(Photographie : Young-Jong Oh)
De la nécessité de développer de bonnes compétences en gestion des comportements
La recherche a montré qu’une bonne gestion de classe est le facteur le plus important qui influe sur l’efficacité de l’enseignement. En effet, peu importe la qualité des pratiques pédagogiques d’un enseignant, s’il n’obtient pas l’engagement de ses élèves, l’apprentissage ne pourra avoir lieu.
La gestion du comportement n’affecte pas que l’apprentissage. Tous les autres aspects éducatifs sont également concernés. Une bonne gestion du comportement est au carrefour des différentes dimensions de l’expérience scolaire rencontrée par les élèves et les enseignants dans un établissement.
Une bonne gestion de classe influence positivement la motivation, le sentiment de sécurité, l’engagement et le bien-être des élèves. Elle contribue grandement à faire du temps en classe une expérience positive et enrichissante.
Il est une évidence que la formation des enseignants et l’établissement d’une gestion de la discipline imbriquée aux apprentissages — positive, humaine, préventive, rigoureuse et structurée, — présentent d’énormes avantages pour tous ceux qui sont impliqués dans l’école.
L’acquisition par les enseignants de bonnes pratiques et une compréhension des principes psychologiques centraux en gestion du comportement, basées sur des données probantes, sont les briques essentielles d’une bonne gestion de classe. L’installation, le maintien et l’amélioration d’une gestion de la discipline efficace doivent être une priorité en matière de direction scolaire.
Les élèves difficiles et les perturbations de classe de haut niveau qu’ils génèrent sont une préoccupation bien réelle qui ne peut être occultée. Elle constitue une problématique qui est généralement sérieusement prise en compte en raison de sa visibilité.
Il y a un autre versant de la gestion de classe qui peut malheureusement rester dans l’ombre. C’est celui des élèves perturbateurs et de l’accumulation des écarts de comportements mineurs.
Ceux-ci polluent le climat de travail en classe. Il est réaliste de penser qu’un nombre conséquent d’enseignants en viennent à le tolérer comme faisant partie de la vie quotidienne en classe, comme en étant une composante inévitable.
Cependant, ce type de comportement perturbe durablement l’apprentissage des élèves et la qualité de l’enseignement. Il peut se traduire par quelques minutes perdues en moyenne lors de chaque heure de cours. Cela peut correspondre concrètement sur l’année en un certain nombre de jours d’enseignement strictement perdus. Ce temps perdu n’est plus disponible pour des apprentissages, sans compter les conséquences sur l’engagement global des élèves.
De même, il est vraisemblable que dans chaque école secondaire, certains enseignants doivent lutter plus que d’autres et perdent un temps global nettement plus conséquent que la moyenne.
Le rôle de l’enseignant consiste dans le fait de :
Gérer le comportement des élèves n’est pas sans difficulté potentielle pour les enseignants. Passer du temps à enseigner en classe à lui seul ne fournira pas la formation dont les enseignants ont besoin pour développer une expertise dans ce domaine. De plus, la gestion du comportement est l’une des lacunes les plus importantes dans les compétences des nouveaux enseignants.
Comme pour tout ensemble de compétences professionnelles, l’expertise en gestion de classe s’acquiert par l’amalgame structuré de l’effort, de la réflexion, de la formation et de la pratique délibérée.
Les objectifs d’une formation en gestion de classe reposent sur l’importance de développer une meilleure compréhension des problèmes de comportement, de leur prévention et de leur gestion. Il s’agit de les analyser et de les reconnaitre et de percevoir comment les anticiper, les prévenir, les traiter, les résoudre ou les atténuer.
Il est crucial que les enseignants rencontrant des difficultés et plus particulièrement les enseignants débutants reçoivent des conseils pratiques, et soient formés à des stratégies tangibles, fondées sur des données probantes.
La formation comportementale doit assurer que les enseignants débutants ou en difficulté ont accès à un large éventail de stratégies. Ils doivent pouvoir choisir les stratégies les plus appropriées pour les classes et les écoles dans lesquelles ils se trouvent. Aucune stratégie de gestion du comportement n’est universellement efficace.
En disposant d’un répertoire de stratégies, ils sont mieux préparés à différentes situations en classe et sont plus enclins à réfléchir de façon professionnelle à la relation entre leurs actions et l’impact de celles-ci. Ils doivent pouvoir choisir la bonne stratégie au bon endroit et au bon moment.
Définir, enseigner, maintenir un ensemble de routines à l’échelle de la classe et de l’école est une condition pour mettre en œuvre des attentes élevées en matière de qualité et de performance.
Les routines constituent un étayage essentiel pour l’établissement, le maintien et le développement d’une vision commune, acceptée, validée et entérinée des habitudes et des comportements considérés comme optimaux par la culture de l’école.
Cela implique :
Plus particulièrement, pour l’enseignant il s’agit de :
Il s’agit d’un ensemble de stratégies préventives et interventions réactives pour :
Il s’agit d’interventions :
Stratégies courantes en classe :
Faire face à des incidents importants :
En raison de la nature interpersonnelle des relations, il s’agit de prendre en compte les deux interlocuteurs.
Pour l’enseignant lui-même, il s’agit de
Envers les élèves, il s’agit de :
Envers les parents/tuteurs, il s’agit de :
Comme l’écrit Tom Hierck (et ses collègues, 2012), tous les élèves ont besoin de savoir qu’ils peuvent compter sur des membres de l’école. Bien souvent, l’adulte le plus significatif est leur enseignant principal ou titulaire. Il peut également s’agir d’un autre enseignant de l’école ou d’un autre membre du personnel éducatif. Il ne faut jamais sous-estimer l’influence puissante que peut avoir le soutien d’un adulte. Le soutien peut être aussi simple que de faire un sourire, d’offrir une écoute active face aux difficultés ou de fournir quelques conseils dans une situation donnée.
Il n’est pas nécessaire de discuter des cours ou formellement de la journée scolaire. Ce sont souvent les rencontres informelles qui favorisent l’établissement de liens privilégiés. Cette bonne relation prend d’abord naissance en classe, alors que l’enseignant manifeste déjà son intérêt envers les élèves et se montre prêt à les accompagner tout au long de leur cheminement.
Tom Bennett, Developing behaviour management content for initial teacher training (ITT), July 2016 https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/536889/Behaviour_Management_report_final__11_July_2016.pdf
Tom Hierck, Charlie Coleman and Chris Weber, La pyramide des interventions sur le comportement, 2012, Chenelière
La gestion du comportement n’affecte pas que l’apprentissage. Tous les autres aspects éducatifs sont également concernés. Une bonne gestion du comportement est au carrefour des différentes dimensions de l’expérience scolaire rencontrée par les élèves et les enseignants dans un établissement.
Une bonne gestion de classe influence positivement la motivation, le sentiment de sécurité, l’engagement et le bien-être des élèves. Elle contribue grandement à faire du temps en classe une expérience positive et enrichissante.
Il est une évidence que la formation des enseignants et l’établissement d’une gestion de la discipline imbriquée aux apprentissages — positive, humaine, préventive, rigoureuse et structurée, — présentent d’énormes avantages pour tous ceux qui sont impliqués dans l’école.
L’acquisition par les enseignants de bonnes pratiques et une compréhension des principes psychologiques centraux en gestion du comportement, basées sur des données probantes, sont les briques essentielles d’une bonne gestion de classe. L’installation, le maintien et l’amélioration d’une gestion de la discipline efficace doivent être une priorité en matière de direction scolaire.
Ne pas ignorer la problématique de la gestion des perturbations mineures en classe
Les élèves difficiles et les perturbations de classe de haut niveau qu’ils génèrent sont une préoccupation bien réelle qui ne peut être occultée. Elle constitue une problématique qui est généralement sérieusement prise en compte en raison de sa visibilité.
Il y a un autre versant de la gestion de classe qui peut malheureusement rester dans l’ombre. C’est celui des élèves perturbateurs et de l’accumulation des écarts de comportements mineurs.
Ceux-ci polluent le climat de travail en classe. Il est réaliste de penser qu’un nombre conséquent d’enseignants en viennent à le tolérer comme faisant partie de la vie quotidienne en classe, comme en étant une composante inévitable.
Cependant, ce type de comportement perturbe durablement l’apprentissage des élèves et la qualité de l’enseignement. Il peut se traduire par quelques minutes perdues en moyenne lors de chaque heure de cours. Cela peut correspondre concrètement sur l’année en un certain nombre de jours d’enseignement strictement perdus. Ce temps perdu n’est plus disponible pour des apprentissages, sans compter les conséquences sur l’engagement global des élèves.
De même, il est vraisemblable que dans chaque école secondaire, certains enseignants doivent lutter plus que d’autres et perdent un temps global nettement plus conséquent que la moyenne.
Cinq rôles de l’enseignant en gestion de classe
Le rôle de l’enseignant consiste dans le fait de :
- Influencer les élèves de manière à ce qu’ils ne soient pas enclins à perturber et restent engagés dans un traitement cognitif
- Encourager les élèves à persévérer dans leurs efforts, à faire face à un travail qu’ils peuvent trouver difficile, quel que soit leur niveau
- Enseigner des normes élevées de conduite, établir des routines et installer un climat de coopération pour obtenir un bénéfice optimal pour tous
- Renforcer les routines et attentes comportementales en classe pour tous les élèves
- Gérer les attentes et enjeux individuels multiples, dans un espace de la classe où les intérêts peuvent diverger.
Apprendre à gérer le comportement dans un contexte scolaire
Gérer le comportement des élèves n’est pas sans difficulté potentielle pour les enseignants. Passer du temps à enseigner en classe à lui seul ne fournira pas la formation dont les enseignants ont besoin pour développer une expertise dans ce domaine. De plus, la gestion du comportement est l’une des lacunes les plus importantes dans les compétences des nouveaux enseignants.
Comme pour tout ensemble de compétences professionnelles, l’expertise en gestion de classe s’acquiert par l’amalgame structuré de l’effort, de la réflexion, de la formation et de la pratique délibérée.
Les objectifs d’une formation en gestion de classe reposent sur l’importance de développer une meilleure compréhension des problèmes de comportement, de leur prévention et de leur gestion. Il s’agit de les analyser et de les reconnaitre et de percevoir comment les anticiper, les prévenir, les traiter, les résoudre ou les atténuer.
Il est crucial que les enseignants rencontrant des difficultés et plus particulièrement les enseignants débutants reçoivent des conseils pratiques, et soient formés à des stratégies tangibles, fondées sur des données probantes.
La formation comportementale doit assurer que les enseignants débutants ou en difficulté ont accès à un large éventail de stratégies. Ils doivent pouvoir choisir les stratégies les plus appropriées pour les classes et les écoles dans lesquelles ils se trouvent. Aucune stratégie de gestion du comportement n’est universellement efficace.
En disposant d’un répertoire de stratégies, ils sont mieux préparés à différentes situations en classe et sont plus enclins à réfléchir de façon professionnelle à la relation entre leurs actions et l’impact de celles-ci. Ils doivent pouvoir choisir la bonne stratégie au bon endroit et au bon moment.
R comme définir, installer, renforcer et utiliser des routines en gestion de classe
Définir, enseigner, maintenir un ensemble de routines à l’échelle de la classe et de l’école est une condition pour mettre en œuvre des attentes élevées en matière de qualité et de performance.
Les routines constituent un étayage essentiel pour l’établissement, le maintien et le développement d’une vision commune, acceptée, validée et entérinée des habitudes et des comportements considérés comme optimaux par la culture de l’école.
Cela implique :
- La définition de routines en classe qui permettent aux enseignants de communiquer des valeurs et des comportements communs. Celles-ci favorisent une culture positive et minimisent les perturbations.
- Elles regroupent des routines pour le début, pour la fin des cours et pour tout moment de transition
- Ces routines sont enseignées explicitement aux élèves au début de l’année scolaire.
- Une fois enseignées, les routines doivent être pratiquées, renforcées, maintenues, suivies et vérifiées par l’enseignant afin d’en assurer leur consolidation.
- Au sein de ses cours, l’enseignant doit être capable d’établir des attentes claires en matière de travail individuel, en binôme et en groupe.
- L’enseignant doit adopter un rythme soutenu et sans temps morts pour optimiser la concentration, l’engagement et le comportement de ses élèves. Cela implique d’avoir tout planifié
Plus particulièrement, pour l’enseignant il s’agit de :
- Modeler, de faire pratiquer et de renforcer constamment des attentes élevées, mais réalistes en matière de conformité et d’effort
- Pouvoir s’adapter aux élèves et aux facteurs extérieurs à la classe
- Veiller à distribuer du renforcement positif à chaque élève pour favoriser l’adoption et le maintien d’un système
- Prévoir des sanctions en cas d’infractions
- Assurer un suivi régulier, immédiat et rigoureux des attentes établies
- Maîtriser et tirer parti du système global de gestion de la discipline au niveau de l’école
- Utiliser et valoriser l’expertise des autres enseignants au sein de l’école et partager la sienne
R comme apporter réponses préventivement et proactivement face aux perturbations en gestion de classe
Il s’agit d’un ensemble de stratégies préventives et interventions réactives pour :
- Anticiper la survenue possible de perturbations
- Désamorcer la confrontation
- Résoudre les conflits
- Réorienter les activités non productives ou contre-productives
- Réagir aux comportements antisociaux d’une manière juste, productive et proportionnelle
Il s’agit d’interventions :
- Formelles : appliquer les conséquences adaptées, prévues en cas d’infraction
- informelle : indices verbaux/non verbaux, langage corporel, etc.
Stratégies courantes en classe :
- Renforcer les bons comportements :
- Utiliser les éloges et les récompenses pour accorder de l’attention aux bons comportements
- Réduire l’attention que l’inconduite reçoit
- Favoriser l’extinction des comportements perturbateurs
- Commencer par des interventions informelles avant les interventions formelles
- Corriger précocement des comportements répréhensibles en agissant dès qu’ils surviennent
- Privilégier un langage positif et respectueux, visant à remettre les élèves au travail
- Utiliser un langage approprié face aux mauvais comportements dans le but explicite de réduire l’attention portée aux mauvais comportements
- À chaque instant, assurer un langage corporel adéquat, un ton de voix chaleureux, un bon choix des mots utilisés
- Être au courant de tout ce qui se passe à chaque moment et à chaque endroit dans la classe
- Agir stratégiquement pour réduire les perturbations progressivement :
- Commencer par ignorer tactiquement les comportements perturbateurs secondaires (comportements moins intrusifs, comme le chuchotement)
- Concentrer les efforts sur les comportements perturbateurs primaires (par exemple, mettre toute la classe au travail)
- Lorsque le comportement perturbateur primaire est maîtrisé, nous pouvons alors nous intéresser aux secondaires
Faire face à des incidents importants :
- Gérer la confrontation et les rencontres stressantes, mettre en place des stratégies de désescalade et l’utilisation de réponses planifiées
- Utiliser les sanctions de manière positive en analysant la fonction du comportement
- Mettre en place les conditions qui permettent d’avoir des conversations réparatrices
R comme établir, renforcer, maintenir et réparer des relations en gestion de classe
En raison de la nature interpersonnelle des relations, il s’agit de prendre en compte les deux interlocuteurs.
Pour l’enseignant lui-même, il s’agit de
- Réguler son propre état émotionnel
- Rester calme et patient
- Agir de façon professionnelle malgré les circonstances difficiles
- Faire preuve de confiance et d’un niveau d’enthousiasme approprié et maintenir un regard professionnel positif inconditionnel
- Tirer parti du soutien d’autres adultes au sein de l’école et de leur expertise
- Comprendre les déclencheurs personnels de son propre comportement, de ses propres attentes ou réactions
- Comprendre comment les besoins éducatifs spéciaux, les troubles de l’apprentissage ou de l’attention, ainsi que le handicap affectent le comportement. Il s’agit par exemple du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), de l’autisme ou de la dyslexie.
- Posséder de notions de psychologie de base sur la motivation, l’attention, la mémoire, l’apprentissage, la dynamique de groupe, etc.
Envers les élèves, il s’agit de :
- Développer des relations positives et comprendre les élèves en faisant preuve d’empathie et en s’intéressant à chacun d’eux tout en gardant une position d’adulte responsable
- Construire des relations personnalisées et significatives avec les élèves, en veillant à considérer et à utiliser le prénom de chaque élève
- Utiliser un langage et un ton adapté à l’âge des élèves
- Comprendre le contexte scolaire et son impact sur le comportement
Envers les parents/tuteurs, il s’agit de :
- Comprendre les parents/tuteurs, faire preuve d’empathie afin d’obtenir leur soutien
- Construire des relations personnalisées et significatives avec les parents/tuteurs des élèves, basées sur une communication positive
- Travailler avec les familles pour s’entendre sur les attentes élevées entre l’école, les élèves et les parents/tuteurs
Comme l’écrit Tom Hierck (et ses collègues, 2012), tous les élèves ont besoin de savoir qu’ils peuvent compter sur des membres de l’école. Bien souvent, l’adulte le plus significatif est leur enseignant principal ou titulaire. Il peut également s’agir d’un autre enseignant de l’école ou d’un autre membre du personnel éducatif. Il ne faut jamais sous-estimer l’influence puissante que peut avoir le soutien d’un adulte. Le soutien peut être aussi simple que de faire un sourire, d’offrir une écoute active face aux difficultés ou de fournir quelques conseils dans une situation donnée.
Il n’est pas nécessaire de discuter des cours ou formellement de la journée scolaire. Ce sont souvent les rencontres informelles qui favorisent l’établissement de liens privilégiés. Cette bonne relation prend d’abord naissance en classe, alors que l’enseignant manifeste déjà son intérêt envers les élèves et se montre prêt à les accompagner tout au long de leur cheminement.
Mis à jour le 06/02/2024
Bibliographie
Tom Hierck, Charlie Coleman and Chris Weber, La pyramide des interventions sur le comportement, 2012, Chenelière
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