lundi 9 août 2021

Légitimité des conséquences (sanctions, punitions) éducatives

Chaque enseignant souhaite introduire et maintenir une culture de l’apprentissage dans sa classe de manière à faciliter l’engagement de ses élèves dans les activités d’apprentissage qu’il leur propose.

(Photographie : Dylan Hewson)


Par conséquent, d’une manière ou d’une autre, l’enseignant doit communiquer auprès de ses élèves des indications sur les comportements et attitudes acceptables. Le cadre peut également être pensé et conçu à l’échelle de l’école comme c’est le cas avec le soutien au comportement positif afin de rencontrer une plus grande efficacité.




La punition, un élément constitutif d’une gestion de classe


Les punitions (sanction, conséquences) constituent toujours un élément du dispositif. Elles fonctionnent lorsqu’elles parviennent à renforcer les normes sociales utiles que nous attendons à voir se manifester dans nos classes. Elles prennent alors la forme de sanctions éducatives. 

Elles ne sont pas susceptibles de fonctionner efficacement seules. Elles agissent idéalement en complément :

  • D’un enseignement explicite des comportements attendus
  • De l’adoption par l’enseignant de pratiques écologiques et efficaces en gestion de classe qui se fondent sur la relation.
  • D’une politique de renforcement positif. 

Les punitions sont pertinentes et nécessaires dans les contextes scolaires. Elles sont des indicateurs de ce qui est et de ce qui n’est pas permis ou encouragé en matière de comportement. Les sanctions sont un élément essentiel, car elles permettent de fixer des frontières et des limites claires à l’acceptabilité. Aucune société ne peut subsister sans elles. Aucune communauté n’a été enregistrée dans l’histoire de l’humanité sans règles et sans sanctions pour étayer ses règles.




Piloter l'usage des punitions avec précaution


Les sanctions ne peuvent soutenir le comportement que nous voulons voir en classe que lorsqu’elles sont proportionnées, prévisibles et justes. Elles doivent envoyer un message clair à tous les élèves concernés ou spectateurs sur les paramètres d’un comportement acceptable.

Parallèlement, nous devons nous assurer que nous aidons les élèves à comprendre les bonnes et les mauvaises décisions qu’ils prennent. Idéalement, en réponse à une sanction, nous espérons que les élèves seront motivés pour faire des choix plus judicieux à l’avenir. La causalité entre une punition et une modification générale du comportement n’est jamais ni simple ni évidente. 

Si nous n’enfreignions qu’une seule fois une règle ou une loi, en tirant les leçons des répercussions et des conséquences de nos actes, le monde fonctionnerait très différemment. La principale difficulté d’une punition est qu’elle n’apprend pas le comportement adéquat, mais tend plutôt à générer un ressentiment.

Dès lors, il ne s’agit donc pas de punir un individu de manière dissuasive, mais d’envoyer un message à cet individu. Nous voulons que la punition soit une conséquence formative et qu’elle puisse contribuer à apprendre quel est le comportement attendu et ce qui est et n’est pas acceptable dans le contexte concerné. Idéalement, non seulement à l’élève concerné, mais aussi à tous ceux qui l’entourent et qui ont été témoins du comportement et de ses conséquences.




Les punitions, un élément de régulation dans un système sain


Nous élaborons et construisons un cadre dans lequel les élèves peuvent prendre leurs propres décisions, faire des choix et parfois commettre des erreurs. Les renforcements positifs et les sanctions font partie intégrante des processus de cet écosystème. 

Notre démarche principale est de nous efforcer d’établir les relations les plus positives possibles avec chaque élève dans la classe. Nous montrons que nous nous intéressons à eux et à leurs progrès, que nous avons des attentes élevées en rapport avec leurs apprentissages. 

Lorsque nous posons une sanction, c’est pour marquer une rupture dont ils sont à l’origine dans un cadre commun précédemment installé. Nous séparons autant que possible la désapprobation du comportement sanctionné de l’élève lui-même de manière à ce que cela ne puisse pas être considéré comme une attaque personnelle. En tant qu’adultes, nous devons les aider à comprendre, apprendre et intégrer ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas scolairement et socialement, en matière de comportement et d’engagement.




La sanction, un outil pour responsabiliser les élèves face à leur comportement

 

Nous devons encourager les élèves à prendre la responsabilité de leur apprentissage et de leur comportement. Ils doivent percevoir ce à quoi correspondent les conditions de leur meilleure réussite, en nous appuyons sur les points positifs chaque fois que cela est opportun.

En ne s’engageant pas dans les apprentissages ou en ne se comportant pas comme attendu, l’élève doit percevoir qu’il pose un choix et qu’il en paiera personnellement les conséquences.

En ne se comportant pas comme attendu, l’élève doit percevoir qu’il pose un choix. Si ses paroles ou ses actions empêchent d’autres élèves d’apprendre dans de bonnes conditions et nuisent au bon déroulement du cours, c’est totalement inacceptable.

Comprendre cette différence permet à l’élève de saisir l’objet de la sanction et peut l’aider à réfléchir et à modifier son comportement de manière délibérée. Souvent, un élève va plus se soucier plus de ce que pensent les autres élèves que de ce que pense l’enseignant.

La pose d’une sanction ne doit jamais sembler envoyer le message que l’enseignant et l’élève concerné appartiennent à des camps opposés. Elle doit inclure une dimension de réparation. Enseignant et élèves s’accordent sur le même objectif : apprendre et réussir. S’avancer ensemble dans un climat de coopération rend le processus nettement plus aisé. Lorsque la relation est détériorée, l’enseignement et l’apprentissage en paieront le prix et ces élèves en seront les premières victimes. La punition est à la fois utile et à manier avec précaution, jamais seule, et jamais comme solution par défaut.


Mis à jour le 20/04/2024


Bibliographie


Tom Bennett, Jill Berry in Carl Hendrick and Robin MacPherson, What does this look like in the classroom, John Catt, 2017

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