(photographie : Trent Davis Bailey)
Rendre visibles les stratégies
Rendre explicite dans ce cas correspond à présenter clairement aux élèves les modes de raisonnement appliqués, les concrétiser par des mots et par des représentations visuelles, décortiquer les stratégies en un ensemble logique d’étapes. Ces stratégies passent par l’utilisation de modèles, d’instructions, de procédures, d’explications complètes et claires, d’exemples et de contre-exemples, etc.
Cela passe par un soutien à l’apprentissage de connaissances de base également. Les stratégies indiquent aux élèves les actions à entreprendre pour comprendre et appliquer les différents contenus d’apprentissage nécessaires à la résolution d’une tâche complexe. Les élèves en difficulté bénéficient particulièrement de ces démarches, mais tous les élèves en général tirent profit du fait que les bonnes stratégies sont mises en évidence.
Des réserves non fondées
Il y a une alternative. Elle consiste à fournir un soutien vague aux élèves en leur demandant de se concentrer en lisant l’énoncé d’un problème, de réfléchir et de penser avant d’écrire, de structurer leurs réponses et d’aller en profondeur. Il s’agit de fonctionner par injonctions et sans accompagnement guidé. Cette approche est inefficace. Ces stratégies sont trop générales, trop peu spécifiques et pas du tout opérationnelles. Souvent, un élève ne connait pas la façon de procéder pratiquement, ni comment structurer sa pensée et ses réponses. Si les élèves étaient naturellement capables d’être méthodiques ou structurés, ils le feraient spontanément.
Ne pas entrer dans la démarche d’enseigner ces stratégies laisse courir le risque de laisser beaucoup de place à l’erreur et au manque de fiabilité. Les élèves ont besoin de savoir comment instrumentaliser de manière optimale les connaissances qu’on leur enseigne. À défaut, ils risquent de se contenter d’un apprentissage par cœur, d’applications basiques et de peu de transfert. Savoir à quoi ressemble le succès favorise la métacognition et la motivation.
Un objectif de compétence
Enseigner des stratégies d’élaboration a comme objectif d’aboutir à ce que les connaissances enseignées soient largement transférables dans des applications. Il s’agit de rendre les élèves compétents et de rendre tout le processus pour y arriver transparent.
Une démarche motivante
Pour autant, des objectifs lointains et flous ne mobilisent ni l’effort, ni l’action directe, pas plus qu’ils ne soutiennent l’auto-efficacité. Les tâches complexes doivent être divisées en sous-objectifs atteignables durant leur phase d’apprentissage, fournir des incitations immédiates et des guides pour l’action.
Des objectifs clairs et immédiats partagent et transmettent une vision claire de la réussite. C’est ce qui se vérifie au niveau de la pratique délibérée. Ses bénéfices dépendent de représentations mentales efficaces, les élèves ont besoin de savoir exactement ce qu’on attend d’eux. Des représentations mentales leur permettent de suivre l’évolution de la résolution d’une tâche complexe, par rapport à des éléments de référence, en matière de pratique et de performance.
En montrant l’attendu, les représentations créées servent de guide. Elles rendent plus perceptibles pour les élèves, les écarts entre l’attendu et leur performance, ce qui leur permet de se corriger.
La difficulté de l’implicite
Le travail des élèves peut répondre à des critères techniques, à des connaissances, mais peut ne pas parvenir à atteindre la norme désirée pour des tâches complexes. Les descripteurs concrets ne reflètent pas les forces sous-jacentes et implicites du travail des élèves.
Ils ne peuvent pas articuler le tacite. Une idée qui ne peut pas être spécifiée en détail ne peut pas être transmise par prescription. Elle ne peut être transmise que par l’exemple de maître à apprenti.
Le sens de la réussite des élèves est acquis par l’expérience, par la confrontation avec de multiples exemples de l’attendu.
Idéalement, ces exemples devraient être examinés par l’élève aux côtés de l’expert qu’est l’enseignant. Or il y a des limites à l’individualisation. Il faut communiquer ce à quoi ressemble le succès à l’échelle de la classe. Nous ne pouvons pas dire aux élèves exactement ce à quoi ressemble le succès, il faut leur montrer, leur démontrer comment nous y arrivons.
(mise à jour le 19/07/20)
Bibliographie
Gauthier, C., Bissonnette, S., & Richard, M. (2013). Enseignement explicite et réussite des élèves. La gestion des apprentissages. Bruxelles : De Boeck.
Harry Fletcher-Wood, Responsive Teaching, Routledge, 2018
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