S’il est possible d’identifier les élèves qui courent le plus grand risque de décrocher, ils se désengagent de l’école et abandonnent pour diverses raisons pour lesquelles il n’existe pas de solution unique et commune.
(Photographie : Iris Radosniki)
Facteurs de décrochage
Les taux d’abandon sont disproportionnellement élevés pour les élèves issus de milieux socio-économiques défavorisés. Ils sont de même plus élevés chez les élèves souffrant de troubles émotionnels et comportementaux. Si ces variables sont susceptibles d’aider à identifier les élèves en risque de décrochage, il n’est pas possible de prédire à coup sûr lesquels le feront.
Les coûts du décrochage pour la société et les individus sont cependant conséquents. Lutter contre le décrochage et faciliter l’achèvement de la scolarité pour tous les élèves doit être une préoccupation essentielle.
L’enjeu est de créer des opportunités de réussite et de fournir les soutiens nécessaires à tous les jeunes pour qu’ils atteignent les normes éducatives. Dès lors, il est important de mettre en place des démarches préventives.
Démarches préventives face au décrochage
Une condition préalable au succès de telles démarches est la prévention :
- Identifier au plus tôt et faire un suivi des élèves en risque d’échec scolaire et de décrochage
- Se concentrer sur les progrès des élèves vers les normes éducatives attendues tout au long de leur parcours scolaire
- Traiter les indicateurs de l’engagement des élèves et non uniquement les prédicteurs de l’abandon scolaire.
Le décrochage en tant que processus
Des interventions préventives sont essentielles à la réussite des élèves, car la décision de quitter l’école n’est jamais instantanée, mais plutôt un processus qui se déroule et sur de nombreuses années. Le fait de quitter l’école prématurément est le résultat d’un long processus de désengagement de l’école.
Afin de prévenir le décrochage scolaire, il est dès lors plus utile de développer de manière proactive les compétences des élèves plutôt que de s’attarder sur leurs déficits.
Le décrochage est régulièrement précédé par :
- Des expériences scolaires infructueuses comme des difficultés scolaires ou comportementales qui commencent souvent dès l’école primaire
- Des indicateurs de retrait comme une faible assiduité
Les indicateurs manifestes de désengagement sont généralement accompagnés :
- D’un sentiment d’aliénation de la part de l’élève
- D’un faible sentiment d’appartenance à l’école
- D’une aversion générale pour les activités scolaires
Le rôle du contexte dans le décrochage
Le problème de l’abandon scolaire ne peut être compris indépendamment des facteurs contextuels. Chaque situation de décrochage est unique. Elles reflètent une interaction complexe entre :
- Les variables de l’élève, de la famille, de l’école et de la communauté à laquelle l’élève appartient.
- Les facteurs de risque et de protection.
- Une taille plus réduite et une mobilité plus faible d’élèves.
- Une gestion des comportements équitable
- Des enseignants attentionnés
- Des attentes élevées exprimées pour tous les élèves avec un suivi adéquat.
- Des possibilités et des occasions de participation significatives.
- Le soutien, le suivi et la supervision des parents
- Une grande considération pour l’éducation dans la culture familiale
- Des attentes positives en matière de performances scolaires envers l’élève.
Variables modifiables liées au décrochage
Si certains facteurs sont non modifiables comme le statut socio-économique, d’autres sont modifiables comme les exclusions et les échecs scolaires. Ils peuvent être influencés par les actions des enseignants et les politiques scolaires.
D’autres approches utiles consistent à entretenir le lien des élèves avec l’école ainsi que des pratiques familiales et scolaires qui favorisent l’apprentissage des élèves.
Quatre formes d’engagement manifestées par les élèves
L’engagement des élèves est essentiel pour l’achèvement de la scolarité. Il est multidimensionnel et va se nourrir et s’entretenir à travers :
- L’amélioration des compétences scolaires et comportementales
- Le sentiment d’appartenance à l’école
- L’intérêt et la motivation pour apprendre à l’école
- La valeur accordée à l’école et à l’apprentissage.
- Une attention soutenue
- L’achèvement des travaux scolaires
- L’accumulation de réussite
- L’assiduité manifestée
- Le nombre réduit de remarques ou de sanctions liées à un comportement inadéquat
- La participation en classe.
- Le traitement et l’interprétation des informations scolaires
- La réflexion sur la manière d’apprendre et la planification du travail scolaire
- L’autosurveillance des progrès réalisés en vue de l’achèvement des tâches
- L’identification à l’école par le sentiment d’appartenance
- Les connexions et les relations positives avec les pairs et le personnel enseignant au sein de l’école
Privilégier une approche globale face au décrochage scolaire
Pour rencontrer une efficacité, les programmes d’accrochage scolaire doivent privilégier une approche globale :
- Ils doivent relier les efforts de la famille, de l’école et de la communauté dans son ensemble, plutôt que de proposer une intervention unique et étroite dans un seul environnement.
- Ils sont mis en œuvre sur une longue période avec un suivi par les mêmes personnes, plutôt que sous forme d’une intervention ponctuelle.
- Ils visent à promouvoir un bon résultat, et non simplement prévenir un mauvais résultat pour les élèves et la société.
- Une approche axée sur l’efficacité personnelle : par exemple de conseils individuels ou enseignement de compétences interpersonnelles
- Une approche académique : par exemple l’accès à des cours de remédiation ou à un tutorat
- Les efforts déployés tiennent compte de variables modifiables : par exemple les mauvaises notes, l’assiduité ou l’attitude envers l’école
Les interventions réussies font plus qu’augmenter la fréquentation scolaire. Elles aident les élèves et les familles qui se sentent marginalisés dans leurs relations avec les enseignants et leurs pairs, à être connectés à l’école et à l’apprentissage.
Dans ces interventions, il y a un besoin crucial de maintenir l’éducation et l’apprentissage au premier plan.
Pour cela, les élèves doivent savoir :
- Qu’il y a quelqu’un qui ne va pas les abandonner ou les laisser se laisser distraire de l’école
- Qu’il y a quelqu’un qui les connaît et qui est à leur disposition tout au long de l’année scolaire en cours et qui le sera encore l’année suivante
- Que des adultes attentionnés veulent qu’ils
- Apprennent
- Fassent le travail
- Assistent régulièrement aux cours
- Soient à l’heure
- Expriment leur frustration de manière constructive
- Restent à l’école, participent et réussissent.
Les programmes d’accrochage doivent être adaptés aux circonstances locales. Il est peu probable qu’un programme élaboré ailleurs puisse être reproduit exactement sur un autre site et rencontrer la même efficacité. Les ressources, les priorités locales, les intérêts, la culture scolaire et les besoins particuliers des élèves seront différents.
Privilégier une approche personnalisée face au décrochage scolaire
Il s’agit de s’efforcer de comprendre la nature des problèmes académiques, sociaux et personnels qui affectent les élèves et adapter les services pour répondre aux préoccupations individuelles.
Les programmes efficaces visant à promouvoir l’achèvement de la scolarité se concentrent sur l’établissement de relations entre les élèves et les enseignants, les parents et les pairs et comprennent un suivi systématique des performances des élèves.
Ils s’efforcent :
- De développer les compétences des élèves en matière de résolution de problèmes
- De leur offrir des possibilités de réussite scolaire
- De créer un environnement bienveillant et favorable
- De communiquer la pertinence de l’éducation pour leurs projets
- D’aider les élèves à résoudre leurs problèmes personnels.
Check & Connect, une approche probante face au décrochage scolaire
Check & Connect est une approche développée au sein de l’University of Minnesota intéressante consacrée au décrochage. Elle vient s’intégrer sous forme d’interventions aux niveaux 2 et 3 du soutien au comportement positif. Elle dispose du soutien de données probantes quant à son efficacité. Si elle n’est pas l’enjeu de cet article, celui-ci est cependant une vue d’ensemble de la problématique au départ d’un article de Sandra L. Christenson et Martha L. Thurlow (2004). Ces dernières sont par ailleurs toutes deux parmi les initiateurs de ce projet.
Des approches légères telles que le tutorat ou le conseil occasionnel sont relativement faciles à mettre en œuvre. Cependant, elles n’ont que peu ou pas d’impact sur les résultats des élèves en risque de décrochage, tels que leurs notes, les résultats aux tests, le comportement général, l’assiduité ou le taux d’abandon. Il s’agit de privilégier des approches plus intensives, globales et personnalisées.
Pour accroître l’engagement et l’enthousiasme des élèves à l’égard de l’école, il ne suffit pas de les faire rester à l’école. Il faut aussi les aider à satisfaire aux normes académiques définies par leur école, ainsi qu’aux normes sociales et comportementales sous-jacentes. Les élèves doivent en effet faire preuve de compétences académiques et sociales à la fin de leur scolarité. Celles-ci doivent être enseignées et renforcées. C’est pourquoi une approche du type Check & Connect parait complémentaire au soutien au comportement positif et à l’enseignement explicite. Elle s’inscrit dans le cadre des niveaux 2 et 3 d’une gestion des ressources de type réponse à l’intervention.
Pour accroître l’engagement et l’enthousiasme des élèves à l’égard de l’école, il ne suffit pas de les faire rester à l’école. Il faut aussi les aider à satisfaire aux normes académiques définies par leur école, ainsi qu’aux normes sociales et comportementales sous-jacentes. Les élèves doivent en effet faire preuve de compétences académiques et sociales à la fin de leur scolarité. Celles-ci doivent être enseignées et renforcées. C’est pourquoi une approche du type Check & Connect parait complémentaire au soutien au comportement positif et à l’enseignement explicite. Elle s’inscrit dans le cadre des niveaux 2 et 3 d’une gestion des ressources de type réponse à l’intervention.
Mis à jour le 23/12/2022
Bibliographie
Christenson, S. L., & Thurlow, M. L. (2004). School dropouts: Prevention considerations, interventions, and challenges. Current Directions in Psychological Science, 13(1), 36–39.
https://doi.org/10.1111/j.0963-7214.2004.01301010.x
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