 
  • De quelles informations et pratiques supplémentaires un nouvel enseignant aurait-il besoin pour commencer à enseigner en maîtrisant toutes les composantes essentielles du SCP propres à l’école ? 
  • De quelle formation continue et de quel soutien les nouveaux membres du personnel ont-ils besoin ? De quelle manière ce dispositif pourrait-il également servir aux enseignants qui en ressentent le besoin ?
  • Le nouveau personnel a-t-il besoin d’un accompagnement spécifique par un mentor qui sait enseigner et reconnaître les comportements attendus et décourager les mauvais comportements ? 
  • Comment s’adapter au personnel qui se joint en milieu d’année ?

Mis à jour le 21/07/2023

Bibliographie


Missouri Schoolwide Positive Behavior Support, Tier 1, Team Workbook, 2018–2019

Garmston, R. J & Wellman, B. M. (2009). The adaptive school: A sourcebook for developing collaborative groups. Norwood, MA: Christopher-Gordon Publishers, Inc.

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