Pourquoi miser sur un enseignement efficace de connaissances aux élèves permet-il d’avoir un effet compensatoire sur les différences en matière de capital culturel et de capacités, et représente un atout en matière d’équité éducative ?
(Photographie : Sylvain-Emmanuel Prieur)
Privilégier l’efficacité de l’enseignement au mérite de l’élève
Apprendre et suivre des enseignements accroit nos connaissances et en cela augmente notre QI par l’intermédiaire de l’intelligence cristallisée.
L’école nous rend donc plus intelligents, plus que n’importe quel facteur, en combinant, en servant de médiateur et en stimulant le potentiel de nos gènes, de nos expériences et de notre culture familiale.
Nous sommes tous différents. Les inégalités scolaires et la reproduction sociale restent des concepts prégnants pour l’éducation.
Une façon de s’en disculper est de se référer à la notion de mérite. L’autre est de réfléchir en matière d’efficience et d’équité des pratiques d’enseignement.
Dans quelle mesure les élèves méritent-ils leur succès et leurs échecs ? L’école valorise le travail et l’effort des élèves en tant que médiateurs de l’apprentissage. Cette valeur toutefois se combine à des facteurs dont l’élève n’est que le dépositaire (on ne choisit pas ses gènes ni son milieu) et qui lui sont fortement tributaires. C’est leur association qu’à travers des processus d’évaluation l’école finit par trancher.
Le concept de mérite et de responsabilité qui en découle deviennent rapidement discutable.
Il y a une majorité civile et pénale. Dès lors, à partir de quel âge est-ce qu’un élève est pleinement responsable de ses performances scolaires ?
Les responsabilités sont sans doute plus que certainement partagées, entre l’élève, ses parents et l’institution scolaire. De là vient l’importance de l’accent sur l’efficacité des pratiques d’enseignement.
Des responsabilités à partager concernant la réussite d’un élève
Tous les élèves ne partent pas avec le même capital culturel familial de départ ni avec le même potentiel génétique qui se traduit en des capacités différenciées.
Dès lors, comme l’écrit Denis Dambré : « Le comportement scolaire d’un élève n’est souvent rien d’autre que la résultante d’un ensemble de choses dont la responsabilité lui échappe. Dès lors, le tenir pour responsable de ses succès et de ses échecs revient à faire abstraction du fait que les individus ne disposent pas au départ de la vie d’un même capital. »
Le milieu familial va également influencer la manière dont l’élève gère les difficultés, les défis et les choix qui lui font face durant sa scolarité. Les parcours des élèves vont accumuler des divergences au cours de la scolarité.
Juger les élèves sur leur mérite, c’est pour une part importante ne pas tenir compte des hasards du parcours et d’influences extérieures indépendantes. Le mérite a le grand avantage de valider et de légitimer le système dans lequel il est mis en évidence.
Il ne peut masquer l’importance d’une réflexion sur la justice scolaire et l’équité nécessaire aux missions éducatives. L’idée est de privilégier un programme scolaire qui a un effet compensatoire. Il vise ainsi à atténuer les différentes en s’assurant que tous les élèves puissent bénéficier d’un enseignement qui privilégie des pratiques efficaces universelles pour les apprentissages essentiels.
L’effet compensatoire de l’acquisition de connaissances
La meilleure manière de générer un enseignement équitable consiste à mettre l’accent sur l’acquisition de connaissances par un enseignement explicite.
De cette manière, l’enseignant peut mieux combler les lacunes en partant des connaissances préalables des élèves. Les tâches plus complexes sont abordées après l’acquisition des connaissances en lien.
Quelles que soient les tâches, les élèves reçoivent des conseils explicites sur la façon de l’accomplir, en se reposant des connaissances et des tâches antérieures. De cette manière, nous donnons à tous les élèves des chances équitables.
Les connaissances essentielles sont celles qui nous permettent de penser dans une majorité de contextes et de situations importantes dans nos vies. Au fur et à mesure que cette connaissance s’insère dans les schémas de la mémoire à long terme, elle devient facile à rappeler. Cette absence d’effort nous fait croire qu’elle est triviale et facile à acquérir ou que tout le monde la connaît. Ce n’est pas le cas et ce n’est pas le cas.
Sans activation de schémas complexes correspondants à un domaine stockés en mémoire, seules les données les plus simples et les plus triviales ce celui-ci peuvent être traitées. C’est ce qui se produit exactement lorsque nous rencontrons de nouvelles informations sur un sujet que nous ignorons.
En tant qu’enseignants, nous ne pouvons pas faire grand-chose au sujet des dotations naturelles ou des disparités de capital culturel, mais nous pouvons travailler pour combler le fossé du savoir.
Mis à jour le 21/03/2024
Bibliographie
Denis Dambré, L’illusion de la méritocratie scolaire, 2008, https://blogs.mediapart.fr/denis-dambre/blog/140508/l-illusion-de-la-meritocratie-scolaire
Greg Ashman, A fair go, 2019, https://gregashman.wordpress.com/2019/04/12/a-fair-go/
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