Récupérer une relation brisée avec une classe peut être difficile, d’autant plus lorsque l’enseignant excédé par le comportement de certains élèves a eu des paroles excessives. Lorsqu’un cycle de coercition s’est mis en route, penser améliorer la situation en continuant avec les mêmes pratiques et attitudes n’est pas susceptible d’améliorer la situation.
Le défi du rétablissement d’un climat coopératif en classe après une phase de tension
Nous devons pouvoir faire un pas de côté. En tant qu’enseignants, nous devons avoir suffisamment de recul pour admettre que tout ce qui s’est produit n’est pas acceptable. Sans chercher absolument de coupable, nous devons avoir le courage et la clairvoyance de tâcher de recommencer le cheminement à zéro en évitant les mêmes erreurs.
Notre principal atout vient du fait que les relations humaines sont remarquablement flexibles. Nous pouvons tous faire preuve de beaucoup de résilience, d’autant plus que des bénéfices autant personnels que professionnels sont à la clé.
Les élèves sont susceptibles de réapprendre leur manière d’être et d’adapter leurs réponses habituelles assez rapidement. L’argument principal part du fait que ces mêmes élèves peuvent se comporter bien mieux avec un autre enseignant. Les comportements que nous souhaitons appartiennent de manière générale à leur panoplie de stratégies usuelles.
Se renseigner auprès des collègues, mais intervenir seul face à la classe pour rétablir un climat coopératif en classe après une phase de tension
Dans un premier temps, il est utile de demander conseil aux collègues qui dans l’école connaissent bien ces élèves et leurs spécificités. Soit, ils les ont ou les ont eus, ou ont des compétences reconnues en gestion de classe apaisée face à de tels profils d’élèves. Nous ne devons jamais fonctionner seuls ou nous complaire dans le déni.
Certains enseignants ou éducateurs peuvent avoir une relation plus établie avec certains élèves et peuvent probablement déjà avoir eu des échos de nos difficultés. Ils sont susceptibles également de donner un autre regard que le nôtre sur la situation ou de conseiller sur la manière d’aborder certains élèves plus difficiles.
L’important est d’apprendre auprès d’autres adultes qui les connaissent au sein de l’école, ce qui fonctionne bien avec ces élèves qui nous posent problème, pour poser le cadre efficacement.
Dans un second temps, il est également recommandé d’aller observer un autre enseignant avec le même groupe et analyser les stratégies qu’il utilise. De même, aller voir les élèves dans un cours plus pratique où ils travaillent sur des projets ou dans leur option peut être pertinent. Nous leur montrons que nous nous intéressons à eux en dehors du cadre étroit de notre cours et de notre matière.
L’erreur à ne pas commettre est de demander ou d’accepter la suggestion d’un collègue d’intervenir auprès de ce groupe classe pour résoudre nos problèmes à notre place ou intercéder à notre place. L’effet est souvent contreproductif ou désastreux.
Par contre, demander un guidage et des conseils de pairs plus expérimentés sur ce que nous pourrions mettre en œuvre est utile. Nous pouvons leur expliquer notre situation et comment nous la vivons. Nous pouvons discuter de ce que nous essayons de faire, de la façon dont ça se passe et obtenir une rétroaction.
Démarche de rétablissement d’un climat coopératif en classe après une phase de tension
Une fois le terrain préparé, la meilleure façon est de passer à l’acte. Nous procédons en nous adressant à la classe de manière franche, assertive et positive pour envoyer par exemple les messages suivants :
- La situation doit s’améliorer pour que nous puissions tous apprendre ensemble. Je crois que c’est possible et réalisable pour le bénéfice de chacun et celui du groupe.
- J’ai fait des erreurs dans la façon de gérer la classe, mais je me soucie de votre apprentissage, je me soucie de vous, et nous allons repartir sur de nouvelles bases pour trouver un nouvel équilibre.
- Etc.
Le fait est qu’une classe peut être redémarrée à tout moment et les cartes peuvent être rebattues si l’enseignant est sincère et prêt à s’engager sur le long terme.
Tout ceci peut se passer à travers un temps d’échanges positif entre l’enseignant et ses élèves, qui bénéficie à être minutieusement préparé.
Une fois cette réinitialisation posée, il faut expliquer à nouveau les comportements attendus, y former nos élèves, préciser les raisons, les limites et les sanctions.
En bref, il s’agit d’enseigner à nouveau et avec précision le comportement attendu et poser le cadre, ce qui sous-entend de délivrer la rétroaction et le renforcement nécessaires.
Vient alors la partie la plus difficile et cruciale pour espérer rencontrer le succès. Il nous faudra tenir bon cette fois, car très certainement nos limites vont être à nouveau testées.
Cela revient à fixer autant de sanctions ou de conséquences telles que des retenues, qu’il sera nécessaire, mais également et avant tout d’encourager et de renforcer positivement et de manière pertinente les comportements acceptables ou encouragés.
De nouveau, il nous faut prévenir du processus en cours, les collègues qui nous font confiance et connaissent les élèves.
L’essentiel est de transmettre notre sens de l’équité et manifester activement des normes ambitieuses et des attentes élevées, plutôt que de la partialité ou de l’incertitude. Dès lors, nous devons être inflexibles et appliquer à la lettre ce que nous avons annoncé.
Plus l’enseignant va persister dans cette attitude ferme, juste et prévisible, mais en fin de compte bienveillante, plus il y a de chances de voir émerger une meilleure relation avec sa classe. Dans celle-ci, les élèves vont commencer à voir l’enseignant comme une figure influente authentique plutôt que comme un intrus dans leur culture. En agissant de la sorte, il nous est possible d’établir une relation de travail plus productive et mutuellement respectueuse.
Mise à jour le 22/04/2024
Bibliographie
Tom Bennett, Jill Berry in Carl Hendrick and Robin MacPherson. What does this look like in the classroom, John Catt, 2017
0 comments:
Enregistrer un commentaire