- Une citation d’André Tricot partagée sur Twitter : « Un enseignant efficace, c’est un enseignant qui fait progresser ses élèves entre le mois de septembre et le mois de juin. »
- Une citation d’Andrew Hargreaves (1993) : « Pour les enseignants, le changement fait partie des obligations, seule l’amélioration est optionnelle ».
De l’autre, les enseignants sont considérés dans les limites de leur fonction. Celle-ci, en lien avec leur liberté pédagogique, les caractéristiques de leur établissement et leurs programmes. Elle se traduit en un rôle défini et délimité.
(Photographie : Beate Guetschow)
L’efficacité de l’enseignement, un facteur d’échelle et de conviction
Où se trouve l’équilibre entre les deux ? Comment nous situer lorsque nous revendiquons une efficacité appuyée par l’éclairage de données probantes ?
En tant qu’enseignants, nous avons une obligation de moyens et non une obligation de résultat auprès de chacun de nos élèves. Cependant, il existe une médiation et au moins une corrélation entre le choix de pratiques et les résultats des élèves.
La recherche met ce lien en évidence des causalités générales de manière concrète. Mais qu’est-ce que cela implique pour les enseignants dans leur contexte propre et plus largement pour un système éducatif et la multiplicité de contextes qu’il regroupe ?
L’efficacité n’est pas une notion simple ni à définir ni à évaluer à l’échelle d’un enseignant, d’une classe ou même d’une école. Cependant, elle est une donnée indicatrice essentielle de l’évaluation des politiques et pratiques scolaires à l’échelle d’un système éducatif. En cela, elle gagne à être objectivée.
Dès lors, elle est pour une part importante, dépendante du bon vouloir des enseignants et des directions d’école. Il est cependant dangereux de se limiter à cette dimension-là. Elle est tellement propre et personnelle aux individus, aux péripéties de leurs parcours fluctuants, qu’elle en devient vacillante et incertaine. Considérée à l’échelle d’individus isolés, elle ne peut être considérée comme garantie ou durable.
C’est à d’autres niveaux qu’il faut agir si nous voulons mettre en œuvre des changements et des améliorations systémiques.
L’efficacité n’est pas une notion simple ni à définir ni à évaluer à l’échelle d’un enseignant, d’une classe ou même d’une école. Cependant, elle est une donnée indicatrice essentielle de l’évaluation des politiques et pratiques scolaires à l’échelle d’un système éducatif. En cela, elle gagne à être objectivée.
Dès lors, elle est pour une part importante, dépendante du bon vouloir des enseignants et des directions d’école. Il est cependant dangereux de se limiter à cette dimension-là. Elle est tellement propre et personnelle aux individus, aux péripéties de leurs parcours fluctuants, qu’elle en devient vacillante et incertaine. Considérée à l’échelle d’individus isolés, elle ne peut être considérée comme garantie ou durable.
C’est à d’autres niveaux qu’il faut agir si nous voulons mettre en œuvre des changements et des améliorations systémiques.
La culture d’une école peut avoir une influence importante sur la mise en œuvre de l’efficacité. De même dans le cadre d’une politique de reddition de compte, elle peut être une dimension prise en compte par une école.
Cependant, avant tout, le réel moteur qui anime la recherche de l’efficacité est la volonté d’aboutir à une meilleure réussite des élèves, à une école plus démocratique et plus équitable.
La réussite des élèves n’est pas un simple déterminisme sociologique. Elle n’est pas non plus uniquement de leur seule responsabilité :
La médiation de l’efficacité passe avant tout par des facteurs comme :
Nous pouvons isoler et distinguer trois effets : un effet classe, un effet enseignant et un effet école. Pour plus d’informations sur un descriptif et une évaluation de ces effets : voir article. L’effet classe et l’effet école peuvent être considérés comme très liés à l’effet enseignant.
Certains chercheurs expliquent que l’effet école ou efficacité de l’école ne serait qu’une somme d’effets enseignants, mais cette vision est très réductrice.
Le fait est que la recherche tend à montrer que les écoles sont plus efficaces quand les enseignants utilisent un enseignement explicite.
Au cours des années 1970, plusieurs recherches ont été conduites dans des écoles performantes situées dans des quartiers défavorisés. Ces travaux ont permis de mettre en lumière cinq facteurs fortement corrélés aux performances scolaires de ces écoles efficaces :
Au cours des années 1990, d’autres chercheurs sont allés observer ce qui se passait dans les classes mêmes de ces écoles. Ils ont ainsi pu montrer que :
S’interroger sur l’efficacité des pratiques et les compétences des enseignants est une question centrale. Les pratiques enseignantes (qu’elles soient pédagogiques ou liées à l’accompagnement, à la gestion de la discipline ou à l’évaluation) représentent une des rares variables sur lesquelles nous pouvons agir pour améliorer les apprentissages des élèves.
Laurent Talbot, « Les recherches sur les pratiques enseignantes efficaces », Questions vives [en ligne], Vol.6 n° 18 | 2012, mis en ligne le 26 mai 2014, consulté le 10 mai 2018. URL : http://journals.openedition.org/questionsvives/1234 ; DOI : 10.4000/questionsvives.1234
Cependant, avant tout, le réel moteur qui anime la recherche de l’efficacité est la volonté d’aboutir à une meilleure réussite des élèves, à une école plus démocratique et plus équitable.
Facteurs de réussite propres aux élèves
La réussite des élèves n’est pas un simple déterminisme sociologique. Elle n’est pas non plus uniquement de leur seule responsabilité :
- Les travaux de recherches sur les pratiques enseignantes montrent que les niveaux de performances des élèves ne dépendent pas exclusivement de leurs caractéristiques :
- Familiales : niveau socio-économique ou culturel, conditions de vie
- Individuelles : passé scolaire, apprentissages antérieurs, orientation, motivation antérieure, capacités cognitives, influences des pairs.
- Il n’y a pas de fatalité sociale, ni à de simples causalités d’ordre psychologique, liées aux caractéristiques mentales, génétiques ou motivationnelles des élèves.
Ces dimensions sont importantes, mais en tant qu’enseignants, elles sont notre ligne de départ plutôt qu’un plafond auquel nous nous affrontons.
Facteurs déterminants de l’organisation scolaire
La médiation de l’efficacité passe avant tout par des facteurs comme :
- La formation initiale des enseignants qui pourrait leur donner de meilleures conceptions sur l’enseignement efficace et les processus d’apprentissage des élèves tels que mis en évidence par les sciences cognitives
- Une formation continuée des enseignants qui serait fondée sur des données probantes et s’abreuverait auprès d’une base professionnelle de connaissances scientifiques en éducation.
- Un mode de pilotage des établissements qui viserait une optimisation des ressources par des approches de type réponse à l’intervention (RàI), des interventions ou des pratiques disposant de données probantes sur leur efficacité.
- L’organisation des différentes dimensions de l’enseignement : curriculum, programmes, modes d’évaluation ou filières.
Nous pouvons isoler et distinguer trois effets : un effet classe, un effet enseignant et un effet école. Pour plus d’informations sur un descriptif et une évaluation de ces effets : voir article. L’effet classe et l’effet école peuvent être considérés comme très liés à l’effet enseignant.
Leviers déterminants de l’effet école
Certains chercheurs expliquent que l’effet école ou efficacité de l’école ne serait qu’une somme d’effets enseignants, mais cette vision est très réductrice.
Au cours des années 1970, plusieurs recherches ont été conduites dans des écoles performantes situées dans des quartiers défavorisés. Ces travaux ont permis de mettre en lumière cinq facteurs fortement corrélés aux performances scolaires de ces écoles efficaces :
- Un leadership fort de la direction :
- Une attention particulière accordée à la qualité de l’enseignement.
- L’école particulièrement efficace emploierait une majorité d’enseignants efficaces qui collaborent pleinement entre eux.
- Ils sont chapeautés par un leadership lui-même efficace.
- Des attentes élevées concernant les performances de tous les élèves
- Un milieu sécuritaire et ordonné (climat propice aux apprentissages) :
- Il est important également que les enseignants, le personnel éducatif et la direction participent à un climat d’école ordonné et structuré basé sur des valeurs et une culture propre et commune.
- Il s’agit de privilégier le consensus et la cohésion au sein de l’équipe enseignante, de développer la collégialité des pratiques pédagogiques au sein d’équipes pédagogiques motivées et stables.
- La priorité accordée à l’enseignement des matières de base (lecture, écriture, mathématiques)
- Des évaluations et des contrôles fréquents sur les progrès des élèves.
Au cours des années 1990, d’autres chercheurs sont allés observer ce qui se passait dans les classes mêmes de ces écoles. Ils ont ainsi pu montrer que :
- Il existe une relation étroite entre les bons enseignants et les bonnes écoles.
- Les enseignants œuvrant dans les écoles efficaces manifestent, de façon constante, plus de comportements associés aux pratiques d’enseignement efficace que les enseignants des écoles moins efficaces.
- L’effet des enseignants s’accroît lorsque les pratiques d’enseignement utilisées par ceux-ci dans l’école correspondent aux méthodes d’enseignement identifiées par les recherches sur l’efficacité de l’enseignement.
L’importance des données probantes pour l’efficacité
C’est au niveau de l’école que ces pratiques gagnent à être influencées, en se basant sur des données probantes.
La défavorisation sociale n’est pas un prédicteur absolu de la réussite, mais un facteur de risque qui doit être contrebalancé par l’efficacité des enseignants et de l’école dans son ensemble.
La recherche a démontré que selon ses enseignants ou l’école qu’il fréquente, un élève peut avoir des probabilités très différentes de progresser ou de rencontrer l’échec.
La défavorisation sociale n’est pas un prédicteur absolu de la réussite, mais un facteur de risque qui doit être contrebalancé par l’efficacité des enseignants et de l’école dans son ensemble.
La recherche a démontré que selon ses enseignants ou l’école qu’il fréquente, un élève peut avoir des probabilités très différentes de progresser ou de rencontrer l’échec.
Nous devons reconnaitre que pour un élève, tout n’est pas joué en fonction des capacités, des troubles, de son bagage culturel, de son histoire familiale ou de son milieu socio-économique.
Cela met en évidence une responsabilité réelle de l’institution scolaire qui doit être prise en compte et traduite effectivement sur le terrain. Nous pouvons influencer positivement les succès et diminuer les échecs scolaires. L’éducation fondée sur des données probantes nous propose des pistes que nous devons étudier sérieusement, sélectionner en fonction de notre contexte et mettre en œuvre efficacement.
Mis à jour le 31/01/22
Bibliographie
Laurent Talbot, « Les recherches sur les pratiques enseignantes efficaces », Questions vives [en ligne], Vol.6 n° 18 | 2012, mis en ligne le 26 mai 2014, consulté le 10 mai 2018. URL : http://journals.openedition.org/questionsvives/1234 ; DOI : 10.4000/questionsvives.1234
Bocquillon, Marie & Derobertmasure, Antoine & Demeuse, Marc. (2017). Les recherches sur l’enseignement efficace en bref. 10.13140/RG.2.2.14904.24327.
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Joël Clanet, « L’efficacité enseignante, quelle modélisation pour servir cette ambition ? », Questions vives [en ligne], Vol.6 n° 18 | 2012, mis en ligne le 15 mai 2013, consulté le 10 mai 2018. URL : http://journals.openedition.org/questionsvives/1121 ; DOI : 10.4000/questionsvives.1121
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Laurent Talbot, « Les recherches sur les pratiques enseignantes efficaces », Questions vives [en ligne], Vol.6 n° 18 | 2012, mis en ligne le 15 septembre 2013, consulté le 10 mai 2018. URL : http://journals.openedition.org/questionsvives/1148
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Clermont Gauthier, Steve Bissonnette & Marie Bocquillon, L’enseignement explicite : une approche pédagogique efficace pour favoriser l’apprentissage des contenus et des comportements en classe et dans l’école, Apprendre et enseigner aujourd’hui, vol 8, n° 2, printemps 2019
Feyfant Annie (2011). « Effets des pratiques pédagogiques sur les apprentissages ». Dossier d’actualité veille et analyses, n° 65, octobre 2011, en ligne : http://www.inrp.fr/vst/DA/detailsDossier.php?dossier=65&lang=fr
Joël Clanet, « L’efficacité enseignante, quelle modélisation pour servir cette ambition ? », Questions vives [en ligne], Vol.6 n° 18 | 2012, mis en ligne le 15 mai 2013, consulté le 10 mai 2018. URL : http://journals.openedition.org/questionsvives/1121 ; DOI : 10.4000/questionsvives.1121
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Clermont Gauthier, Steve Bissonnette & Marie Bocquillon, L’enseignement explicite : une approche pédagogique efficace pour favoriser l’apprentissage des contenus et des comportements en classe et dans l’école, Apprendre et enseigner aujourd’hui, vol 8, n° 2, printemps 2019
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