(Photographie : Lach Parkin)
Toutefois, pour des raisons d’éthique professionnelle, cela ne justifie en rien que les enseignants consacrent du temps et de l’énergie à adopter une différenciation de l’enseignement en fonction des styles ou profils d’apprentissage des élèves. Il y a bien mieux à faire pour nos élèves.
Du temps et de l’argent mal investis
Aucune recherche ne confirme l’existence de styles d’apprentissage ni leur intérêt. Depuis 2006, il existe un concours avec un prix de 5000 dollars pour celui qui prouvera les bénéfices d’une intervention prenant en compte les styles d’apprentissage face à une intervention les ignorant. Ce challenge n’a toujours pas été rempli.
Nous pourrions imaginer un jour qu’une classification particulière en styles d’apprentissage et ses méthodes d’enseignement correspondantes apportent les preuves nécessaires de la véracité du modèle. Faudrait-il l’adopter pour autant ?
Rien n’est certain ! Même si des preuves sont un jour apportées, il faudrait que ses avantages dépassent les coûts élevés des évaluations des élèves et de l’enseignement différencié sur mesure qui en découlerait.
Les interventions construites autour des styles d’apprentissage sont coûteuses. Les élèves doivent être évalués et regroupés par style d’apprentissage. Ils reçoivent alors un enseignement personnalisé, qui, à son tour, exige une formation supplémentaire des enseignants. Ceux-ci doivent concevoir des supports et des activités pédagogiques pour chaque style d’apprentissage, qui nécessitent eux-mêmes d’être validés en matière d’efficacité.
Les interventions construites autour des styles d’apprentissage sont coûteuses. Les élèves doivent être évalués et regroupés par style d’apprentissage. Ils reçoivent alors un enseignement personnalisé, qui, à son tour, exige une formation supplémentaire des enseignants. Ceux-ci doivent concevoir des supports et des activités pédagogiques pour chaque style d’apprentissage, qui nécessitent eux-mêmes d’être validés en matière d’efficacité.
De plus, si nous voulons répartir les élèves dans une classe donnée et enseigner chaque sous-ensemble différemment, il peut être nécessaire d’augmenter le nombre d’enseignants.
Comme nous le rapportons, aucune preuve du bénéfice apporté par l’utilisation des styles d’apprentissages n’a été prouvée scientifiquement de manière indiscutable à ce jour. Il est temps de tourner la page et de passer à des pratiques réellement efficaces.
La question pratique est de savoir si les avantages des interventions en matière de styles d’apprentissage dépassent les autres façons d’utiliser le temps et l’argent nécessaires pour intégrer ces interventions. La réponse évidente est non, non et encore non.
Il existe de larges preuves scientifiques qu’un apprentissage individualisé est plus efficace qu’un enseignement à l’échelle de la classe, mais aucun système éducatif n’a les ressources pour attribuer un enseignant particulier à chaque élève. Nous devons être pragmatiques et privilégier des approches d’enseignement efficace pour des groupes d’élèves en classe.
Il n’est pertinent d’intégrer des idées issues de la recherche ou des théories éducatives dans l’enseignement que lorsque deux conditions fondamentales sont rencontrées :
La première de ces deux conditions n’est pas remplie pour les styles d’apprentissage, et elle est une condition préalable à la seconde.
Il y a deux points importants à garder à l’esprit lorsque les preuves d’une théorie en éducation manquent :
(1) Il est absolument vrai que nous pourrions découvrir demain qu’il y existe réellement des styles d’apprentissage. Cependant, dans l’état actuel des choses, il n’y a aucune raison scientifique de penser que les théories qui ont été proposées jusqu’ici sont correctes ou utiles.
(2) Le fait qu’il n’a pas été définitivement prouvé que la théorie des styles est fausse n’est en rien une raison valide de préconiser son utilisation sous une forme ou l’autre en classe. Il est préférable de privilégier des théories pour lesquelles les scientifiques ont obtenu un faisceau large de preuves scientifiques de leurs effets bénéfiques et de leur efficacité auprès d’élèves.
Premièrement, les capacités de nos élèves sont de meilleurs prédicteurs de la manière dont ils apprennent le plus efficacement et celles-ci ne sont pas réductibles à des styles d’apprentissage :
La question pratique est de savoir si les avantages des interventions en matière de styles d’apprentissage dépassent les autres façons d’utiliser le temps et l’argent nécessaires pour intégrer ces interventions. La réponse évidente est non, non et encore non.
Il existe de larges preuves scientifiques qu’un apprentissage individualisé est plus efficace qu’un enseignement à l’échelle de la classe, mais aucun système éducatif n’a les ressources pour attribuer un enseignant particulier à chaque élève. Nous devons être pragmatiques et privilégier des approches d’enseignement efficace pour des groupes d’élèves en classe.
Fermer la porte à tout usage des styles d’apprentissage
- Nous sommes suffisamment certains que les phénomènes décrits existent dans au moins certaines conditions. Nous avons des données probantes qui nous amènent de manière claire, appuyée et valide à cette conclusion.
- Nous comprenons clairement comment appliquer utilement ces phénomènes mis en évidence, dans notre enseignement. Cette démarche se fait en concordance avec les individus concernés, les ressources à notre disposition, le contexte et les apprentissage visés.
La première de ces deux conditions n’est pas remplie pour les styles d’apprentissage, et elle est une condition préalable à la seconde.
Il y a deux points importants à garder à l’esprit lorsque les preuves d’une théorie en éducation manquent :
(1) Il est absolument vrai que nous pourrions découvrir demain qu’il y existe réellement des styles d’apprentissage. Cependant, dans l’état actuel des choses, il n’y a aucune raison scientifique de penser que les théories qui ont été proposées jusqu’ici sont correctes ou utiles.
(2) Le fait qu’il n’a pas été définitivement prouvé que la théorie des styles est fausse n’est en rien une raison valide de préconiser son utilisation sous une forme ou l’autre en classe. Il est préférable de privilégier des théories pour lesquelles les scientifiques ont obtenu un faisceau large de preuves scientifiques de leurs effets bénéfiques et de leur efficacité auprès d’élèves.
Quatre principes d’enseignement efficace pour se passer définitivement des styles d’apprentissage
- En tant qu’enseignants, nous devons tenir compte des différences dans les capacités de nos élèves et ne pas tenir compte de leurs styles d’apprentissage dans notre manière de leur enseigner.
- Nous devons ajuster nos cours en fonction du niveau d’habileté des élèves pour tenir compte de la charge cognitive générée.
- Autant que possible, les intérêts des élèves gagnent à être pris en compte et stimulés, de même que leur sentiment d’efficacité nourri par des opportunités de réussite.
Deuxièmement, les conditions d’enseignement optimales diffèrent selon les connaissances préalables des élèves :
- Les différences dans les connaissances préalables sont un facteur critique dans l’optimisation de l’enseignement et doivent être déterminées par une évaluation diagnostique.
- Tout nouvel apprentissage s’appuie sur l’ancien apprentissage s’il veut être profond, durable et faire sens.
- Les connaissances préalables de nos élèves sont un facteur déterminant dans la planification et la conception de notre enseignement.
Troisièmement, il est utile d’évaluer régulièrement et de manière formative les connaissances de nos élèves et leur progression dans la compréhension et l’apprentissage :
- La vérification de la compréhension en enseignement explicite et toutes les démarches liées à l’évaluation formative sont des approches idéales pour répondre à ce principe.
- La prise en compte de l’intérêt de nos élèves peut également être un outil utile pour décider comment aborder et introduire les contenus dans une classe donnée afin de faciliter le sens des apprentissages.
Quatrièmement, il existe de bien meilleures réponses à l’hétérogénéité des classes :
- Lorsqu’il s’agit d’adapter un cours à un groupe d’élèves, c’est une perte de temps d’évaluer leurs styles d’apprentissage et d’investir du temps sur une différenciation de ce type.
- La prise en compte des besoins spécifiques des élèves en matière d’aménagements raisonnables est une bien meilleure approche que celles des styles d’apprentissage ;
- Une réflexion sur la répartition des ressources scolaires dans une perspective de réponses à l’intervention est une bien meilleure réponse aux difficultés scolaires rencontrées par certains profils d’élèves.
Conclusion
En conclusion, nos élèves diffèreront toujours dans leurs capacités, leurs intérêts, leur progression et leurs connaissances de base.
Il est évident que nos élèves peuvent avoir des préférences quant à leur façon d’apprendre, mais rien n’indique que le fait de tenir compte de ces préférences mènera à un meilleur apprentissage ou leur sera bénéfique. La théorie des styles d’apprentissage nous semble être une croyance creuse, sans fondement scientifique, sans preuve de son efficacité.
Tous les humains, à moins d’être affligés par certains types de déficiences physiques ou mentales organiques, naissent avec une capacité étonnante d’apprendre. Celle-ci se manifeste à la fois dans la quantité et dans la variété et l’étendue de ce qui peut être appris. Elle est rendue possible par la variété et la qualité des expériences scolaires.
En tant qu’enseignants, nous devons avant tout présenter nos contenus de matière de manière appropriée et efficace, en tenant compte du niveau de connaissances, de capacités et de motivation de nos élèves.
Dinham, Stephen (2016). Students are not hard-wired to learn in different ways—we need to stop using unproven, harmful methods. The Conversation. https://theconversation.com/students-are-not-hard-wired-to-learn-in-different-ways-we-need-to-stop-using-unproven-harmful-methods-63715
Pashler, H., McDaniel, M., Rohrer, D., & Bjork, R. (2008). Learning styles: Concepts and evidence. Psychological Science in the Public Interest, 9, 105–119.
Riener, Cedar & Willingham, Daniel. (2010). The Myth of Learning Styles. Change: The Magazine of Higher Learning. 42. 32–35. 10.1080/00091383.2010.503139.
Willingham, Daniel (2008). Learning Styles don’t exist. https://www.youtube.com/watch?v=sIv9rz2NTUk
Willinghalm, Daniel (2018). Learning Styles FAQ. http://www.danielwillingham.com/learning-styles-faq.html
Kirschner P.A., Stop propagating the learning styles myth, Computers & Education (2017).
Tous les humains, à moins d’être affligés par certains types de déficiences physiques ou mentales organiques, naissent avec une capacité étonnante d’apprendre. Celle-ci se manifeste à la fois dans la quantité et dans la variété et l’étendue de ce qui peut être appris. Elle est rendue possible par la variété et la qualité des expériences scolaires.
En tant qu’enseignants, nous devons avant tout présenter nos contenus de matière de manière appropriée et efficace, en tenant compte du niveau de connaissances, de capacités et de motivation de nos élèves.
Mis à jour le 24/11/2021
Bibliographie
Pashler, H., McDaniel, M., Rohrer, D., & Bjork, R. (2008). Learning styles: Concepts and evidence. Psychological Science in the Public Interest, 9, 105–119.
Riener, Cedar & Willingham, Daniel. (2010). The Myth of Learning Styles. Change: The Magazine of Higher Learning. 42. 32–35. 10.1080/00091383.2010.503139.
Willingham, Daniel (2008). Learning Styles don’t exist. https://www.youtube.com/watch?v=sIv9rz2NTUk
Willinghalm, Daniel (2018). Learning Styles FAQ. http://www.danielwillingham.com/learning-styles-faq.html
Kirschner P.A., Stop propagating the learning styles myth, Computers & Education (2017).
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