
(Photographie : Joris Vandecatseye)
Ils y traitent de l’authenticité chez les enseignants sur la base d’une enquête réalisée auprès d’élèves de l’enseignement secondaire flamand.
L’authenticité perçue a une influence positive sur la gestion de classe et sur la motivation des élèves. Pour l'enseignant, elle repose sur de bonnes compétences dans la matière enseignée et sur une capacité à enthousiasmer, associée à l’adoption de pratiques pédagogiques efficaces.
Enseigner en étant soi-même
Dans une perspective socioconstructiviste de l'enseignement, des éléments récurrents de la formation des enseignants sont notamment les notions :
- De situation-problème
- D’authenticité des activités d’enseignement
- De construction du sens par les élèves.
Paradoxalement et pour l'avoir vécu, c’est une injonction arbitraire qui peut susciter un sentiment confus et flou entre les aspects personnels et professionnels.
En effet, qui nous sommes va dépendre :
Être soi-même est mieux abordé sur l’angle du paraître vrai, crédible et authentique auprès des nos élèves, qui sont nos interlocuteurs principaux dans le cadre de nos missions. Dès lors, nous pouvons poser ces conditions
- De la culture de l’environnement scolaire où nous évoluons
- De nos propres expériences antérieures
- De la dynamique de projet professionnel dans laquelle nous nous inscrivons
Être soi-même est mieux abordé sur l’angle du paraître vrai, crédible et authentique auprès des nos élèves, qui sont nos interlocuteurs principaux dans le cadre de nos missions. Dès lors, nous pouvons poser ces conditions
- Nous devons apporter à nos élèves la preuve d'une grande cohérence entre nos actions concrètes et nos valeurs énoncées. Nous ne pouvons raisonnablement exiger que nos élèves respectent des règles que nous enfreignons allègrement.
- Nous devons manifester la capacité d’établir des relations sincères et authentiques avec nos élèves de manière à encourager leur propre authenticité. La manifestation d’empathie à leur égard et face à leurs difficultés est un apport utile et précieux pour leurs apprentissages.
- Nous devons montrer notre engagement dans des pratiques réflexives à propos de nos propres enseignements. Nous devons montrer de hautes attentes à notre égard, une capacité à nous remettre en question et nous adapter en fonction des besoins, des objectifs et des difficultés de nos élèves. De cette manière nous pouvons également exprimer de hautes attentes à leur égard.
Être conforme et cohérent avec la culture de l’établissement
Un impératif rencontré par l’enseignant, spécialement par celui qui débute, est d’être conforme à la culture de l’établissement dans lequel il enseigne. L’enseignant doit en être porteur, l’incarner et la défendre dans ses actes et ses attitudes. La conformité ne doit pas être totale, mais l'enseignant doit pouvoir se situer et se justifier face à celle-ci. Cela relève d'un critère d'appartenance à une communauté enseignante.
En tant que nouvel enseignant cela consiste à observer ses collègues, idéalement en classe, discuter, communiquer avec eux. De cette manière nous pouvons acquérir et comprendre les diverses routine explicite et implicites attendues. De même, nous devons chercher un alignement avec les pratiques promues pour la gestion des apprentissage et du comportement, dans un soucis de conformité et de cohérence qui facilitera notre intégration et le reconnaissance de notre authenticité.
Nous pouvons dès lors postuler que l’authenticité d'un enseignant est une construction de soi, qui s’élabore par apprentissage et inévitablement par essais et erreurs également. Elle dépend des interactions sociales qu'il rencontre dans un cadre qui la rend possible et la renforce.
L’enseignant sur le terrain se retrouve lui-même mis à l’épreuve en lien avec :
Le fait d'énoncer qu'il faut être soi-même en étant enseignant apparait dès lors comme étant une tautologie. Nous restons toujours nous-mêmes. Par contre, la différence est là : nous ne naissons pas enseignant, nous le devenons. Enseigner doit-être considéré comme une profession. Une profession se fonde sur une base de connaissances probantes identifiées. Une profession impose l’apprentissage et la maîtrise de tout une ensemble de connaissances et de pratiques efficaces validées.
Ce professionnalisme permet le développement d’une expertise qui se construit au fil du temps par une pratique délibérée. Elle se base sur l'acquisition de connaissances, disciplinaires et pédagogiques, du savoir-faire et des compétences dans la façon d’enseigner pour soutenir l’apprentissage des élèves.
Si les dimensions d’authenticité liées à la personne de l'enseignant et à l’institution pour laquelle il exerce sont relativement évidentes, il est intéressant de les explorer également du point de vue de l’élève.
Nous pouvons dès lors postuler que l’authenticité d'un enseignant est une construction de soi, qui s’élabore par apprentissage et inévitablement par essais et erreurs également. Elle dépend des interactions sociales qu'il rencontre dans un cadre qui la rend possible et la renforce.
L’enseignant sur le terrain se retrouve lui-même mis à l’épreuve en lien avec :
- L’expertise qui est attendue de lui dans son domaine de matière avec laquelle il doit rester en phase et faire ses preuves
- Sa capacité à gérer et accompagner les apprentissages de ses élèves, dépendante de la pédagogie privilégiée, de ses conceptions sur l'apprentissage et de la politique d’évaluation en vigueur dans son établissement
- Sa capacité à maintenir un climat de travail propice à l'enseignement et à l'apprentissage de ses élèves, lié à sa gestion du comportement.
Le fait d'énoncer qu'il faut être soi-même en étant enseignant apparait dès lors comme étant une tautologie. Nous restons toujours nous-mêmes. Par contre, la différence est là : nous ne naissons pas enseignant, nous le devenons. Enseigner doit-être considéré comme une profession. Une profession se fonde sur une base de connaissances probantes identifiées. Une profession impose l’apprentissage et la maîtrise de tout une ensemble de connaissances et de pratiques efficaces validées.
Ce professionnalisme permet le développement d’une expertise qui se construit au fil du temps par une pratique délibérée. Elle se base sur l'acquisition de connaissances, disciplinaires et pédagogiques, du savoir-faire et des compétences dans la façon d’enseigner pour soutenir l’apprentissage des élèves.
Le point de vue des élèves
Si les dimensions d’authenticité liées à la personne de l'enseignant et à l’institution pour laquelle il exerce sont relativement évidentes, il est intéressant de les explorer également du point de vue de l’élève.
Quels sont les critères perçus comme signifiants chez les élèves dans leur appréciation de l’authenticité chez l’enseignant ?
C’est ce à quoi se sont intéressés Pedro De Bruyckere et Paul A. Kirschner (2017) dans leur recherche :
Il apparait que nous pouvons distinguer statistiquement trois critères propres à l'authenticité de l'enseignant :
Pour ce qui est de l’expertise :
Les élèves s’attendent à apprendre quelque chose de leur enseignant :
Derrière cette notion d’expertise de l'enseignant se manifeste avant tout une double notion :
Pour ce qui est de la passion :
Les élèves attendent de leurs enseignants authentiques une passion harmonieuse.
C’est ce à quoi se sont intéressés Pedro De Bruyckere et Paul A. Kirschner (2017) dans leur recherche :
Il apparait que nous pouvons distinguer statistiquement trois critères propres à l'authenticité de l'enseignant :
1. « Live to teach » : expertise et passion
Pour ce qui est de l’expertise :
Les élèves s’attendent à apprendre quelque chose de leur enseignant :
- Un enseignant est quelqu’un qui comprend profondément son domaine de matière et qui sait très bien l'expliquer à ses élèves.
- Pour certains élèves, un enseignant doit se soucier de la compréhension et de la qualité de la transmission de ses enseignements, c'est-à-dire de l'apprentissage de ses élèves.
Derrière cette notion d’expertise de l'enseignant se manifeste avant tout une double notion :
- L'enseignant est expert dans son domaine de matière.
- Une expertise dénuée de capacités de transmission efficace ne suffit pas.
Pour ce qui est de la passion :
Les élèves attendent de leurs enseignants authentiques une passion harmonieuse.
La passion harmonieuse correspond à l'idée que :
L'idée de passion harmonieuse contraste avec celle de passion obsessionnelle où l’enseignement pourrait être la seule activité qui permet à l’enseignant de conserver un sentiment d’estime de soi. Ici, les élèves sont inclus.
- L’acte d’enseigner s'incarne dans l'identité de l’enseignant. L’enseignant témoigne de son intérêt e de sa motivation pour la matière abordée. Il apporte des informations supplémentaires spontanément sur le sujet traité, il fait des liens et il répond aux questions de dépassement de ses élèves.
- L’activité d’apprentissage est librement acceptée comme importante par les élèves qui y prêtent de l'attention. Pour cela, l’enseignant doit pouvoir stimuler l’intérêt et la motivation des élèves et donc y mettre un effort qui parait naturel chez lui.
L'idée de passion harmonieuse contraste avec celle de passion obsessionnelle où l’enseignement pourrait être la seule activité qui permet à l’enseignant de conserver un sentiment d’estime de soi. Ici, les élèves sont inclus.
Selon ce premier critère, l’enseignant qui est perçu authentique est :
- Un enseignant qui met beaucoup d’énergie dans son travail et témoigne d'un fort intérêt personnel pour la matière qu'il enseigne. Grâce à cela, l’enseignant a le pouvoir de susciter l'adhésion de ses élèves. Il est enthousiaste.
- L’enseignant a de hautes attentes pour ses élèves. Il veut qu'ils réussissent. Il enseigne efficacement, ce qui entraine de bons résultats pour ses élèves. Il les motive.
Pour les élèves, les notions d’expertise et de passion sont associées. L’enseignant passionné motive ses élèves. Il met en place les conditions d’un transfert efficace des compétences visées.
Cette association entre expertise et passion impose à l'enseignant de consacrer délibérément du temps au maintien et au développement de son expertise à la fois dans son domaine de matière et dans ses pratiques pédagogiques.
2. « No textbook teacher » : l’unicité
L’enseignant ose s’affranchir des limites créées par les programmes et les manuels scolaires
- L’enseignant peut parler de son expérience propre dans son domaine. Il peut aussi digresser sur des sujets parascolaires et inclure certains contenus pour alléger la routine scolaire et apporter de la variété. Le fait de ne pas respecter strictement le programme d’études se traduit également par une plus grande souplesse et une moindre importance accordée à une planification rigide. C’est l’idée d’un enseignant qui veut faire un effort supplémentaire pour ses élèves en s’adaptant à leurs intérêts et à leurs apprentissages.
- Une autre dimension est liée à ce concept d’unicité. Si elle n'est pas explicitée par les élèves, elle n'e est pas moins évidente. Il n’y a pas deux êtres humains identiques. Si chaque élève est différent, chaque classe l’est également. Dès lors, chaque enseignant doit pouvoir agir de manière différente en fonction du contexte, tout en ayant son propre style d’enseignement et d’interaction. Il doit s’adapter à l’âge, aux aptitudes et aux spécificités de ses élèves. Il doit également faire preuve de patience lorsque ses élèves rencontrent des difficultés et pouvoir prendre le temps nécessaire pour répondre à leurs différentes questions portant sur la matière.
Chaque classe est unique. Chaque enseignant est unique. La rencontre doit se faire entre les deux. Elle demande une capacité d'adaptation de l’enseignant afin d'optimiser la collaboration et les apprentissages.
3. La proximité
Le critère de proximité implique l’élément d’équité, tout en suggérant le maintien d'une distance entre l’enseignant et l’élève :
- Les élèves jugent important que leur enseignant s’intéressent à eux, à leurs difficultés à l'intérieur et à l'extérieur du cadre de la classe, et à ce qu’ils sont pendant des moments plus informels. Cependant, les élèves s’intéressent moins à la vie personnelle de leurs enseignants. Les élèves veulent garder une distance. Si cette distance est comblée, cela devrait se produire dans des moments informels en dehors des temps de cours et lors d’activités parascolaires.
- L’enseignant qui établit le degré de proximité adéquat avec ses élèves stimule également une atmosphère positive. Les élèves évoluent entre eux et avec l'enseignant dans une relation de travail respectueuse en classe.
Le critère de proximité correspond à l’idée que l’enseignant doit respecter ses étudiants. L'enseignant sait comment s’imposer et gérer une classe. Il est juste et bienveillant. Il prend le temps de discuter avec ses élèves de leurs difficultés et leur donne une rétroaction qui les guide efficacement.
4. La question de la rigueur et de la sévérité
Le critère de la rigueur et de la sévérité s’est révélé moins fiable statistiquement dans sa contribution à la construction du sentiment d’authenticité de l’enseignant par l’élève.
Être perçu comme rigoureux en tant qu’enseignant, est vu par les élèves comme le fait de vouloir commencer tout de suite à travailler, d'être rigide, d'être moins focalisé sur l’élève et plus sur l’enseignement. Le enseignant est avant tout fier d’être enseignant, fier de lui-même. Il croit que ce qu’il fait est important pour l’élève par défaut.
Si le critère de rigueur et de sévérité est moins signifiant pour l’élève, il n’en reste pas moins que ces aspects constituent un prérequis sous-jacent qui permet aux trois autres critères d’exister.
Si le critère de rigueur et de sévérité ne contribue pas directement comme une entité propre c’est qu’il a vocation à être transparent. En effet, tout temps consacré à la résolution de conflits en classe ou de perturbations du cours est une perte nette de temps scolaire pour l'apprentissage.
Ces constatations sur l’absence d’importance ou la transparence de cette dimension pour forger l’authenticité de l’enseignement est néanmoins signifiante et intéressante.
Elles renforcent l’idée de privilégier une approche explicite et positive de la gestion des comportements telle que promue par l’approche de soutien au comportement positif (SCP).
Le comportement attendu passant pas le biais d'un enseignement explicite, il gagne ainsi naturellement en authenticité pour l’élève, s’appuyant sur des facteurs qui pour lui sont signifiants, il construit le cadre et les prérequis nécessaires à l'établissement d'une atmosphère de travail propice. Avec un enseignant authentique, cette dimension se fond dans le décor.
Cet article comporte une suite.
Pedro De Bruyckere & Paul A. Kirschner | Sammy King Fai Hui (Reviewing Editor) (2017) Measuring teacher authenticity: Criteria students use in their perception of teacher authenticity, Cogent Education, 4:1, DOI: 10.1080/2331186X.2017.1354573
Cet article comporte une suite.
Mise à jour le 07/09/21
Bibliographie
Pedro De Bruyckere & Paul A. Kirschner | Sammy King Fai Hui (Reviewing Editor) (2017) Measuring teacher authenticity: Criteria students use in their perception of teacher authenticity, Cogent Education, 4:1, DOI: 10.1080/2331186X.2017.1354573
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