Check-in, check-out (CICO) ou l’optimisation des contrats de comportements

Lorsque des élèves posent systématiquement problème en classe, les écoles peuvent mettre en place un contrat de comportement.

(Photographie : luckymentalityflower)

C’est un document de suivi développé pour un élève qui lui impose des objectifs de comportement éventuellement négocié. Il mène à des évaluations régulières par les enseignants et implique généralement les parents d’une manière ou d’une autre.

La procédure est lourde à mettre en œuvre et demande un investissement conséquent pour les enseignants ce qui fait qu’ils sont souvent mis en route tardivement. Elle n’est pas toujours appliquée à la lettre dans les faits, parfois trop ambitieuse et n’est pas toujours efficiente non plus. 

Check-in, check-out (CICO)

Check-in, check-out (CICO) est une forme de contrat de comportement optimisé, générique à une école, routinier dans son application et aisément mis en œuvre. Check-in, check-out (CICO) est une intervention de traitement des comportements problématiques fondée sur des données probantes. 

Check-in, check-out (CICO) appartient au niveau 2 de la mise en œuvre du soutien au comportement positif (SCP/PBIS). Elle était initialement nommée Behavior Education Program (BEP). Elle est l’une des interventions les plus répandues dans les écoles mettant en œuvre le SCP.

Nous allons proposer dans cet article une introduction sur les composantes essentielles de CICO, présenter le processus. Nous allons également présenter et préciser dans quels contextes cette intervention est susceptible d’être pertinente. 

L’intégration de CICO dans le SCP

L’intervention CICO est destinée à être un élément de niveau 2 dans le cadre du soutien au comportement positif dans une école. 

Le soutien au comportement positif est une approche systématique de la gestion du comportement :

• Il donne la priorité à l’établissement d’une culture scolaire positive à l’échelle d’une école.
• Il privilégie l’enseignement et la définition des comportements attendus à l’échelle d’une école.
• Il privilégie la prévention des comportements problématiques par l’établissement de bonnes relations, le renforcement positif et le développement de la vigilance de l’enseignant.
• Il privilégie la mise en œuvre efficace et opportune d’interventions fondées sur la recherche pour répondre aux comportements problématiques
• Il vise à assurer la disponibilité d’un continuum d’interventions de soutien pour répondre aux besoins des élèves.
• Il se fonde sur l’utilisation des données et sur le suivi d’indicateurs pour guider la prise de décision liée à son pilotage.

Les écoles sont capables de le mettre en œuvre de manière efficace en bénéficiant d’un accompagnement ad hoc :

• Le SCP améliore le climat scolaire.
• Le SCP réduit l’apparition de comportements problématiques
• Le SCP améliore les résultats scolaires et sociaux des élèves.

Le SCP répond à trois niveaux de besoins comportementaux :

• Niveau 1 : Soutien universel par des stratégies à l’échelle de l’école et de la classe. 
• Ces interventions de niveau 1 sont mises en œuvre avec tous les élèves, par tous les enseignants et dans tous les contextes. Ils comprennent deux éléments : 
• La mise en œuvre de stratégies proactives d’enseignement du comportement en classe. 
• La mise en œuvre d’un plan SCP à l’échelle de l’école
• Il est attendu que 80 % d’élèves répondent de manière positive aux interventions de niveau 1 et n’auront pas de besoins au-delà de ce niveau. 
• Une école qui met en œuvre un plan SCP à l’échelle de l’établissement :
• Doit obtenir l’adhésion de plus de 80 % du personnel au départ.
• Établit un consensus et un accord général du personnel sur trois à cinq règles ou attentes formulées de manière positive en lien avec les valeurs de l’école.
• Organise l’enseignement explicite aux élèves des comportements attendus. 
• Met en place le renforcement du respect des attentes par les élèves.
• Prévoit les conséquences pour les infractions mineures aux règles et le processus décisionnel en cas de perturbations majeures.
• Surveille régulièrement les données liées au comportement pour déterminer comment le système fonctionne à l’échelle de l’établissement et quelles améliorations il convient d’apporter. 
• Les enseignants doivent mettre en place des procédures proactives de soutien au comportement positif en classe (prévention et interventions).
• Une fois que toutes ces interventions de niveau 1 sont en place, il est recommandé d’ajouter un système d’intervention de niveau 2 pour soutenir les élèves qui continuent à avoir des comportements problématiques fréquents.
• Niveau 2 : Soutien ciblé par des interventions pour les groupes d’élèves à risque
• Les élèves qui risquent de développer des modèles de comportement problématique et ne répondent pas aux interventions universelles de niveau 1 doivent pouvoir accéder à un système efficace et bien articulé de niveau 2.
• En moyenne, il est estimé qu’environ 15 % d’élèves peuvent avoir à bénéficier d’interventions de niveau 2. 
• Un principe de base du niveau 2 est de réduire le comportement problématique avant qu’il ne s’aggrave avec le temps.
• Les élèves concernés peuvent avoir besoin d’un entraînement supplémentaire pour répondre aux attentes de l’ensemble de l’école. Les antécédents peuvent se retrouver dans de mauvaises relations avec leurs pairs, dans leurs difficultés scolaires, dans un environnement familial chaotique, dans des troubles du comportement ou dans une combinaison de multiples raisons. 
• Les interventions de niveau 2 sont des interventions qui répondent à un protocole standardisé établi comme efficace par la recherche.
• Les interventions de niveau 2 peuvent être mises en œuvre avec un groupe d’élèves ayant besoin de niveaux de soutien similaires.
• Niveau 3 : Soutien individualisé pour les élèves ayant un comportement problématique grave. 
• Il est estimé qu’en moyenne, 5 % d’élèves peuvent présenter des formes les plus graves de comportement problématique qui ne répondent pas aux interventions universelles et ciblées.
• Ces élèves nécessitent donc des interventions avec un soutien comportemental intensif et individualisé.
• Pour ces élèves, une analyse fonctionnelle du comportement sera réalisée, et ces informations sont utilisées pour développer un plan de soutien comportemental individualisé.

L’intervention de base de CICO (Check in, check out) répond au niveau 2 des besoins comportementaux pris en compte par le soutien au comportement positif. 

Elle suppose que le niveau 1 a été pleinement installé au sein d’une école, car elle repose essentiellement sur celle-ci. 

Dans une école de taille moyenne, l’équipe qui gère le niveau 2 et par conséquent CICO devrait être constituée de quatre ou cinq personnes. En règle générale, l’équipe qui gère le niveau 2 est issue en grande partie des membres qui gèrent l’installation du niveau 1 et qui désirent poursuivre en se spécialisant dans le niveau 2. D’autres membres du personnel continuent à se concentrer sur le niveau 1. Il ne faut pas non plus nécessairement avoir fait partie du niveau 1 pour s’investir dans le niveau 2. 

Si une école adopte l’approche CICO de manière globale, il est recommandé à un moment donné d’informer l’ensemble du personnel et des parents d’élèves de l’école. 

Les élèves bénéficiaires

Check-In, Check-Out (CICO) est une intervention générique. Elle s’applique à des petits groupes d’élèves dont les comportements problématiques : 

1. Ne répondent pas aux pratiques et interventions universelles de niveau 1
2. Ne nécessitent pas d’interventions individualisées plus immédiates de niveau 3
3. Présentent des difficultés comportementales récurrentes observées dans plusieurs cours ou contextes.

L’équipe en charge de l’implantation de CICO devra déterminer le profil des élèves à qui il convient de proposer le dispositif. Il est nécessaire de déterminer des critères objectifs et une procédure d’inclusion des élèves pouvant correspondre au programme CICO. Nous devons nous assurer de ne pas nous y prendre trop tard lorsque la situation de l’élève est déjà trop dégradée out trop tôt en fonction de critères purement subjectifs de certains enseignants.

Le CICO est une intervention standardisée en groupe. C’est une méthode efficace et rentable pour apporter un soutien supplémentaire à un groupe d’élèves ayant des besoins comportementaux similaires. Une fois développée en école, l’intervention CICO est conçue pour être disponible en permanence et facilement accessible dès qu’un élève candidat est identifié. 

Plus précisément, CICO est conçu pour les élèves :

• Qui présentent un comportement problématique persistant, mais pas un comportement dangereux ou violent, en classe. 
• Qui ont besoin de plus de pratique ou de retour d’information pour suivre les attentes comportementales de l’école et mieux bénéficier de pratiques préventives de gestion de la classe. 

CICO est une intervention en milieu scolaire visant à fournir un soutien et un suivi quotidiens aux élèves qui risquent de développer un comportement problématique grave ou chronique. 

Caractéristiques de CICO

CICO intègre pour l’élève divers principes fondamentaux de SCP notamment :

• Des attentes clairement définies
• Un enseignement des compétences sociales appropriées
• Un renforcement positif lié au respect des attentes
• Des conséquences contingentes pour les comportements problématiques
• Un contact positif accru avec le coordinateur responsable du suivi de l’élève
• De meilleures possibilités d’acquisition de compétences d’autorégulation et d’autogestion.
• Une collaboration et une communication accrues entre la maison et l’école.

L’intervention CICO permet pour l’école de  :

• Renforcer la communication entre les enseignants et les parents
• Améliorer le climat scolaire
• Augmenter la cohérence du personnel face à la gestion de classe
• Aider les enseignants à se sentir soutenus.

L’intervention du CICO va au-delà de la recherche d’impact sur un seul élève. Elle fournit à l’école une approche proactive et préventive pour traiter les comportements problématiques récurrents. 

Les attentes en matière de comportement sur lesquelles repose CICO doivent être clairement définies à l’échelle de l’école et généralement reposent sur celles définies au niveau 1 du SCP. 

(exemple d’attentes comportementales)

CICO se fonde sur un système de contrôle quotidien qui permet à l’élève de recevoir :

• Un retour d’information immédiat sur son comportement :
• Après chaque cours par l’enseignant concerné
• En début et en fin de journée par le coordinateur responsable du suivi de l’élève. 
• En fin de journée par ses parents.
• Une attention positive accrue de la part des adultes qui s’impliquent dans le processus est utile dans la mesure où ils renforcent les efforts des élèves. Les élèves reçoivent des renforcements immédiats et différé lorsqu’ils répondent aux attentes.

Le CICO a démontré des résultats encourageants, en particulier :

• Une réduction du temps que les élèves passent en dehors de la tâche (soit du temps où ils ne font pas ce qu’ils devraient faire)
• Une réduction des comportements inappropriés en classe et en dehors de la classe.
• Un recul du nombre d’exclusions de classe.
• Une diminution du recours à des services d’encadrement spécialisés pour les élèves présentant des comportements problématiques. 

D’après la recherche, 70 % des élèves répondent positivement à l’intervention et améliorent leur comportement grâce à l’intervention.

Ressources et accessibilité de CICO

En général, CICO ne nécessite pas plus de 5 à 10 minutes par enseignant et par jour dans le cadre du primaire. Ce temps est distribué entre les divers enseignants au niveau du secondaire. 

Cette intervention n’exige que peu de temps de la part de tous les enseignants et du personnel d’une école face à l’enjeu que représentent les comportements perturbateurs récurrents. Toutefois, un temps de coordination supplémentaire soit nécessaire pour les personnes spécifiquement en charge de CICO.

CICO est efficient et ne nécessite que peu de temps de la part du personnel. Cependant, l’engagement sincère de tous les membres du personnel et le soutien de la direction de l’établissement sont essentiels à la réussite de l’intervention. 

Le soutien de la direction comprend l’affectation de temps et de ressources à la mise en œuvre, à la coordination et à l’évaluation continue de l’intervention. 

L’ensemble du personnel doit être formé à la mise en œuvre de CICO, qui devient dès lors disponible pour les élèves qui ont besoin d’un soutien supplémentaire en matière de comportement positif. 

Contrairement aux interventions intensives et individualisées de niveau 3, aucun long processus d’évaluation n’est mené avant que l’élève ne reçoive le soutien du CICO. Les interventions de niveau 3 nécessitent une évaluation fonctionnelle du comportement et un plan de soutien comportemental intensif.

Un élève qui est orienté vers l’intervention CICO peut être considéré comme un candidat approprié et commencer à recevoir un soutien après 3 à 5 jours liés au lancement du dispositif. 

Prenons une école de 500 élèves. Nous pouvons estimer qu’à un moment ou un autre de l’année scolaire, environ 15 à 20 %, soit 75 à 100 élèves, auront besoin d’un soutien plus important tel que le propose CICO. 

Mener des interventions intensives et individualisées auprès de tous ces élèves serait impossible à gérer et taxerait les ressources de l’école au-delà de ses capacités. 

De nombreux élèves qui rencontrent ce type de difficultés répondront avec succès à des interventions simples, comme CICO, qui demandent moins de temps et sont plus rentables à mettre en œuvre. 

L’utilisation d’une intervention comme CICO permet de réduire le nombre total d’élèves qui ont besoin d’un soutien personnalisé. Cependant, il faut être conscient que la mise en œuvre de CICO en école n’annule pas la nécessité de fournir des interventions intensives et individualisées à certains élèves. 

Éléments du dispositif

La mise en œuvre de CICO se fait selon l’approche de base suivante.

Dans la phase de préparation :

1. Un document appelé « rapport de progrès » quotidien est créé en école.
2. Un coordinateur qui suit l’élève est désigné (dans le cas de l’enseignement primaire, c’est l’enseignant de l’élève)
3. Le personnel est formé à l’approche.

Dans la phase d’identification, un élève est identifié comme ayant besoin d’un soutien comportemental supplémentaire correspondant à CICO. 

Dans la préparation de la mise en œuvre, les attentes comportementales spécifiques de l’élève sont définies et documentées dans un rapport de progrès quotidien. Le système est expliqué à l’élève, aux parents et aux enseignants concernés. Même si le rapport de progrès quotidien est universel, les attentes exactes peuvent être différentes en fonction du contexte, de l’âge et du profil de l’élève. Elles doivent être claires et bien identifiées concrètement pour tous les intervenants. 

(exemples du rapport quotidien)

Dans la mise en œuvre, l’élève et le personnel concerné entrent dans un cycle journalier d’évaluations, d’incitations et de commentaires, de manière à soutenir une progression dans l’expression des attentes comportementales. 

Concrètement :

• Le matin, le « Check-In » a lieu :
• Avant le premier cours, l’élève va rencontrer le coordinateur qui les suit
• Il lui remet le rapport de progrès de la veille signé par ses parents.
• Le coordinateur discute avec l’élève des objectifs de la journée et de sa situation. Il l’encourage et lui donne le rapport de progrès de la journée. 
• À chaque début de chaque cours, l’élève donne le rapport de progrès à l’enseignant. 
• À chaque fin de cours, l’enseignant remplit le rapport de progrès avec les points en fonction des attentes. Il donne une rétroaction orale rapide à l’élève.
• En fin de journée, le « Check-Out » :
• Après le dernier cours, l’élève va rencontrer le coordinateur qui le suit.
• Il lui remet le rapport de progrès de la journée.
• Le coordinateur fait le bilan de la journée avec l’élève et le conseille éventuellement dans une démarche de résolution de problèmes.
• L’élève repart avec le rapport de progrès de la journée
• Le soir, l’élève complète sa partie et fait signer le rapport de progrès par ses parents

Différentes nuances existent dans la mise en œuvre du dispositif. 

Par exemple, une autoévaluation de l’élève peut être ajoutée :

Dans tous les cas, la création d’un lien de confiance entre les élèves qui y prennent part et les adultes de l’école est importante. La qualité des interactions compte. 

La rétroaction constructive donnée à l’élève pour lui permettre de comprendre comment il peut améliorer son comportement et rencontrer ses objectifs est également importante.

En matière de résultat, l’idée est que l’élève obtienne 80 % des points, 80 % du temps et qu’il progresse. 

Une caractéristique essentielle du CICO est l’utilisation de données chiffrées pour évaluer son efficacité à modifier le comportement des élèves :

• Les pourcentages de points obtenus sur le rapport de progrès quotidien peuvent être enregistrés sur un graphique récapitulatif pour chaque élève. 
• Ces données sont examinées par l’équipe de soutien au comportement de l’école de niveau 2, au moins toutes les deux semaines.
• Ces données sont utilisées pour prendre des décisions sur la poursuite, la modification ou l’abandon de l’intervention CICO.
• Un processus d’autonomisation croissante de l’élève doit être prévu afin de l’amener à sortir de l’intervention avec succès. CICO est une intervention transitoire d’une durée maximale normale de 6 à 10 semaines.

Mis à jour le 04/07/2023

Bibliographie

Hawken, Leanne S.; Crone, Deanne A.; Bundock, Kaitlin; Horner, Robert H.. Responding to Problem Behavior in Schools, Third Edition (The Guilford Practical Intervention in the Schools Series). Guilford Publications. 2021

Nancy LANCKOHR, Le dispositif du Check-in/Check-out, 2017, ULiège, Mémoire présenté en vue de l’obtention du grade de Master en Sciences de l’Éducation à finalité Enseignement 

 

Caroline Deltour, Check-In Check-Out, document produit dans le cadre du programme scolaire de soutien aux comportements, https://www.news.uliege.be/cms/c_9688123/fr/l-uliege-encadre-le-programme-de-soutien-aux-comportements-positifs-dans-les-ecoles