La pratique de l’analyse fonctionnelle du comportement est une des composantes essentielles du soutien au comportement positif pour des élèves dès que nous atteignons les niveau 2 ou 3. Elle vise à comprendre pourquoi certaines élèves ne répondent pas à des interventions générales liées au comportement. Son objectif est d’élaborer des solutions fonctionnelles au terme d’un processus d’observation. Elle nécessite le développement de certaines compétences et le suivi d’une formation ad hoc chez ceux qui sont appelés à la mettre en œuvre.
(Photographie : waidwund)
Enjeux de l’analyse fonctionnelle du comportement
L’analyse fonctionnelle du comportement est recommandée en tant que technique proactive efficace. Elle est susceptible d’être démarrée dès les premiers signes d’un mauvais comportement récurrent.
Le développement d’un comportement social approprié pour les élèves qui présentent des comportements difficiles est plus probable lorsque des interventions efficaces sont mises en place de manière précoce, avant que les schémas de comportement problématiques ne se renforcent.
L’analyse fonctionnelle du comportement a été établie comme un processus systématique, basé sur des preuves, pour évaluer la relation entre un comportement et le contexte dans lequel il se produit.
L’un des principaux objectifs de l’analyse fonctionnelle du comportement est de guider le développement d’interventions positives efficaces basées sur la détermination de la fonction du comportement en question.
Les interventions basées sur une analyse fonctionnelle du comportement visent à entraîner des changements significatifs dans le comportement de l’élève. Dès lors, une analyse fonctionnelle du comportement par quelqu’un de formé à cet effet est un préalable essentiel à la conception et à la mise en œuvre réussie d’interventions comportementales positives.
Une intervention potentielle aux trois niveaux du soutien au comportement positif
Au niveau de la prévention primaire (ou universelle), l’analyse fonctionnelle du comportement peut être utilisée comme une pratique collaborative à l’échelle de l’école. Son enjeu est de prévoir les problèmes communs dans l’établissement et développer des interventions universelles au niveau de l’école.
Au niveau de la prévention secondaire (pour des groupes ciblés), l’analyse fonctionnelle du comportement implique des stratégies d’évaluation et d’intervention simples et réalistes. Elles sont menées par une équipe et destinées aux élèves présentant des problèmes de comportement légers à modérés.
Au niveau de la prévention tertiaire (ou intensive), l’analyse fonctionnelle du comportement est considérée comme un processus complexe, long et rigoureux. Il est axé sur les élèves présentant des problèmes de comportement plus chroniques et intensifs pour lesquels les interventions des niveaux primaire et secondaire ont échoué.
Les élèves qui présentent de graves problèmes de comportement à l’école (statistiquement environ 5 % de la population scolaire) devraient faire l’objet d’un processus d’analyse fonctionnelle du comportement approfondi. Celui-ci doit être mené par une personne connaissant bien les principes comportementaux (par exemple, un psychologue scolaire ou un spécialiste du comportement).
Une priorité pour le niveau deux
Les élèves qui présentent régulièrement des comportements problématiques mineurs (10-15 % de la population scolaire) peuvent bénéficier de procédures d’analyse fonctionnelle du comportement de base. Celles-ci sont moins intrusives et peuvent être menées par des membres du personnel de l’école qui sont formés à cet effet, ce qui représente un avantage certain.
Les membres du personnel d’une école qui sont formés à la conduite d’une analyse fonctionnelle du comportement de base viennent renforcer la capacité d’une école à utiliser de manière proactive cette technique. Toutefois, les membres du personnel appelés à gérer l’analyse fonctionnelle du comportement ne sont pas nécessairement des enseignants des élèves concernés.
Ces méthodes de l’analyse fonctionnelle du comportement sont spécifiquement conçues pour être utilisées avec des élèves qui présentent des problèmes constants qui ne sont pas dangereux. Leur problématique n’a pas pu être traitée de manière adéquate par une intervention antérieure.
Par exemple, les méthodes d’analyse fonctionnelle du comportement de base conviendraient à un élève qui utilise un langage inapproprié régulièrement avec d’autres élèves pendant les cours. D’autres exemples sont le fait de parler de manière récurrente et dérangeante à voix haute en classe, de se déplacer sans demander l’autorisation, ou de ne pas suivre les instructions et faire le travail demandé, etc. Ce sont typiquement des comportements qui se produisent dans un ou deux lieux scolaires et ont déjà fait l’objet d’interventions universelles qui n’ont pas amélioré leur comportement.
Il est important de signaler que les méthodes d’analyse fonctionnelle du comportement de base ne seraient pas suffisantes ou opportunes dans des cas de comportements extrêmes. Elles ne sont pas adaptées à être utilisées avec un élève qui frappe les autres, jette des objets, endommage le matériel ou adopte des comportements d’automutilation à un certain nombre de moments au cours de la journée scolaire. Elles ne conviennent pas non plus pour des élèves présentant des comportements problématiques systématiques dans la majorité des lieux scolaires.
Pour les élèves qui présentent des problèmes de comportement complexes ou dangereux, le personnel de l’école doit s’adresser à un spécialiste du comportement. Celui-ci a été formé à la conduite d’une analyse fonctionnelle du comportement qui s’adresse aux élèves présentant des comportements plus difficiles.
De telles interventions demandent potentiellement la mise en œuvre d’un plan de soutien comportemental intensif en temps et en ressources.
L'importance de l'encadrement et de la fidélité dans l'analyse fonctionnelle du comportement
Conformément à la logique de la réponse à l’intervention et au soutien au comportement positif, l’analyse fonctionnelle du comportement peut être considérée comme plus pratique si elle est simplifiée. L’enjeu est qu’elle puisse permettre au personnel d’une école formé à cet effet de réaliser des analyses fonctionnelles du comportement pour les élèves qui nécessitent des soutiens individualisés relativement simples.
L’enjeu est d’augmenter le nombre de professionnels scolaires à l’analyse fonctionnelle du comportement de base pour les élèves présentant des problèmes de comportement légers à modérés. De cette manière, nous pouvons renforcer la capacité des écoles à soutenir les élèves en utilisant des pratiques fondées sur des preuves de manière proactive. L’enjeu est de réduire le nombre d’élèves pour lesquels des soutiens plus complexes et exigeants en ressources sont nécessaires.
Cependant, il y a un risque bien réel de dénaturation et de mutations létales du dispositif qui lui enlèverait son efficacité si l’approche n’est pas mise en œuvre avec fidélité.
Les stratégies d’intervention comportementale doivent être mises en œuvre avec fidélité dans le contexte scolaire. Un plan d’action sera établi au terme du processus de l’analyse fonctionnelle du comportement pour un élève donné. L’analyse fonctionnelle du comportement doit non seulement traiter la fonction du comportement problématique, mais aussi s’adapter aux personnels et aux environnements où la mise en œuvre a lieu.
Un plan d’action doit tenir compte :
- De l’élève pour lequel le plan d’action est conçu.
- Des compétences, des valeurs et des ressources dont font preuve les adultes qui vont mettre en œuvre le plan d’action.
- Des caractéristiques des environnements et de l’organisation dans lesquels le plan d’action sera mis en œuvre.
Un plan de soutien comportemental gagne à être élaboré par quelqu’un de formé et d’expérimenté. Il importe qu’il tienne compte de l’avis du personnel scolaire qui utilisera le plan dans des environnements naturels. Dans ce cadre, le plan d’action a plus de chances d’être mis en œuvre de manière précise et cohérente.
Comment se former à l’analyse fonctionnelle du comportement
Une formation efficace des enseignants à l’analyse fonctionnelle du comportement ne peut avoir lieu en une seule formation d’une journée.
La recherche sur le développement professionnel démontre que les participants apprennent mieux lorsque l’information est présentée en segments gérables, avec des opportunités de pratique délibérée et d’accompagnement sous forme de coaching pédagogique. De même, les participants bénéficient d’occasions de revoir le contenu appris précédemment, de manière répétée et distribuée tout au long de la formation.
Un format distribué dans le temps permet aux participants à ce type de formation de s’exercer à utiliser les compétences acquises dans des situations réelles avant de passer aux étapes suivantes. En outre, des pratiques spécifiques à un enseignement efficace : devoirs, quiz ou vérification de la compréhension peuvent avoir lieu de manière distribuée et favoriser un apprentissage durable et profond.
Les participants doivent pouvoir échanger sur les difficultés qu’ils ont rencontrées lors de la mise en œuvre de ces techniques en milieu scolaire. Ils doivent pouvoir obtenir des réponses à leurs questions. Le formateur peut utiliser les informations recueillies au cours de chaque module pour adapter son enseignement lors des modules suivants.
Mis à jour le 10/06/2023
Bibliographie
Sheldon Loman, Christopher Borgmeier, Practical Functional Behavioral Assessment Training Manual for School-Based Personnel, 2010, https://www.pbis.org/resource/practical-functional-behavioral-assessment-training-manual-for-school-based-personnel
Sheldon Loman, Kathleen Strickland-Cohen, Chris Borgmeier, Robert Horner, Basic FBA to BSP Trainer’s Manual, 2019, https://www.pbis.org/resource/basic-fba-to-bsp-trainers-manual
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