(photographie Jamie Hladky)
Des pratiques efficaces en gestion de gestion de classe dépendent d’une planification minutieuse de l’organisation physique de la classe, de ses règles, des procédures et routines qui y auront lieu, des activités de départ et de la qualité de l’enseignement qui sera délivré aux élèves.
1. Adopter une gestion de classe préventive
Le concept d’une gestion de classe préventive a été mis en évidence comme essentiel à l'orgine par Jacob S. Kounin. Il se base sur les quatre principes suivants :
- La gestion des apprentissages et la gestion de classe doivent être intégrées. L’enseignant doit dès lors être attentif à tous les aspects de la classe.
- Lorsque les élèves sont intéressés, stimulés, actifs et engagés, cela réduit le risque de voir apparaitre un comportement perturbateur. Un enseignant efficace garde les élèves attentifs et activement impliqués.
- Les activités planifiées et coordonnées dans le cadre des leçons réduisent la probabilité d’un comportement perturbateur. L’enseignant devrait pouvoir assister à deux événements/activités en même temps.
- Une atmosphère et un relationnel, tous deux positifs et productifs, doivent être omniprésents et généraux pour tous les participants en classe. Les activités doivent être agréables et stimulantes.
2. Créer un environnement sécurisant, ordonné, prévisible et positif
Lorsqu’un enseignant parvient à établir un milieu de vie sécurisant, ordonné, prévisible et positif dans sa classe, ses élèves obtiennent naturellement de meilleurs résultats scolaires.
L’environnement de la classe doit être optimisé pour que l’enseignement puisse s'y dérouler dans les meilleures conditions et afin qu’il favorise le plein engagement et l’apprentissage régulier des élèves.
Notre environnement de classe se veut :
- Sécurisant :
- C’est un milieu sans violence et sans intimidation
- Nous mettons en oeuvre des incitations pour encourager les comportements souhaitables et attendons.
- Nous prévoyons des conséquences pour décourager un comportement inapproprié.
- Tout ce qui pourrait être un facteur de stress pour nos élèves doit être atténué.
- Ordonné :
- Nous ne laissons pas de place au hasard, à la confusion, aux incertitudes ou à l’improvisation.
- Les règles, procédures et routines ont été définies précisément et enseignées explicitement.
- Prévisible :
- Si une perturbation intervient ou si un élève ne respecte pas une échéance, il faut avoir déterminé à l’avance quelle sera la réaction.
- Les élèves savent exactement et avec certitude quels comportements et quelles attitudes sont attendus d’eux.
- De même, ils savent que si leur comportement n'est pas adéquat, une conséquence est certaine.
- Positif :
- Nous veillons à distribuer du renforcement de manière pertinente (voir article).
3. Définir des attentes claires en matière de comportement dès le premier contact avec les élèves
Avant le début de l’année scolaire, l’enseignant doit se préparer minutieusement :
- Il choisit les règles, les routines, les procédures qu’il veut voir adopter par ses élèves.
- L’établissement de règles dans la classe est une dimension essentielle d’une gestion de classe efficace.
- Elle renvoie aux normes de conduite attendues de la part de l’enseignant pour tous ses élèves.
- Elles doivent être en concordance avec les règles générales de l’établissement.
L'intérêt est bien réel quoique parfois sous-estimé :
- Nous ne devons jamais présumer que nos élèves connaissent comment un enseignant souhaite qu’ils se comportent exactement. Cela reste vrai, peu importe leur âge ou leurs expériences scolaires préalables.
- Individuellement, les élèves pensent savoir comment se comporter de manière appropriée en classe. Mais ce n’est pas la même chose que de connaître ce que l’enseignant qu’ils ont en face d’eux attend exactement comme attitude de leur part.
- Tous les élèves n’ont pas la même définition en ce qui concerne les limites acceptables et souhaitables liées au comportement adéquat en classe.
- Les élèves prendront des libertés avec leurs comportements jusqu’à ce que l’enseignant précise quelles sont ses attentes comportementales.
Comment les préparer ?
- Cette stratégie consiste à créer ou rassembler des normes de conduite attendues dans la classe en vue d’assurer l'enseignement explicite des comportements appropriés chez nos élèves.
- Il importe donc d’y avoir pensé avant si elles ne sont pas déterminées à l’échelle de l’école. Nous devons définir des attentes claires de comportement qui sont indispensables à un bon déroulement du cours. Par exemple pour gérer le début et la fin des cours, les transitions entre deux activités, comment poser une question ou rendre un travail, tout doit avoir été explicité ou enseigné.
- L’enseignant se prépare minutieusement. Il choisit les règles, les routines, les procédures de classe qu’il veut voir adopter par ses élèves.
- Une stratégie très utile est de définir dans le contexte de chaque cours une activité à laquelle les élèves doivent s’engager dès qu’ils entrent dans la classe :
- Il peut s’agir de prendre un livre ou cahier particulier, démarrer un quiz affiché sur le tableau, rester debout et silencieux en attendant l’autorisation de s’asseoir, etc.
- L’idée est que cette activité soit utilisée à chaque entrée de cours ou presque pour qu’elle devienne automatisée.
- L’effet recherché par l’enseignant est de couper court aux conversations qui étaient en cours dans la cour de récréation et dans les couloirs juste avant l’entrée en classe.
- Sans cela, des conversations se prolongent quelques instants et s'achèvent en début de cours, ce qui se traduit par une perte de temps et la prise de mauvaises habitudes par les élèves.
- Nous devons d’éviter toute ambiguïté, toute zone grise qui laisse libre cours à une interprétation individuelle et à des contestations ultérieures. Nous devons être concrets et précis dans nos explications.
Comment communiquer ?
- Nos attentes doivent être clairement communiquées par plusieurs biais : oralement, par écrit et par un enseignement explicite des comportements.
- L’enseignant peut résumer ces éléments sur une affiche qu’il disposera bien à la vue en classe.
- Ces attentes peuvent être directement incluses dans le document d’intentions pédagogiques distribué au début de l’année scolaire.
- Notre objectif est de faire comprendre par plusieurs biais qu’il y a des règles dans la classe et des comportements attendus. Le fait de revoir l’affiche par exemple, va avoir une fonction de rappel pour l’élève, ce qui peut nous éviter le besoin de distribuer certaines rétroactions.
Prévoir des conséquences !
- Il ne suffit pas de formaliser les règles et de les faire apprendre pour prévenir les problèmes de comportement.
- L’enseignant informe également ses élèves des conséquences de manquements.
- L'enseignant supervise l’application des règles. Il applique de manière cohérente les conséquences de la violation d'une règle donnée.
4. Planifier et concevoir l’enseignement explicite des routines comportementales
L’enseignant a intérêt à repérer, à identifier, à mettre en évidence et en quelque sorte à ritualiser sous forme de routines tous les comportement attendus de manière récurrente. Si elle est enseignée comme une routine, assimilée comme telle et adoptée par les élèves.
En procédant de la sorte pour l'entrée du cours, par exemple :
- Nous réduisons la probabilité de mauvaise conduite lors de nos débuts de cours.
- Nous évitons la potentialité de perturbations causées par les élèves qui discutent en attendant de recevoir des instructions de leur enseignant.
Dans un tel contexte, les élèves n’ont pas à deviner ce que l’enseignant attend d’eux. L'enseignant leur a montré explicitement les comportements et les attitudes à adopter. Dès lors en cas d'infraction le quiproquo n'est plus possible.
L’enseignant doit planifier soigneusement les explications qu’il donnera aux élèves afin de leur préciser le bien-fondé de ses règles. Tout doit être préparé, réfléchi, et rien ne doit laisser place à l’improvisation. Une architecture typique de l'enseignement explicite avec modelage, pratique guidée, vérification de la compréhension, rétroaction et pratique autonome est souhaitable.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura jamais d’imprévu. Toutefois en anticipant, l’enseignant peut prévenir un certain nombre de problèmes potentiels. Plus ces éléments seront structurés et clairs pour lui, plus ils le seront également pour les élèves.
Les routines les plus importantes à installer et à enseigner explicitement sont :
Voir article sur le sujet.
L’enseignant doit planifier soigneusement les explications qu’il donnera aux élèves afin de leur préciser le bien-fondé de ses règles. Tout doit être préparé, réfléchi, et rien ne doit laisser place à l’improvisation. Une architecture typique de l'enseignement explicite avec modelage, pratique guidée, vérification de la compréhension, rétroaction et pratique autonome est souhaitable.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura jamais d’imprévu. Toutefois en anticipant, l’enseignant peut prévenir un certain nombre de problèmes potentiels. Plus ces éléments seront structurés et clairs pour lui, plus ils le seront également pour les élèves.
Les routines les plus importantes à installer et à enseigner explicitement sont :
- Le début et à la fin d’un cours
- La manière de poser une question ou d'y répondre
- Les transitions et les déplacements
- L’obtention du silence
Les règles sont énoncées de manière positive, elles expliquent concrètement ce qu'il faut faire au lieu d’émettre une série d’interdits.
L’enseignant explique ces règles, les fait pratiquer et supervise l’application jusqu’à ce qu’elles soient maitrisées par les élèves.
Les enseignants efficaces en gestion de classe évitent de surcharger leurs élèves d’informations liées à ce sujet. Ils se concentrent d’abord sur les préoccupations immédiates, puis introduisent d’autres procédures au fur et à mesure de leur nécessité et de leur apparition dans les différents contextes.
Les enseignants efficaces en gestion de classe évitent de surcharger leurs élèves d’informations liées à ce sujet. Ils se concentrent d’abord sur les préoccupations immédiates, puis introduisent d’autres procédures au fur et à mesure de leur nécessité et de leur apparition dans les différents contextes.
5. Avoir un plan de classe dès le premier cours
Avant une
première rencontre avec les élèves, nous devons avoir préalablement visité le local
où seront donnés les cours. Cela nous permet de prendre ses propres repères, de nous approprier le cadre, de déterminer la bonne répartition des élèves dans la classe et de préparer leur premier accueil.
L’enseignant privilégie par défaut une organisation spatiale de sa classe avec des bancs en rangées, plaçant les élèves seuls ou préférentiellement par deux pour faciliter des partages par paires lors des activités d’enseignement. Cela ne signifie pas que les bancs ne peuvent pas être bougés lors de certaines occasions.
Fixer des places pour les élèves est un très bon moyen pour limiter leurs distractions potentielles et faciliter leur attention, leur engagement et dès lors leurs apprentissages et leur réussite.
Toutes les approches aléatoires sont positives :
L’enseignant privilégie par défaut une organisation spatiale de sa classe avec des bancs en rangées, plaçant les élèves seuls ou préférentiellement par deux pour faciliter des partages par paires lors des activités d’enseignement. Cela ne signifie pas que les bancs ne peuvent pas être bougés lors de certaines occasions.
Fixer des places pour les élèves est un très bon moyen pour limiter leurs distractions potentielles et faciliter leur attention, leur engagement et dès lors leurs apprentissages et leur réussite.
Toutes les approches aléatoires sont positives :
- C’est spécialement utile si nous ne connaissons pas les élèves, car elles permettent de séparer les amitiés propices aux distractions, que ce soit par un ordre alphabétique ou selon le genre (alterner garçon/fille par exemple).
- L’avantage d’une répartition aléatoire de ce type et qu’aucun élève ne pourrait se sentir visé ou victime d’une intention cachée de l’enseignant.
- L'enseignant place la cadre d'emblée. Les élèves sont dans sa classe.
- L'enseignant soulage les choix cornéliens de certains élèves quant à savoir à côté de qui se placer. De cette manière il peut annuler d'emblée certaines tensions sociales. Il offre un répit à certains élèves face aux pressions sociales, car ils ne savent pas toujours où ni à côté de qui s’asseoir en classe.
De plus imposer d’emblée des places fixes est une aide précieuse en début d’année pour accélérer la mémorisation des prénoms. L’enseignant observe au fil du temps, si les élèves fonctionnent bien à leur place. Au besoin, il fait les ajustements nécessaires et revoit l’attribution des places pour le bien des apprentissages. En agissant de la sorte, il ne doit jamais cibler un élève particulier.
Établir un plan de classe en tant qu’enseignant montre également que notre classe est notre lieu d'enseignement. Elle est un lieu d’apprentissage plutôt que de socialisation.
6. Placer stratégiquement les élèves problématiques et vulnérables à proximité de l’enseignant
Le plan de classe est amené à s’adapter pour répondre à la question de la présence d’élèves difficiles ou vulnérables. Si ceux-ci n’ont pas été décelés avant la rentrée scolaire, changer le plan de classe plus tard afin de dénouer des associations d’élèves contre-productives est généralement très utile.
Pour un élève perturbateur, l’amener à s’installer à proximité de l’enseignant (devant ou au centre de la classe) a un effet positif sur son comportement. L’éloigner ou le placer seul sur un banc au fond de la classe aurait de grandes chances de générer un effet contreproductif. Au-delà d’un effet de proximité, l’enseignant sera aussi plus attentif et susceptible d’agir rapidement des les signes avant-coureur d'une perturbation.
Par prudence, il faut éviter de placer un élève turbulent ou ayant des difficultés d’attention près d’une porte, d’une fenêtre, d’un coin de la classe ou d’une zone encombrée. Il vaut mieux prévenir les difficultés que les provoquer.
Il est contre-indiqué de placer un élève problématique à l’autre extrémité de la classe. L’enseignant non seulement est susceptible de manquer certains signaux d’alerte, mais souffrira également d’un temps de réaction bien plus allongé que si l’élève est à côté de lui.
De même, s’il s’agit d’un élève en difficulté, il gagne de même à être placé à l’avant et au centre de la classe. Il sera moins distrait et plus attentif en classe et l’enseignant pourra plus facilement garder un œil sur ses difficultés et progrès et lui apporter son soutien.
Toutefois, les changement de place d'un élève en classe doivent être discret. Il faut éviter de cibler l'élève qui pourrait se sentir stigmatisé ou visé, ce qui pourrait avoir des conséquences néfastes pour son auto-efficacité. Il vaut mieux par conséquent planifier divers changements de place et construire en tout en partie un nouveaux plan de classe.
Dans la même logique, une fois que cet élève est rapproché de l'enseignant, il faut farder l'oeil sur lui, développer les interactions et augmenter le renforcement auprès de lui pour influencer positivement son engagement et ses efforts dans le but d'influencer son comportement et d'introduire un cercle vertueux d'amélioration.
S'adresser à un élève en utilisant le plus tôt possible et systématiquement son prénom est un élément essentiel
et une forme de respect et de reconnaissance. Comme le montre la théorie de l’autodétermination, la reconnaissance est une composante favorable à la motivation et à l'engagement.
De même, tâcher de parler à tous les
élèves de la classe au moins une fois pendant un cours en les prénommant est
particulièrement effectif. À ce titre, il est plus utile de privilégier le prénom au nom et en faire usage chaque fois que l’on s’adresse à l’un des élèves car cela permet de marquer à la fois un peu plus d'influence et de proximité que de ne pas le faire.
Le fait de ne pas connaître le nom de chacun des élèves crée une distance qui favorise l’indiscipline et rend la gestion de la classe moins performante. Il devient beaucoup plus difficile d’individualiser une remarque. Nommer un élève lorsque l’on s’adresse à lui contribue à la communication et à l’établissement d’un rapport d’autorité.
Au secondaire, pour faciliter l’apprentissage des prénoms, l’enseignant prépare un plan de classe sur lequel il écrit les noms et prénoms des élèves. Il laisse ce plan à la vue des élèves. La prise de présence et les techniques de vérification de la compréhension facilitent ce processus d'étude.
Le fait de ne pas connaître le nom de chacun des élèves crée une distance qui favorise l’indiscipline et rend la gestion de la classe moins performante. Il devient beaucoup plus difficile d’individualiser une remarque. Nommer un élève lorsque l’on s’adresse à lui contribue à la communication et à l’établissement d’un rapport d’autorité.
Au secondaire, pour faciliter l’apprentissage des prénoms, l’enseignant prépare un plan de classe sur lequel il écrit les noms et prénoms des élèves. Il laisse ce plan à la vue des élèves. La prise de présence et les techniques de vérification de la compréhension facilitent ce processus d'étude.
Pour l'accélérer, il est utile de récupérer les photos des élèves et les étudier lors des premiers jours de l'année à la manière de flashcards.
Le début de l’année est fondamental pour un enseignement explicite réussi des comportements. Toutefois, l’enseignant devra rester vigilant toute l’année durant et offrir de la rétroaction et un renforcement positif afin de s’assurer que les acquis ne disparaissent pas.
Nous gagnons à introduire les règles et les attentes de la classe auprès des élèves le plus tôt possible, de préférence dès notre première heure de cours. L’enjeu principal est de ne pas permettre aux élèves de faire l’exercice de découvrir par essai/erreur à quoi ressemble une bonne conduite, car ceci pénalise l’élève le moins capable.
Les premières semaines d’interaction sont à cet égard critiques pour la mise en place de règles et de routines qui auront cours pendant toute l’année.
Le premier jour d’école constitue le meilleur moment pour jeter les bases de cette intervention. Les enseignants ont intérêt au début de l’année scolaire à choisir de mener des activités scolaires plus simples. Ils peuvent ainsi mettre l’accent sur les procédures de classe à enseigner. Ils pourront tabler par la suite sur un environnement plus fonctionnel qui permettra de maximiser l’apprentissage des élèves.
Nous devons retenir que c'est lors des premières semaines d’école que les élèves apprennent les attitudes, les comportements et les habitudes de travail qui leur serviront toute l’année. Nous ne devons pas rater ce coche.
La priorité de l’enseignant en classe est d’optimiser l’engagement et l’attention de ses élèves vers le cours. Il veille à diminuer les sources de distraction qui pourraient les éloigner des apprentissages et être à l’origine de perturbations.
Il s’agit d’un thème développé par Jacob. S. Kounin, « variety and challenge ». C’est la mesure dans laquelle l’élève est confronté à des activités ou à des exigences variées au cours d’une unité de temps donnée.
Les enseignants doivent planifier leur cours et disposer de procédures pour assurer un niveau élevé de participation des élèves afin que l’enseignement et l’apprentissage puissent avoir lieu.
Ils offrent des activités variées et fréquentes pour prévenir l’ennui et inciter les élèves à travailler à un niveau intellectuel plus élevé.
Des procédures régissent sous forme de routines ce que les élèves doivent accomplir. L’enseignant doit pouvoir s’adapter et disposer d’alternatives dans sa planification si la classe rencontre des difficultés ou si les tâches proposées sont trop aisées afin de pouvoir conserver l’engagement des élèves.
Les activités doivent être variées et présenter un défi intellectuel accessible pour les élèves. Ceux-ci ne peuvent pas simplement s’investir dans des tâches routinières qui ne demandent pas d’investissement intellectuel, qui sont de la simple copie ou de la récitation.
Inversement, la satiété se manifeste lorsque les enseignants offrent des cours moins intéressants durant lesquels les élèves accomplissent des tâches répétitives ont tendance à perdre leur attention. Jacob S. Kounin a observé qu’une plus grande satiété conduit à une diminution de la qualité du travail des élèves et à une augmentation des comportements hors tâches ou problématiques.
Pour réduire la satiété, les démarches suivantes peuvent être recommandées:
La question a déjà été explorée dans le cadre d’un article dédié, « Maximisation du temps d’apprentissage scolaire et enseignement explicite » (voir ici), mais elle a toute son importance également dans le cadre d’une gestion de classe.
Le facteur temps est une variable très importante dans l’enseignement et les enseignants efficaces en maximisent l’utilisation. Toutefois, même chez les enseignants efficaces, le « non-enseignement » représente jusqu’à 50 % du temps disponible d’instruction.
Il y a invariablement des temps de non-instruction, par exemple les distributions de feuilles, la transition entre deux activités. Les enseignants efficaces profitent de ces moments pour circuler entre les élèves et superviser leurs actions et leur diligence. Le but est de minimiser le temps qui y est consacré de manière à prévenir l’apparition de comportements indésirables qui brisent le rythme et font perdre beaucoup de temps.
La capacité des enseignants à communiquer avec leurs élèves dans le cadre de leurs cours et en dehors facilite la gestion de classe.
Voir article :
8. Miser sur le premier jour et le premier mois
Le début de l’année est fondamental pour un enseignement explicite réussi des comportements. Toutefois, l’enseignant devra rester vigilant toute l’année durant et offrir de la rétroaction et un renforcement positif afin de s’assurer que les acquis ne disparaissent pas.
Nous gagnons à introduire les règles et les attentes de la classe auprès des élèves le plus tôt possible, de préférence dès notre première heure de cours. L’enjeu principal est de ne pas permettre aux élèves de faire l’exercice de découvrir par essai/erreur à quoi ressemble une bonne conduite, car ceci pénalise l’élève le moins capable.
Le premier jour d’école constitue le meilleur moment pour jeter les bases de cette intervention. Les enseignants ont intérêt au début de l’année scolaire à choisir de mener des activités scolaires plus simples. Ils peuvent ainsi mettre l’accent sur les procédures de classe à enseigner. Ils pourront tabler par la suite sur un environnement plus fonctionnel qui permettra de maximiser l’apprentissage des élèves.
Nous devons retenir que c'est lors des premières semaines d’école que les élèves apprennent les attitudes, les comportements et les habitudes de travail qui leur serviront toute l’année. Nous ne devons pas rater ce coche.
9. Avoir toujours une longueur d’avance sur ses élèves
L’une des pistes pour y arriver est purement organisationnelle et consiste à tâcher d’avoir toujours au moins une longueur d’avance sur ses élèves.
Pour cela, dans la mesure du possible, nous devons absolument essayer d’être là, d’être prêts avant eux, d’avoir plus d’une longueur d’avance. Pour cela, nous veillons à avoir préparé les différentes ressources nécessaires. Si les aléas de la vie de l’école font que nous devons nous déplacer pour rejoindre les élèves dans une classe, nous pouvons anticiper un démarrage du cours rapide.
Si des documents sont à distribuer, il faut avoir conçu un mode de distribution rapide et l’enseigner dans la foulée. L’idéal est de donner le nombre de copies nécessaire au début d’une rangée et laisser les élèves se passer les copies par l’arrière, de banc en banc. Le dispositif inverse peut être activé pour récupérer des documents. L’avantage de la technique est qu’elle permet de poursuivre le cours et n’implique pas l’enseignant directement.
De plus, nous veillons à conserver plus d’une leçon d’avance en cas d’imprévus comme la non-maitrise de connaissances préalables qui peut avoir été diagnostiquée préventivement.
Cela passe également par notre attitude. Nous devons tâcher de toujours de paraître sûr de nous-mêmes, calmes, apaisés, souriants, en pleine maitrise de la situation, totalement à l’aise et précis avec ce qui sera enseigné ou avec note organisation.
Lorsque le cours est lancé, nous maintenons le tempo et les enchaînements sans temps mort. Nous devons avoir bien conçu nos transitions et maitriser le passage du temps jusqu’à la dernière minute pour ne pas se retrouver à court de temps ou avec un temps mort sans structure au terme du cours.
Si les élèves perçoivent de la désorganisation, de la confusion, de l’évitement ou de l’incertitude, ils perdront confiance, douteront et seront naturellement tentés par le désengagement et par le manque de rigueur. Ils rempliront tout vide que nous leur laissons et pas comme nous le voudrions. En étant organisés, pleinement engagés et concentrés, nous leur montrons le bon exemple.
De plus, nous devons concevoir des activités d’enseignement de niveau adéquat, ni trop faciles et ni trop difficiles, qui promeuvent l’implication et l’engagement de nos élèves. Il est utile également de mobiliser régulièrement des techniques de vérification de la compréhension des élèves qui stimulent leur engagement cognitif.
Si les élèves perçoivent de la désorganisation, de la confusion, de l’évitement ou de l’incertitude, ils perdront confiance, douteront et seront naturellement tentés par le désengagement et par le manque de rigueur. Ils rempliront tout vide que nous leur laissons et pas comme nous le voudrions. En étant organisés, pleinement engagés et concentrés, nous leur montrons le bon exemple.
De plus, nous devons concevoir des activités d’enseignement de niveau adéquat, ni trop faciles et ni trop difficiles, qui promeuvent l’implication et l’engagement de nos élèves. Il est utile également de mobiliser régulièrement des techniques de vérification de la compréhension des élèves qui stimulent leur engagement cognitif.
10. Organiser l’espace physique de la classe
11. Combiner routines, variété et défis dans les temps de pratique
Il s’agit d’un thème développé par Jacob. S. Kounin, « variety and challenge ». C’est la mesure dans laquelle l’élève est confronté à des activités ou à des exigences variées au cours d’une unité de temps donnée.
Les enseignants doivent planifier leur cours et disposer de procédures pour assurer un niveau élevé de participation des élèves afin que l’enseignement et l’apprentissage puissent avoir lieu.
Ils offrent des activités variées et fréquentes pour prévenir l’ennui et inciter les élèves à travailler à un niveau intellectuel plus élevé.
Des procédures régissent sous forme de routines ce que les élèves doivent accomplir. L’enseignant doit pouvoir s’adapter et disposer d’alternatives dans sa planification si la classe rencontre des difficultés ou si les tâches proposées sont trop aisées afin de pouvoir conserver l’engagement des élèves.
Les activités doivent être variées et présenter un défi intellectuel accessible pour les élèves. Ceux-ci ne peuvent pas simplement s’investir dans des tâches routinières qui ne demandent pas d’investissement intellectuel, qui sont de la simple copie ou de la récitation.
12. Comprendre les notions de valence et de satiété en gestion de classe
Dans ses recherches, Jacob S. Kounin (1970) a constaté que les enseignants efficaces en gestion de classe élaborent des leçons plus intéressantes et plus variées que ceux qui le sont moins. Pour mieux spécifier cette constatation, il a introduit deux concepts, ceux de valence et de satiété :
- La valence fait référence au caractère agréable ou désagréable d'une stimulus émotionnel. Tous les événements et expériences en classe, tels que les tâches d'apprentissages, les interactions ou les explications de l'enseignant, peuvent être classés selon cette dimension comme étant plus ou moins positifs ou négatifs. La valence est considérée comme positive dans le cas d'enseignants qui font preuve d'enthousiasme et utilisent une variété d'activités lorsqu'ils enseignent aux élèves, de sorte que ces derniers réagissent positivement à la leçon.
- La satiété peut être définie comme le sentiment qu'éprouvent les élèves lorsqu'ils sont trop rassasiés. Ils peuvent être tellement rassasiés et gavés d'enseignement qu'ils perdent l'intérêt ou le désir d'apprendre ou de continuer à s'investir. Les enseignants doivent donc éviter la satiété en essayant de rendre l'apprentissage intéressant et de faire en sorte que les élèves réussissent plutôt que de s'ennuyer ou d'être frustrés.
Au niveau de la valence, des cours bien planifiés, intéressants et comportant une variété d’activités permettent d’attirer et de maintenir l’attention des élèves. De telles pratiques se traduisent par un plus grand engagement dans le travail attendu et moins de comportements problématiques.
Inversement, la satiété se manifeste lorsque les enseignants offrent des cours moins intéressants durant lesquels les élèves accomplissent des tâches répétitives ont tendance à perdre leur attention. Jacob S. Kounin a observé qu’une plus grande satiété conduit à une diminution de la qualité du travail des élèves et à une augmentation des comportements hors tâches ou problématiques.
La satiété intervient lorsque l’élève arrive à un certain niveau de satisfaction en rapport avec les apprentissages à un moment donné en classe ou qu’il estime en savoir assez. Dès lors, il éprouve de l’ennui. La satiété décrit cette perte progressive d’intérêt des élèves à l’égard des tâches que nous pouvons leur donner. Il n'y a plus de défi pour continuer à s'investir à ce moment-là dans le cours.
Des conséquences négatives possibles de ces phénomènes,si nous n’y prenons pas garde peuvent être que :
- Les élèves s’investissent dans les tâches demandées sans y réfléchir longuement, tendent à les expédier ou à les réaliser superficiellement.
- Les élèves sont tentés de tromper leur ennui en discutant ou plaisantant avec leurs voisins ce qui mène à des écarts de conduite.
- L'enseignant définit et présente des objectifs d'apprentissage sous forme de défis.
- L’enseignant met ses élèves au défi tout au long du cours, par différentes techniques de vérification de la compréhension et se montre enthousiaste lui-même.
- L’enseignant encourage les élèves en leur fournissant de l’information sur leurs progrès personnels sous forme de renforcement positif ou d'une rétroaction spécifique indiquant comment s'améliorer,
- L’enseignant tente d’éveiller la curiosité de ses élèves en suscitant leur intérêt pour les amener à s’impliquer et à être plus enthousiastes.
- L’enseignant offre des cours bien planifiés et bien adaptés et utilise une variété de styles de présentation (combinant le verbal et le visuel), en faisant un usage opportun de la technologie.
- L’enseignant permet à ses élèves de démontrer et de récupérer de diverses façons leurs connaissances avec un bon taux de succès sans que cela soit trop facile pour autant.
- L’enseignant alterne des temps d'enseignement frontal et des temps où les élèves travaillent individuellement ou avec leurs pairs. Il encourage et soutient la pratique coopérative, le tutorat par les pairs et les démarches d’évaluation formative.
Comme on le voit, nombre de ces conseils sont en phase avec ce que propose un enseignement explicite qui prend pleinement en compte l'engagement de l'élève dans ses apprentissage et maximise le bon usage du temps en classe.
13. Maximiser le temps d’apprentissage scolaire
La question a déjà été explorée dans le cadre d’un article dédié, « Maximisation du temps d’apprentissage scolaire et enseignement explicite » (voir ici), mais elle a toute son importance également dans le cadre d’une gestion de classe.
Le facteur temps est une variable très importante dans l’enseignement et les enseignants efficaces en maximisent l’utilisation. Toutefois, même chez les enseignants efficaces, le « non-enseignement » représente jusqu’à 50 % du temps disponible d’instruction.
Il y a invariablement des temps de non-instruction, par exemple les distributions de feuilles, la transition entre deux activités. Les enseignants efficaces profitent de ces moments pour circuler entre les élèves et superviser leurs actions et leur diligence. Le but est de minimiser le temps qui y est consacré de manière à prévenir l’apparition de comportements indésirables qui brisent le rythme et font perdre beaucoup de temps.
14. Développer une communication professionnelle efficace en classe
L’enseignant est conscient à chaque instant de tout ce qui se passe et le communique de manière transparente à ces élèves. Il semble avoir des yeux tout autour de la tête et parait omniscient.
Cela concerne à la fois :
- Ce qui est propre au cours : échéances, objectifs, évaluations à venir, rétroaction, etc.
- Ce qui est propre au fonctionnement relationnel au sein de la classe.
La capacité des enseignants à communiquer avec leurs élèves dans le cadre de leurs cours et en dehors facilite la gestion de classe.
Modes d'action :
- Mettre en évidence régulièrement les différents buts et échéances à atteindre par les élèves de manière à les responsabiliser plus directement.
- Tenir leurs élèves responsables de la remise de leurs devoirs, de leurs préparations et travaux en temps et en heure, de même que de la rigueur de leurs réalisations.
- Prévoir du temps dans les échéances pour que les élèves revoient la matière chez eux en plusieurs fois : les évaluations formatives et sommatives et les devoir sont échelonnés pour favoriser un travail régulier et un apprentissage durable.
- Solliciter la participation de tous les élèves en classe et lors de travaux de groupe.
- Vérifier la qualité du travail autonome effectué en classe par chaque élève.
- Donner une rétroaction formative à leurs élèves sur leurs production et vérifier que celle-ci est effectivement prise en compte.
- Fournir un retour d'information préventif en fonction des échéances à venir vers les parents pour faciliter leur rôle de soutien dans l’investissement scolaire de leurs enfants.
- Être conscient de ce qui se passe dans la classe, dans leurs cours et dans d’autres cours et rendre les élèves eux-mêmes avertis de leur conscience et de leur suivi.
- Interagir de manière préventive pour maintenir les élèves attentifs et engagés dans un traitement cognitif régulier.
- Communiquer sans tarder, de manière discrète et respectueuse lorsqu'une élève a un comportement non attendu.
15. Croire aux progrès et à la réussite de chacun de ses élèves et le manifester
Voir article :
: Mis à jour le 16/08/21
Bibliographie
Bissonnette, Steve, Gauthier, Clermont, Castonguay, Mireille, L’enseignement explicite des comportements, pour une gestion efficace des comportements en classe et dans l’école, Chenelière Éducation, Montréal, 2016
Tom Bennett, The Beginning Teacher’s Behaviour Toolkit: A Summary, 2019
Tom Bennett, Top Ten Behaviour Tips, 2015, https://www.tes.com/teaching-resource/tom-bennett-s-top-ten-behaviour-tips-plus-one-6315883
Edmund T. Emmer & Carolyn M. Evertson, Classroom Management for middle ad high school teachers, Pearson, 2017
Kounin, Jacob S. (1970) Discipline and Group Management in Classrooms. Holt, Rinehart and Winston, Inc.
W. George Scarlett, The SAGE Encyclopedia of Classroom Management, 2014
T. Emmer, Edmund & Evertson, Carolyn. (1981). Synthesis of Research on Classroom Management. Educational Leadership. 38.
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