dimanche 25 septembre 2022

Combiner QCM et rappel libre dans le cadre de l’évaluation formative

En général, il existe deux formats dans lesquels nous pouvons demander aux élèves de s’entraîner à la récupération par écrit dans le cadre d’une évaluation formative : 
  • Les questions de rappel libre ou à réponses ouvertes
  • Les questions à choix multiples (QCM)

(Photographie : Riley Snelling)





Caractéristiques complémentaires des questions de rappel libre et des questions à choix multiples (QCM)


Caractéristiques des questions de rappel libre


Les questions de rappel libre exigent généralement plus d’efforts de récupération de la part des élèves pour y répondre, ce qui représente une opportunité d’introduire des difficultés désirables par rapport aux QCM. Les élèves doivent récupérer une réponse en mémoire et traiter des informations au départ d'indices fournis dans la question. Par conséquent, théoriquement ces questions peuvent générer plus d’apprentissages. 

Elles impliquent un défi et un effort mental plus importants. C’est cet effort accru qui leur permet de renforcer efficacement la consolidation des informations dans la mémoire à long terme.

La récupération de connaissances en mémoire à long terme à partir d’indices minimes est plus difficile que la reconnaissance typique d’un QCM. Cette dernière exige de reconnaître, de sélectionner et d’identifier la bonne réponse quand nous la voyons.

Une tâche de rappel libre permet aux élèves d’élaborer et d’étendre leurs réponses, portant la pratique de la récupération à un niveau plus profond qui n’est pas possible avec les limitations des QCM. En ce sens, dans l’optique de la fonction formative de l’évaluation, les questions de rappel libre permettent de générer plus de traces et de preuves concernant l’apprentissage des élèves.


Caractéristiques des QCM


Les questions de rappel libre peuvent prendre du temps aux enseignants pour la correction et aux élèves pour y répondre. 

Les QCM, en revanche, permettent de s’entraîner plus rapidement à la récupération. Bien conçus, ils permettent aux enseignants de recueillir rapidement et facilement de nombreuses informations. Ils ont l’avantage de pouvoir être aisément automatisés par le numérique.

En insérant des conceptions erronées potentielles dans les choix de réponses, ils permettent aux enseignants de s’assurer que les élèves ne se laissent pas abuser. Cette identification de conceptions erronées est même plus performante par un QCM que dans le cadre d’une question de rappel libre.

Les QCM peuvent constituer un changement de rythme agréable dans une séquence de cours. Ils ont tendance à être préférés par les élèves en raison de leur simplicité par rapport au rappel libre. En effet, il suffit de choisir une réponse plutôt que d’élaborer une réponse à l’écrit.

Toutefois, les enseignants et les élèves peuvent trouver les limites des QCM frustrantes, car elles empêchent les élèves de montrer ce dont ils se souviennent et le cheminement de leur réflexion. 

Les QCM nécessitent pour l’enseignant une conception minutieuse des questions et, surtout, des réponses potentielles plausibles et nuancées. La spécificité de ces dernières dicte le niveau de difficulté d’une question. Ceci est important pour garantir que les QCM sont suffisamment exigeants dans leur vérification des connaissances et de la compréhension.

Les évaluations formatives sont par définition à faible enjeu, elles ont le double objet d’offrir un diagnostic sur l’apprentissage et être une opportunité de pratique de récupération.

Il existe un problème courant avec les QCM à moins que nous ne demandions une élaboration supplémentaire, telle qu’une explication de la raison pour laquelle l’option choisie est correcte ou incorrecte. Nous ne savons souvent pas vraiment si les élèves peuvent se souvenir correctement de cette information :
  • S’agit-il d’une supposition éclairée, impliquant un certain rappel ? La connaissance des autres distracteurs peut conduire à une démarche d’élimination, incluant il y a un élément de rappel. 
  • Une supposition peut-elle être complètement aléatoire et aléatoire ? La bonne réponse se trouve devant les élèves pour qu’ils l’identifient et la choisissent.
  • Les élèves tentent-ils le hasard, avec une chance sur quatre que leur réponse soit correcte ?

Il parait judicieux de considérer que les questionnaires proposés par les enseignants à leurs élèves bénéficieraient d’une combinaison entre des questions à choix multiples et des questions de rappel libre.



Combiner QCM et rappel libre


Même si un élève répond correctement à la question d’un QCM, cela ne montre toujours pas son degré de compréhension.

Une option est de faire suivre la question de QCM d’une question de rappel libre qui demande de justifier la réponse précédente.
 
La reconnaissance exacte de faits est importante, mais elle ne suffit pas. Cette approche permet à l’enseignant de maximiser les avantages des QCM et du rappel ouvert. En combinant un modèle hybride, nous créons des difficultés désirables, mais aussi des opportunités de réussite et de défi en matière de récupération en classe.




Introduire les options « Je ne connais pas encore » et « Je sais déjà que… » dans les questions à choix multiples (QCM)


« Je ne connais pas encore »


Pour la fonction diagnostique de l’évaluation, il peut souvent être utile d’ajouter un choix « Je ne connais pas encore » parmi les réponses à choix multiples. Cette option est envisageable aussi longtemps qu’il ne s’agit pas d’une évaluation sommative qui clôture les apprentissages. 

Comme l’aspect formatif n’ajoute aucun enjeu élevé en matière de résultat, cela permet à l’élève de dire en toute sécurité qu’il ne se souvient pas de la réponse. Il est préférable que les élèves disent à l’enseignant qu’ils ne savent pas plutôt que de deviner ou répondre au hasard. Dans ces situations, l’enseignant pourrait interpréter erronément une absence de réponse à une compréhension erronée alors que simplement l’élève n’a pas appris. 

Proposer cette option permet à l’élève et à l’enseignant d’être conscients de l’existence d’une lacune dans leurs connaissances. 

Cependant, l’ajout d’un choix de réponse « Je ne sais pas encore » aux QCM peut également avoir des conséquences inattendues. Il peut s’agir d’une option facile. Dans certains cas, elle peut amener les élèves à ne pas trop réfléchir et à trop faire d’efforts pour se souvenir de contenus qu’il connaît, mais pour lesquels il doute encore.

Dès lors, la trop grande fréquence de cette option chez un élève doit attirer l’attention de l’enseignant sur le fait que cet élève doit fournir plus de travail. C’est par conséquent l’occasion de différencier l’enseignant auprès de cet élève par des tâches supplémentaires à réaliser hors de la classe en autonomie qui lui permettront de combler son retard.



« Je sais déjà que… »


Une alternative à l’option « je ne connais pas encore » peut être d’ajouter un quatrième ou un cinquième choix au QCM qui se lit comme suit : « Je sais déjà que… » avec une ou deux lignes à compléter. Les élèves qui ne trouvent pas la bonne réponse parmi les autres options remplissent le blanc en décrivant tout ce dont ils peuvent se souvenir sur le sujet.

Cette option permet aux élèves qui ne sont pas sûrs d’eux de s’entraîner à se souvenir de ce qu’ils savent déjà. Ils y répondent brièvement ce qui offre une meilleure indication de là où ils en sont. Ainsi, le choix de l’option n’est plus un raccourci pour les élèves qui cherchent à éviter tout effort. 

Les élèves peuvent ne pas connaître la réponse au QCM, mais il est fort probable qu’ils aient déjà des connaissances de base liées à la question. L’option « Je sais que… » permet à l’élève de partager ce dont il se souvient. Par conséquent, il ne rate pas une occasion de récupération. Également, au niveau de la confiance en soi, cela lui permet de reconnaître et de réfléchir au fait qu’il peut se souvenir d’informations pertinentes, même s’il ne peut pas répondre à cette question spécifique.

Demander aux élèves d’écrire ce dont ils se souviennent est en fait l’opposé de l’approche de l’option « Je ne connais pas encore ». Si l’élève la choisit, c’est la seule réponse qui nécessite une réponse détaillée et une élaboration. Combiner les QCM avec « Je sais déjà que… », c’est aussi combiner les possibilités de reconnaissance et de rappel libre, en adoptant une approche hybride de la pratique de la récupération.




Mis à jour le 24/09/2023

Bibliographie


Doug Lemov, On hybrid question design in retrieval practice with Kate Jones (2021)
https://teachlikeachampion.com/blog/on-hybrid-question-design-in-retrieval-practice-with-kate-jones/

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