Lorsque s’annonce une session d’examens à un horizon lointain, l’oscillation entre anxiété et procrastination ne devrait pas être de mise ! Or c’est souvent le cas. Un marathon se prépare tôt s’il ne veut pas se voir transformer en course d’obstacles menaçants. Pouvoir anticiper, planifier et être méthodique, nous devons transmettre les bonnes priorités à nos élèves.
Mettre l’accent sur l’importance de la compréhension des contenus à apprendre
La première urgence face à une matière ou à un nouveau cours est de s’assurer que nous en comprenons les contenus et plus particulièrement de bien cerner tout ce qui a trait aux objectifs d’apprentissage.
Nous devons pour cela lire attentivement et consulter les différentes sources à notre disposition : manuel, photocopies, notes de cours, corrigés d’évaluations, synthèses ou vidéos en ligne pour comprendre les concepts et les idées.
En cas de non-compréhension, nous devons agir sans tarder et nous tourner vers l’enseignant, vers nos pairs ou vers d’autres personnes-ressources éventuelles pour poser des questions et obtenir les explications et précisions nécessaires. Si l’incompréhension s’installe et s’enracine, il deviendra impossible d’apprendre et de réussir. Il s’agit de responsabiliser les élèves sur l’importance de réagir en cas d’incompréhension.
Repérer, mettre en évidence et traiter le contenu
À la phase de compréhension succède la phase de traitement de l’information en mémoire de travail et celle de stockage en mémoire à long terme. Plutôt que d’une succession, il convient de parler plutôt de chevauchement ou d’une gradation.
Si la phase de compréhension se fait avec relativement peu d’effort, surtout de l’attention, de l’intérêt et de la curiosité, la phase de stockage va quant à elle demander de réels efforts plus soutenus. Nous devons créer des liens entre les nouvelles connaissances et nos connaissances antérieures. Il nous faut traiter l’information et élaborer autour d’elle pour l’intégrer au sein de nos schémas existants.
La démarche est double, car il s’agit de traiter l’information pour l’apprendre dans la foulée et non pas simplement la rendre plus digestible pour un apprentissage ultérieur
Certains élèves vont souligner les passages qu’ils jugent importants dans leur cours, recopier au propre, faire une synthèse ou des fiches pour étudier dans un second temps. C’est une erreur. Les deux processus doivent être intégrés.
Le principe est de synthétiser et mettre en évidence les principales idées que nous devons comprendre et les retenir dans la foulée. Nous pouvons prendre des notes selon le principe d’un résumé Cornell qui reformulent ou synthétisent les contenus de cours. Cela peut correspondre également à la réalisation de représentations visuelles d’ensemble sous forme de cartes conceptuelles, ou encore de la conception de flashcards.
Dans tous les cas, il est utile de les mémoriser dans la foulée. Il ne s’agit pas d’une étude par cœur, mais de développer une capacité d’élaboration autour de ces nouveaux contenus, directement et sans la postposer.
Une preuve de compréhension et de connaissance d’un concept ou d’un processus est la capacité de les expliquer à quelqu’un d’autre. Nous devenons capables de les rendre intelligibles oralement ou par écrit sans les avoir eus sous les yeux juste avant. Par ce processus, nous allons puiser dans notre mémoire à long terme et non dans notre mémoire à court terme (mémoire de travail).
Tester notre capacité à récupérer et utiliser nos connaissances
Une fois les phases de compréhension, de traitement en mémoire de travail et de stockage en mémoire à long terme réalisées, le processus amorcé doit absolument être poursuivi, car il est à ce stade très sensible à l’oubli. Nous devons dès lors poursuivre avec des occasions multiples et distribuées dans le temps de récupération en mémoire des informations, afin d’assurer une consolidation de plus en plus durable des connaissances sur lesquelles portera l’évaluation à venir.
Il est dès lors extrêmement important de s’entrainer à récupérer les connaissances étudiées précédemment. Cela passe par l’auto-explication, l’utilisation de flashcards, la réalisation de tâches d’application et d’exercices sans le cours ou par une évaluation formative. Dans un second temps, nous vérifions nos réponses, corrigeons les erreurs et réétudions ce qui a été oublié entretemps ou mal compris.
Ce processus doit être répété épisodiquement jusqu’à l’examen pour bénéficier de l’effet de test et de l’effet d’espacement. Si nous attendons trop longtemps entre deux sessions de récupération, l’oubli risque d’avoir fait des dégâts importants.
L’ensemble de ce processus est ce qui permet un apprentissage durable et en profondeur.
Faire comprendre aux élèves la logique des activités de révision en apprentissage autonome
Les trois étapes explicitées ci-dessus décrivent un scénario d’apprentissage autonome théoriquement gérable et fonctionnel pour la majorité des élèves :
- Mettre l’accent sur l’importance de la compréhension
- Repérer, mettre en évidence et traiter le contenu
- Tester notre capacité à récupérer et utiliser nos connaissances
En pratique, seule une faible minorité des élèves vont s’engager dans cette voie. Certains élèves vont régulièrement synthétiser l’information et relire le cours. C’est-à-dire qu’ils commencent à traiter les contenus sans réellement s’assurer de les stocker ni de les consolider en mémoire à long terme. Beaucoup ne vont démarrer le processus que dans la dernière ligne droite avant les examens, ce qui ne permettra pas une consolidation correcte et l’établissement d’un apprentissage profond et à long terme.
Nous gagnons par conséquent à enseigner explicitement ce processus à nos élèves. Nous pouvons soutenir son acquisition grâce à de multiples occasions de pratique encadrées sous forme d’activités en classe distribuées dans le temps, de quiz, d’une vérification de la compréhension, de devoirs ou d’évaluations formatives avec rétroaction.
Ces différentes approches ont déjà été développées dans différents articles de ce blog. Pour la suite de l’article, nous allons nous concentrer sur deux pistes spécifiques pertinentes et de sensibilisation telles que proposées par Pritesh Raichura (2016).
Engager les élèves dans une pratique de récupération par binôme dans le cadre des activités en classe
L’idée est d’organiser en classe à un moment donné une forme d’activité de révision encadrée en donnant comme support aux élèves un livret d’exercices préparé à cet effet.
La première partie du livret comporte une série de questions en rapport avec des connaissances préalablement enseignées et pratiquées. Les élèves travaillent par deux et se testent mutuellement. La principale activité de l’enseignant est dans un premier temps que ses élèves suivent bien les consignes. Les réponses à cette série de questions se trouvent sur une autre page plus loin dans le livret.
Les élèves se posent toutes les questions selon ce processus :
- L’élève A pose les questions oralement une à une à l’élève B.
- L’élève B y répond.
- L’élève A vérifie alors les réponses avec le solutionnaire. Il offre si nécessaire à l’élève B une rétroaction en cas d’erreur.
- Une fois terminé, le processus recommence au début.
- Cette fois, l’élève B pose les mêmes questions à l’élève A.
- L’élève A répond.
- L’élève B vérifie la réponse et offre une rétroaction en cas d’erreur à l’élève A.
Le premier point d’importance est qu’au départ, les élèves risquent de ne pas comprendre pourquoi ils doivent répondre à des questions dont ils viennent de lire la réponse quelques instants plus tôt.
Ils ne vont comprendre l’intérêt que lorsque c’est à leur tour d’être testés et qu’ils ne peuvent pas se rappeler ou formuler certaines réponses.
L’ancrage des connaissances en mémoire fonctionne mieux par le biais de récupérations répétées à faible enjeu avec retour d’informations. C’est ce à quoi cette activité les sensibilise.
Le deuxième point d’importance est que le processus permet aux élèves de se donner mutuellement une rétroaction précise. Dès lors, nous les activons comme ressource pour l’apprentissage de l’autre élève. Ils sont autonomes, car la réponse se trouve sur la page suivante. L’enseignant n’a pas à intervenir et nous augmentons la probabilité que les élèves s’engagent dans de tels comportements par la suite en dehors de la classe.
Une fois que les deux partenaires ont été testés, les élèves répondent individuellement à des questions typiques d’examen sur la seconde partie du livret. Ces questions types les aident à appliquer le même contenu que celui qui a été testé précédemment. Le solutionnaire et le schéma de notation leur sont également fournis. En ayant revu les connaissances avec la première partie du livret, les élèves sont dans de meilleures dispositions pour répondre à la seconde partie que s’ils avaient commencé par elle.
La troisième partie du livret est une feuille d’autoévaluation que les élèves remplissent après avoir répondu aux questions d’examen et les avoir corrigées. Elle porte sur les objectifs dans lesquels ils ont perdu des points et sur ce qu’ils en ont appris. Les élèves mettent en évidence les points qu’ils doivent retravailler par la suite.
L’application rapide à des questions d’examen a le mérite de révéler les domaines dans lesquels les élèves ont des difficultés. Nous sommes à ce moment-là assurés qu’elles ne concernent pas nécessairement les connaissances, puisque nous pouvons avoir bon espoir qu’ils les possèdent après la première partie du livret. La seule production qui nous intéresse dans ce livret est finalement la feuille d’autoévaluation.
En mettant de côté la question de la mémorisation des connaissances, en tant qu’enseignants, nous pouvons mieux diagnostiquer la source des erreurs commises lors des questions d’évaluation et offrir une rétroaction ciblée :
- L’élève ne comprend pas ce que la question attend de lui.
- L’élève interprète mal la question ou la consigne.
- L’élève ne sait pas quand appliquer les connaissances.
- L’élève présente un déficit au niveau de compétences procédurales.
- L’élève connait la matière, mais n’en a pas une compréhension globale.
Nous pouvons dès lors offrir une rétroaction formative pertinente et ciblée à nos élèves avec des pistes d’actions concrètes et personnalisées. Idéalement dans le cadre d’une rétroaction à la classe entière.
Favoriser les démarches de récupération élaborative en classe avec la technique des hexagones
Certaines matières introduisent un vocabulaire riche avec un haut degré d’interactivité des éléments. C’est particulièrement le cas du cours de sciences et plus particulièrement du cours de biologie.
L’idée est de découper des hexagones identiques dans du papier cartonné. Sur chaque hexagone, nous inscrivons un mot clé (un concept, une formule, une règle ou une expression). Une alternative serait de donner une feuille où des hexagones sont représentés. Les élèves remplissent au crayon les cases au départ d’une liste de mots clés choisis par l’enseignant.
Le principe est d’associer les termes entre eux avec des liens significatifs. Chaque fois que des hexagones contenant un terme sont contigus, les deux mots doivent présenter un ou plusieurs liens significatifs à expliciter verbalement.
Les matières à haut degré d’interactivité comme les mathématiques ou les sciences se prêtent bien à ce type d’activité.
Par exemple, les mots pathogène et vaccin peuvent se toucher parce que :
- Les vaccins protègent les gens contre les maladies causées par des organismes pathogènes.
- Les vaccins contiennent des organismes pathogènes morts ou inactifs.
Ces mots pourraient être adjacents à d’autres termes comme anticorps, antigènes, inflammation, lymphocytes B mémoire, phagocytes, etc.
Une bonne façon de procéder est de laisser travailler les élèves par deux. Nous leur demandons de nous expliquer et de justifier leurs choix d’associations à l’oral en passant d’un duo à l’autre au hasard jusqu’à épuisement des associations.
À la fin de l’activité, nous demandons aux élèves de reprendre leur travail d’association par deux. Ils rédigent une phrase ou un paragraphe (suivant la demande de l’enseignant) sur chaque lien mis en évidence. Ils ont un certain nombre d’association à élaborer et à développer durant un temps imparti.
Les deux avantages de cette technique sont :
- D’entrainer les élèves à la pratique de l’élaboration comme méthode d’apprentissage par l’écrit.
- Le passage à l’oral est intéressant, car il permet à l’enseignant de vérifier rapidement les erreurs potentielles et de détecter les difficultés. Il permet également l’entrainement à l’usage de langage académique à l’échelle de la classe.
Mis à jour le 08/02/2024
Bibliographie
Pritesh Raichura, 5 Steps for Effective Revision + Activity Ideas, 2016, https://bunsenblue.wordpress.com/2016/05/01/5-steps-for-effective-revision-activity-ideas/
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