jeudi 9 juin 2022

Comprendre l’importance des fonctions exécutives dans un contexte éducatif

Voici une synthèse d’un point de vue éducatif d’un article de présentation des fonctions exécutives par Sébastien Henrard (2021).

Si différents articles de ce blog ont déjà abordé la question des fonctions exécutives, une synthèse globale manquait à ce jour en tant qu’introduction.

(Photographie : Doug Rickard)




Modélisation de l’organisation des fonctions exécutives


Les fonctions exécutives recouvrent des processus mentaux top-down mis à contribution lorsque nous devons réaliser une tâche nouvelle, non automatisée et qui nous demande de l’attention. 

Les fonctions exécutives sont présentes et actives dans l’ensemble de nos comportements quotidiens qui requièrent un contrôle comportemental ou un apprentissage. 

Elles sont particulièrement mobilisées en contexte scolaire. Elles gagnent à être prises en compte, car leur mobilisation demande beaucoup d’énergie et d’efforts.

Il y a un consensus sur la modélisation des fonctions exécutives en trois principales fonctions de base s’associant par la suite pour atteindre des fonctions de plus haut niveau : 
  • L’inhibition : la maîtrise de soi et le contrôle des interférences
  • La flexibilité : le fait d’alterner entre deux situations, actions ou idées
  • La mémoire de travail

Les fonctions exécutives de plus haut niveau sont : 
  • Le raisonnement
  • La planification
  • La résolution de problèmes



Caractéristiques et difficultés liées aux fonctions exécutives


Caractéristiques


Les lobes préfrontaux jouent un rôle important dans les fonctions exécutives, mais celles-ci impliquent plus généralement l’ensemble du cerveau. 

Comme les fonctions exécutives interviennent dans des réseaux cognitifs larges, elles peuvent donc avoir une répercussion importante sur l’ensemble des comportements de la vie de tous les jours par leur présence diffuse dans le cerveau. 

Elles ont un rôle régulateur spécifique des autres fonctions cognitives telles que la mémoire à long terme, le langage, la praxie (ensemble de mouvements coordonnés en fonction d’un but), l’apprentissage, les relations sociales et le comportement.

Les fonctions exécutives sont par conséquent des facteurs d’importance dans tous les phénomènes ayant lieu en contexte scolaire et dans leur régulation.



Difficultés l


La mobilisation des fonctions cognitives peut entraîner, en cas de surcharge, des erreurs ou des incompréhensions. C’est tout le fondement sur lequel repose la théorie de la charge cognitive et toutes les procédures visant à établir un enseignement et une gestion des comportements efficace en contexte scolaire. 

Les fonctions exécutives sont impliquées dans un grand nombre de pathologies comme l’anxiété, la dépression ou les troubles de l’apprentissage. 

Une altération ou un dysfonctionnement de celles-ci peut avoir d’importantes conséquences sur les apprentissages ou les relations sociales, et par conséquent sur la qualité de vie au quotidien. 

Cela peut se traduire par :
  • Des difficultés attentionnelles : oublis, distractions…
  • Des problèmes comportementaux : impulsivité, opposition…
  • De l’agitation : hyperactivité
  • De manière plus globale, par : 
    • Des difficultés de planification et d’organisation
    • De raisonnement et d’apprentissage.

L’ensemble de ces conséquences retentit sur la scolarité, la vie familiale, le travail ou encore les relations sociales qu’entretiennent les individus.

Chez les enfants, nous retrouvons un lien très clair entre difficultés d’apprentissage et fonctions exécutives. Ces difficultés exécutives vont se répercuter à la fois dans l’apprentissage de la lecture, de l’écriture ou des mathématiques. 

De manière plus spécifique, ces difficultés peuvent avoir un impact sur la réalisation des tâches scolaires ou des devoirs à domicile ainsi que dans les relations à l’école et avec la famille. 



Inhibition 


Le contrôle inhibiteur consiste à être capable de s’empêcher de faire une action, de contrôler son attention, ses comportements, ses pensées ou ses émotions. L’objectif est de rester focalisé sur ce que nous devons faire sans être accaparés par l’environnement ou par nos propres pensées. 

Au niveau attentionnel par exemple, l’inhibition nous permet de nous concentrer de manière sélective sur un élément de l’environnement en faisant abstraction des éléments non pertinents à la tâche en cours. Exemple : un enfant fait un devoir, il s’arrête pour regarder par la fenêtre parce qu’il pleut ou voit son attention distraite par toute autre raison.

Un autre aspect de l’inhibition est sa capacité à supprimer des représentations mentales. Cela implique la capacité à résister aux pensées ou souvenirs étrangers ou indésirables à la tâche en cours, y compris l’oubli intentionnel. Prenons un exemple. Un élève fait ses devoirs chez lui. Il s’arrête pour penser à des événements qui ont eu lieu dans la journée ou qui auront lieu le lendemain. Ces derniers sont sans rapport avec les tâches en cours et l’en éloignent.

Une autre facette de l’inhibition se traduit par la maîtrise de soi. C’est la capacité à résister aux tentations et à ne pas agir impulsivement. Cela nous permet par exemple d’avoir la discipline nécessaire pour rester concentrés malgré les distractions de l’environnement. Nous pouvons alors terminer une tâche malgré les tentations d’abandonner en passant à un travail plus motivant, ou pour passer un temps de relaxation. Cela implique de retarder la gratification en renonçant à un plaisir immédiat pour obtenir une plus grande récompense plus tard.

Un défaut d’inhibition est caractérisé par :
  • De l’impulsivité
  • Des automatismes qui prennent le dessus sur la tâche à réaliser
  • De la distraction guidée par les éléments présents dans l’environnement. 

Cela se traduit au quotidien par le fait :
  • De parler avant de réfléchir
  • De se réfugier dans certaines addictions plutôt que d’affronter les problèmes
  • D’avoir des difficultés d’attention lors de la réalisation de tâches à accomplir. 



Mémoire de travail


La mémoire de travail permet de garder l’information à l’esprit et la travailler mentalement.

La mémoire de travail permet de traiter des informations qui ne sont pas ou plus perceptiblement présentes dans l’environnement.
 
La mémoire de travail est donc indispensable pour donner un sens à tout ce qui se déroule autour de nous. 

Elle permet le lien entre le passé, le présent et le futur. Elle nous donne la capacité de faire des liens par rapport aux événements de tous les jours en nous permettant de planifier nos actions au regard de ce que nous avons déjà réalisé auparavant.

La mémoire de travail est également centrale dans nos apprentissages. Elle est indispensable pour donner du sens à ce que nous lisons ou écoutons, et pour apprendre. 

Elle intervient même dans des compétences exécutives de plus haut niveau comme la planification qui demande une importante organisation des étapes entre elles pour aboutir à un objectif fixé à l’avance. La mémoire de travail permet de réajuster notre plan, en tenant compte des alternatives et changements possibles. 

Un défaut de mémoire de travail est caractérisé par une entrave au nombre d’informations que nous pouvons traiter en parallèle qui entraîne :
  • Des difficultés d’apprentissage.
  • Des difficultés à planifier des actions ce qui mène à de la désorganisation.



Flexibilité


La flexibilité cognitive quant à elle renvoie à la capacité d’alterner entre deux actions, entre deux idées. Elle nous permet de changer de point de vue sur une situation ou une personne. 

Pour changer de point de vue, nous devons inhiber (ou désactiver) notre perspective précédente et activer, grâce à la mémoire de travail, une perspective différente dans notre pensée. 

La flexibilité cognitive nécessite et s’appuie sur un contrôle inhibiteur et sur la mémoire de travail. 

Pour changer de perspective, un autre aspect de la flexibilité cognitive consiste à changer la façon dont nous pensons à quelque chose pour trouver une nouvelle façon d’aborder le problème. De nombreuses recherches font le lien entre la créativité et la flexibilité cognitive.

Un défaut de flexibilité va engendrer :
  • Des rigidités de pensée
  • Des difficultés à sortir de nos automatismes et de nos routines
  • De la persistance dans nos erreurs, dans nos réactions ou dans nos gestes. 
  • Des comportements d’entêtements vis-à-vis d’autres personnes
  • Des difficultés de compréhension des habiletés sociales. 

Mis à jour le 03/08/2023

Bibliographie


Henrard, Sébastien. (2021). De l’importance des fonctions exécutives dans la vie de tous les jours. Revue Francophone d’Orthoptie. 14. 10.1016/j.rfo.2021.02.003.

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