vendredi 6 avril 2018

Principes éthiques du leadership en gestion de classe

Lorsque le partage des rôles et responsabilités est clairement déterminé et équilibré dans le suivi des perturbations et que les processus sont établis et transparents, cela se traduit par une plus grande efficacité dans le cadre de la gestion des comportements dérangeants.

(Photographie : Jamie Hladky)



Viser une cohérence et transparence d’ensemble


L’équipe de direction a un rôle important à jouer en supportant le personnel enseignant et les éducateurs dans la mise en œuvre de la gestion des comportements.

L'école, en tant qu’institution doit répondre à un devoir de cohérence dans une application transparente et juste de son règlement d'ordre intérieur. Celui-ci doit être en phase avec les valeurs, les missions et le projet éducatif de l'école. Les élèves doivent être conscients qu’il existe une norme légitime qui s’applique à tous, pour le bien commun et le bénéfice de tous dans une portée éducative.



Définir des rôles et des processus


Qui fait quoi ? Quels sont les processus liés à la gestion des écarts de comportement ? Qui intervient, quand et comment ? Quels sont les responsabilités et les domaines de compétences ? Qui assure le suivi? 

Tout cela doit être défini, de même que les processus sous-jacents sous forme d’arbre décisionnel.

(exemple d'arbre décisionnel : source)
 

Cette clarté écarte les incertitudes qui peuvent donner l’impression à certains élèves qu’il y a moyen de passer entre les mailles du filet, en fonction de l'enseignant :
  • Ils savent qu'ils peuvent esquiver certaines sanctions et savent très vite avec qui ils peuvent être en infraction sans risques.
  • Ils savent que la sévérité de la sanction peut grandement différer.

Un système mouvant ou variable peut donner aux élèves l’image d’un système injuste et inégalitaire. Ce mieux peut donner à certains élèves un sentiment d’impunité, la sensation que tout se négocie ou l’envie d’en exploiter les failles.



Lisibilité et transparence d’ensemble


Une lisibilité et une transparence d’ensemble permettent aux élèves de mieux comprendre ce que nous attendons d’eux, les finalités et les objectifs éducatifs, de même quelles sont les valeurs partagées qui soutiennent la gestion des comportements.

La transparence des processus et responsabilités prodigue un sentiment de tranquillité accru à tous les enseignants. C’est spécifiquement le cas pour les nouveaux enseignants qui connaissent d'emblée et concrètement les démarches à effectuer dans n’importe quelle situation. Cela leur enlève une part d’arbitraire et d'incertitude et leur permet de mieux assoir leur cadre d'enseignement.



Assurer la qualité des services en gestion du comportement


Un principe d’équité


Égide Royer le met en évidence, un élève peut poser ou rencontrer des problèmes :
  • De niveau comportemental et relationnel, qui se traduisent par des perturbations majeures en classe.
  • De niveau émotionel et motivationnel, qui par exemple se traduisent par un décrochage. 

En tant qu'enseignants, nous avons une tendance naturelle à en établir une responsabilité extérieure. Celle-ci peut se faire en lien :
  • Avec les caractéristiques personnelles de l’élève, telles que sa personnalité, ses capacités, son tempérament, ses troubles de l’apprentissage ou du comportement.
  • Avec son environnement personnel : manque d’autorité ou de suivi parental, difficultés relationnelles au sein de la famille, milieu social défavorisé, mauvaises fréquentations, etc. 
Il existe un troisième pilier qu'il nous faut prendre en compte. C’est celui de la qualité des services offerts par l’école et de l’utilisation de certaines approches disciplinaires qui parfois reposent trop sur des interdits, des sanctions, des punitions, ou de la coercition.



Un principe de solidarité


Cohérence et transparence dans l’application de la gestion des comportements sont d’autant plus essentielles que tous les enseignants ne sont pas égaux devant le maintien de la discipline.

Au fur et à mesure que nous progressons dans la carrière d’enseignant, que nous vieillissons, nous devenons plus installés dans l’école. Nous rencontrons une plus grande facilité dans la gestion de la discipline. Nous développons également un savoir-faire implicite dont nous n’avons pas entièrement conscience et qui nous est difficilement verbalisable sous forme déclarative.

Ces facteurs influent sur l’image que les élèves se font des enseignants et améliorent généralement la gestion du comportement.

Dès lors il peut être plus difficile pour un enseignant expérimenté ou un membre de l’équipe de direction de développer de l’empathie pour un nouvel enseignant remplaçant ou à charge horaire réduite s'il perd conscience des raisons de sa position privilégiée.

La nouvel enseignant risque de ne pas bien connaître les élèves et de rencontrer naturellement certaines difficultés à faire face à leur comportement. Il part avec certaines difficultés qui lui échappent comme sa situation de novice et l'étroitesse de sa panoplie de pratiques de gestion de classe. Face à tout cela, il y a la tentation désolante de les laisser faire leurs preuves seuls.



Un leadership éthique


Le maintien de la discipline est aussi une question clé de la culture d’une école avec deux options aux extrêmes d'un continuum :
  • D'un côté, c'est la vision que le maintien de la discipline en classe incombe uniquement à l’enseignant : 
    • C’est à lui à corriger la situation, à s'imposer souvent avec un minimum de soutien extérieur.
    • Cette culture du secret peut amener certaines enseignants à ne pas voir certains problèmes et à les cacher sous le tapis. Cela équivaut à espérer qu’ils disparaissent spontanément. 
    • Les victimes dans ce cette vision seront l’enseignant concerné et plus encore ses élèves
    .
  • De l'autre côté, le maintien de la discipline en classe et partout à l’école, fait partie du projet de l’établissement et de ces valeurs :
    • Il incombe à tout le personnel éducatif de le faire respecter les mêmes règles partout et de la même façons.
    • Imaginons qu’un enseignant se trouve en difficulté en lien avec des problèmes de gestion de classe. 
    • Cela conduit à la conclusion que la hiérarchie de l’école et ses collègues ont la responsabilité de l'épauler et d’entamer de manière assertive des démarches à ce sujet en vue en vue de permettre une amélioration de la situation.
    • C'est la perspective adoptée par le soutien au comportement positif.

Il n'y a pas réellement. besoin de préciser que la seconde option est la plus efficace en matière de climat scolaire.  Les éducateurs, les collègues et la direction sont nos interlocuteurs expérimentés et privilégiés pour amener des clés et conseils menant au désamorçage de situations qui nous paraissent problématiques. 

Considérer la transparence du système de gestion des comportements amène au contraire chaque membre de l’équipe de direction, de même que chaque enseignant ou éducateur à assumer ses responsabilités. La transparence commande d’intervenir et de proposer un support dès que des difficultés se font sentir, particulièrement pour les nouveaux enseignants.

Cohérence et transparence imposent une conformité accrue et bénéfique entre les mots et les actes. Elles permettent une meilleure solidarité au sein de l’équipe scolaire dont l’harmonie ne peut en retour que contribuer positivement à l’atmosphère générale d’un établissement scolaire.





Mise à jour 09/09/2021

Bibliographie


Greg Ashman, Ouroboros (2016)

Sargent, K J—Behaviour Management Guidance—North Lindsey College (2017)

Égide Royer, Petite encyclopédie de l’enseignant efficace, 2019

0 comments:

Enregistrer un commentaire