dimanche 9 juin 2019

Le modèle de réponse à l’intervention : pierre angulaire d'un enseignement efficace

Gérer l’hétérogénéité des classes constitue un défi quotidien pour les enseignants et plus globalement pour les établissements scolaires. Cela se traduit tant au niveau des aptitudes des élèves que de celui de leur motivation à s’investir dans les apprentissages programmés.

Intervient l’éternelle question de gérer efficacement des apprentissages collectifs, en s’assurant de l’engagement et de l’apprentissage de chacun des élèves en parallèle, tout en soutenant les plus faibles, pour leur éviter échec et la relégation.

La réponse à l’intervention s’adresse à cette problématique et représente probablement la plus belle option compte tenu du goulot d’étranglement lié à la limitation des ressources disponibles.

(photographie : Simon Deadman)



Origine du modèle de la réponse à l’intervention


La réponse à l’intervention (RàI) est un modèle d’intervention et d’organisation des services scolaires conçu aux États-Unis. Il est issu de la recherche en éducation. C’est un modèle systémique qui vise à faire progresser tous les élèves dans le cadre du parcours défini par les programmes scolaires.

Dans un premier temps, il a été pensé pour répondre au problème des élèves en difficulté de l’apprentissage de la lecture. Il a vu depuis son spectre d’action s’élargir et constitue notamment une composante essentielle de l’approche du soutien au comportement positif (SCP, voir article). 

Le modèle RàI peut être utilisé à la fois à titre préventif et pour intervenir efficacement auprès des élèves en difficulté tant sur le plan de l’apprentissage que sur le plan comportemental. 

La réponse à l’intervention constitue une réponse efficace et précoce à la difficulté scolaire. Elle dépend toutefois de la présence de ressources disponibles. Celles-ci doivent être investies dans le processus en dehors des heures de cours, proprement dites, nécessaires pour couvrir la matière.

De nombreuses écoles mettent en œuvre ces stratégies de soutien séparément et sans lien entre elles. Avec l’approche de type réponse à l’intervention (RàI), toutes les interventions ciblées et individuelles sont reliées à un système scolaire ou universel. Tous les intervenants utilisent un langage commun, qui lie le système et qui permet de tenir tout le personnel informé. 

Lorsqu’un véritable continuum de soutien est connecté à une base commune, les écoles sont en mesure d’accroître leur efficacité et leur efficience dans le soutien aux élèves ayant un comportement difficile ou rencontrant des difficultés d’apprentissage. 



Principes clés du modèle de réponse à l’intervention


La réponse à l’intervention est une approche cohérente et intégrative. Elle opère par les actions suivantes :
  1. Favoriser l’adoption de pratiques éducatives dont l’efficacité réelle a été démontrée par la recherche.
  2. Récolter des données objectives en continu à l’échelle de l’école et les analyser pour informer toute décision et surveiller le bon fonctionnement des différents processus.
  3. Mener un dépistage régulier pour identifier les élèves à risque ou ceux qui présentent déjà des difficultés d’apprentissage.
  4. Appuyer les décisions relatives aux élèves sur des données plutôt que sur des impressions 
  5. Sélectionner les modalités d’intervention pédagogique en fonction des problématiques identifiées chez les élèves concernés. 
  6. Mesurer les progrès des élèves pour vérifier l’impact de l’intensification des interventions pédagogiques.
  7. Ajuster les paramètres de l’intervention en fonction des progrès réalisés par les élèves.
  8. Privilégier la collaboration entre tous les acteurs du milieu scolaire et l’amélioration continue des pratiques à la fois pédagogiques, d’évaluation et de gestion, afin d’assurer la réussite scolaire des élèves.



Nature préventive de la réponse à l’intervention


La démarche de réponse à l’intervention rejette l’idée d’un diagnostic de l’échec déterminé uniquement à l’issue des apprentissages. 

Nous ne devons pas attendre que l’élève accumule les difficultés qui se traduisent en un échec au terme ou à mi-chemin de l’année scolaire. Ce n’est pas le moment adéquat pour aboutir à la reconnaissance de ses difficultés. Celles-ci pourraient alors être diagnostiquées en tant que trouble de l’apprentissage ou du comportement. Dans ces situations, nous intervenons immanquablement trop tard. Il devient impossible de combler complètement le retard. La motivation de l’élève a eu le temps de se dégrader et des écarts de comportements peuvent se mêler à des difficultés d’apprentissage.

Le principe de la réponse à l’intervention est de mettre en route des procédures de remédiation efficaces et précoces. Nous agissons dès que des signes de difficultés objectives peuvent être mis en évidence, bien avant que l’élève ne se retrouve en situation d’échec généralisé.

Il s’agit de contrer le phénomène néfaste d’une intervention tardive auprès des élèves en difficulté. Le modèle RàI va permettre de répartir efficacement les ressources pour améliorer l’apprentissage de tous les élèves tant que les difficultés sont mineures et que l’élève n’a pas perdu sa motivation.

La réponse à l’intervention permet la planification d’interventions préventives. L’idée de prévention est centrale, il s’agit alors de fournir des interventions de remédiation adaptées aux besoins différenciés des élèves avant que des problèmes légers ne s’amplifient.



Répartition des ressources dans la réponse à l'intervention ou système de soutien à différents niveaux


La réponse à l’intervention, plus communément appelée système de soutien à différents niveaux (MTSS) est un modèle de gestion des ressources éducatives au sein d’une institution scolaire. 

L’idée générale est d’en optimiser l’utilisation en se fondant sur des démarches préventives et en privilégiant des pratiques efficaces à chacun des niveaux.

À la base, la démarche ne demande pas de dispositif particulier ou dédié, de matériel ou d’investissement coûteux, mais elle tend à s’intégrer au sein de système complexe. Elle peut répondre à des impératifs de gestion du comportement, de gestion des apprentissages ou même de développement professionnel.

Typiquement, cette approche prend la forme d’un modèle d’intervention à trois niveaux. 



Le principe général se développe de la manière suivante :
  1. Nous commençons par privilégier des mesures de prévention universelles de niveau 1 à l'échelle de l'école. C’est-à-dire que nous allons privilégier des pratiques, des stratégies et des démarches efficaces fondées sur des données probantes qui vont concerner l’ensemble des élèves et des enseignants. L’idée est qu’avec une telle démarche, les besoins des élèves seront rencontrés par une majorité d’entre eux. Dans le cadre de la démarche, pas des méthodes préventives et de recueil de preuves, les élèves qui rencontrent encore des difficultés sont identifiées.
  2. Ces élèves vont être répartis par groupes de besoin qui évoluent au fil du temps. Des interventions spécifiques et plus intensives (dites de niveau 2) seront offertes à ces petits groupes d’élèves rencontrant des problèmes. Ils seront accompagnés par des enseignants qui vont cibler spécifiquement la résolution de ses difficultés par des démarches de tutorat qui regroupent généralement plusieurs élèves présentant des besoins similaires. Ces interventions sont limitées dans le temps et évaluées. Si les besoins d’un élève sont compensés, l’intervention s’arrête pour lui. Elle peut également se poursuivre le temps nécessaire. Si des élèves ne répondent pas positivement à des interventions intensives de niveau 2, alors ils peuvent être identifiés comme étant susceptibles de bénéficier d’interventions de niveau 3.
  3. Les interventions de niveau 3 sont individuelles, personnalisées et plus intensives. Elles sont gérées par un personnel dédié et compétent. Elles peuvent être prises en charge avec l’aide de ressources extérieures ou plus expertes de niveau 3 si le problème persiste.
L’intensité des interventions est graduellement augmentée d’un niveau à l’autre.

Le principe dans les interventions de niveau 1 et de niveau 2 est de privilégier une approche axée sur l’utilisation de protocoles de traitement standard en interne au niveau de l’établissement. Il ne s’agit pas de développer une analyse unique basée sur la volonté de résoudre des problèmes individuels qui seraient identifiés. 

Les interventions proposées à ces niveaux doivent être basées sur des données probantes également. Avec ces démarches, nous venons en aide à tout élève présentant une forme de difficulté, sans privilégier certains types spécifiques (comme ceux liés aux troubles de l’apprentissage ou du comportement).

Une démarche orientée purement vers la résolution de problèmes serait tentante, il s’agirait de reconnaître l’individualité de chaque élève, de personnaliser l’évaluation et l’intervention. Le danger est que cette approche est hautement consommatrice en temps. De plus, elle présuppose une expertise considérable que les enseignants dans leur globalité ne possèdent pas. 

Alors que l’approche de résolution de problèmes diffère d’un enfant à l’autre, un protocole de traitement standard ne le fait pas. Cette perspective de résolution de problèmes sera réservée au niveau 3 de l’approche de réponse à l’intervention. Il n’est mobilisé que quand les niveaux 1 et 2 n’ont pas apporté d’efficacité. En fonctionnant de la sorte, on s’assure de disposer de plus de ressources pour les élèves qui en ont besoin tout en offrant le meilleur service à chacun.



Un diagnostic des élèves et une évaluation des interventions fondés sur des données


En tant que modèle de répartition des ressources, la RàI doit pouvoir assurer que celles-ci sont distribuées de manière équitable et efficiente entre les élèves et cela en fonction de leurs besoins identifiés.

Pour répondre à ces exigences d’efficience, la réponse à l’intervention doit s’accompagner d’un double processus de diagnostic des difficultés des élèves et d’évaluation de l’efficacité des interventions programmées.  

La réponse à l’intervention s’accompagne de l’identification ponctuelle des élèves qui ne font pas les progrès attendus consécutivement à un enseignement de qualité. Les élèves ayant des difficultés doivent être identifiés selon un protocole objectif.

La surveillance des progrès fournit également une rétroaction diagnostique qui aide les enseignants à choisir quelle intervention il leur faut attribuer à tel élève ou tel groupe d’élèves.

Il est fortement recommandé de faire appel à des outils d’évaluation les plus objectifs possibles comme des tests standardisés. Il faut éviter de se fonder sur des intuitions ou des impressions qui pourraient amener de larges biais dans la sélection. Cela serait préjudiciable à une efficacité d’ensemble et à certains profils d’élèves.

Un des enjeux principaux d’une opération de dépistage consiste à classer les élèves avec justesse en deux groupes :
  • Les vrais positifs désignent les élèves qui sont identifiés comme étant à risque et qui feront face à des difficultés si aucune intervention préventive n’est mise en œuvre. 
  • Les vrais négatifs sont ceux qui ne sont pas identifiés comme étant à risque et qui seront à l’abri de difficultés sévères ultérieurement. 

Deux autres catégories représentent des erreurs de classement :
  • Les faux positifs sont les élèves qui sont identifiés comme étant à risque par l’instrumentation utilisée, mais qui ne présenteront aucune difficulté sévère ultérieurement. Nous offrons à ces élèves des services dont ils n’ont pas besoin.
  • Les faux négatifs désignent les élèves qui ne sont pas identifiés comme étant à risque, mais qui le sont. Cette dernière catégorie est particulièrement préoccupante. Elle représente les élèves que nous privons de service parce que nous ne les jugeons pas à risque alors qu’ils en ont réellement besoin. 

Une grande partie de l’évaluation de la réponse à l’intervention consiste à surveiller les progrès, peu importe le niveau. Nous utilisons une forme d’évaluation dynamique qui mesure le taux d’apprentissage de l’élève et détermine son placement dans un niveau ou dans un autre.

Le but de cette démarche est d’évaluer l’adéquation et l’efficacité des interventions mises en place et cela rapidement, il s’agit d’une forme d’évaluation formative et continue. Les données recueillies permettent de déterminer des ajustements nécessaires et utiles dans l’organisation et dans les interventions.

Si des élèves à risque ou en difficulté ont fait des progrès réels consécutivement à une intervention au niveau 2 ou 3, il peut être indiqué de mettre fin à cette intervention.



L’importance d’un développement professionnel fondé sur des données probantes


Le principal ingrédient qui permet de s’engager pleinement dans un modèle de réponse à l’intervention se trouve dans l’expertise de l’équipe enseignante et dans leur développement professionnel. Le recours à des pratiques dont l’efficacité a été démontrée est essentiel pour répondre aux besoins des élèves.

Cela suppose une formation initiale et continuée adéquate des enseignants. Ils sont en général peu formés à ce genre d’intervention et se sentent parfois démunis devant des élèves qui sont en difficulté d’apprentissage ou présentent des troubles du comportement.

Il faut que les enseignants et éducateurs soient formés à la mise en œuvre de ces pratiques, de même qu’à la détection des élèves en difficulté d’apprentissage ou de ceux présentant des écarts de comportement.

Un développement professionnel basé sur des données probantes fait partie intégrante de la démarche de réponse à l’intervention.

L’adoption du modèle de la réponse à l’intervention conduit à des changements importants dans les pratiques relatives à l’enseignement, à l’évaluation des élèves et à la gestion scolaire.

La démarche de réponse à l’intervention peut les amener à assumer des responsabilités pour lesquelles ils ont peu de préparation. Il faut donc les former efficacement et accompagner leur développement professionnel.

Les enseignants doivent croire en leur propre capacité d’apprendre à mettre en œuvre ces pratiques, afin de mieux soutenir les élèves dans leurs apprentissages.



L’importance du leadership dans la mise en œuvre


La planification d’une mise en œuvre efficace du modèle de réponse à l’intervention nécessite la mobilisation de l’ensemble des acteurs scolaires et la constitution d’un plan d’action détaillé des processus et des responsabilités.

Les efforts requis par la mise en œuvre du modèle de la réponse à l’intervention sont activement soutenus par le leadership de la direction d’un établissement. Celle-ci mobilise ses équipes dans le respect de l’autonomie professionnelle et dans un climat de collaboration.

L’impact réel du modèle de la réponse à l’intervention dépend étroitement de la qualité du plan d’action, mais tout autant de la rigueur de sa mise en œuvre. Un bon plan d’action n’a d’impact que s’il est bien exécuté. Il doit s’accompagner de démarches de suivi, d’évaluation de l’impact et d’améliorations progressives.

Dans tous les cas, la persévérance des différents acteurs concernés est une condition essentielle à l’amélioration progressive de la mise en œuvre du modèle et à l’atteinte des objectifs fixés.







(Source ; ULiège)



Niveau 1


Le premier niveau d’intervention correspond à la réalisation d’interventions efficaces, basées sur des données probantes et s’adressant à tous les élèves. Tout projet d’activité éducative devrait viser à aider 100 % des élèves à bien se développer et progresser dans leurs apprentissages.

Ce qu’il faut bien comprendre est que la réponse à l’intervention est complètement active dès ce niveau de base. Il faut en effet viser dès le départ à minimiser le % d’élèves qui auront besoin de ressources de niveau supérieur.

La mise en place d’approches fondées sur de la recherche scientifique recouvre pour les élèves l’apprentissage et le développement de comportements prosociaux acceptables. Nous pouvons nous attendre à ce que 80 % des élèves fassent les apprentissages prévus et se comportent comme attendu. 

Dans cette perspective, la recherche incite à recourir à des démarches d’enseignement centrées sur l’enseignant, systématiques et explicites. Privilégier de telles approches est une démarche préventive de bon sens. Avant de solliciter des mesures d’aides précises et précieuses, nous nous assurons que nous avons mis en place des mesures de prévention universelles efficaces.

Dans le cadre du soutien au comportement positif (SCP), les interventions de niveau 1 visent la prévention des difficultés comportementales. Elles s’adressent à tous les élèves. Elles regroupent l’établissement et l’enseignement des règles et des routines de la classe, la mise en place d’un système de renforcements, l’encadrement et la supervision active des élèves. Elles recouvrent également l’organisation de l’espace et du temps en classe, et un enseignement efficace.



Sélection des élèves bénéficiant du niveau 2


Si le niveau 1 désigne les pratiques éducatives universelles dispensées à l’ensemble des élèves de la classe, il englobe également le recours à un dépistage des élèves à risque, par une évaluation formative.

Après une certaine période d’observation, certains élèves peuvent commencer à présenter des difficultés récurrentes susceptibles de se transformer en problèmes plus importants. Il sera nécessaire pour ceux-ci de bénéficier rapidement d’un niveau d’intervention plus spécifique et spécialisé.

Une caractéristique spécifique de la démarche de sélection pour le niveau 2 est de juger objectivement des difficultés, sans devoir préjuger d’un éventuel diagnostic ultérieur de difficultés particulières de l’élève (TDA/H, dyslexie, désavantages socioculturels…). Dans un premier temps, nous ne nous occupons pas de ces questions. Tous les élèves sélectionnés recevront des interventions standardisées ayant fait leurs preuves.

Dans le cadre de la gestion du comportement dans l’approche SCP, c’est l’analyse de données qui permet de cibler les élèves qui éprouvent des difficultés comportementales persistantes. Ils bénéficieront d’un accompagnement supplémentaire sous forme d’interventions supplémentaires et ciblées. Il faut pour cela récolter et documenter ces données sur les difficultés rencontrées : fréquence, intensité, gravité, lieux, etc., ainsi qu’une rétroaction sur les interventions infructueuses mises en place au niveau 1.



Niveau 2


Si 80 % des élèves bénéficient grandement des interventions de niveau 1, elles sont insuffisantes pour aider les 20 % restants des élèves qui ont des besoins supplémentaires. Les élèves à risque qui ne réagissent pas à l’enseignement en classe reçoivent un enseignement plus intensif à un deuxième niveau.

Les ressources humaines sollicitées seront des enseignants et des éducateurs bien formés pour s’attaquer directement aux difficultés d’apprentissage ou comportementales. Leur appréciation des besoins des élèves est déterminante dans la planification et la sélection des interventions supplémentaires les plus appropriées.

Au niveau 2, il est recommandé de grouper les élèves sur la base de besoins similaires et leur donner une intervention spécifique en rapport avec leurs difficultés. Ainsi, les activités d’apprentissage ciblées peuvent profiter à tous les élèves du groupe sélectionné.

L’idée derrière le niveau 2 est de traiter de manière non discriminante les besoins des élèves en difficulté en fonction de leur nature et indépendamment de leur cause. S’ils n’ont pas bien profité de l’enseignement en classe entière, nous devons leur proposer un autre enseignement, plus adapté.

Une fois les interventions allouées, nous en évaluons les résultats. En fonction, nous décidons de la suite à donner à leur prise en charge. Il y a un objectif d’efficacité. Nous surveillons leur réceptivité à l’enseignement.

La démarche est pragmatique et rationnelle. Nous intervenons immédiatement dès les premières difficultés manifestes. Nous cessons d’intervenir lorsque ce n’est plus nécessaire. Nous renforçons ou modifions l’intervention lorsque les effets escomptés ne sont pas ou plus présents.

L’objectif des interventions de niveau 2 est d’aider 15 % d’élèves supplémentaires. Environ 15 % des élèves progresseront de façon satisfaisante lorsqu’ils bénéficient d’une intervention efficace à ce niveau, en supplément de l’intervention de niveau 1.

Quelques exemples d’interventions :
  1. Dans le cadre de la gestion du comportement de l’approche SCP, selon les problématiques observées, les élèves pourraient être regroupés temporairement afin de bénéficier d’interventions de niveau 2. Les problématiques sont par exemple des écarts de conduite répétitifs dans une aire de vie spécifique. Des interventions plus spécifiques et ciblées sur le plan comportemental sont alors organisées. Elles comprennent l’enseignement d’habiletés sociales, la gestion du stress et de la colère, etc. Ce nouvel enseignement des comportements en sous-groupe d’élèves représente une intervention éducative et formative plutôt qu’une punition des élèves ayant des écarts de conduite. 
  2. Nous pouvons nous centrer sur des élèves qui ont une difficulté d’apprentissage de la lecture. Nous pouvons leur proposer une intervention éducative ciblée qui leur redonne les bases de manière un peu plus intensive, systématique et explicite que la façon dont elle a été enseignée préalablement au groupe classe.
  3. Pour des élèves ayant des difficultés avec le calcul algébrique, il peut s’agir de retravailler et d’automatiser certaines règles élémentaires déficientes. 
  4. Dans ce cadre, il est judicieux au niveau d’une école d’abandonner la traditionnelle fiche de réflexion à compléter par l’élève lors d’un écart de conduite. Il est plus profitable d’organiser un nouvel enseignement en sous-groupe des comportements attendus dans une aire de vie spécifique à l’aide d’un plan de leçon. Ce type d’intervention est nettement plus efficace que les mesures usuelles de type punitif.



Niveau 3


Pour la majorité des élèves, des activités éducatives et enseignantes axées sur la facilitation d’un développement normal suffisent à leur accompagnement. Il reste cependant 5 % d’élèves qui gardent des difficultés bien réelles au-delà du niveau 1 et du niveau 2. 

Une autre problématique possible concerne les élèves qui vont être dépendants d’une aide constante de niveau 2 pour s’en sortir. Si nous les en privons, nous voyons réapparaitre systématiquement des difficultés. Si des interventions de niveau 2 sont efficaces, mais entrainent une dépendance, pour ces élèves, il y a également intérêt à pousser l’investigation vers le niveau 3.

L’approche de la réponse à l’intervention permet d’éviter une évaluation complète, spécifique et trop systématique que nous offririons à tous les enfants soupçonnés d’avoir des troubles de l’apprentissage dès le niveau 1. Nous faisons le pari que les difficultés de nombreux élèves pourront être résolues par des interventions efficaces de niveau 1 et 2.

Si les difficultés de l’élève perdurent au-delà du niveau 2, nous allons nous intéresser un peu plus à son cas particulier, à son profil cognitif, à la nature de ses difficultés. Le fait d’être passé à travers des interventions de niveau 1 et de niveau 2 permet d’assurer que ces investissements deviennent nécessaires et justifiés.

Des interventions plus intensives et individualisées, réalisées par des professionnels (en collaboration avec les parents et l’enseignant) peuvent devenir nécessaires.

Dans le cadre du SCP, des interventions de niveau 3 requièrent une évaluation fonctionnelle individuelle du comportement ainsi que l’établissement d’un plan d’intervention et d’un plan de services. Cela implique généralement le recours à des services extérieurs multiples afin d’intervenir sur les plans individuel, familial et scolaire, car les troubles comportementaux de ces élèves sont graves, persistants, voire cristallisés. Ces quelques élèves ont besoin d’un nouvel enseignement individuel des attentes comportementales afin d’adopter les comportements désirés. Ainsi, l’enseignement des attentes comportementales à l’aide de plans de leçon est l’un des moyens à utiliser dans un continuum d’interventions à différents paliers du modèle RàI.

Dans le cas de trouble de l’apprentissage, il est temps par exemple de passer par un orthopédagogue, logopède ou pédopsychiatre en fonction du cas avéré pour un diagnostic plus précis.



Mise à jour le 11/06/2023

Bibliographie


Steve Bissonnette, Le modèle RAI, 2013, http://edu1014.teluq.ca/mes-actions/modele-rai/

Fuchs. D., & Fuchs, L. S. (2006). Introduction to Response to Intervention: What, Why, and How Valid Is It? Reading Research Quarterly, 41(1), 93–99.

Frank Ramus, Le modèle « réponse à l’intervention » pour les enfants en difficulté d’apprentissage, 2016, https://youtu.be/Neej5jec_QI

Franck Ramus, L’approche « réponse à l’intervention » pour les difficultés en lecture
27.05.2018, http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/approche-reponse-a-lintervention-difficultes-lecture/

Desrochers, Alain & Laplante, Line & Brodeur, Monique. (2016). Le modèle de réponse à l’intervention et la prévention des difficultés d’apprentissage de la lecture au préscolaire et au primaire. 291-314. 10.17118/11143/10274.

Martin Bourgeois, Mylène Audet, L’enseignement explicite des comportements « D’informer à enseigner », p42-47, Apprendre et enseigner aujourd’hui, vol 8, n° 2, printemps 2019

Missouri Schoolwide Positive Behavior Support, Tier 1, Team Workbook, 2018–2019

1 commentaire:

  1. merci beaucoup de cette article!! très intéressant lorsqu'on commence à s'intéresser à la RAI

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