vendredi 13 août 2021

Privilégier un ton formel à la familiarité en classe

Il est souvent recommandé à de nouveaux enseignants, avec valeur de dicton, de ne pas sourire avant la moitié du premier trimestre.

(Photographie : finiteness of photos)


À première vue, la recommandation semble opposée à l’idée de se soucier de l’établissement d’une relation positive avec chacun des élèves. 

Tout dépend de l’interprétation que nous en faisons. Là où elle fait pleinement sens, c’est si nous considérons la nécessité de privilégier un ton formel d’emblée avec nos élèves, plutôt que de céder à la familiarité.

En effet, ne pas sourire dans des circonstances qui l’imposeraient normalement reviendrait à paraître artificiel et bizarre. L’idée est plutôt de ne pas céder à la familiarité, mais de paraître authentique. 

L’établissement de la relation entre l’élève et l’enseignant est primordial pour instaurer des attentes élevées, mais elle s’inscrit dans un cadre professionnel et non familier. 

L’enseignant peut être chaleureux et positif, mais il doit rester dans une relation d’influence. Il est l’enseignant et il a une autorité légitime qui est une prérogative donnée par sa fonction. Il est l'adulte dans la pièce et le garant de l'ordre, de l'enseignement et d'un climat d'apprentissage positif.

L’enseignant doit ressentir et assumer la responsabilité que ses élèves obéiront à des instructions raisonnables de sa part, non pas parce qu’ils doivent le faire, mais parce qu’elles sont légitimes et leur paraissent authentiques.

C’est sur cette base d’influence formelle et professionnelle que les enseignants commencent à établir leurs relations avec leurs élèves. Dès lors, il apparaît qu’il est plus facile de commencer de manière un peu distanciée. Ensuite, nous nous installons progressivement dans un registre de plus grande proximité avec nos élèves. 

Au fur et à mesure, nous apprenons à les connaître à travers nos interactions dans un contexte scolaire tout en maintenant notre influence.

Le danger d’une trop grande familiarité d’emblée est qu’elle serait perçue comme une invitation à rendre la pareille. Une fois que ce type d’échange familier est installé, il est difficile de l’inverser.

Pour autant, il n’y a pas d’incompatibilité entre un ton formel qui manifeste une influence et le caractère positif de sourires qui manifestent un esprit de coopération. Sourire dès la première heure de cours et montrer un haut degré de positivité dans nos enseignements et entrer en contact en interaction avec nos élèves par ce biais est une valeur sure. 

Cela se joue dès l’accueil individuel avec un bonjour délivré à chaque élève sur le pas de la porte de la classe dès le premier jour. Ce n’est en rien un aveu de faiblesse ou une convention factice. Nous posons le cadre. Nous pouvons être à la fois dans l’influence et ma coopération.

Privilégier un ton formel à la familiarité est une prérogative qui favorise l’établissement d’un cadre efficace et authentique et le sourire est bienvenu.


Mis à jour le 08/03/2023


Bibliographie


Tom Bennett, Jill Berry in Carl Hendrick and Robin MacPherson, What does this look like in the classroom, John Catt, 2017

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