(Photographie : Chiara Balza)
Selon leur modèle, une connaissance est signifiante à partir du moment où elle contribue à la réalisation de certains types de tâches. Il existe une interaction forte entre certaines tâches et certaines connaissances.
Toutes les connaissances n’ont pas le même statut. Elles peuvent être :
- Épisodiques ou sémantiques
- Implicite ou explicites.
Manuel Musial et André Tricot (2020) construisent leur modèle sur deux autres distinctions caractéristiques
Connaissances déclaratives ou procédurales
Une première catégorisation est la distinction nette entre connaissances déclaratives et connaissances procédurales :
- Une connaissance déclarative permet la réalisation de tâches qui s’attachent à la mise en relation des éléments de l’environnement.
- C’est par exemple, comprendre un texte, une figure géométrique, expliquer une situation ou justifier un résultat d’expérience.
- Une connaissance procédurale permet la réalisation de tâches qui concernent la réalisation d’une séquence d’actions physiques ou d’opérations mentales :
- C’est par exemple, réaliser un geste technique dans un sport, résoudre une équation du second degré, réparer un pneu crevé, conjuguer un verbe.
La plupart des connaissances possèdent une dimension déclarative et une dimension procédurale. Nous pouvons expliciter le raisonnement et décrire les actions dans lesquelles nous nous engageons de manière déclarative. Nous pouvons effectuer la démarche procédurale également selon un processus automatique.
Chaque fois les tâches concernées peuvent impliquer :
- La mise en relation d’éléments de l’environnement.
- La réalisation d’une séquence d’actions ou d’opérations.
Connaissances générales ou particulières
Une seconde catégorisation est la distinction entre :
- Les connaissances générales, mobilisables pour réaliser de nombreuses tâches différentes.
- Les connaissances particulières, mobilisables pour réaliser une tâche spécifique.
Le modèle des six formats de connaissance
Cette double catégorisation aboutit à ce modèle des six formats de connaissance présenté par Manuel Musial et André Tricot (2020) :
Selon la tâche que nous allons réaliser avec une connaissance, cette dernière peut revêtir un format différent.
Manuel Musial et André Tricot (2020) n’établissent pas de hiérarchie et ils considèrent que certaines connaissances n’existent pas selon certains formats.
Un même savoir scolaire peut correspondre à différents formats de connaissances chez les individus. Un élève peut avoir conceptualisé le théorème de Pythagore ou savoir le mettre en œuvre. Il s’agit bien de connaissances différentes, qui vont être utilisées de façons différentes, avec une validité différente.
Un concept
Le concept est une connaissance déclarative générale. C’est par exemple une loi, une règle, un principe ou un théorème.
Un concept est relié à d’autres concepts dont il dépend :
- Par exemple, le concept d’équilibre en mécanique est relié aux concepts de force, de mouvement et de repère.
- Un élève n’aura pas véritablement compris le concept d’équilibre tant qu’il n’aura pas compris ces trois concepts ainsi que leurs interrelations.
Lorsque la connaissance est un concept, les tâches réalisables sont de nature peu différente entre elles et relèvent principalement de la compréhension. Nous appliquons la loi, la règle ou le principe de manière basique.
Cette compréhension peut concerner un ensemble très grand de situations des plus abstraites et générales aux plus concrètes et particulières.
Par exemple, le concept de fiabilité permet de réaliser des tâches de compréhension, d’évaluation, de diagnostic, dans des domaines extrêmement divers et vastes. Par exemple, le concept d’équilibre en chimie permet d’être appliqué à un grand nombre de réactions différentes.
Une connaissance spécifique
Une connaissance spécifique est une connaissance déclarative particulière. C’est un fait, un élément, une situation, un état ponctuel du monde, etc.
À la différence du concept, une telle connaissance peut exister sans véritable lien avec d’autres connaissances spécifiques.
Cette connaissance est parfois désignée par les termes de modèle de situation ou de représentation mentale. Par exemple, un élève peut savoir que g = 9,81 m/s ou que pi = 3,14… sans relier cette connaissance à d’autres.
Lorsque la connaissance est spécifique, les tâches relèvent de la compréhension de situations analogues avec la situation présentée.
Par exemple, si un élève a appris que g = 9,81 m/s et si la constante g apparaît dans une autre situation ou un problème, il peut mobiliser cette équivalence.
Une trace littérale
Une trace littérale est une connaissance déclarative qui correspond exactement, littéralement, à la connaissance apprise et y est réduite.
C’est en quelque sorte la formalisation de la connaissance, par opposition à son contenu. Elle ne permet pas de comprendre ni d’agir dans une situation.
Une trace littérale se situe au niveau de la forme, tandis que la connaissance spécifique se situe au niveau du fond.
Lorsque la connaissance est une trace littérale, elles relèvent également de la reconnaissance. Ce sont des informations qui dans un premier temps sont retenues par cœur. Le fait de les reconnaître dans une situation particulière va permettre de leur faire acquérir du sens et de les faire apparaître comme pertinentes.
Par exemple, une trace littérale est que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a été déclenchée le 24 février 2022.
Une méthode
Une méthode est une procédure générale, c’est-à-dire une suite d’actions physiques ou d’opérations mentales. Elle a une validité et est transférable dans des contextes différents d’un domaine de connaissances.
Ces méthodes peuvent avoir comme objectif :
- La compréhension d’un système ou d’une situation
- L’action sur ce système ou cette situation qui peut consister à agir directement, mais aussi diagnostiquer, évaluer, préparer une intervention, etc.
Les méthodes possèdent une dimension de stratégie métacognitive. Ce sont des connaissances qui permettent d’organiser l’activité de l’individu. Elles peuvent être surveillées et contrôlées.
Lorsque la connaissance est une méthode, les tâches sont disponibles en très grand nombre.
Un savoir-faire
Un savoir-faire est une procédure particulière. C’est une séquence d’actions physiques ou d’opérations mentales que nous sommes capables de mettre en œuvre de manière contrôlée, dans un contexte particulier.
Un savoir-faire n’est pas transférable. C’est l’application d’une méthode générale dans un domaine particulier.
Par exemple, un élève peut posséder le savoir-faire nécessaire pour équilibrer une équation acido-basique, sans être capable d’équilibrer une réaction d’oxydoréduction.
Lorsque la connaissance est un savoir-faire, les tâches relèvent de la mise en œuvre de procédures dans des situations analogues.
Un automatisme
Un automatisme est une procédure particulière dont le déclenchement est irrépressible et ne peut être interrompu. La mise en œuvre d’un automatisme ne nécessite pas d’attention.
Lorsque la connaissance est un automatisme, les tâches relèvent de la même catégorie que pour les savoir-faire. Si le savoir-faire est contrôlé, l’automatisme est non contrôlé.
Ce qui caractérise l’automatisme réside dans la fréquence de la tâche. Lorsqu’une même tâche est réalisée fréquemment avec la même connaissance, cette dernière va devenir un automatisme.
Le couple connaissance – tâche va fonctionner alors comme une unité indissociable. C’est par exemple le cas de l’automatisation des tables de multiplication ou de division. La réponse apparaît spontanément comme une évidence sans effort. C’est la même chose quand nous roulons à vélo, nous n’avons pas besoin de réfléchir pour démarrer.
Chaque fois que la tâche se présente, l’automatisme se déclenche de façon irrépressible, rapidement et sans interruption, avec un coût attentionnel très faible.
Mis à jour le 27/06/2023
Bibliographie
Manuel Musial et André Tricot, Précis d’ingénierie pédagogique, 2020, De Boeck
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